D'après les matrices du cadastre de 1830, l'ancienne abbaye cistercienne de Saint-Marcel est démolie en 1852 par Calixte de Valada, alors nouveau propriétaire des lieux (cf. notice d'inventaire n° IA82119760). Antoine Calixte de Valada est issu d'une importante famille de militaires protestants. Il est maire de Réalville de 1874 à 1879 puis jusqu'en 1909, tout comme son père, Hippolyte Désiré (en 1848-1870 et 1871-1874) et son grand-père, Antoine François (en 1804-1812). D'après les matrices de 1882, les ruines de l'ancienne abbaye comptent encore 25 ouvertures imposables, cette année là.
En 1897, la fille unique d'Antoine Calixte de Valada, Eugénie Suzanne de Valada (1852-1946), acquiert la demeure familiale. Elle épouse Guillaume Marie d'Aram en 1898 (1844-1921). En 1909, ils font appel à l'architecte Germain Olivier pour transformer la maison en un véritable château (celui que nous connaissons aujourd'hui). Les travaux d'agrandissement sont déclarés au cadastre en 1909 mais le règlement des différentes entreprises y ayant travaillé (maçonnerie, menuiserie, plâtrerie, charpente, etc.) date de 1919 (cahier de compte de Germain Olivier 11 J 499, 500). La demeure passe de 25 à 66 ouvertures imposables. Il est probable que certains murs de l'ancienne abbaye aient été englobé mais cela n'a pu être vérifié. En revanche, des briques médiévales semblent utilisées en remploi dans la cave et dans les combles.
Sur l'imposte de la porte principale de l'élévation ouest, se trouve le monogramme A.V., qui peut rendre hommage à l'union des familles d'Aram et de Valada. Une iconographie militaire revoyant à la famille de Valada et/ou à la famille d'Aram est perceptible dans la cage de l'escalier d'honneur (décor stuqué).
Les écuries du château ont également été construites en 1910 (matrices de 1882). Un soin particulier a été accordé à leur aménagement et au mobilier (établissements parisiens Rabourdin, Oranger). Les écuries ont été remaniées, les stalles en acajou ont disparues. Un bénitier en marbre à décor de godrons a été rapporté à l'entrée des écuries. Il peut dater du 18e siècle. Le bâtiment abrite aujourd'hui un restaurant.
Le pigeonnier, remanié dans un style néo-régionaliste normand, présente une voûte d'arêtes en partie basse qui semble antérieure au début du 20e siècle.
Le château connaît différents propriétaires au 20e siècle dont Hippolyte Jampierre (Général de Division à Bayonne) à partir de 1926. Les transformations intérieures les plus importantes sont opérées lorsque que le centre familial de vacances du Touring Club de France en est le propriétaire.
Aujourd'hui, le château accueille plusieurs logements et un seul appartement en rez-de-chaussée a conservé les boiseries et la cheminée d'origine.
Les écuries sont devenues un lieu pour les réceptions.