• dossier ponctuel
  • enquête thématique départementale, habitat et production sur le PNR du Haut-Languedoc
Immeuble ou hôtel du Grand Balcon
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc
  • Commune Mazamet
  • Adresse 2 cours René-Reille
  • Cadastre 1836 A 830 à 840 ; 2015 AH 130
  • Dénominations
    immeuble
  • Appellations
    hôtel du Grand Balcon
  • Destinations
    banque, bureau, restaurant
  • Parties constituantes non étudiées
    cercle de sociabilité, café, banque, hôtel

Ferdinand Cormouls (1802-1871), l’un des plus puissants industriels mazamétains, fait construire en plein centre de la ville, un premier immeuble à côté de son usine dite des Casernes, située sur l’arrière, rue du Cours, vers 1850, après avoir acquis les maisons qui occupaient l'emplacement convoité (ADT, 104 J 197). Il fait appel aux services de l'architecte toulousain Jean-Jacques Esquié (1817-1884). L’immeuble, aujourd'hui détruit, ne comptait alors que deux travées sur le Cours et huit sur la rue Neuve (actuelle rue Gaston Cormouls-Houlès), selon des vues anciennes. C'est sur cette dernière façade que se déployait un grand balcon au premier étage, qui a donné son nom à l'immeuble. On reconnait-là une marque de fabrique des immeubles de rapport qu'Esquié a construit à Toulouse qui offrent tous un grand balcon filant au premier étage et d'autres individualisés par fenêtre aux autres étages et lucarnes de toit (34 place Mage, 8 rue Jules-de-Rességuier et 45 rue Alsace-Lorraine). Le testament de Ferdinand Cormouls-Houlès, établi en 1872, indique que s'y tenaient déjà le Cercle du Grand Balcon aux étages, cénacle des industriels les plus influents de la ville, et le café du même nom, au rez-de-chaussée (ADT, 104 J 197). En 1905, le Grand Balcon abrite le syndicat des négociants en laine et cuirs.£Gaston Cormouls-Houlès, le fils de Ferdinand, alors âgé de 65 ans, entreprend le dédoublement de l'immeuble, en 1905, grâce à l’achat puis la destruction des maisons voisines, situées sur le Cours (désormais dénommé cours René Reille) et à l'angle de la rue des Casernes (maisons Corbières et Enjalbert). Il se rend ainsi propriétaire de l'ensemble de l'îlot. Les travaux sont confiés à l'architecte toulousain Joseph Galinier qui dessine le bâtiment en pendant à celui qui préexiste. Les premiers contacts avec l'architecte semblent avoir été établis en 1904, alors qu'il termine le grand théâtre de Castres. Si les plans de l'immeuble de Mazamet semblent aujourd'hui être perdus, en revanche la correspondance de Gaston Cormouls-Houlès et de son architecte documente le chantier (ADT, fonds Cormouls-Houlès). Dans sa lettre datée du 1er décembre 1904, l'architecte parle de son projet en cours "Ce que j’ai fait est très réussi, jamais je n’avais eu une aussi bonne inspiration et cependant j’ai beaucoup construit". Le chantier démarre au début de l'année 1905 et le gros-oeuvre est achevé à la fin de l'année suivante, selon les désirs du commanditaire qui réitère à plusieurs reprises sa volonté de voir le chantier avancer rapidement. Ses échanges avec le maître d'oeuvre témoignent aussi du fait qu'il ne sait pas quelle sera l'organisation intérieure de sa future "maison" : "je n'ai rien décidé encore sur la destination que je lui donnerai, elle sera disposée de manière à pouvoir y faire des magasins au rez-de-chaussée et des appartements de maître aux différents étages, ou bien je la mettrai en café en rez-de-chaussée, cercle au premier étage et appartements aux 2e et 3e étages". Mais en 1906, Le Crédit Lyonnais s'installe finalement comme locataire dans la partie située à l’angle de la rue des Casernes, dès l’achèvement du gros-œuvre, et charge l’architecte mazamétain R. Aurignac de l’aménagement intérieur. L'entrepreneur des travaux est Basile Amalvy et son fils, aidés par des tailleurs de pierre venus en renfort pour la pierre de taille des façades. Les travaux de sculptures ont été réalisés par Fourès, sculpteur à Toulouse. Les cheminées de marbre ont, quant à elles, été commandées à la marbrerie toulousaine B. Doat, tandis que les garde-corps en ferronnerie des balcons pourraient provenir des Ateliers du Sud-Ouest (R. Verdier et compagnie) dans la même ville. Cet approvisionnement toulousain est à mettre en relation avec le maître d'oeuvre toulousain Galinier.£C'est probablement à la génération suivante que le bâtiment construit par Ferdinand Cormouls est à son tour détruit pour l'harmonisation de l'immeuble sur tout le cours Reille, tel que nous le connaissons aujourd'hui. En effet, dans son ouvrage Mazamet en 1930, Edouard Cormouls-Houlès (petit-fils de Gaston) écrit : "depuis cinq ans, grâce à une société fondée par des industriels, un hôtel qui égale par son confort ceux de la Compagnie des chemins de fer du Midi, l'hôtel du Grand Balcon, offre aux touristes tous les agréments et raffinements qu'il peut désirer, et les autres hôtels suivant son exemple se sont modernisés". L'ouvrage d'Edouard Cormouls-Houlès en trois volumes fait largement la publicité de ce nouvel établissement. Le fils de Gaston, Ferdinand étant décédé en 1915, c'est probablement plutôt son petit-fils, Charles, lui même grand bâtisseur, qui se chargera de l'achèvement de l'immeuble. Selon un autre témoignage, il semblerait qu'une partie ait été conservée pour les appartements privés de la petite-fille de Gaston, Alice Cormouls-Houlès (1886-1980), épouse Nègre (1907). Durant cette période, l’hôtel est confié à la charge de Fernand Galinier qui organise de nombreuses réceptions jusque dans les années 1960.£En 1983, un incendie ravage l’hôtel qui est fermé pour deux années de travaux. Quelques années plus tard, il est acheté par le Crédit Lyonnais. En 2002, l’arrière du bâtiment, côté rue des Casernes, est cédé à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mazamet qui installe des bureaux transformés en centre de formation en 2017. Le café du Grand Balcon occupe actuellement la partie du bâtiment qui se trouve en retour, sur la rue des Casernes.

De style classique marqué par une note d’Art nouveau, l'immeuble offre sur le Cours Reille une façade en pierre de taille à bossage. Il s'élève sur trois étages, un comble et un soubassement. La façade est composée d’un avant-corps central à ressaut surmonté d’un toit en ardoise à pavillon agrémenté d’une lucarne. La porte d’entrée est agrémentée d’un décor d’agrafe à motif floral et des consoles à décor de triglyphes, soutenant un garde-corps en pierre à l’étage. Sur cette travée, une alternance entre garde-corps en pierre et en fer forgé. La fenêtre du cinquième niveau est encadrée par deux colonnes soutenant un fronton triangulaire interrompu. Chaque ouverture de cette élévation est agrémentée de lambrequins.£Le décor de façade très riche est composé de balcons ouvragés, au troisième niveau, qui courent le long de l’édifice et qui se retrouve au cinquième niveau. Les fenêtres du quatrième niveau s’ouvrent sur des balustrades en ferronnerie ouvragée avec un seuil soutenu par des consoles à volutes et un décor de denticules.£Les élévations latérales sont simplement enduites. Les niveaux sont séparés par un bandeau et on retrouve les balustrades en ferronnerie ouvragée.£L’édifice est couvert par un toit à longs pans brisés en ardoise ouvert par des lucarnes.£Les courriers de Gaston Cormouls-Houlès à son architecte pendant le chantier témoignent de l'approvisionnement des matériaux. Il indique que les matériaux de destruction des anciennes maisons qu'il qualifie de "pierre roulée" ne seront pas réutilisés par l'entrepreneur Basile Amalvy mais celui-ci n'utilisera que "la pierre de Pont-de-Larn ou du Moulin d'Aurelles, à faces et assises et très dure". Il précise que "c'est la meilleure pierre que nous ayons dans le pays, prenant très bien le mortier et faisant des constructions inébranlables" (lettre du 17/01/1905). Quelques mois plus tard (lettre du 2 mai 1905), il vient encore préciser que le soubassement est en granite et que de la pierre de Tercé (près de Chauvigny dans la Vienne) vient d'être livrée en gare de Mazamet où attendent déjà "23 énormes blocs" et où "il doit encore en arriver deux wagons par semaines". A l'été de la même année, Gaston Cormouls-Houlès précise encore qu'on travaille activement à la pose des pierres de taille des trois façades" (lettre du 04/08/1905). Dans l’état estimatif des biens de Ferdinand Cormouls-Houlès que dresse en 1919 l’architecte Louis Fabre, celui-ci indique : "Cet immeuble a été construit avec un soin particulier, sur le meilleur emplacement de la ville. Quoiqu’il soit destiné à un immeuble de rapport il en perd un peu le caractère par le choix des matériaux employés et les dépenses qui ont été faites. Il se présente avec tout le confort moderne mais aussi avec un luxe dans son exécution(…)" (ADT, 104 J 204).

  • Murs
    • enduit
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 3 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Techniques
    • ferronnerie
  • Représentations
    • ornement végétal
    • fleur
    • volute
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Cormouls-Houlès (Edouard), Mazamet en 1930, un centre d'activité économique du Midi de la France, t. II, 1931.

Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Conseil départemental du Tarn