• dossier ponctuel
  • enquête thématique départementale, habitat et production sur le PNR du Haut-Languedoc
demeure de l'industriel Eugène Cormouls-Houlès, détruite
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc
  • Commune Mazamet
  • Lieu-dit quartier de la Sagne
  • Adresse 3 rue Houlès
  • Cadastre 2015 AH 164
  • Dénominations
    demeure
  • Genre
    d'industriel
  • Destinations
    démolie
  • Parties constituantes non étudiées
    conciergerie, écurie, perron

La grande demeure de style classique est édifiée entre 1873 et 1876 pour Eugène Cormouls-Houlès (1842-1895) et son épouse Adèle Frisch, sur les plans de l’architecte de Montpellier Louis-Alphonse Corvetto. Eugène Cormouls-Houlès achète une parcelle de soixante ares sur les terres du domaine de La Sagne en 1872 à Olombel. A cette date, son père Ferdinand Cormouls-Houlès vient de mourir (en octobre 1871) et Eugène est associé à ses frères, Gaston et Jules, l'aîné Ferdinand étant mort deux ans auparavant. Ensemble, les trois frères dirigent la Société familiale, une des plus puissantes de Mazamet.£Les comptes courants d'Eugène Cormouls-Houlès (ADT, 72 J 105, 104, 88) ainsi qu'un livre de comptes de construction de la demeure (72 J 232) témoignent du déroulement du chantier et de la provenance des matériaux. Le "défoncement" du terrain intervient en mars 1873. Par la suite, du sable est régulièrement extrait à la Rougearié (Aussillon) où Eugène Cormouls-Houlès est propriétaire d'un domaine agricole. En avril 1873, il achète "une machine à faire du mortier". De la pierre est régulièrement livrée en provenance de Frontignan et de Beaucaire, au cours des années 1873 et 1874. Cette provenance héraultaise des matériaux suggère que l'architecte montpelliérain a fait travailler ses réseaux habituels pour pallier au manque de pierre de taille du mazamétain. Cet approvisionnement est confirmé par les sommes importantes qu'Eugène Cormouls-Houlès verse à Corvetto pour le "règlement des fournisseurs". Deux tailleurs (Mandement et Coulondre) sont en outre régulièrement rémunérés pour dresser les pierres sur le chantier. Les colonnes du vestibule sont elles aussi achetées à un des fournisseurs de pierre héraultais. Les peintres, plâtriers et charpentiers sont à l'oeuvre à l'automne 1874 et au printemps suivant et de l'ardoise d'Angers est livrée à partir de février 1875. Les décors de carton pierre sont fournis par le décorateur Lefèvre, probablement de Montpellier. Le montant total des travaux cumulés à la fin de l'année 1876 s'élève à 367000 F et d'après le livre de compte, l'architecte a été rémunéré 4000 F soit environ 10% du coût total des travaux.£A la mort d'Eugène Cormouls-Houlès, la demeure devient propriété de son fils, Edouard (1872-1938). Lorsque celui-ci décède, elle est déjà la propriété de son fils Eugène (1900-1987) (ADT, P 1317, case 787). Elle est vendue à l’industriel mazamétain Georges Alfred Alran, et l'acte notarié indique qu'elle est alors "inhabitable" (ADT 8 U 232). Alran acquiert seulement la parcelle sur laquelle est bâtie la grande demeure, accessible par la rue Poitevine, le parc étant alors divisé en 6 lots. La tradition orale rapporte que Georges Alran l'aurait achetée avec obligation de la détruire, ce qu'elle fut peu de temps après pour la construction de la maison Alran (terminée en 1951, André Trichot architecte), qui, selon un témoignage, s'appuierait en partie sur les fondations de l'ancienne demeure. Les écuries et la conciergerie ont été conservées.£La demeure a fortement influencé les voisines, dans le prolongement de la rue Houlès et du boulevard de Lattre de Tassigny ; elles en reprennent le même parti architectural et décoratif.

La demeure occupait la moitié d’un îlot du nouveau quartier de la Sagne, entre le boulevard de Strasbourg, les rues Houlès et Poitevine, sur une superficie de 6000m2. Au sud, elle jouxtait la propriété d'Edouard Vidal, dont la demeure allait aussi être construite sur les plans de l'architecte Corvetto, en 1887. Etablie en milieu de parcelle, elle était entourée d'un parc et secondée par des écuries et une conciergerie, au nord, en limite de parcelle. De plan rectangulaire, la demeure recouvrait une superficie de 400 m2 au sol. Elle comprenait quatre niveaux et était couverte par un toit à longs pans brisés recouvert d'ardoise et percé de lucarnes. Le soubassement était occupé par les pièces de service. Le plan dressé par Corvetto (Archives de la médiathèque de Mazamet) en mentionne la distribution. Au bout d'un couloir longitudinal qui comprenait à l’autre extrémité l'escalier de service (montant de fond), la cuisine et arrière-cuisine étaient secondées par un ensemble de petites pièces destinées à l'office, au rangement de la vaisselle, et au stockage des vins fins et ordinaires. On y trouvait encore une grande buanderie équipée d'un lavoir, une salle de bain pour les domestiques, une pièce pour stocker le bois et une autre pour loger le calorifère à charbon et la réserve. Le plafond était constitué de voutains de briques reposant sur des IPN. Le rez-de-chaussée surélevé était accessible par deux perrons sur les façades nord et sud. Celui du nord ouvrait sur un vaste vestibule, lui-même en communication avec le grand escalier en pierre. Le plafond à caissons et les pilastres et colonnes cannelés de style classique lui conféraient une atmosphère solennelle. Le vestibule ouvrait à l'ouest sur la salle à manger (elle-même en communication avec la cuisine du niveau inférieur par un petit escalier de service), dans l'axe sur le grand salon qui ouvrait au sud sur la terrasse, à l'ouest sur "un salon de tenue" et à l'est sur le cabinet de travail du propriétaire. Celui-ci était par ailleurs en relation directe avec le vestibule, afin de faire entrer directement la clientèle. Les salons, très ornés, adoptaient le style du 18e siècle avec corniches moulurées, bas-reliefs sur les dessus de portes. L'étage comprenait la chambre de Monsieur, chambre de Madame, chambre d'enfant, chambre de "Madame mère" et une autre "chambre à donner". Des cabinets de toilette et autres garde-robes les secondaient. L’étage de comble était occupé par quatre autres grandes chambres à donner et leurs annexes et par deux chambres de bonnes et une lingerie.£Les façades ordonnancées très régulières avec chaînes d’angles en pierre de taille et cordons d’étage, revêtaient un caractère classique très affirmé. Les arcs surbaissés des ouvertures avec clefs à agrafes et décors de pilastres engagés sur les travées centrales encore mises en exergue par un grand balcon à l’étage supporté par des consoles à enroulements conféraient à l’édifice une dignité toute classique.£Le plan du parc dessiné par Corvetto, de type paysager, avait bien été respecté, avec allées irrégulières et bassin, selon l’observation des photos anciennes. Plusieurs essences peuvent être reconnues : tilleul, érable, marronnier, cèdre, tulipier, châtaignier, magnolia grandi flora ainsi que des parterres d’hortensias et de rosiers tiges.

  • Murs
    • enduit d'imitation
    • maçonnerie
  • Toits
    ardoise, tuile creuse
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • État de conservation
    détruit
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Plan monumental, industriel et commercial de Mazamet (Tarn), indicateur des principaux établissements industriels et des monuments publics de Mazamet et des environs dressé par la Société des Plans monumentaux de France en 1895.

    Archives communales de Mazamet : non coté
  • Plan d'assemblage de la ville de Mazamet dressé en 1867 et complété en 1870.

    Archives départementales du Tarn : 1 Fi M/Mazamet 7
  • Photographie noir et blanc ancienne.

    Collection particulière
  • Extrait du plan topographique de la ville de Mazamet dressé sous l’administration de M. Georges Tournier, maire, 1928, échelle 1/5000e, réalisé par la Société des plans régulateurs de villes, M.M. Danger.

    Archives départementales du Tarn : 1 Fi M/Mazamet, 8
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016