Dossier d’œuvre architecture IA81001921 | Réalisé par ;
Chabbert Roland
Chabbert Roland

2002-2008 : chercheur associé à l'Inventaire général

depuis 2008 : cbercheur à l'Inventaire général d'Occitanie

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  • opération ponctuelle
Château d'Hauterive avec son parc
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Tarn
  • Commune Castres
  • Dénominations
    château, parc
  • Parties constituantes non étudiées
    tour, fossé, pont, portail, parc, cour, allée

La présence d'un château est attestée à Hauterive dès l'époque médiévale. En 1152, il est fait mention de la famille et du château à l'occasion d'un don fait par Pierre de Hauterive, sa femme et ses frères à l'abbaye de l'Ardorel ou de la Rode (AD 81 H2, Cartulaire de l'abbaye).

Le domaine existait au 13e siècle puisque Guillaume de Puylaurens évoque la prise du château en 1226 par Simon de Monfort dans sa célèbre "chronique". Hauterive est inféodé à la seigneurie de Castres et lorsque Jeanne, fille de Philippe II de Montfort, épouse Arnaud Raymond d'Hautpoul en 1301, le domaine lui est donné en dot.

La position stratégique de l'édifice, en défense avancée de la seigneurie de Castres, justifie le fait qu'il ne soit "confié" qu'à des fidèles proches ou mieux à des familiers du seigneur éminent et la transmission de la seigneurie et du château sera assurée par la famille d'Hautpoul jusque dans les premières années du 17e siècle.

Les vestiges d'éléments défensifs (archères en bêche ou en étriers) sont stylistiquement datables autour de 1300. La campagne de travaux n'est pas documentée mais il serait logique de la situer au milieu du 14e siècle, époque à laquelle on relève les fortifications dans la région pour se prémunir des raids du Prince noir. La ville de Castres, décimée par la guerre de Cent Ans ne relève ses fortifications qu'à partir de 1373.

Dans le courant du 16e siècle, les Hautpoul entreprennent un important chantier mais on ne dispose d'aucune documentation. Il donne lieu à des interventions "de prestige" dont le château conserve quelques éléments de décor porté de qualité tout en lui maintenant un caractère défensif affirmé : présence de nombreuses canonnières sur les tours rondes aux baies ornementées.

Vers 1586, Madeleine, la fille unique de Sébastien d'Hautpoul,hérite de la seigneurie d'Hauterive érigée en baronnie. Elle en investit son mari Louis de Caires, second fils d'Antoine de Caires, seigneur d'Entraigues en Vivarais. C'est sous le titre de baron d'Hauterives que Louis de Caires acquiert la célébrité en participant à toutes les campagnes du duc de Joyeuse. Il joue un rôle important en 1592, dans la conclusion de la paix, en participant aux débats des Etats du Languedoc et en oeuvrant à la dissolution de la Ligue et pour le ralliement de la noblesse locale au roi Henvi IV. Récompensé par le roi par l'octroi de terres et de pensions, le baron continue de servir Louis XIII sous les ordres du maréchal de Thémines.

Même si ses occupations militaires le tiennent éloigné de son domaine, on lui doit les travaux de reconstruction partielle du château dans le premier quart du 17e siècle. C'est essentiellement l'aile orientale, alignée sur le Thoré qui est mise en chantier. Les dates de 1619 et 1629 portées sur le corps de logis attestent de ces travaux qui semblent fort avancés dès 1625, date à laquelle les moines du couvent des Trinitaires de Castres choisissent d'y mettre à l'abri leur mobilier précieux (AD81 H2).

Rostaing-Louis, fils de Louis, député des Etats du Languedoc à la cour semble délaisser Hauterive. Sa fille unique Madeleine de Caires épouse le 2 juin 1646 Marc de Calvière, conseiller a parlement de Toulouse qui devient ainsi le nouveau baron d'hauterive. Le fille Charlotte, orpheline à 5 ans, se trouve à la tête de biens considérables qui sont placés sous la tutelle de son oncle Jean de Calvière qui la promet en mariage au fils de l'un des ses amis Fulcran Lenoir de Clermont. Le mariage est célébré à Laguiole en 1660 mais des dissensions familiales, animées par l'importance de l'héritage entraînent un abandon chateau au profit des métayers qui le transforment en centre d'exploitation agricole.

Dans la première moitié du 18e siècle, il échoit à la famille de Valady par héritage mais comme de nouvelles querelles de succession se profilent, Philippe Ysarn de Valady décide de vendre le domaine à Jean Joseph de Villeneuve en 1776. Né à Saint-Pons en 1734, il sert brillamment le roi dans le régiment de Bourbon et prend rang à la cour, en 1780. Il fait un riche mariage avec Rose d'Ambard, fille d'un riche drapier de Saint-Pons et meurt au château en 1808 après une longue détention dans les geôles révolutionnaires.

Les décors de gypserie qui subsistent dans l'aile est du château témoignent d'une campagne de remise au goût du jour postérieure au mariage Amblard Villeneuve. Leur fils Jean-Baptiste-Marie-Louis dit "comte Louis de Villeneuve" habite le château quand ses charges au service du roi le lui permettent. Il accompagne le comte de Choiseul à Constantinople, se fait remarquer comme lieutenant de vaisseau dans les campagnes des mers du Levant, des Antilles et de Norvège avant de quitter la France en 1792. De retour en France en 1800, il est nommé Capitaine de Frégate par Louis XVIII puis capitaine de vaisseau en 1819.

Né en 1768 du mariage avec Rosalie d'Avessens de Montcal, petite fille de Paul Riquet, Jean Baptiste Marie Louis II sera un homme politique important dans le département du Tarn. Féru d'agriculture et d'industrie, il est maire de Castres de 1826 à 1830 et s'emploiie à remettre le domaine en état. Il créée à Hauterive une filature de laine et une minoterie. Entre la fin du 19e siècle et les toutes premières années du 20e siècle, les Villeneuve entreprennent une ambitieuse campagne de rénovation et de transformation du château.

Plusieurs documents graphiques signés par l'architecte Alexandre Garros sont conservés dans les archives familiales. Datés de 1903, ces plans et projets d'élévation proposaient une transformation radicale du domaine. Hauterive aurait pu devenir un pastiche parfait du château de la Renaissance dans le même esprit que celui de la plupart des restaurations Garrros. Cependant les projets ne se sont pas concrétisés ; seules quelques améliorations sont intervenues sur les élévations extérieures et dans les distributions intérieures. Hélas, elles ne sont pas documentées.

On sait qu'il existait un jardin à la fin du 18e ou au début du 19e siècle car il est décrit dans les mémoires de Léontine Villeneuve. Ce jardin régulier est remplacé par un "jardin à l'anglaise". Le potager disparaît ainsi que le parterre fleuri. Une vaste prairie remplace l'ensemble, traversée d'allées ombragées aux formes plus adoucies. Aujourd'hui l'esprit et le dessin de l'ensemble du jardin demeurent.

Le château d'Hauterive est installé sur une terrasse à l'ouest de la rivière Thoré. Il occupe la partie nord d'une parcelle allongée avec un jardin au sud. Protégé par des douves qui séparent l'édifice du village, le château s'organise autour d'une cour selon un plan en L. La cour est accessible par une ponceau et un portail monumental orné de colonnes cannelées posées sur un stylobate et soutenant un entablement à denticules. Côté rue subsistent deux tours, vestiges du bâtiment médiéval. Coiffées d'un toit en ardoise, percées de demi-croisées, elles conservent des éléments défensifs : bouches à feu et canonnières. La tour nord, bien appareillée présente un décor plus soigné que la tour sud construite en moellons équarris. Ainsi les baies de la tour nord sont elles équipées d'un larmier saillant reposant sur des culots ou d'un encadrement sculpté alors que celle de la tour sud sont simples.

L'aile nord présente sur la cour une élévation ordonnancée. Les baies rectangulaires sont simples et éclairent l'étage. Le niveau de combles est éclairé par des oculi. L'élévation postérieure, enduite est plus irrégulière. On observe à l'angle nord-ouest la présence d'une échauguette dont la partie supérieure a été tronquée par la toiture en tuile à longs pans.

Une tour quadrangulaire couverte par un toit à 4 pans permet, situé à l'angle nord-est assure la jonction entre les deux ailes du château.

L'aile orientale présente sur la cour une élévation ordonnancée. La porte centrale est cintrée et les baies rectangulaires équipées de meneaux et de traverses. Recouverte d'un enduit, elle est haute d'un étage et ne présente pas d'oculi comme l'élévation voisine.

Une tour quadrangulaire est positionnée à l'extrémité sud de l'aile orientale. Des éléments défensifs y ont été repérés.

Compte tenu de l'emprise foncière des bâtiments, les jardins se sont développés hors les murs, en tenant compte des pentes vers la rivière et des espaces attenants. La description faite par Léontine de Villeneuve est assez précise ; "quinconce de tilleuls à l'entrée offrant un espace très ombragé ; charmilles et buis taillés en haie, allées rectilignes ; parterres fleuries, potager dans le prolongement protégé par une allée de buis ; châtaigneraie dans le fond de la parcelle".

Le jardin à l'anglaise reprend à une échelle plus petite les grands principes des parcs paysagers en vogue à cette époque : points de vue agréables depuis la demeure pour engager à la découverte du lieu au fur et à mesure, ouverture du regard vers le paysage environnant, en particulier vers la rivière et la montagne proche, chemin de ceinture de l'ensemble, chemins secondaires, vastes prairies, grandes masses boisées mises en valeur par l'espace prairie. De l'ancien jardin régulier, le quinconce existe toujours et a aujourd'hui besoin de renouveler ses sujets, trop vieux et abîmés par des tempêtes successives. Il existe toujours dans la première partie du jardin, sur le partie haute, des alignements de buis taillés en forme adoucie, formant labyrinthe de petits cheminements entre les sujet. Ils sont des éléments du jardin décrit par Léontine. La grande prairie centrale du jardin met en évidence les sujets ou groupes d'arbres où sont associées plusieurs essences (chêne-tilleul-cèdre-érable-laurier). Ces grands arbres accompagnent le promeneur le long de la grande allée de ceinture de l'ensemble du parc.

La châtaigneraie en fond de parcelle, avec un mélange de chênes et d'ormeaux, a semble-t'il été remplacée par la bambouseraie très envahissante qui forme aujourd'hui la colonisation principale d'une grande partie de la berge, jusque sur le talus du jardin proprement dit. Cette bambouseraie forme un beau tunnel ombragé sur une moitié de l'allée basse qui longe la rive du Thoré. La rive est longée par ce chemin ombragé qui se poursuit par un alignement de part et d'autre d'arbres adaptés au milieu ripicole : aulnes, saules, peupliers, platanes. On remarque des sujets très importants et très anciens (peupliers) en alternance d'un côté et de l'autre du chemin : cette disposition en apparence naturelle permet de penser à une plantation volontaire et programmée.

Il semblerait que l'alimentation en eau n'ait jamais été un problème pour ce domaine. La présence très proche du Thoré ainsi que la source naturelle qui remplit les douves en attestent. Un plan d'adduction d'eau conservé dans les archives privées du domaine fait mention d'un réseau souterrain dont l'alimentation semble extérieure à la propriété. On ignore s'il a été réalisé et à quelle date.

Il existe une construction maçonnée à double voûtement en contrebas du quiconce, à mai hauteur vers la rivière ; l'entrée est en partie comblée par des apports de terre dus aux diverses montées des eaux du Thoré. La retenue d'eau de l'usine avait modifié la berge puis l'avait stabilisée en régulant les eaux. Aujourd'hui l'arrêt de l'activité de l'usine, en laissant aller la rivière à son cours naturel, érode les berges et modifie encore le paysage.

Dans le parc, une fontaine maçonnée fait face à l'espace de prairie et semble correspondre à l'emplacement de celle située sur le plan. Cette fontaine à bassin est très dépouillée et ne présente pas d'ornement apparent. Sa situation et sa sobriété permettent de penser que sa fonction était de diffuser son eau dans la propriété.

Surplombant le Thoré et offrant des vues sur le paysage, on trouve une vaste dalle de pierre aux aspects de table d'autel, où Emilie de Villeneuve, soeur de Léontine a fait l'annonce de sa vocation et de sa volonté d'entrer dans les ordres

  • Murs
    • maçonnerie enduit partiel
  • Toits
    tuile
  • Plans
    plan régulier en L
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée sans travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Jardins
    bois de jardin, prairie ornementale, topiaire
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Protections
    inscrit MH, 2010/06/18
  • Précisions sur la protection

    Les façades et toitures du château, y compris la tour ronde sud-ouest isolée, la tour nord-ouest et la salle basse de l'aile est en totalité, ainsi que les douves, les ponts d'accès, les portails et le parc du château (cad. D 134, 135, 250 à 253)

  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Tarn, C1150, plan d'un projet de communication de la ville de Castres à Labruguière, non signé, non orienté, sans échelle. Plan en couleur 45/170 vers 1780-1786.

    AD Tarn : C1150
  • AD Tarn, 1J6/20 Carte des deux lignes de chemin de fer de Saint-Amans à Castres l'un passant par Pont de l'Arn, haut-Montels et le Causse, l'autre par Mazamet et Labruguière avec la ligne du chemin projeté, la rivière de Thoré et les montagnes qui l'environnent, non signé, orienté, échelle de 1400 toises pour 320 mm. Carte avec bords entoilés, tracée à l'encre avec touches de couleur, sans date.

    AD Tarn : 1J6/20
  • Archives privées Villeneuve. Plan des canalisations d'eau dans le parc, non daté, non signé

    Archives privées
  • Archives privées Villeneuve, recueil de plans et relevés par Alexandre Garros, signé et daté 1903. Projets non réalisés.

    Archives privées
  • Archives privées Villeneuve, série de photographies et de cartes postales anciennes

    Archives privées

Bibliographie

  • Vidal (Ainé) Biographie castraise ou tableau historique analytique et critique des personnages qui se sont rendus célèbres à Castres ou dans ses environs... 1834

  • Cros (Philippe), Châteaux, manoirs et logis, le Tarn, Cahors, 1999.

    p. 158-160
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2020, 2024
(c) Inventaire général Région Occitanie
Chabbert Roland
Chabbert Roland

2002-2008 : chercheur associé à l'Inventaire général

depuis 2008 : cbercheur à l'Inventaire général d'Occitanie

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