Dossier d’œuvre architecture IA82118949 | Réalisé par
  • opération d'urgence
Ferme de Majanet
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Pays Midi-Quercy
  • (c) Conseil départemental de Tarn-et-Garonne
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Midi-Quercy
  • Commune Lacapelle-Livron
  • Lieu-dit Majanet
  • Cadastre 2022 C 329

Le corps de logis de la ferme située à Majanet est composé de plusieurs constructions accolées ajoutées successivement. Un module principal de plan rectangulaire au centre (appelé A sur le plan en annexe) constitue la première phase de construction. Il conserve une demi-croisée chanfreinée, une cheminée à plate-bande à crossettes et une pierre sculptée d’une volute dans le massif du pigeonnier qui sont des éléments taillés de l’époque moderne, en position de remploi. La construction de ce premier bâtiment est probablement réalisée au 18e ou au début du 19e siècle. Un second module (B) est ajouté au nord, peut-être rapidement après le premier corps de logis. Au sud, un bâtiment de plan carré est ensuite accolé (C), il comporte également une baie chanfreinée en remploi, notamment. Une souillarde (D) est ajoutée entre les bâtiments « A » et « B », après 1835. Une remise (E) est finalement construite contre cette partie du corps de logis, peut-être en 1901.

 

Une longue dépendance agricole est déjà présente sur le plan cadastral de 1835 au sud-est. Elle connait une importante phase de réfection en 1913, date portée sur le linteau d’une ouverture du rez-de-chaussée. Deux plus petites dépendances entourant le corps de logis (un four et un bâtiment de plan carré) visibles sur le plan cadastral de 1835 ont, en revanche, aujourd’hui disparu. Deux autres bâtiments (hangar et remise) ont été construits dans la deuxième moitié du 20e siècle, l’un au nord-est et l’autre au sud-ouest, à l’écart du corps de logis.

 

Le recours au remploi de nombreuses pierres de tailles de baies caractéristiques de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne (15e, 16e, 17e siècles) pourrait provenir de bâtiments plus anciens peu éloignés, voire sur place, et atteste de la qualité de ces constructions disparues. Leur réutilisation s’apparente à un usage pragmatique des matériaux, mais fait peut-être également référence à l’ancienneté de l’ancrage familial et à son importance locale.

En effet, il semble qu’une famille Médal réside à Majanet depuis la fin du 17e siècle. En 1713, un Louis Médal de Saint-Peyronis est d’ailleurs qualifié de « bourgeois ». Son petit-fils, Antoine Médal, est dit « bourgeois (…) du village de Mejanet » en 1772. C’est le fils de ce dernier, François Médal, « propriétaire cultivateur à Majanet » qui déclare la parcelle C 393 dans le cadastre de 1836. Il détient par ailleurs de nombreuses terres dans la commune de Lacapelle-Livron.

 

En 1856, vraisemblablement lors de la succession de François Médal, son fils, Cyprien Médal né en 1803, reçoit la propriété de Majanet, partagée avec une Julie Médal. Elle a été transmise aux descendants de Cyprien Médal d’un côté, jusqu’en 1889. Dans les recensements de population de 1881 à 1906, cette famille réside toujours à « Janet » et sont encore décrits comme « propriétaire cultivateur ». Il est à noter qu’en 1854, lors de la guerre de Crimée, Cyprien Médal souscrit un contrat de remplacement militaire pour son fils, François Médal né en 1833. Ce contrat, au profit de Joseph Lombard, se monte à 2300 francs et impose à Cyprien Médal d’hypothéquer le quart des biens que lui a donné son père. Il est précisé qu’en 1864 (lors du renouvellement du contrat), ils résident à « Jeannet ».

 

Il semble qu’à la fin du 19e et au début du 20e siècle, plusieurs générations de cette famille habitent à Majanet. Il y a François Médal né en 1833 et Alexandrine Malroux, sa femme, François Cyprien Médal né en 1871 et Victorine Savignac, sa femme ; ainsi que leurs enfants François Médal né en 1898 et Laurette Médal née en 1901, puis Vincent Séguy leur « domestique, cultivateur ». La double distribution du corps de logis de la ferme a sans doute permis d’accueillir plusieurs familles, vivant dans le même ensemble, mais disposant d’entités potentiellement séparées.

 

Cette famille Médal, dont les membres sont qualifiés de « bourgeois », « propriétaire cultivateur » et en capacité de souscrire un contrat de remplacement militaire au prix fort, fait vraisemblablement partie d’une strate aisée de la population locale au cours du 18e et du 19e siècles.

 

Les droits de propriété sur la parcelle C 393 qui étaient partagés depuis 1856 entre deux branches de la famille Médal, celle résidant à Majanet, et une seconde résidant à Moyne, commune de Lacapelle-Livron (Pierre Médal et François Médal son fils, qui apparaissent dans les recensements de Moyne de 1881 à 1926), sont finalement réunis en 1889 par le François Médal né en 1833, et habitant alors à Majanet. La propriété reste ensuite dans cette famille tout au long du 20e siècle, attestant d’au moins trois siècles de résidence des familles Médal au lieu-dit de Majanet. Leurs sépultures se trouvent dans le cimetière ancien de Saint-Peyronis (commune de Lacapelle-Livron).

 

  • Période(s)
    • Principale : limite 18e siècle 19e siècle , (incertitude)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1913, porte la date

La ferme du lieu-dit de Majanet présente un plan massé composé de plusieurs bâtiments, construits en moellons de calcaire. Le premier module central (A sur le plan en annexe), orienté est-ouest présente un niveau de soubassement, ouvert au sud par une porte en pierre de taille aux piédroits chanfreinés (traces de brettures), mais dont le linteau décentré atteste de sa réutilisation. Une seconde porte aux piédroits chanfreinés en remploi est ouverte à l’est. Un niveau de rez-de-chaussée surélevé est accessible par un massif d’escalier extérieur au sud. Une demi-croisée en pierre de taille en remploi est visible dans le mur au sud, une fenêtre à arc segmentaire dans le mur à l’est, et une ouverture rectangulaire en brique dans le mur à l’ouest est ajoutée dans un dernier temps. Une grande cheminée en pierre de taille présente des piédroits chanfreinés à congés coupés et une plate-bande à crossettes, dont les blocs saillants dans l’élévation extérieure à l’ouest peuvent attester de leur réemploi. Dans cette pièce unique, se trouvait également un placard mural en pierre de taille au nord. Il est aujourd’hui bouché, le fond a été détruit au nord pour créer un nouveau placard, ou une porte vers l’extension (B).

Dans le tiers à l’est de ce premier bâtiment, une surélévation est légèrement en saillie au sud. Cet édicule à vraisemblablement servi de pigeonnier, comme l’atteste le bloc percé de huit trous et la margelle saillante le ceinturant. Une dalle sculptée de volutes a été posée à l’extrémité ouest de la margelle, probablement pour en clore l’accès. Elle présente une modénature caractéristique des encadrements de lucarne de la période moderne et sans doute en remploi. Ce massif reçoit un toit en pavillon dont le débord est soutenu à l’est et au sud par un larmier en doucine, et à l’ouest par des chevrons aux abouts en quarts-de-rond à listel.

Dans ce premier bâtiment des portes ont été ouvertes, lors de plusieurs étapes d’extensions. La première extension se situe au nord (B), de plan rectangulaire. Elle se compose également d’un niveau de soubassement ouvert sur l’extérieur par une porte appareillée en pierre de taille aux arêtes en quarts-de-rond (traces de brettures) et au linteau chanfreiné décentré. Une fente d’observation donnant vers le soubassement du premier module (A) est conservée au sud.  Le rez-de-chaussée surélevé est accessible par un second massif d’escalier extérieur à l’est. Un jour en pierre de taille à l’appui saillant et mouluré est installé près de la porte à linteau droit menant dans le logis. A l’intérieur de la pièce unique, une porte a été percée dans l’angle sud-ouest, pour permettre la circulation entre les deux modules (A et B), dans un second temps.

Ces deux modules d’habitations sont couverts par une charpente dont les fermes sont composées de deux arbalétriers assemblés à mi-bois à leur sommet (maintenus par une cheville). L’assemblage dans l’arase du mur maçonné est maintenu par une jambette. Les pièces de bois portent les traces du sciage non mécanique qui a divisé les grumes en quartiers. Les pans de toit sont ensuite couverts d’ardoises au bout semi-circulaire, formant des écailles. Les planches déposées suite à la réfection des planchers présentent des traces de sciage de long et de clous forgés à têtes rondes.

Une autre extension est construite au sud (C). De plan carré et composée de trois niveaux elle conserve également une baie chanfreinée en remploi et deux fenêtres à linteau segmentaire. Son appareil de petits moellons présente des angles en pierre de taille, formant un léger fruit à la base. Le dernier niveau a aussi servi de pigeonnier (margelle saillante). Le toit à deux pentes inégales est couvert de tuiles mécaniques. Ce module sert d'appui à une remise de plan rectangulaire, ceinte de trois murs maçonnés en petits moellons (nord, ouest et sud) et deux grands piliers monolithes en calcaire à l'est. La charpente présente des arbalétriers assemblés à mi-bois et maintenus par une cheville. Les pièces (entraits et arbalétriers) sont des bois de brins équarris. La toiture en tuile canal est plus récente (nombreuses cales sous les chevrons).

Une grande souillarde a été ajoutée au nord, composée de plusieurs blocs de baies plus anciennes en remploi. Une évacuation des eaux est conservée au nord.

Le bâtiment agricole à l'est est de plan rectangulaire et s'élève sur deux niveaux. Il est construit en petits moellons de calcaire avec des angles en pierre de taille. Il est composé d'un niveau de soubassement de plain-pied avec la cour et la remise à l'ouest, et d'un niveau de rez-de-chaussée surélevé accessible à l'est. De nombreuses baies hautes ont été percées. Sa charpente présente un assemblage à mi-bois des arbalétriers, comme dans les bâtiments du logis (A, B et E), mais ici avec une taille mécanique des bois. Le toit est couvert de tuile plate, et conserve une petite croupe au sud.

  • Murs
    • calcaire moellon
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique
  • Étages
    étage de soubassement, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
  • Couvertures
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement architectural
  • Précision représentations

    Dalle de lucarne à volutes remployée.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • Registre BMS de Saint-Peyronis (1673-1791)

    AD Tarn-et-Garonne : 3 E 082-3
  • Registre BMS de Puylagarde (1764-1769)

    AD Tarn-et-Garonne : 6 E 147-1
  • Registre des mariages de Lacapelle-Livron (1793-1798)

    AD Tarn-et-Garonne : 6 E 082-4
  • Registre des naissances de Lacapelle-Livron (1799-1803)

    AD Tarn-et-Garonne : 6 E 082-4
  • Registre des charges et décharges (18e siècle) Lacapelle-Livron

    AD Tarn-et-Garonne : 3 E 3127
  • Cahiers de rédaction d'un cadastre (fin 18e - début 19e siècle) Lacapelle-Livron

    AD Tarn-et-Garonne : 3 E 3125
  • Plan cadastral de Lacapelle-Livron (1835)

    AD Tarn-et-Garonne : 3 P 2384-08
  • Matrice du cadastre (1836) Lacapelle-Livron

    AD Tarn-et-Garonne : 3 P 882
  • Matrice du cadastre (1836) Lacapelle-Livron

    AD Tarn-et-Garonne : 3 P 883
  • Matrice du cadastre (1882) Lacapelle-Livron

    AD Tarn-et-Garonne : 3 P 885
  • Matrice du cadastre (1911) Lacapelle-Livron

    AD Tarn-et-Garonne : 3 P 886
  • Recensement de la commune de Lacapelle-Livron (1881)

    AD Tarn-et-Garonne : 6 M 114
  • Recensement de la commune de Lacapelle-Livron (1891)

    AD Tarn-et-Garonne : 6 M 140
  • Recensement de la commune de Lacapelle-Livron (1906)

    AD Tarn-et-Garonne : 6 M 203
  • Archives privées de la famille Médal

Périodiques

  • Waquet, Jean : Le remplacement militaire au XIXe siècle, in Bibliothèque de l'école des chartes, 1968, tome 126, livraison 2, p. 510-520.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
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