Le corps de logis de la ferme située à Majanet est composé de plusieurs constructions accolées ajoutées successivement. Un module principal de plan rectangulaire au centre (appelé A sur le plan en annexe) constitue la première phase de construction. Il conserve une demi-croisée chanfreinée, une cheminée à plate-bande à crossettes et une pierre sculptée d’une volute dans le massif du pigeonnier qui sont des éléments taillés de l’époque moderne, en position de remploi. La construction de ce premier bâtiment est probablement réalisée au 18e ou au début du 19e siècle. Un second module (B) est ajouté au nord, peut-être rapidement après le premier corps de logis. Au sud, un bâtiment de plan carré est ensuite accolé (C), il comporte également une baie chanfreinée en remploi, notamment. Une souillarde (D) est ajoutée entre les bâtiments « A » et « B », après 1835. Une remise (E) est finalement construite contre cette partie du corps de logis, peut-être en 1901.
Une longue dépendance agricole est déjà présente sur le plan cadastral de 1835 au sud-est. Elle connait une importante phase de réfection en 1913, date portée sur le linteau d’une ouverture du rez-de-chaussée. Deux plus petites dépendances entourant le corps de logis (un four et un bâtiment de plan carré) visibles sur le plan cadastral de 1835 ont, en revanche, aujourd’hui disparu. Deux autres bâtiments (hangar et remise) ont été construits dans la deuxième moitié du 20e siècle, l’un au nord-est et l’autre au sud-ouest, à l’écart du corps de logis.
Le recours au remploi de nombreuses pierres de tailles de baies caractéristiques de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne (15e, 16e, 17e siècles) pourrait provenir de bâtiments plus anciens peu éloignés, voire sur place, et atteste de la qualité de ces constructions disparues. Leur réutilisation s’apparente à un usage pragmatique des matériaux, mais fait peut-être également référence à l’ancienneté de l’ancrage familial et à son importance locale.
En effet, il semble qu’une famille Médal réside à Majanet depuis la fin du 17e siècle. En 1713, un Louis Médal de Saint-Peyronis est d’ailleurs qualifié de « bourgeois ». Son petit-fils, Antoine Médal, est dit « bourgeois (…) du village de Mejanet » en 1772. C’est le fils de ce dernier, François Médal, « propriétaire cultivateur à Majanet » qui déclare la parcelle C 393 dans le cadastre de 1836. Il détient par ailleurs de nombreuses terres dans la commune de Lacapelle-Livron.
En 1856, vraisemblablement lors de la succession de François Médal, son fils, Cyprien Médal né en 1803, reçoit la propriété de Majanet, partagée avec une Julie Médal. Elle a été transmise aux descendants de Cyprien Médal d’un côté, jusqu’en 1889. Dans les recensements de population de 1881 à 1906, cette famille réside toujours à « Janet » et sont encore décrits comme « propriétaire cultivateur ». Il est à noter qu’en 1854, lors de la guerre de Crimée, Cyprien Médal souscrit un contrat de remplacement militaire pour son fils, François Médal né en 1833. Ce contrat, au profit de Joseph Lombard, se monte à 2300 francs et impose à Cyprien Médal d’hypothéquer le quart des biens que lui a donné son père. Il est précisé qu’en 1864 (lors du renouvellement du contrat), ils résident à « Jeannet ».
Il semble qu’à la fin du 19e et au début du 20e siècle, plusieurs générations de cette famille habitent à Majanet. Il y a François Médal né en 1833 et Alexandrine Malroux, sa femme, François Cyprien Médal né en 1871 et Victorine Savignac, sa femme ; ainsi que leurs enfants François Médal né en 1898 et Laurette Médal née en 1901, puis Vincent Séguy leur « domestique, cultivateur ». La double distribution du corps de logis de la ferme a sans doute permis d’accueillir plusieurs familles, vivant dans le même ensemble, mais disposant d’entités potentiellement séparées.
Cette famille Médal, dont les membres sont qualifiés de « bourgeois », « propriétaire cultivateur » et en capacité de souscrire un contrat de remplacement militaire au prix fort, fait vraisemblablement partie d’une strate aisée de la population locale au cours du 18e et du 19e siècles.
Les droits de propriété sur la parcelle C 393 qui étaient partagés depuis 1856 entre deux branches de la famille Médal, celle résidant à Majanet, et une seconde résidant à Moyne, commune de Lacapelle-Livron (Pierre Médal et François Médal son fils, qui apparaissent dans les recensements de Moyne de 1881 à 1926), sont finalement réunis en 1889 par le François Médal né en 1833, et habitant alors à Majanet. La propriété reste ensuite dans cette famille tout au long du 20e siècle, attestant d’au moins trois siècles de résidence des familles Médal au lieu-dit de Majanet. Leurs sépultures se trouvent dans le cimetière ancien de Saint-Peyronis (commune de Lacapelle-Livron).