La famille Bernadou travaille à la construction et à la réparation de navires depuis cinq générations. Au début du 20e siècle, l'activité débute à Port-la-Nouvelle sous l'impulsion de Bernard Bernadou, charpentier de marine aux Ponts-et-Chaussées. Il construit des barges dédiées au dragage, appelées "Marie Salope". L'aîné de ses fils, Pierre, reprend l'affaire, suivi par ses deux frères, Jean et Louis. En 1920, les trois frères s'associent et travaillent en tant que charpentiers de marine au sein d'un atelier installé à Port-la-Nouvelle, le long du chenal. L'activité de construction et de réparation de navires se poursuit à Port-la-Nouvelle jusqu'en 2015 (sous la direction de Bernard Bernadou, cousin d'Yves Bernadou).
Après la seconde guerre mondiale, Louis Bernadou installe son activité à Collioure où il poursuit la motorisation des barques en bois. La modernisation des barques de pêcheur via l'adjonction d'une propulsion motorisée avait débuté dès les années 1930 (barque Joseph entreposée dans l'atelier : construite en 1927 et motorisée par Louis Bernadou en 1937-1939). L'intervention du charpentier de marine consiste alors à tailler une nouvelle pièce d'étambot permettant de fixer une hélice couplée à un moteur. En 1948, le chantier naval est déplacé à Port-Vendres pour bénéficier d'une surface plus grande et d'un système de mise à terre des bateaux. Louis s'adjoint les compétences de son fils Gérard. Dans les années 1950, ce dernier fabrique 122 bettes (bateaux à fond plat de 4 à 5 m de long) tous les deux ou trois ans, répondant aux commandes des pêcheurs des étangs (Salses...). A l'époque, le charpentier de marine ne dresse pas de plans pour la construction de ces bateaux mais réalise des maquettes de demie-coque (au 1/25e). En 1970, il construit une pilotine pour le port de Port-Vendres (commande de la CCI). Les gabarits ayant servi à sa construction sont actuellement conservés par l'entreprise (la plupart des gabarits est détruite une fois le chantier terminé). En 1974, le chantier doit être déplacé de nouveau, chassé de Port-Vendres par la construction de la criée.
En 1974, Gérard Bernadou construit son nouveau chantier naval dans la zone portuaire de Canet-en-Roussillon (amodiation du terrain). C'est alors le premier atelier de la zone à voir le jour. Il est équipé, dès 1974, d'un slipway servant à la mise à terre des bateaux : berceaux roulants sur des rails manœuvrés par des câbles et un treuil. Il comprend un atelier couvert de 120 m² ainsi qu'un terrain de 1500 m² dédié au gardiennage des navires et au stockage du bois (iroko, acajou, pin, chêne, orme...). L'entreprise est transmise en 1993 à Yves Bernadou qui fait construire, à cette date, un nouvel atelier de 160 m², contigu au premier. Depuis, son fils, Daniel travaille à ses côtés. L'entreprise Bernadou compte 3 salariés (2 employés et 1 apprenti).
L'entreprise "Chantier naval Bernadou" est spécialisée dans la réparation et la restauration de bateaux en bois, essentiellement sur place (chantier naval de Canet), parfois sur site lorsque les bateaux ne peuvent être déplacés à Canet (en particulier Sète et Marseille). Ainsi, en 2010-2012, elle est intervenue à Sète pour la remise en état du navire "Le Louis Gaëtan", sur un chantier en plein air le long du quai saint Louis. L'entreprise veille à utiliser les essences d'origine dans le cadre de la restauration d'un navire. Elle commande ses bois auprès de l'entreprise d'import BTM (port de Sète) et se fait livrer les stocks par camion. L'entreprise peut également répondre aux demandes de construction de bateaux. Sa zone de chalandise s'étend de l'Espagne à l'Italie. Elle intervient sur des bateaux professionnels (pêcheurs, bateaux de plongée, armateurs) et sur des bateaux de plaisance. L'entreprise obtient le label EPV en novembre 2018.
Photographe prestation Fish Eye dans le cadre de l'étude du patrimoine industriel du département de l'Hérault de 2011 à 2013