L'hôtel particulier a été construit peu après 1767 en intégrant un bâtiment plus ancien et abrite à l'étage un plafond parmi les plus exceptionnels connus à Lectoure. Masqués sous un coffrage jusqu’en 2007, date de leur découverte, les décors se déploient sur 4 poutres et leur solives. L’observation minutieuse de ce plafond amène à considérer que ces poutres ont été remployées. On remarque en effet des scènes partiellement masquées par les maçonneries et, surtout, une poutre décorée identique à celles qui sont en place a été débitée en solives, remployées sur le site. Enfin, aucune des poutres ne mesure ni la largeur ni la longueur de l’étage.
Autre caractéristique, les différents thèmes n’ont vraisemblablement pas été peints en même temps. Trois poutres portent sur un fond rouge foncé, dans un décor de rinceaux et de guirlandes de perles, des masques de théâtre encadrés d’animaux. Alternant avec les masques, treize scènes encadrées, d’une grande qualité d’exécution montrent des sujets mythologiques traitant de l’amour. On reconnaît, entre autres : Actéon changé en cerf par Diane surprise dans son bain, l’enlèvement d’Europe, Adonis mué en fleur, Ajax se donnant la mort etc., dont les dessins ont été empruntés, le plus souvent très fidèlement, aux gravures de Bernard Salomon publiées en 1557.
Deux poutres accueillent des scènes de chasse à courre. Le traitement des costumes, de la végétation, l’arrière plan en camaïeu bleu ponctué d’éléments d’architecture septentrionaux et la facture d’ensemble le rapprochent des scènes de genre flamandes. Ces chasses pourraient avoir été peintes en même temps que le thème précédent, à la fin du 16e siècle ou au début du 17e siècle.
Dans un autre registre, trois poutres montrent des scènes de bataille conçues pour être lues de gauche à droite. Ces scènes semblent se rapporter aux guerres de religion. La première poutre porte un campement, un combat de cavaliers et des armées en marche de part et d’autre d’une rivière. Sur une oriflamme, un blason invite à identifier les armoiries des comtes d’Astarac : écartelé d’or et de gueules. La deuxième poutre expose une débâcle, puis un homme porté sur une civière. Cette « frise » pourrait représenter la bataille de Jarnac qui se déroula le 13 mars 1569 au bord de la Charente et se solda par l’assassinat de Louis Ier prince de Condé. La scène est représentée en deux temps : le coup d’épée qui le blesse, immédiatement suivi du fatal coup de pistolet tiré par le capitaine des gardes du duc d’Anjou. Sur la civière on reconnaît Michel d’Astarac, baron de Fontrailles, sénéchal d’Armagnac, gouverneur de Lectoure en 1567, amputé d’une jambe lors de ce combat. La troisième poutre présente le siège et l’assaut d’une forteresse. Il s’agit probablement des tours qui gardent l’entrée du port de La Rochelle, ville assiégée en 1573 par le duc d’Anjou.
Ces scènes recouvrent certains cadres dorés des scènes mythologiques. Elles pourraient bien aussi avoir été peintes sur des scènes de chasse car les hommes en armure s’insèrent mal dans la végétation et, surtout, ils voisinent parfois avec des personnages en habit de chasse. S’agit il pour autant d’une deuxième campagne de travaux ? Quoi qu’il en soit, ces poutres proviennent vraisemblablement de l’Hôtel de Fontrailles et Michel d’Astarac, décédé en 1604, a pu lu-imême faire réaliser le décor.
Sur l’une des deux grandes poutres, certains masques et animaux de la première campagne sont recouverts d’un badigeon blanc, ne conservant apparentes que les scènes mythologiques. Cette modification, de facture plus récente, pourrait bien avoir été engagée par B. Descamps, acquéreur de l’édifice au début du XIXe siècle. Elle a permis d’ajouter, entre les panneaux, une série de médaillons à l’effigie d’empereurs romains identifiés par des inscriptions.