• recensement du vitrail
ensemble de deux verrières et de deux roses
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Haute-Garonne
  • Commune L'Isle-en-Dodon
  • Emplacement dans l'édifice choeur

Le choeur est garni de vitraux qui datent principalement du début du XVIe siècle. Un ouragan ayant endommagé le vitrage de l'édifice début 1835, le maire de la ville fit venir de Toulouse le vitrier Sarraute, sans doute Charles Sarraute neveu, actif jusqu'en 1818 dans la cathédrale Saint-Étienne, qui proposa de les réparer pour 400 francs (délibérations du conseil municipal, 15 mars 1835, Arch. dép. Haute-Garonne, NUM AC 4510).

En l'état actuel -inchangé depuis la description de l''abbé Magre en 1888 - les panneaux anciens occupent quatre des baies du choeur. Les roses jumelles du fond de l'abside sont vitrées de deux scènes bien conservées, demeurées à leur emplacement d'origine (baies 1 et 2), tandis que les lancettes qui suivent de part et d'autre réunissent des sujets plus ou moins fragmentaires (baies 3 et 4). S'il ne remonte à la fin de l'Ancien Régime, leur regroupement peut résulter des travaux opérés par Sarraute, à supposer que son devis ait été suivi d'effet ; il peut aussi être un peu plus tardif puisque, les 5 février et 5 août 1838, à la veille de la consécration de l'’église élargie de sa nouvelle nef, le conseil municipal évoque l'urgente restauration que nécessite le choeur (Arch. dép. Haute-Garonne, NUM AC 4511 textes communiqués par Mme Sourd). Sauf la représentation de saint Jacques le Majeur du XVIIe siècle intégrée au bas de la baie 4, les deux roses du chevet et tous les autres panneaux forment un groupe de style homogène, au coloris vif et à l'ornementation Renaissance. La réalisation de cet ensemble doit être située entre 1515 et 1520, et non en 1509 comme le stipule l'arrêté de son classement à partir d'une formulation de l'abbé Magre aussi mal interprétée que l'attribution à Arnaud de Moles qu'on lui impute (Magre, 1888, p. 13). L'Adoration des Mages de l'oculus méridional du choeur fournit du reste un terminus post quem : la composition est visiblement adaptée d'une gravure de Lucas de Leyde datée de 1513, modèle reconnu en 1979 par Robert Gavelle. Ces vitraux, sans rapports techniques ni stylistiques avec ceux de Sainte-Marie d'Auch, sont en revanche proches des vestiges plus ou moins contemporains conservés dans la chapelle Notre-Dame de Cahuzac de Gimont (Gers). Émile Mâle avait attribué cette production au charme populaire à l'un des multiples ateliers actifs à Toulouse au début du XVIe siècle. La découverte dans les archives notariales toulousaines d'un peintre verrier natif de L'Isle-en-Dodon, Jean Olivier, vendeur en 1472 de sa maison de la rue des Imaginaires (Corraze, 1936-1937), a alimenté les spéculations infondées quant au rôle que cet artiste ou ses homonymes des générations suivantes ont pu jouer dans le décor de l'église (Bayle, 2005).

Les panneaux du XVIe siècle regroupés avant 1840 en baies 3 et 4 peuvent être originaires de ces fenêtres elles-mêmes et de celles de la travée voisine (la baie 6 et celle qui lui fait face au nord, réduite vers 1836 puis bouchée en 1957). Le caractère fragmentaire des figures et de leurs encadrements ainsi que la diversité des thèmes traités ne laissent cependant rien deviner de leur répartition primitive. La figure de saint Jacques du XVIIe siècle, restée homogène, ornait probablement l'ancienne chapelle de la nef qu'entretenait la confrérie des pèlerins de Compostelle. Les vitraux réunis dans les fenêtres latérales portent bien entendu les stigmates de leur réadaptation, mais l'ensemble a subi peu de restaurations ultérieures. En baie 3, la facture de certaines pièces laisse deviner une réparation effectuée après 1950 sous la direction de Sylvain Stym-Popper, et, dans le cadre de la remise en état générale de l'édifice dirigée par Bernard Voinchet de 2009 à 2013, Pierre Rivière a restauré les deux roses du chevet. Une campagne antérieure avait été assurée vers 1897 par Louis Saint-Blancat, auteur entre 1887 et 1901 des verrières des collatéraux de la nef. Dans le bas-côté nord celles-ci représentent, d'est en ouest, saint Simon Stock recevant le saint scapulaire puis les Apparitions de la Vierge à Lourdes (1887), à La Salette (1899), et à Catherine Labouré (1900). En retour dans le bas-côté sud, le Mariage de la Vierge d'après Raphaël (1901) précède la Nativité (1901), la Fuite en Égypte, la Mort de saint Joseph et la Sainte Famille (1896). Le même atelier toulousain a signé en 1902 la grisaille ponctuée de médaillons à l'effigie des saints Jean et Vincent de Paul placée au sud du choeur (baie 6), et on lui doit également en 1923 les vitreries de l'étage supérieur de la nef.

Baie 1 : oculus (constitué de 4 panneaux en quarts de cercle). Scène assez bien conservée quoique complétée de bouche-trous, en particulier dans les panneaux inférieurs.

Baie 2 : oculus (constitué de 4 panneaux en quarts de cercle). Panneaux intacts à l'’exception d’'un bouche-trou sous le col de Melchior, et quelques plombs de casse.

Baie 3 : Une lancette (3 registres). Verrière recomposée avec trois scènes de même facture exécutées vers 1515-1520. nombreux plombs de casse, quelques restaurations dont la tête d'’Ève et ses jambes, refaites vraisemblablement vers 1960.

Baie 4 : Une lancette (4 registres). emploi de verres teintés dans la masse, d’émaux et de sanguine ; quelques restaurations pratiquées à la fin du XIXe s., en particulier dans le panneau médian.

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • lancette
    • oculus de réseau
  • Matériaux
    • verre, en plusieurs éléments, rouge, bleu jaune d'argent, grisaille
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Baies 1 et 2 : d = 150 cm. Baies 3 et 4 : h = 400 cm ; la = 87 cm

  • Iconographies
    • Annonciation
    • Adoration des bergers
    • Trinité
    • saint Sébastien
    • Adam, Eve
    • Calvaire, saint Jean-Baptiste
    • saint André, Sibylle
    • saint Jacques
  • Précision représentations

    Baie 1 : L'Annonciation. Sur fond de damas rouge, la Vierge abritée d'un dais à pentes vertes, agenouillée devant un lutrin près d'un vase de lis, se tourne vers l'archange muni d'un sceptre autour duquel s'enroule le phylactère de la salutation ; un rayon lumineux relie Marie à la colombe du Saint-Esprit figurée au-dessus de Gabriel (scène assez bien conservée quoique complétée de bouche-trous, en particulier dans les panneaux inférieurs).

    Baie 2 : L'Adoration des Mages, représentation adaptée de l'estampe de Lucas de Leyde datée de 1513 (Bartsch 37), dont le peintre verrier n'a retenu que les protagonistes principaux, inventant le fond de muraille échancré au centre pour laisser paraître l'étoile.

    Baie 3 : Registre supérieur, possiblement à son emplacement d'origine : le Trône de grâce sur fond de damas bleu, Dieu le Père coiffé de la tiare et drapé de violet, soufflant la colombe du Saint-Esprit et tenant le crucifix (bien conservé ; arc-en-ciel et globe terrestre, attributs du Christ du Jugement dernier, sans doute ajoutés au XIXe s. au bas du panneau inférieur). Registre médian : sous une double arcature redentée et devant un fond damassé rouge, le martyre de saint Sébastien le saint dénudé, les bras levés liés à un arbre, face à deux jeunes archers vêtus à la mode du début du XVIe s. (très bien conservé, restaurations minimes). Registre inférieur : sous un linteau décoré de fins rinceaux et sur fond bleu, la Tentation : de part et d'autre de l'arbre chargé de fruits autour duquel s'enroule le serpent à tête humaine, Ève nue goûte la pomme que lui tend ce dernier ; à gauche, Adam cache sa nudité et porte la main à sa gorge, reproduisant le schéma adopté dans la baie 19 de Sainte-Marie d'Auch.

    Baie 4 : Verrière recomposée avec cinq sujets provenant de différentes fenêtres. De haut en bas : possiblement à son emplacement d'origine, panneau supérieur d'un Calvaire avec la Madeleine (1515-1520), situé devant les murailles de Jérusalem et des lointains peints sur verre bleu (peu restauré, bouche-trous derrière de la tête de saint Jean, plombs de casse). 2e registre, buste d'une figure de saint Jean-Baptiste abritée d'une niche à coquille violette incomplète, tenant l'agneau et un livre (1515-1520, partie supérieure complétée de bouche-trous faisant le lien avec le Calvaire). 3e registre : deux figures juxtaposées, aux encadrements rognés en largeur et liés par une « couture » (1515-1520, largeur actuelle 0,43 m chacune). À gauche, sous une triple arcature asymétrique abritant un fond bleu, saint Adrien en pied coiffé d'un heaume empanaché, l'armure couverte d'une cotte rouge, muni d'un bouclier et, à l'origine, de l'épée et de l'enclume, ses attributs habituels dont on devine l'amorce à gauche ; sol dallé vert, souligné d'une inscription nominative (figure bien conservée). À droite, sous un entablement surmonté de deux putti tenant un écu au monogramme DBM enlacé d'une cordelière, la sibylle libyque en pied élevant les trois clous de la Crucifixion, environnée d'un phylactère SIBLA MATE (R), figure dans laquelle l'abbé Magre reconnaissait sainte Nathalie, épouse de saint Adrien ; vêtement complexe combinant pièces colorés et verre blanc peint en grisaille et jaune d'argent ; haut du corsage de même dessin que celui la Madeleine du Calvaire (figure bien conservée). Registre inférieur : saint Jacques le Majeur, figure en trois panneaux (1er quart du XVIIe s., H. 1,80 m- L. d'origine 0,69 m), réalisée pour l'ancienne chapelle Saint-Jacques de la nef ( ?). Sous un bandeau teinté d'émail bleu décoré de dauphins, et devant une tenture damassée verte (motif effacé, pièce ancienne en haut à droite) cantonnée de montants architecturaux, le saint avec les insignes de pèlerin, debout sur un carrelage polychrome orné de fleurs peintes en grisaille et jaune d'argent.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé au titre objet, 1906/11/09
  • Référence MH
Date(s) d'enquête : 1997; Date(s) de rédaction : 2019