Les deux tableaux commémoratifs aux morts de la Grande Guerre, posés au sol, de part et d'autre de l'autel situé dans la chapelle sud de la première travée de l'église Saint-Sulpice, à Saint-Sulpice-sur-Lèze, poursuivent le même objectif, la propagande, porté par deux structures différentes, une entreprise religieuse et une union d'associations laïques. Le tableau comportant l'estampe avec une représentation religieuse provient de "La Maison de la Bonne Presse". Fondée en juillet 1873, cette maison publie son premier titre, "Le Pèlerin" puis, en 1883, le quotidien "La Croix", Editeur ayant comme objectif d'affirmer et de développer la présence catholique, il propose cette estampe à la paroisse de Saint-Sulpice-sur-Lèze, probablement en 1919 comme il a été relevé dans de nombreux autres cas en Ariège. De plus, la date portée sur l'encadrement précise cette date de "1919". Oeuvre sérielle, signée "AV", cette estampe est diffusée en France en 1919 et alors complétée à Saint-Sulpice-sur-Lèze par les photographies collées des morts identifiés. En 1970, la Maison de la Bonne Presse change de nom pour s'appeler "Bayard Presse".
L'autre tableau commémoratif aux représentations laïques est diffusé par l'"Union des grandes associations françaises" qui offre, la Grande Guerre terminée, cet imprimé signé Coraboeuf à toutes les communes de France. Cette union d'associations a pour but de combattre la propagande ennemie en éditant par exemple des affiches appelant à souscrire aux emprunts "pour la Victoire" ou ranimant le patriotisme pendant la guerre ou bien en organisant des fêtes de reconnaissance aux poilus après ce conflit. Cette estampe est recensée dans de nombreuses mairies en Ariège et les noms sont alors inscrits à la place des photographies collées sur celle de Saint-Sulpice-sur-Lèze. Le peintre auteur du dessin imprimé sur l'estampe, Jean Coraboeuf, né le 6 novembre 1870 à Pouillé-les Côteaux (Loire-Atlantique), débute professionnellement comme clerc de notaire à Ancenis. Inscrit à l'école des Beaux-Arts à Paris, élève de Gerome et de Jules Jacquet, il est prix de Rome en 1898. Comme peintre, il obtient une mention honorable en 1896 et une médaille de troisième classe en 1908 et comme graveur, une mention honorable en 1895. Il devient portraitiste de nombreuses personnalités dont Aristide Briand et réalise ensuite le diplôme aux morts pour la patrie, cette gravure présente dans nombre de communes de France. Chevalier de la Légion d'honneur en 1933, il meurt à Paris le 6 février 1947.
Les deux tableaux forment un ensemble car les informations concernent 44 morts différents. De plus, cet ensemble est cohérent car les estampes sont encadrées par le même tissu tricolore, portent les mêmes formats de photographies et sont, sous verre, dans les mêmes encadrements réalisés par "Gve Guy" demeurant 2 rue des arts à Toulouse, entrepreneur "encadrements tous genres". Enfin, les deux tableaux portent le même numéro qui est probablement un numéro d'inventaire. Mairie et église ont mené ensemble ce même projet en 1919.