En 1977 s'achève la construction de la nouvelle école maternelle de Luzech conçue par l'architecte Jean-Louis Imbert. Dans le cadre de sa décoration au titre du 1% artistique, le sculpteur Jean Cattant prévoit dans son devis du 7 juin 1977 d'orner le hall d'entrée d'une sculpture murale polychrome "en cuivre martelé à la flamme" et "traité à la résine acrylique" pour la somme de 3770 francs. Intitulée l'Eveil, cette composition est mise en place au mois d'août 1977. Suite aux inondations de 2003 puis au changement d'affectation du bâtiment on perd la trace de cette œuvre qui est retrouvée suite à la présente étude et finalement placée dans la salle du conseil municipal au cours de l'été 2017.

Après des études de philosophie, Jean Cattant (Paris, 1918 - Saint-Vincent-Rive-d'Olt, 2002) entreprend la sculpture en autodidacte tout en suivant parallèlement des cours à l'Académie de la Grande Chaumière où enseignait alors Zadkine. Après la guerre il commence une carrière personnelle en collaborant avec Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des Monuments Historiques chargé de la reconstruction. S'il pratique d'abord la taille directe sur le bois et la pierre, entre 1946 et 1952, il adopte ensuite la technique du laiton clouté sur âme de bois jusqu'en 1963 avant de l'abandonner au profit du travail du cuivre par martelage et soudure qui lui fournit un moyen d'expression nouveau et personnel qu'il poursuivra. Dès 1945 Jean Cattant participe régulièrement aux expositions de groupe et aux grands salons et réalise des ouvrages importants tel le Monument du Débarquement à Saint-Laurent-sur-Mer (1957), ainsi que de nombreuses sculptures dans le cadre du 1 % artistique dans des établissements scolaires. En 1965, il reçoit le grand Prix de Sculpture de la Ville de Paris pour un groupe de trois personnages, les "Trois Voyageurs Mystérieux", œuvre aussitôt acquise par la ville. En 1966 iI est invité au Musée Rodin à la 3e Exposition Internationale de Sculpture Contemporaine où son œuvre figure au côté de celle de Zadkine. En 1971, il réalise pour la Préfecture de l'Essonne "L'Au-Delà", une grande sculpture de cuivre installée au Conseil Général. En 1986 il travaille à un Lyautey, commande de l'Etat pour le Grand Louvre, tandis que son Œdipe est acheté par Maurice Faure au nom de la Ville de Cahors pour orner le jardin du tribunal. C'est dans son atelier de Cournou, dans le Lot où il s'installe vers 1966, qu'il réalise ses plus importantes sculptures. D'après Cécile Goldscheider, ancien conservateur du Musée Rodin, "Les œuvres de Jean Cattant se caractérisent par un traitement très personnel de la figure humaine à laquelle il reste fidèle tout en la schématisant à quelques lignes essentielles, stylisation qui lui permet d'atteindre l'émotion par des moyens très simples".