Bien qu'elle ne possède aucun poinçon médiéval permettant d'identifier l'orfèvre, cette croix de procession peut-être datée de la fin du 15e siècle. Elle s'inscrit dans la production languedocienne de la deuxième moitié du 15e siècle étudiée dans les années 1960 par Jean Thuile, pour qui la résurrection de Lazare et le pélican seraient caractéristiques de la région de Toulouse.
La haste, partie inférieure de la croix, relève d'une réfection au cours du premier quart du 17e siècle, comme l'atteste l'inscription sur la pomme « Messieurs les chanoines du chapitre Notre-Dame de Rocamadour m'ont faict réédifier en cette année 1620 par Charles Larouse orfèvre de Gourdon ». Les trois poinçons sur la tige correspondent à cette intervention, même s'ils sont peu lisibles et non déchiffrables car mal insculpés. Le titulus du Christ date aussi sans doute de la même époque d'après la graphie des lettres. D'après Ernest Rupin en 1904, qui reprend une communication de l'abbé Viguié lors d'une séance de 1901 à la Société des Etudes du Lot, le contrat pour la réfection aurait été passé le 9 octobre 1620 entre « messire Pierre de Punhet, prêtre, recteur de la ville de Roquemadour, chanoine de la sainte chapelle et syndic du chapitre, et Charles Larousse orphèvre dudit Gourdon » qui s'engage « à raccomoder la grande croix de la sainte chapelle, scavoir de remettre tout l'argent qui est rompu, former les clous d'argent... et la mettre en même état comme si elle était neuve et dorer ladite croix », moyennant la fourniture « pour ledit dorement de deux doubles ducats d'or », ce qu'il « promet d'avoir fait le tout dans huit jours » et il lui est alloué « pour la façon de ladite croix » dont il doit aussi refaire « à neuf la pomme et canon » qui lui seront payés au poids « la somme de 90 livres lorsqu'il la rendra ».
Cette oeuvre provenant des sanctuaires de Rocamadour est déposée depuis 1930 dans le musée d'art sacré Francis Poulenc de Rocamadour (n° inv : 95M67). Elle a connu une importante restauration en 1969 par la maison Toulouse à Paris (devis du 31 octobre 1969 approuvé par Georges Costa, en vue d' « enlever les clous en fer ; âme cassée à réparer ; souder et redresser le noeud ; réparer le Christ, débosseler et nettoyer ; remonter en mettant métal sur bois à nu ») : cette intervention a conduit à un changement de hauteur (la croix a été allongée entre la douille et le fleuron inférieur) et à la permutation sur la face arrière des médaillons de l'ange de saint Matthieu et le taureau de saint Luc (comme cela est confirmé par les gravures et photographies anciennes).
Chercheur pour le Département du Lot depuis 2017. Conservateur des antiquités et objets d'art du Lot depuis 2019.