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  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Arboussols
  • Lieu-dit Marcevol
  • Cadastre 2019 D01 50, 572 à 575  ; 1812 D1 113 , 117
  • Précisions
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Notre-Dame de Las Gradas

Le prieuré fut fondé en 1129, peu de temps après la donation de l’église paroissiale Sainte-Marie de Marcevol par l’évêque d’Elne Pierre au Saint-Sépulcre de Jérusalem, alors dépendant du monastère Sainte-Anne de Barcelone (Durliat, Roussillon Roman, 1958, p. 31). Les chanoines du Saint-Sépulcre s’établirent ainsi au prieuré, seul édifice de l’ordre dans le Conflent et le Roussillon2. En 1142, l’édifice est toujours en construction comme l’indique le testament de Bernard d’Arboussols daté du 7 novembre de la même année (Revue d'Ille et d'ailleurs, n°8, 1987, p. 143). Ce dernier mentionne le lègue fait au monastère de la dîme qu’il percevait sur le territoire d’Arbussols, les moulins de la paroisse Sainte-Eulalie d’Arboussols et sur la chapelle Saint-Sauveur (actuelle église paroissiale Sainte-Eulalie et Sainte-Julie).

Les chanoines du Saint-Sépulcre installés au prieuré, possèdent au XIIe siècle plusieurs biens dans le Conflent, notamment dans les 21 paroisses suivantes ; Vinça, Marcevol, Arboussols, Sahorle, Joch, Finestret, Sahilla, Baillestavy, Glorianes, Rià, Cirach, Fornols, Nabilles, Arletes, Flassa, Jujols, Soanyes, Espolla, Cerola et la vallée de Mosset. Ils détiennent également des terres dans 10 paroisses de Cerdagne, que sont Dorres, Enveig, Ventajola, Vilanova de Les Escaldes, Err, Aja, Eyna, Bolvir, Alp et Càldegues.

Le cloître aujourd’hui disparu est mentionné en 1429, avec le rassemblement des habitants d’Arboussols pour prêter serment à Barthélemy de Vall-Llebrera, nouveau prieur de l’église (Cazes, Revue Conflent. Hautes vallées. Numéro 40, 1967, p 161). Un an plus tard, la dépendance au monastère Sainte-Anne de Barcelone est confirmée par la bulle du pape Célestin II, qui indique les maisons de l’ordre en Europe (Durliat, Roussillon Roman, 1958, p. 31).

Par une bulle du pape Sixte IV datée de 1483, le prieuré de Marcevol passe sous l’autorité des chanoines réguliers de Saint-Augustin puis de la communauté Saint Julien de Vinça, qui assura la célébration de l’office. Des travaux de reconstructions sont entrepris dans l’édifice par les prêtres de la communauté, notamment des voûtes des trois nefs de l’église prieurale en état de ruine, reconstruites après 1496, ainsi que la consolidation du toit par une charpente (Revue d’Ille et d’Ailleurs, Numéro 8. 1987, p 28). En effet, le tremblement de terre qui avait touché la commune de Marcevol en 1428 endommagea lourdement l’église.

Le prieuré aurait servi d’hôpital-léproserie aux alentours de 1500, comme l’atteste un manuscrit daté du XVIIe siècle. Suite à la révolution, l’ensemble est vendu en 1791 au sieur Perraud à Paris pour 25 000 livres(Revue d’Ille et d’Ailleurs, Numéro 8. 1987, p 32), puis est transformé en exploitation agricole avec l’aménagement d’une ferme.

Le prieuré fut racheté en 1972 par un particulier, avec la volonté d’en faire un lieu culturel. C’est pourquoi, la création de l’Association du Monastir de Marcevol la même année permis d’entreprendre des travaux de restauration et de mise en valeur de l’édifice. La restauration s’est opérée de 1972 à 1987 par les membres de l’association, avec l’appui de professionnels (historiens, archéologues, etc.) et des habitants. Entre 1972 et 1975, les travaux ont concerné le dégagement des greniers et des rez-de-chaussée pour les transformer en espaces habitables, à nettoyer l’église qui avait servi de chèvrerie pendant un temps, à restaurer et remettre en service le four à pain, ainsi qu’à la réfection de la partie supérieure du rempart Est. Situé contre la façade intérieure Sud-Est, le four à pain est une structure de forme semi-circulaire, surmontée de dalles de schistes. Sa partie inférieure est composée de briques réfractaires, qui reposent sur des planches de bois. L’ensemble est maintenu par une poutre placée entre deux corbeaux en bois.

La grande salle Sud-Est a été aménagée dans les années 1970. Celle-ci devait avoir une hauteur sous plafond beaucoup moins importante qu’actuellement, comme l’atteste la conservation d’un niveau de plancher en saillie. Enfin, la bretèche du rempart Ouest a été restaurée et la partie supérieure du rempart Est remise en état.

Les premiers chantiers de fouilles consistant à rechercher des fondations de l’absidiole Nord ont été organisés lors de la seconde campagne de restauration, entre 1975 et 1980. Cette campagne est aussi marquée par la réfection de la façade Ouest de l’église (réfection des arches du campanile) et l’amélioration des conditions d’hébergement.

De 1980 à 1987, un caveau destiné à la vente de produits locaux est aménagé dans la salle capitulaire du XIVe siècle. De plus, des ouvertures qui avaient été percées dans la façade Sud ont été bouchées, en dehors d’une porte qui permet de donner accès à une vue panoramique sur le Canigou.

Actuellement, des séjours sont organisés au sein du prieuré, notamment pour créer des rencontres et échanger sur l’actualité culturelle du territoire. De plus, le prieuré accueille des classes de découvertes ainsi que des formations, afin de sensibiliser les différents publics à l’environnement. L’agroécologie a été développée depuis peu, avec la création d’un jardin potager et d’un jardin des simples, notamment pour la découverte de plantes aromatiques.

  • Période(s)
    • Principale : 11e siècle
    • Principale : 12e siècle

Le prieuré situé sur une terrasse qui surplombe la vallée de la Têt comprenait deux parties ; l’église Sainte-Marie et la partie monastique développée autour d’une cour.

L’entrée dans l’église s’effectue par un portail localisé en façade Ouest. Deux inscriptions funéraires en latin sur des plaques en marbre à gauche du portail permettent de connaitre le nom de deux prieurs du prieuré, en fonction au XIIIe siècle. La première traduite est la suivante : « + L’an 1282 de la naissance du Seigneur, la veille des calendes de mars (28 février), quitta ce monde, Bertrand de Trillà, prieur du Saint-Sépulcre. Ici enseveli, qu’il soit couronné au paradis ! Qui dira : amen, y soit appelé par Dieu ! ». La seconde indique « L’an du Seigneur 1288, le 14 des calendes de novembre (19 octobre), est décédé Dom frère Jacques d’Apiera, prieur de Marcèvol. Que son âme repose ! ». Les plaques correspondent à des cavités murales, qui conservent les ossements des défunts.

Le portail Ouest est composé d’un linteau monolithe et d’un tympan lisse en marbre blanc, ainsi que de trois arcades avec un couronnement décoré en dents d’engrenage en marbre rose de Villefranche-de-Conflent. La porte est en bois et à deux vantaux probablement datés de la deuxième moitié du XIIe siècle, avec des fausses pentures en fer décorées de volutes, certainement postérieures à la construction de l’édifice. Un bandeau qui longe la façade Ouest sépare le portail d’une fenêtre oblongue de même style. Il vient souligner l’encadrement en plein cintre de deux fenêtres latérales au portail. La partie supérieure de la façade Ouest comprend un clocher-mur asymétrique, dû à un élargissement vers le Sud effectué entre les XIIIe et XIVe siècles, constitué de quatre longues baies (deux grandes et deux petites) terminées par un arc légèrement outrepassé. Une petite cloche en fonte est abritée dans la baie centrale.

Cette partie de la façade Ouest est en pierre de taille provenant de la carrière del Pedrar (serait située non loin du site), essentiellement du granit et du tuf travertin. Elle se distingue de son prolongement, constitué d’un parement en pierres équarries disposées en opus spicatum en partie basse. Ce parement délimite les bâtiments conventuels développés perpendiculairement à l’église, probablement édifiés lors de la première phase de construction du prieuré. Il possède à l’extérieur très peu d’ouvertures en dehors d’une porte en plein cintre (actuelle entrée principale pour les visites guidées) et d’une fenêtre quadrangulaire protégée par des barreaux. La partie supérieure conserve les vestiges d’une bretèche qui devait s’accompagner d’un chemin de ronde, témoin de la construction au XIIIe siècle ou au XIVe siècle d’une enceinte défensive. De plus, la façade conserve deux meurtrières à droite de la porte en plein cintre. C’est effectivement au cours du XIVe siècle que l’ordre fut donné à de nombreux villages de fortifier les enceintes, notamment par le roi d’Aragon.

La délimitation Sud des bâtiments réservés à l’habitation est de même typologie que le prolongement Ouest. Elle dispose de plusieurs archères de type XIIe siècle en partie basse, qui présentent une fente appareillée en pierres de taille, contrastant ainsi avec le reste du parement. L’intérieur du mur d’enceinte conserve des trous de boulin, surmontés de deux bandeaux de pierres de granit, qui matérialisent certainement un ancien niveau. En effet, cette partie abritait un bâtiment destiné à l’exploitation agricole, probablement construit après la révolution.

La façade Sud de l’église comprend une porte à linteau droit et arc de décharge en granit, qui permettait à l’église de communiquer avec les bâtiments du prieuré. Le tympan de la porte conserve des traces de peintures qui représentent la croix du Saint-Sépulcre. Un oculus mouluré et désaxé par rapport à la porte surmonte cette dernière ; il est entouré d’un bandeau saillant et de corbeaux de pierre, qui pourraient correspondre à l’emplacement d’une galerie claustrale.

L’entrée Nord probablement construite lors du réaménagement de l’ensemble en exploitation agricole et restaurée dans les années 1970, conserve un puits qui permettait de capter les eaux d’une source souterraine. Elle permet d’accéder aux anciennes salles conventuelles, dont l’une aujourd’hui utilisée dans le cadre des séjours. Celle-ci garde encore les traces d’un enduit de couleur ocre, qui correspond à l’emplacement d’une citerne disparue.

La façade Est du prieuré présente des remaniements importants, avec l’ajout en partie basse de petites ouvertures rectangulaires. Des trous de boulins, probablement datés des XIIIe et XIVe siècles ponctuent la façade, appareillée en grande partie en opus spicatum. Au-dessus d’une première porte en plein cintre (remaniement du XVIe siècle ?), trois archères encadrées de blocs de granit ont été restaurées dans les années 1970. L’une de ces archères est surmontée d’une ouverture carrée, soulignée par un corbeau saillant en granit, qui peut correspondre à un ancien pigeonnier ou à un dispositif d’écoulement des eaux pluviales. Le reste de la façade semble avoir été remodelé au XVIe siècle, avec une élévation sur trois niveaux. Le rez-de-chaussée comprend une porte en plein cintre qui conserve un encadrement de claveaux taillés dans du granit. Cette porte correspond à l’entrée d’origine du prieuré ; l’ancien chemin de Marcevol à Vinça est en effet situé dans son prolongement. Au premier étage, les fenêtres conservent des volets bois (XVIIIe ou XIXe siècles ?), contrairement à l’unique fenêtre du dernier étage, dépourvue de panneaux. L’appareillage de cette partie constitué de matériaux locaux (schiste et granit), a été recouvert d’un enduit de protection et d’un crépi.

L’église a la particularité d’être à trois nefs, dont la centrale en plein cintre possède deux arcs doubleaux au niveau du choeur et est terminée par une abside en cul-de-four. Cette dernière est caractéristique de l’architecture lombarde, avec un chevet décoré d’arcatures aveugles et percé de trois fenêtres oblongues à ébrasement. Un oculus a été percé au niveau du mur qui surmonte l’arc de l’abside.

Les collatéraux sont séparés de la nef centrale par une rangée de trois piliers carrés reliés entre eux par des arcades légèrement brisées. Le collatéral Sud est voûté en demi-berceau et terminé par une absidiole. Il comprenait des arcs doubleaux, qui ont été supprimés lors de la reconstruction de la voûte26. Les piédroits qui soutenaient ces arcs sont encore conservés. La partie Nord de l’édifice a également été remaniée, avec la suppression de l’absidiole et la transformation du bas-côté en petites chapelles après 1496.

En dehors de la fresque de l'abside partiellement conservée et du portail en marbre rose de Villefranche-de-Conflent, l’église se caractérise par une sobriété décorative caractéristique de la règle de Saint-Augustin suivie par les chanoines du Saint-Sépulcre. L’intérieur est dépourvu de mobilier, en dehors d’une grande cuve baptismale en granit visible sur la première chapelle latérale droite. L’église possédait également un bénitier roman en marbre rose de la fin du XIe siècle qui avait été dérobé (à une date indéterminée) ; lors des travaux de restaurations effectués entre 1980 et 1987, une partie de ce bénitier a pu être récupérée.

Le retable du maître-autel qui se trouve actuellement dans l’église paroissiale de Marcevol depuis la révolution française, fut achevé en 1527, pour la somme de 69 livres et 6 sous. Il s’agit de l’oeuvre du peintre et sculpteur Jacques Forner, actif à Vinça. Partiellement reconstruit au cours du XVIIe siècle, le retable a fait l’objet d’une dégradation au rasoir dans les années 1940-1950, puis d’une restauration dans les années 1980 par Christian Logier. La statue de la Vierge à l’Enfant sculptée par Jacques Forner se trouve dans la niche centrale, encadrée de quatre panneaux représentants l’Annonciation, l’Ascension, la Nativité et la Pentecôte. Le panneau de la Résurrection surmonte la niche. Les saints Pierre, Sébastien, Eulalie (première patronne d’Arboussols) et Julien sont représentés sur la prédelle, au milieu d’un décor gothique du XVIe siècle.

  • Murs
    • granite
    • tuf
    • travertin
  • Toits
    tuile
  • Plans
    plan allongé
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre, cul de
    • cul-de-four
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Techniques
    • peinture
  • Représentations
    • Christ glorieux
    • ange alpha et oméga,
  • Précision représentations

    L’abside méridionale conserve une fresque polychromée du XIIe siècle, dont certaines parties sont manquantes. Elle représente le Christ Pantocrator dans une mandorle en forme de losange, avec un fond décoré d’étoiles de couleur ocre en forme de fleurons. Le Christ est entouré d’anges ; certains portent l’auréole et balancent des encensoirs, tandis que d’autres soutiennent un bandeau horizontal orné d’un rinceau, qui partage le cul-de-four de l’abside en deux. L’éternité du Christ est illustrée à travers le symbole de l’oméga, visible au-dessus de sa main droite bénissante. L’alpha disparu devait se trouver sur la partie gauche du Christ, en face de l’oméga.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1840
  • Référence MH
  • Référence Patriarche
    3AU391

Périodiques

  • CAZES, Albert. Revue Conflent. Hautes vallées. Numéro 145. 1967. 63 pages.

    Médiathèque de Prades
    p.160
Date(s) d'enquête : 1975; Date(s) de rédaction : 1975, 2005, 2019
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Conseil départemental des Pyrénées-Orientales
(c) Inventaire général Région Occitanie