Dans sa note du 23 octobre 1968, l'architecte Lambert explique qu'en raison, d'une part, de l'impossibilité de revêtements muraux extérieurs - à cause du procédé industrialisé choisi pour construire le collège, et d'autre part de la déclivité importante du terrain ne permettant pas la vue d'ensemble de l'établissement, seule une décoration intérieure peut s'envisager. Ainsi, poursuit-il, "puisque Saint-Céré, berceau du renouveau de la tapisserie se trouve à proximité, l'utilisation de ce mode d'expression semble s'imposer". Il propose donc de placer dans les salles particulièrement fréquentées par les élèves, "des tapisseries d'Aubusson haute lisse de différents formats, placées sur cadres scellés à une hauteur suffisante pour éviter les dégradations". Le peintre Pierre Delclaux est chargé de réaliser les cartons de trois tapisseries, deux pour le réfectoire et la troisième pour le foyer de l'internat. Le 20 décembre 1968, le comité départemental des constructions scolaires donne un avis favorable à ce projet "sous réserve que la dimension des tapisseries soit à l'échelle des panneaux sur lesquels elles seront apposées". Le projet avait déjà obtenu l'aval de l'inspecteur d'Académie qui écrit, le 12 novembre : "le mode de décoration choisi et les sujets proposés paraissent très heureux". Inscrit à l'ordre du jour de la commission chargée de l'étude des projets de décoration dans les édifices publics lors de sa séance du 25 février 1970, l'architecte ne se trouve finalement pas en mesure de fournir la maquette de l'artiste pressenti dont il est sans nouvelle depuis longtemps (sic). Pierre Delclaux se manifeste enfin en novembre 1971 et fourni peu de temps après à l'architecte la maquette pour la tapisserie de l'internat. Le 18 décembre 1972, dans une note adressée au chef du service de la Création artistique, Bernard Anthonioz, il n'est plus question que de deux tapisseries pour un crédit de 28 000 francs, or "les maquettes ne sont pas très bonnes (genre Lurçat)" ! Alors que le projet était à nouveau inscrit à l'ordre du jour de la commission nationale du 31 janvier 1973, il en est une fois de plus disjoint par l'architecte : pour des raisons de santé, l'artiste n'est pas dans la capacité de mener à bien ce projet. Ce dossier est finalement renvoyé au Préfet du Lot en avril 1973 puis abandonné.
Pierre Delclaux (1933-1993) est né à Saint-Chamand (Corrèze) et inhumé à Latronquière. Il étudia à l'école des Beaux-Arts de Toulouse (où il reçut le premier prix de peinture en 1953), fut élève de Jean Lurçat de 1954 à 1961, puis professeur à l'académie des Beaux-Arts de Dakar de 1962 à 1964 avant de s'installer comme antiquaire à Aurillac (Cantal). Il est notamment l'auteur, en 1956, du chemin de croix de l'église de Latronquière (inscrit MH le 14/06/2007) qui évoque, au-delà de la Passion du Christ, la mort en déportation de 15 habitants de Latronquière suite à la rafle du 11 mai 1944 opérée par la division SS Das Reich.
Chercheur pour le Département du Lot depuis 2017. Conservateur des antiquités et objets d'art du Lot depuis 2019.