• enquête thématique départementale, habitat et production sur le PNR du Haut-Languedoc
  • patrimoine industriel
Ancienne fabrique de draps Benoit, puis Manufacture de draperies Pierre Barthès, puis tissage SA Filature et tissage J. L. Marmor, puis SARL Tissage SARTISS
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Conseil départemental du Tarn
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc - Mazamet 2-Vallée du Thoré
  • Commune Labastide-Rouairoux
  • Adresse 8 rue Gambetta
  • Cadastre 1838 C 741  ; 2014 AC 229 à 231
  • Dénominations
    usine textile, tissage
  • Précision dénomination
    fabrique de draps
  • Appellations
    Manufacture de draperies Pierre Barthès, SA Filature et tissage J. L. Marmor, Société nouvelle des Filatures et tissages Marmor, SARL Tissage SARTISS
  • Parties constituantes non étudiées
    logement

En 1838, le terrain situé à Pièce Ronde appartenait à Elie Benoit (ADT, 3 P 967, parcelle C 741), l’un des principaux fabricants de draps à Labastide-Rouairoux et domicilié au n° 11 de la même rue (voir IA81013191). Une fabrique de draps y est déclarée au cadastre comme construction nouvelle en 1864 par son successeur, Camille Benoit, lui aussi fabricant (ADT, 3 P 968, registre des augmentations et folio 46). Il s'agit très certainement du corps de bâtiment rectangulaire situé au centre de l'usine actuelle que l'on peut dater de cette période, et qui constituait la première "usine bloc". La maison voisine associée à l'usine (parcelle AC 230) a probablement été élevée à la fin du 19e siècle par la famille Benoit ; elle est représentée sur un plan de Labastide-Rouairoux de 1892 (ADT 5 M 16/167).

La famille Benoit garde l'usine jusqu'au début des années 1920, puisqu'en 1922 Elie Benoit fils la vend à Jean Barthès, industriel (ADT, 3 P 970, case 69). Jean ou Pierre Jean Barthès (1874-1942) est un industriel du textile au parcours remarquable. Il entre à l’âge de 18 ans dans la grande usine du Moulin Gau ou Manufacture Alba La Source à Payrin où il apprend le tissage et la fabrication de draps (Notice généalogique de la famille Barthès par Pierre Nappez, 2023). En 1899, il quitte Payrin pour venir travailler à Labastide-Rouairoux dans les Etablissements Barthe (13 boulevard Carnot, IA81013173). Là, il gravit tous les échelons pour finir associé. En 1920, il crée un fonds de commerce de fabrication et de vente de tissus sous le nom Manufacture de draperies Pierre Barthès, inscrite au registre du commerce sous le n° 273. C’est donc pour développer cette activité qu’il fait l’acquisition de l’usine du 8 rue Gambetta (qui offre des possibilités d’extension) ainsi que d’un atelier de tissage existant au 50 boulevard Carnot et d’un autre au n°33 du même boulevard (juste en face).

Le site a été largement agrandi entre les années 1930 et 1950 (AP Sartiss, plans). En 1932-1933, les extensions prennent place de chaque côté de la fabrique initiale : un tissage à l’est et et un bâtiment à un étage à l’ouest, dont le rez-de-chaussée abrite la salle des matières et le premier étage, des ateliers (fonction non précisée). Puis, en 1947, les agrandissements se poursuivent à l’arrière du site avec la construction d’une vaste salle destinée à l’ourdissage (ADT 1290 W 34, permis de construire, 1946). À cette époque, et à la suite d'un partage, l’entreprise est contrainte de quitter les locaux qu’elle occupait au n°50 boulevard Carnot (détruits) et au n°33 boulevard Carnot (maison familiale des Barthès ?) « où se trouvaient jusqu’à présent les bureaux, un atelier de femmes, le magasin de pièces et le magasin matières » de la société. En 1953-1954, deux nouvelles extensions sont construites à l’avant du site : des entrepôts, une salle de rentrayage à l’étage et des bureaux sont ajoutés côté rue Gambetta. L’escalier principal de l’usine (bâtiment d’origine) est vraisemblablement reconstruit à cette époque. Les plans des deux premières campagnes de travaux (1933 et 1947) sont réalisés par Charles Veaute (IA81013675), architecte à Mazamet. Les plans des années 1950, non signés, ont probablement été dressés également par Charles Veaute. L'usine comprenait en outre les expéditions, les contrôles et visites des pièces (1er étage) et l’échantillonnage (2e étage). L'ensemble des étages étaient desservis par trois monte-charges. La filature, la teinturerie et l'usine d'apprêts se trouvaient à Lacabarède (sur le site de la Plazède pour les deux derniers).

Dans les années 1950, l'usine est la propriété des fils de Pierre, les frères André et Jean Barthès, à la tête de la SARL Manufacture Pierre Barthès. A cette époque, l'atelier de tissage compte vraisemblablement 10 métiers Diederichs et 6 métiers Dornier (plan daté de 1932 mais les mentions se rapportant aux métiers pourraient être plus tardives). Alors que l’entreprise connaît des difficultés financières, l’usine est occupée par les ouvriers à la fin de l’année 1969. Ils sont alors 290 travailleurs répartis entre les sites de Labastide et de Lacabarède. La liquidation est prononcée le 15 janvier 1970, suivie de licenciements massifs. L’affaire et les bâtiments de Labastide sont repris par la SA Filature et tissage J. L. Marmor (1974-1977) qui devient, à la suite d’un nouveau dépôt de bilan accompagné de nouveaux licenciements (1977), la Société nouvelle des Filatures et tissages Marmor (1978-1983). Dirigée par un négociant grossiste en tissus (J-L. Marmor), son activité était principalement tournée vers le tissage de tissus de laine pour l'habillement féminin, vendus aux confectionneurs français et étrangers (antenne commerciale et direction à Paris). Jean-Pierre Fabre rachète le site en 1984 et y installe la SARL Tissage dite SARTISS (1984-2023). A cette époque, l'usine est équipée d'une dizaine de métiers à tisser avec ratières pour la réalisation d'une variété de gammes, dont des tissus en coton, polycoton, lin, laine avec motifs. Ces dernières années, l'entreprise ne travaille plus que le coton élasthanne pour la fabrication de tissus unis. En décembre 2023, son fils arrête l’activité textile et revend le parc des machines (3 bobinoirs, 2 ourdissoirs et 1 ourdissoir pour les fausses lisières, 14 métiers à tisser, 1 visiteuse, 1 enrouleuse, 1 échantillonneuse) ainsi que les bâtiments. À la date de la fermeture, la société employait 3 personnes (un mécanicien, un tisserand et un employé polyvalent ourdisseur/tisserand). Les bâtiments abriteront, en 2024, de nouveaux usages (stockage, atelier de mécanique, photovoltaïque).

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle , datation par source
    • Principale : 2e quart 20e siècle , datation par source
    • Principale : 3e quart 20e siècle , datation par source
  • Dates
    • 1933, datation par source
    • 1947, datation par source
    • 1954, datation par source
  • Auteur(s)

Le corps de bâtiment de la seconde moitié du 19e siècle (environ 30 x 10m ; 370 m² de surface au sol) qui se trouve aujourd'hui entouré par les extensions du 20e siècle, se distingue nettement du reste par son organisation et sa mise en oeuvre : couvert par un toit à longs pans, il s'élève sur deux étages et est percé de 14 ouvertures sur chacun des murs gouttereaux. Construit en moellon de pierre locale (gneiss et schiste), les encadrements des ouvertures sont en granite et les poutres et plancher en bois. Les deux vantaux de la porte d'origine ont été conservés, avec l'imposte ajouré. L'escalier intérieur, en revanche a été refait dans les années 1950 et un monte-charge lui a été associé. Au moment de l’enquête, son rez-de-chaussée était occupé par un atelier de mécanique, un garage, un atelier équipé d'une enrouleuse, un espace de stockage des peignes, les bureaux et l’atelier des pièces détachées.

La disposition de l’usine dans les années 1930, avec son corps central flanqué de deux bâtiments formant une cour au sud de l’ensemble, a disparu avec la construction de l’atelier destiné à l’ourdissage. Les corps de bâtiment élevés au 20e siècle ont également été construits en pierre locale mais ils sont couverts par des sheds et les charpentes sont toutes métalliques (pas de marque de fabricant repérée). L’atelier du tissage (corps de bâtiment oriental de 1 022 m²), en rez-de-chaussée, est couvert de 7 sheds, dont l’éclairage est complété par les 10 ouvertures de la façade nord (11 à l’origine). L’atelier d’ourdissage, également en rez-de-chaussée (673 m²), est couvert de 2 sheds et d’un lanterneau. Le bâtiment à un étage à l’ouest, essentiellement dévolu au stockage (230 m² de surface au sol), est surmonté de 6 sheds. Son rez-de-chaussée était éclairé par des ouvertures latérales, aujourd’hui en grande partie murées. Son plancher au premier étage est incliné, probablement destiné à faciliter le déplacement des charges pour leur évacuation sur l'arrière (du côté de l'ancienne voie ferrée) : la pente du terrain depuis la voie ferrée vers la rue Gambetta induit, en effet, un accès à l’arrière à hauteur du niveau du premier étage. Côté nord, les deux corps de bâtiments ajoutés dans les années 1950 forment une cour à l’avant de l’usine. Ils sont tous deux à un étage, couverts chacun de 2 sheds. Celui abritant les vestiaires (162 m² de surface au sol) présente, le long de la rue Gambetta, un éclairage latéral par bandeaux vitrés, caractéristiques des années 1950. L’étage, dont l’espace était destiné au rentrayage nécessitant un éclairage important, est doté d’ouvertures latérales et zénithales (2 travées de shed).

  • Murs
    • gneiss
    • essentage d'ardoise
    • essentage de matériau synthétique
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse, tuile mécanique
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, 2 étages carrés
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • shed

Champs annexes au dossier - Architecture

  • NOTB_G
  • NOTB_S
  • APPA
  • APRO
  • ARCHEO
  • AVIS
  • CCOM Haute-Vallée du Thoré
  • CHARP
  • CHARPP
  • granite ; brique ; ciment
  • oeuvre sélectionnée
  • IVD81_SSERVANT
  • accessible au grand public
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Tarn. Série P ; sous-série 3 P : 3 P 968. Labastide-Rouairoux : matrices cadastrales.

    AD Tarn : 3 P 968
  • AD Tarn. Série M ; sous-série 5 M : 5 M 16/167. Établissements classés.

    AD Tarn : 5 M
  • AD Tarn. Série W ; sous-série 1290 W : 1290 W 34. Direction départementale de l'équipement, dossiers de permis de construire, 1946.

    AD Tarn : 1290 W 34
  • AD Tarn. Série W ; sous-série 2129 W : 2129 W 2. Établissements classés, 1964.

    AD Tarn : 2129 W 2
  • AD Tarn. Série W ; sous-série 1774 W : 1774 W 24. Cabinet du préfet, entreprises de Labastide-Rouairoux, notes et rapports, 1974-1990.

    AD Tarn : 1774 W 24

Documents figurés

Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2016, 2023
(c) Conseil départemental du Tarn
(c) Inventaire général Région Occitanie