Dossier d’œuvre objet IM46206948 | Réalisé par
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croix de procession
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Conseil départemental du Lot
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lot - Gramat
  • Commune Rocamadour
  • Emplacement dans l'édifice réserves
  • Dénominations
    croix de procession

Pièce unique dans le département du Lot, cette grande croix de procession faite de plaques d’argent doré posées sur une âme en bois a été conçue à la fin du 15e siècle par un orfèvre malheureusement non identifié faute de poinçon.

Sur la face principale, elle représente le Christ entouré sur les branches latérales des statuettes en applique de la Vierge et saint Jean, tandis que verticalement sont symbolisés le sacrifice eucharistique (le pélican ouvrant ses flancs pour nourrir ses petits) et la résurrection (Lazare sous les traits d’un petit personnage nu sortant d’un tombeau). Au revers, l’agneau portant l’étendard du Christ est complété par le Tétramorphe, les animaux symbolisant les quatre évangélistes (l’aigle de saint Jean en haut, le lion de saint Marc à gauche, le taureau de saint Luc à droite et l’ange de saint Matthieu en bas).

Sans doute abîmée pendant les guerres de Religion, la croix a été restaurée au début du 17e siècle, comme en atteste une inscription sur le nœud en partie basse : « Messieurs les chanoines du chapitre Notre-Dame de Rocamadour m'ont faict réédifier en cette année 1620 par Charles Larouse orfèvre de Gourdon ».

Bien qu'elle ne possède aucun poinçon médiéval permettant d'identifier l'orfèvre, cette croix de procession peut-être datée de la fin du 15e siècle. Elle s'inscrit dans la production languedocienne de la deuxième moitié du 15e siècle étudiée dans les années 1960 par Jean Thuile, pour qui la résurrection de Lazare et le pélican seraient caractéristiques de la région de Toulouse.

La haste, partie inférieure de la croix, relève d'une réfection au cours du premier quart du 17e siècle, comme l'atteste l'inscription sur la pomme « Messieurs les chanoines du chapitre Notre-Dame de Rocamadour m'ont faict réédifier en cette année 1620 par Charles Larouse orfèvre de Gourdon ». Les trois poinçons sur la tige correspondent à cette intervention, même s'ils sont peu lisibles et non déchiffrables car mal insculpés. Le titulus du Christ date aussi sans doute de la même époque d'après la graphie des lettres. D'après Ernest Rupin en 1904, qui reprend une communication de l'abbé Viguié lors d'une séance de 1901 à la Société des Etudes du Lot, le contrat pour la réfection aurait été passé le 9 octobre 1620 entre « messire Pierre de Punhet, prêtre, recteur de la ville de Roquemadour, chanoine de la sainte chapelle et syndic du chapitre, et Charles Larousse orphèvre dudit Gourdon » qui s'engage « à raccomoder la grande croix de la sainte chapelle, scavoir de remettre tout l'argent qui est rompu, former les clous d'argent... et la mettre en même état comme si elle était neuve et dorer ladite croix », moyennant la fourniture « pour ledit dorement de deux doubles ducats d'or », ce qu'il « promet d'avoir fait le tout dans huit jours » et il lui est alloué « pour la façon de ladite croix » dont il doit aussi refaire « à neuf la pomme et canon » qui lui seront payés au poids « la somme de 90 livres lorsqu'il la rendra ».

Cette oeuvre provenant des sanctuaires de Rocamadour est déposée depuis 1930 dans le musée d'art sacré Francis Poulenc de Rocamadour (n° inv : 95M67). Elle a connu une importante restauration en 1969 par la maison Toulouse à Paris (devis du 31 octobre 1969 approuvé par Georges Costa, en vue d' « enlever les clous en fer ; âme cassée à réparer ; souder et redresser le noeud ; réparer le Christ, débosseler et nettoyer ; remonter en mettant métal sur bois à nu ») : cette intervention a conduit à un changement de hauteur (la croix a été allongée entre la douille et le fleuron inférieur) et à la permutation sur la face arrière des médaillons de l'ange de saint Matthieu et le taureau de saint Luc (comme cela est confirmé par les gravures et photographies anciennes).

La croix se présente sous la forme d'une âme de bois recouverte de plaques en argent moulé, repoussé, ciselé et partiellement doré. La croix à proprement parler adopte une forme latine à trois branches et est rehaussée de sculptures en applique sur la face principale et le revers. La croix est fixée sur une douille lisse rectangulaire par deux rivets placés au revers, et dont la face avant est rehaussée d'un verre transparent bombé faisant office de lunule. Un noeud ou pomme en forme de sphère est gravé d'une inscription sur son pourtour, et se prolonge vers le bas par une tige lisse ronde portant trois poinçons mal insculpés, puis un socle en fer forgé martelé servant de support auto portatif.

  • Catégories
    orfèvrerie
  • Matériaux
    • argent, moulé, repoussé, ciselé, gravé, doré
    • bois
    • fer, forgé, martelé
  • Précision dimensions

    h = 99,6 ; la = 42

  • Précision représentations

    Le noeud ou pomme sur le pied présente des godrons séparés de rangées d’écailles gravées. La croix présente des branches aux extrémités en forme de fleurs de lys, et des enroulements similaires que l’on retrouve de façon stylisée au niveau de la base.£La face principale représente le Christ sur la croix entouré de quatre plaques de forme quadrilobée figurant la Vierge (à gauche), saint Jean (à droite), un pélican (en haut) et un personnage nu (en bas). Le Christ est figuré les bras écartés fixés par deux clous par-dessus les plaques voisines, la tête coiffée d’une couronne d’épines, les cheveux tombant sur les épaules et barbu, les yeux mi-clos en amande, le torse aux cotes saillantes, un très large perizonium couvrant ses hanches et tombant au niveau des genoux, les pieds cloués l’un sur l’autre. La Vierge est représentée debout, disproportionnée en raison d’un buste plus grand que les jambes, vêtue d’un manteau couvrant avec capuche d’où s’échappent quelques mèches, la tête légèrement tournée vers le Christ, les yeux en amande, les mains jointes et pliées en creux l’une sur l’autre. Saint Jean est figuré façon debout de la même, les cheveux bouclés, les yeux en amande et les mains posées sur son torse. Le pélican représenté de côté s’ouvre les flancs. Le petit personnage nu, dont la tête est recouverte des pieds du Christ, est représenté de profil tourné vers la droite, les cheveux bouclés mi longs, les genoux pliés et les mains jointes en prière devant lui : il émerge au-dessus d’un élément architecturé avec motif de maçonnerie surmonté d’une plate-bande gravée d’une inscription en lettres gothiques séparée en deux où pourrait être lu le nom « LOSAR/RET » (la terminaison du T se prolongeant par une plume), ce qui induirait une probable représentation de la résurrection de Lazare surgissant de son tombeau. Le centre de la croix, derrière la tête du Christ, est orné d’une croix pattée, formant un nimbe, placée dans un carré saillant par rapport à la jonction des branches. La branche supérieure présente le titulus du Christ au-dessus de sa tête : cet élément rapporté adopte la forme d’un parchemin roulé aux extrémités gravé de l’inscription INRI en lettres droites. Les branches sont parcourues par un motif floral composé de branches d’épines qui se développent sous les quadrilobes, s’enroulent alternativement et se terminent par de grandes roses aux pétales épanouies qui rappellent le motif caractéristique de la « rose du Quercy » que l’on rencontre dans l’architecture religieuse entre 1490 et 1510. Les bords de la croix sont ponctués de points en relief martelés.£La face arrière reprend les mêmes motifs géométriques et végétaux sur le fond des branches. Le carré central figure un agneau vexillifère (portant une croix avec un étendard) tandis que des plaques quadrilobées identiques à celles de l’avers sont rehaussées des symboles ou attributs des quatre évangélistes, portant chacun un phylactère sur lequel est gravé leur nom en lettres gothiques (« S JOAN » pour l’aigle de saint Jean en haut ; « S MA » pour le lion de saint Marc à gauche ; « S LUC » pour le taureau de saint Luc à droite ; « S MA » pour l’ange de saint Matthieu en bas).

  • Inscriptions & marques
    • poinçon de maître
    • inscription concernant une restauration, gravé, sur l'oeuvre
    • inscription concernant l’iconographie, en relief, sur l'oeuvre
  • Précision inscriptions

    Inscription concernant l’iconographie (sous le Christ en croix) : « LOSARRET ». Inscription concernant une restauration (gravée, sur la pomme) : MESSIEVRS LES CHANOINES DV CHAPITRE NOTRE DAME DE ROQVEMADOVR MOVN FAICT REEDIFIER EN CETE ANNEE 1620 PAR CHARLES LAROVSE MAISTR ORFEBRE DE/ GOVRDOVN. Poinçon de maître (insculpé trois fois au bas de la tige mais difficilement lisible) : de forme quadrilobée, seul est visible un R à l'extrême droite du poinçon qui présente en son centre un symbole qui pourrait être un végétal.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • remontage
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1908/07/25
  • Référence MH

95.M.067 ; anciennement présentée au musée (N°25 du catalogue)

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Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Conseil départemental du Lot
(c) Inventaire général Région Occitanie