L'année 1375, dans la petite église Sainte Christine de Pise, Catherine Benincasa, la Mantellata, reçoit les stigmates. "Il descendit des plaies de mon Sauveur cinq rayons sanglants..." La Sainte porte, superposée à son voile, la couronne d'épines qu'elle reçut du Christ ; agenouillée devant l'autel au dessus duquel s'incline le Crucifix, les bras écartés, elle présente la paume de ses mains aux rayons divins. Plus que la toile siennoise de Macherino, la composition rappelle celle de la peinture de G. del Pacchia dans la maison de Sainte Catherine (Crucifix penché au dessus de l'autel, la Sainte Catherine de Sienne recevant les stigmates. Sainte à genoux, la paume des mains tournée vers les rayons, le livre et le lys gisant sur le sol).
Dans le bas à droite, à côté du lys, attribut fréquent de la Sainte, le volume du "Dialogue" repose sur un crâne (de même que sur la toile de Sainte Catherine par le Sodoma à l'Académie des Beaux Arts de Sienne). A côté de ces éléments traditionnels, l'essaim des anges dans la gloire du Crucifix, représente ici l'apport iconographique de la Contre Réforme.
La couleur, délicate et lumineuse - nuées ocres et grises, les roses et les bleus de cobalt clairs, quelques accents noirs et un rouge vermillon - évoque la palette des décorateurs italiens de la Contre Réforme ; tout de même que l'expédient par lequel le peintre allège les figures de second plan en les traitant en glacis translucides, en opposition avec les figures de "l'avant scène" plus vigoureusement modelées, rappelle le métier des Italiens du XVIIè siècle, ainsi qu'un certain "far presto" - voir le crâne, le livre et le lys.
Cadre en bois sculpté et doré, orné d'acanthe - très parent du cadre de l'"Image de Soriano" dans la même église.