Tapisserie tissée à Bruxelles vers 1495-1501. Le carton est actuellement attribué à l'atelier du peintre Colijn de Coter (1450-1539).
La qualité des matériaux employés tend à faire penser que la série de Narbonne était le premier exemplaire d'un ensemble qui a connu par la suite plusieurs éditions. Elisabeth Antoine, conservatrice au Louvre, a trouvé des fragments de huit éditions différentes, dont plusieurs à la cour d'Espagne, réalisées vers 1500-1510. Thomas Campbell a publié un document faisant état d'un droit de douane important payé en février 1502 lors de l'entrée en Angleterre d'une tapisserie de l'Ancienne et la Nouvelle Loi. La commande venait du roi Heny VII auprès de Pieter Van Aelst, directeur d'une manufacture bruxelloise, fournisseur des Habsbourg. A l'époque de Cromwell, en 1649, beaucoup de biens de la Couronne anglaise sont vendus dont une tenture de dix pièces de l'Ancienne et la Nouvelle Loi. C'est peut-être dans le cadre de ce grand mouvement d'oeuvre, que la série de Narbonne est arrivée dans les mains de la famille Fouquet.
Une autre hypothèse tient à une mention dans l'Histoire manuscrite des archevêques de Narbonne, écrite par Guillaume Lafont en 1719 : il dit que Mgr Fouquet "l'avait acquise d'Henriette de France reine douairière d'Angleterre". Elle est la soeur de Louis XIII et l'épouse du roi d'Angleterre décapité Charles 1er. En 1657, elle achète le château de Colombes (Hauts-de-Seine) à Basile Fouquet, frère de François Fouquet. Avant son exil de 1642, elle avait hérité du Palais de Richmond où se trouvaient les tapisseries. Mais son inventaire après décès, de 1669, ne mentionne pas la tenture...
Les deux hypothèses ont néanmoins en commun la provenance royale anglaise. Une seconde édition anglaise a été commandée en 1517 par le cardinal Wolsey pour Hampton Court.
Afin de s'acquitter de son "droit de chapelle" au chapitre de Narbonne, charge inévitable et qui pourrait être réclamée à ses héritiers si la dette n'est pas réglée avant sa mort, Mgr François Fouquet décide le 19 février 1673 de donner au chapitre la "chose la plus précieuse qui soit à présent en son pouvoir", "une tenture et tapisserie relevée d'or, représentant l'histoire de la création du monde, et de la vie, mort et résurrection de Notre Seigneur et le jugement général, consistant en dix pièces" (AD 11, G 43).
Dans la visite pastorale de 1677, faite par Mgr de Bonzi, il en est question en ces termes : Plus autre tapisserie à fonds d'or et soye melée, qui consiste en dix pieces, lesquelles servent pour parer le dedans du cœur, et quelque fois on le tent au dehors, representant la Création du monde et plusieurs autres histoire, qui a esté par M. de Fouquet,archevesque de Narbonne.
D'après l'Histoire manuscrite des archevêques de Narbonne, écrite par Guillaume Lafont en 1719, il apparaît que la série est déployée en particulier pendant l'Avent et le Carême.
Lors de l'inventaire du 13 juillet 1790 (AD 11, 1 Q 281), huit pièces sont présentes. Ensuite, la documentation sur les très nombreuses tapisseries qui ornaient devient très floue jusqu'à aboutir, en 1897, à la certitude qu'il ne reste plus qu'une tapisserie, qui est montrée à l'Exposition universelle de Paris en 1900. Elle participe ensuite à plusieurs expositions prestigieuses.