Prémices de l’exploitation des eaux
Près des sources de Thuès et de Canaveilles, les moines d’Eixalada construisent un monastère dédié à St André en 846. L’utilisation des eaux est attestée dès lors. La crue de la Têt survenue en 868 détruit le bâtiment, que les moines reconstruisent à St Michel de Cuxa en 868. L’exploitation des eaux est abandonnée pendant plusieurs siècles.
Les Graus d’Olette ou Thuès-les-Bains, se composent de plus de trente sources d’eaux thermales sulfurées sodiques en 1833. Anglada note dans son traité l’abondance des sources et l’absence d’établissement thermal. Dominique Bouis, chimiste perpignanais, est chargé d’analyser les eaux thermales du département, dont celles de Thuès. Il achète les sources en 1850 et y établi un premier établissement en 1851. Il s’agit alors d’une simple bâtisse avec deux cabinets pour les baignoires en bois et les douches. Une route carrossable et un pont permettent un accès facile à l’établissement dès 1852. Le Dr Puig, médecin inspecteur des eaux de Thuès, observe l’efficacité des traitements sur les baigneurs qui affluent. Le nombre de baignoires est augmenté à 6 et utilisées jusqu’en 1859. Les baigneurs doivent alors se loger à Olette ou à Thuès, l’établissement ne compte pas encore de logement.
Un premier établissement thermal construit dès 1859
La construction d’un établissement d’envergure sur la rive droite de la Têt est amorcée en 1859, sous la direction des Dr Bouis et Puig. Il comprend l’établissement de soin, un hôtel des thermes, deux galeries superposées, l'une sulfureuse, l'autre non d'après une gravure de 1861. Les curistes sont nombreux et dès 1862, la construction d’un second hôtel des sources est entreprise. En 1873, le captage de nouvelles sources augmente la capacité de douches et de baignoires. Dans son rapport de 1878 pour l’exposition universelle de Paris, Louis Companyo mentionne douze sources, vingt baignoires, six douches et huit buvettes (COMPANYO, 1878). Malgré la configuration du lieu, enclavé dans un fond de vallée resserré peu propice à la construction de nouveaux bâtiments, le parti pris est d’agrandir par le haut, en ajoutant des étages aux bâtiments existants. Entre 1883 et 1887, une troisième galerie est érigée avec cinq baignoires.
L’arrivée du chemin de fer, nouvelle impulsion d’agrandissement et de rénovation
En 1910, l’arrivée du chemin de fer et la construction de la gare de Thuès facilite l’accès aux thermes, qui sont augmentés et modernisés jusqu’en 1914. Thuès devient alors la « capitale des arthritiques ». Aragon (op. citée) juge qu'autrefois, l'établissement était composé de deux grands corps d'habitation, d'un aspect très bourgeois et de façade vulgaire. Le nouvel hôtel reconstruit et embelli comporte près de 100 chambres, de nombreuses baignoires, des salles d'inhalation, des buvettes, cabines de douches et plusieurs galeries de bains.
Si l’activité se maintient pendant la première guerre mondiale, les difficultés financières liées au créances engagées dans de tels travaux se font sentir. L’établissement est vendu aux enchères en 1926. Avant la seconde guerre mondiale, de nouveaux travaux sont entrepris, mais l’activité est impactée par la guerre. Une nouvelle orientation est impulsée en 1948 avec une modernisation des équipements. Mais en 1958, malgré la convention établie entre la Sécurité Sociale et la SNCF pour des cures contre les rhumatismes ou les affections des voies respiratoires, le nouveau régime contraint la station à fermer ses portes.
La reconversion
L’établissement est reconverti en 1963 en centre thermal de rééducation fonctionnelle. Les réaménagements visibles actuellement datent de cette période. Aujourd’hui, le Mas des Sources est un établissement médico-social qui a pour vocation l'accompagnement et l'hébergement d'adultes en situation de handicap psychique.
Des bains naturels d’eaux chaudes, situés sur un terrain privé au-dessus de la gare de Thuès-les-Bains sont prisés des randonneurs.