Cette toile est l'oeuvre du peintre villefranchois Jacquemond, professeur au collège de la ville. Elle ne doit pas toutefois être considérée comme un témoin de la physionomie exacte de la ville en 1933. En effet, cette commande de la mairie témoigne d'un travail réalisé dans l'esprit d'une exaltation de la ville, où l'esprit de clocher bat son plein : la collégiale apparaît majestueuse et démesurée. Dans un courrier du 10 mai 1933, adressé au maire Bernard Lhez, un élu de la municipalité propose de passer une commande pour la réalisation d'une toile : ""La statue offerte par M Denys Puech, provisoirement placée sur la cheminée [du cabinet du maire] va incessamment [être installée] sur un socle en bois et montée à la salle des mariages. Je vous suggère de remplacer cette statue par un tableau peint. Aucun sujet de décoration ne conviendrait mieux qu'une vue d'ensemble de Villefranche [qui] vous recevrait en même temps que son représentant officiel. Si vous acceptez ma suggestion, je pourrais préparer sa réalisation en entrant en rapport avec M Jacquemond [...] l'artiste distingué, capable de faire oeuvre de Maître, en la circonstance "". Un autre courrier du 20 mai 1933 confirme la volonté d'achat : ""une vue de la ville, aussi étendue que possible, subordonnée au format du tableau. Pas un panorama photographique en couleur, mais un ensemble d'un juste dessin, sans détails superflus, peint à l'heure où les coloris sont les plus beaux et offrent des contrastes de ton et de valeurs propres à accuser les reliefs de certaines constructions typiques. Surtout, beaucoup d'air et de lumière au-dessus du moutonnement des toitures rouges et pittoresques, d'où émergerait imposant et sévère, la ""grande église"" et, si possible, les pointes des autres églises et chapelles, points de repaire nécessaires. Au premier plan, l'amorce d'une rue en direction de la cathédrale. Comme fond, la silhouette de Macarou, du Guarriguet et l'échappée, par la vallée des Pesquiès, sur les montagnes lointaines au-delà de Monteils. Enfin, un grand ciel, éclairé et profond. Il semble que le Petit-Languedoc ou les jardins ou le flanc de Pénevayre fournirait le point de vue nécessaire à cette réalisation. A notre goût, une facture douce conviendrait mieux qu'une peinture à larges touches, toujours un peu rudes"". Le 7 juillet 1933, le maire écrit à Jacquemond et lui demande de se mettre au travail : ""j'ai hâte de la voir en place, où je n'en doute pas, elle produira l'effet décoratif que nous en attendons"". Le tableau est installé le 3 décembre 1933. Une délibération du conseil municipal du 31 décembre confirme l'installation de la toile dans le cabinet du maire et indique ""qu'après conversation avec l'auteur, celui-ci demande pour prix de son travail, la somme de 2200 francs. Le conseil municipal accepte et ""félicite M Jacquemond pour la parfaite réussite de son travail"". La mairie conserve une autre toile du peintre offerte par la famille Pomairols (IM12000435).