• opération ponctuelle
maison dite "domaine de Bonrepos"
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Pays Midi-Quercy
  • (c) Conseil départemental de Tarn-et-Garonne
  • (c) Inventaire général Région Midi-Pyrénées

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Midi-Quercy
  • Commune Caylus
  • Lieu-dit Bonrepos Magettes (les)
  • Cadastre 1836 D 1296  ; 2015 D 170, 171, 849

La maison a été construite pour Alphonse Fontes, négociant à Valence en Espagne (3 P 537, matrices 1911, case 560) durant les premières années de 1910 ; elle est déclarée dans la matrice cadastrale comme construction nouvelle en 1914.

Alphonse Fontes, né en 1850 à Caylus est parti en 1884 à l'âge de 34 ans diriger une succursale de maison d'engrais à Valence (Archives familiales). Il épouse Marie (Jeanne) Maupas le 21 novembre 1875. Les cinq grandes affiches (datées de 1896, 1898, 1898, 1899 et 1901) qui décorent le salon sont de précieux témoignages de ce premier propriétaire décédé à Valence le 13 décembre 1918 à l'âge de 68 ans, sans descendance. Il repose depuis 1924 dans le caveau familial qu'il avait fait construire en 1912 au cimetière de Caylus. Deux concessions de 5 m et 2.30 m avaient été achetées en 1908 et 1909 (AM Caylus, 2M, registre des concessions aux cimetière de Caylus).

En 1923, la maison devient propriété de Joachim Raynal, époux Mathet, aubergiste à Caylus, Bonrepos (3 P 538, matrices 1911, case 1279). Deux ans plus tard (1925), elle appartient à Michel Bergé-Lefranc (3 P 538, matrice 1911, case 1303) puis en 1954, ce sont Pierre Bernard Bergé-Lefranc juge au tribunal d'Orange et M. Mazarguil André, époux Bergé-Lefranc à Bonrepos qui en deviennent propriétaires (3 P 538, matrice 1911, case 1469). La maison a conservé la majorité de ses dispositions et de sa distribution d'origine : l'escalier, les sols et les rosaces aux plafonds, etc. La balustrade en terre cuite aujourd'hui déposée, qui bordait la terrasse, est estampillée "Mandeville-Bernier", fabrique de Castelnaudary (Aude) qui a œuvré entre 1905 et 1935.

Sur une série de plaques de verre (photographes Déjean et Vaïssié) découvertes en 2020 (Archives privées), on constate que la terrasse, à l'origine très petite, a été agrandie dans un second temps. Les clichés les plus anciens (années 1910 ?) montrent la façade-pignon avec deux fenêtres en rez-de-chaussée qui, par la suite, ont été transformées en portes-fenêtres.

Cette « maison de campagne » s'inspire de l'architecture de villégiature balnéaire de style « régionaliste », pouvant faire référence à des chalets normands, suisses ou encore à l'architecture du bord de mer du commanditaire, Alphonse Fontes.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle

L' édifice se situe dans un vaste parc arboré au lieu-dit « Magettes-Nord » ou « Bonrepos » au bord de la route départementale 19 entre Caylus et Saint-Antonin-Noble-Val. La propriété est bordée d'un mur en moellon de calcaire interrompu de deux portes piétonnes et d'un portail central plus large ; les piliers de ces ouvertures alternent la pierre de taille et la brique (cuite). Le portail, entrée principale à l'origine, est signalée par la présence de deux grands cèdres.

L'édifice comprend une maison qui développe sa façade sur le mur-pignon est et des dépendances reliées à la façade latérale nord de la maison. Ces dépendances adoptent un plan au sol en « T » comprenant un pigeonnier et une grange-étable rectangulaire. À l'arrière (à l'ouest) se trouve un autre bâtiment de plan rectangulaire (dépendance agricole ?) qui comprend, au centre de la façade (gouttereau), un espace de remise. Les traces sur l'élévation postérieure (ouest) de ce bâtiment montrent qu'un hangar y était adossé. Le toit à deux pans était soutenu par deux piliers en pierre de taille calcaire décorés de chanfreins. Les bâtiments sont en moellon de calcaire local. A l'origine, ils étaient tous enduits, aujourd'hui seule la maison l'est encore.

Le commanditaire a emprunté à certaines régions des éléments caractéristiques de leur architecture dans le but d'apporter à la villa une touche d'originalité. L'intervention d'un architecte n'est pas attestée à ce jour. Les revues d'architecture de la fin du 19e siècle regorgent de modèles de villas dont les typologies prennent leur origine dans l'architecture montagnarde (chalets de bois) et anglo-saxonne (cottages).

La maison présente l'image familière du chalet balnéaire que l'on peut voir sur les côtes. Elle s'élève sur trois niveaux, ce volume est comme étiré en hauteur et comprend un pignon couvert. La toiture est à deux fortes pentes en ardoise sur laquelle se trouve une crête faitière composée d'éléments de terre cuite vernissés imitant le cuivre. La particularité de ce type de « chalet » est l'impossibilité de totalement le classer dans un ou plusieurs styles référés à une époque ou un pays, si ce n'est la villégiature maritime : une combinaison normande de la Suisse, de l'Angleterre et de l'Amérique, elle tient à la fois du chalet suisse et des cottages anglo-américains (2nde moitié du 19e siècle).

C'est également à partir des aisseliers soutenant le débord de toiture que se génère le décor ouvragé, sculpté, ajouré en bois de l'extrême partie supérieure du pignon. Des frises entières bordent le long du toit. Les aisseliers aux formes chantournées sont traités comme des dentelles. Des ornements en bois sont appliqués comme des frontons au-dessus des fenêtres et portes-fenêtres de la façade. On en retrouve également en garde-corps du long balcon au premier étage. Ces éléments en bois rouge (aujourd'hui) et vraisemblablement marron à l'origine jouent sur le contraste des couleurs avec l'enduit clair de la façade. Le bois est utilisé pour la charpente, mais aussi pour réaliser des éléments caractéristiques de l'architecture de villégiature comme les lambrequins, les fermes de charpentes apparentes, les consoles et les aisseliers.£Le rez-de-chaussée est celui de l'accueil où se trouvent l'ensemble des pièces de réception. L'accès s'y effectue par l'entrée principale située sur l'élévation latérale sud, ordonnancée. Le vestibule est pourvu d'un escalier en ormeau qui dessert les étages. Les sols en carrelage imitant la mosaïque ont des motifs différents permettant ainsi de distinguer les différentes pièces de ce niveau. Au nord se trouve une salle à manger et un salon/bureau. Ces deux pièces sont ouvertes sur la terrasse et le jardin grâce à des portes-fenêtres dont les vitraux colorés (verre et plomb) sont décorés d'hirondelles et de guirlandes florales colorées. Décors très en vogue dans les villas à partir des années 1900. Deux des murs de la salle à manger sont recouverts de grandes affiches de férias espagnoles de la fin du 19e siècle rappelant le lieu d'habitation principal du commanditaire. Ces pièces sont dotées de simples cheminées droites en marbre. Les rosaces de plafond en plâtre, au traitement soigné, sont différentes selon les pièces (motifs floraux stylisés de style Art nouveau pour certaines, etc..).£Une large cheminée surmontée de placards laisse supposer la présence de la cuisine à l'étage (côté sud). Le dernier niveau comme le 1er étage, sont des espaces privés, réservés aux chambres à coucher et pourvus de cabinets de toilettes, confort notable pour l'époque. La maison est adaptée à un mode de vie fonctionnel, avec sanitaires à chaque étage, espaces de circulation pour desservir les pièces, placards et rangements intégrés.

La recherche d'élégance et d'harmonie se manifeste tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Les balcons comme la terrasse favorisent la relation entre l'intérieur de la villa et la nature. Bien qu'il soit moins marqué les dépendances sont également soignées.

Vitrine inévitable de la villa, le jardin se dessine avec la même imagination et se pare d'arbres de différentes essences et d'une fontaine située en contrebas de l'escalier de la maison ; fontaine que l'on peut apprécier en eau sur les photographies du début du 20e siècle.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile creuse, ardoise
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Pays Midi-Quercy
(c) Conseil départemental de Tarn-et-Garonne
(c) Inventaire général Région Occitanie