Ce sont les Clarisses de Perpignan qui sont à l'origine de la fondation du monastère de Mazamet par Soeur Saint-Bonaventure et le Père Exupère de Prats-de-Mollo.
En avril 1874, entre au Noviciat Sainte-Claire de la Passion, à Perpignan, Rose-Louis Thomas de Joly de Cabanous (25 avril 1852-14 janvier 1900) d'une famille du Rouergue. Elle prend l’habit le 26 novembre 1874 sous le nom de Sœur Saint-Bonaventure et fait sa profession de foi le 27 novembre 1875.
Le 12 mai 1875, des sœurs - les chiffres divergent d'une source à l'autre mais moins de neuf soeurs - dont sœur Anne-Marie de Jésus (Joséphine Liquier) partent pour Millau afin de fonder un nouveau monastère de Clarisses à la demande de l'ordinaire de l'Aveyron. Elles sont accompagnées du Révérend Père Exupère (1837- 20 octobre 1917), de Prats-de-Mollo, capucin, prédicateur, missionnaire et auteur de nombreux écrits. La fondation est une réussite et les recrutements de nouvelles soeurs permettent rapidement d'envisager une nouvelle fondation.
Mgr Fonteneau, archevêque d’Albi suggère Mazamet pour la fondation suivante. Les dix sœurs (dont six moniales) arrivent par un temps glacial le 27 décembre 1887 et sont logées dans une pauvre maison Boulevard Soult (3 étages avec deux pièces sur chaque palier). Mère Saint-Bonaventure dirige la communauté. Malgré ces conditions, elles ont 3 postulantes dès 1888. Leur nouvelle habitation, rue de la Barre, à partir de septembre 1888, est « une maison de pauvres, située au quartier des Beausses, d’un loyer relativement élevé, mais avec un jardin clos de murs et au-delà l’air pur de la montagne" (Fondation d'un Moustier).
Dès ce moment, elles se rendent compte du besoin des sacristies et décident de s’y consacrer. Les conditions de vie restent difficiles et les sœurs tombent malades. En mai 1893, on commence à préparer la construction d’un monastère, sur un site de carrières. Elles mettent même la main à la menuiserie. Le 20 novembre 1894, elles déménagent, alors que la chapelle est à peine commencée. La première messe est célébrée dès le 21 novembre. Le chœur est prêt pour le Samedi Saint 1895 ; le monastère est consacré au Sacré Cœur. L’archevêque Fonteneau bénit la chapelle le 8 mai 1895. La description des cellules en 1900 : « la paillasse posée sur deux planches, les couvertures indispensables, une armoire en bois blanc d’un mètre cinquante de haut sur cinquante centimètres de large et autant de profondeur, un escabeau, et la cruche avec sa cuvette en terre jaune. Encore l’escabeau manquait-il le plus souvent. Dans l’armoire, le manteau de chœur et le linge de rechange pour la semaine» (Fondation... p. 45).
En 1912, pour le 7e centenaire de la fondation des Clarisses, le Père Exupère fait paraître L’esprit de sainte Claire, qu'il dédie aux Clarisses de Mazamet. La même année, le 21 septembre, son jubilé est célébré au monastère. En 1917, il est inhumé dans la crypte du monastère.
La grande période de création se situe entre 1920 et 1950, avec des sommets esthétiques dans la décennie de 1930.
Avec le décès de Mère Marie Thérèse de Jésus en octobre 1942, puis de la principale dessinatrice, Mère Marie de saint Raphaël, en avril 1949, la production décline très doucement. Des brodeuses émérites demeurent en place mais leur nombre ne permet plus de grands chantiers, sans compter que le décor des ornements liturgiques est de plus en plus épuré...
Les clarisses de Mazamet ont fermé leur monastère en novembre 2015 et les dernières résidentes se sont dispersées selon leur souhait personnel.
Le 1er septembre 2021, a été publié un numéro spécial de la revue Patrimoines du Sud, sous le titre Les trésors des Pauvres Dames de Mazamet, qui regroupe plusieurs articles concernant leurs oeuvres.
