Le prieuré fut fondé en 1129, peu de temps après la donation de l’église paroissiale Sainte-Marie de Marcevol par l’évêque d’Elne Pierre au Saint-Sépulcre de Jérusalem, alors dépendant du monastère Sainte-Anne de Barcelone (Durliat, Roussillon Roman, 1958, p. 31). Les chanoines du Saint-Sépulcre s’établirent ainsi au prieuré, seul édifice de l’ordre dans le Conflent et le Roussillon2. En 1142, l’édifice est toujours en construction comme l’indique le testament de Bernard d’Arboussols daté du 7 novembre de la même année (Revue d'Ille et d'ailleurs, n°8, 1987, p. 143). Ce dernier mentionne le lègue fait au monastère de la dîme qu’il percevait sur le territoire d’Arbussols, les moulins de la paroisse Sainte-Eulalie d’Arboussols et sur la chapelle Saint-Sauveur (actuelle église paroissiale Sainte-Eulalie et Sainte-Julie).
Les chanoines du Saint-Sépulcre installés au prieuré, possèdent au XIIe siècle plusieurs biens dans le Conflent, notamment dans les 21 paroisses suivantes ; Vinça, Marcevol, Arboussols, Sahorle, Joch, Finestret, Sahilla, Baillestavy, Glorianes, Rià, Cirach, Fornols, Nabilles, Arletes, Flassa, Jujols, Soanyes, Espolla, Cerola et la vallée de Mosset. Ils détiennent également des terres dans 10 paroisses de Cerdagne, que sont Dorres, Enveig, Ventajola, Vilanova de Les Escaldes, Err, Aja, Eyna, Bolvir, Alp et Càldegues.
Le cloître aujourd’hui disparu est mentionné en 1429, avec le rassemblement des habitants d’Arboussols pour prêter serment à Barthélemy de Vall-Llebrera, nouveau prieur de l’église (Cazes, Revue Conflent. Hautes vallées. Numéro 40, 1967, p 161). Un an plus tard, la dépendance au monastère Sainte-Anne de Barcelone est confirmée par la bulle du pape Célestin II, qui indique les maisons de l’ordre en Europe (Durliat, Roussillon Roman, 1958, p. 31).
Par une bulle du pape Sixte IV datée de 1483, le prieuré de Marcevol passe sous l’autorité des chanoines réguliers de Saint-Augustin puis de la communauté Saint Julien de Vinça, qui assura la célébration de l’office. Des travaux de reconstructions sont entrepris dans l’édifice par les prêtres de la communauté, notamment des voûtes des trois nefs de l’église prieurale en état de ruine, reconstruites après 1496, ainsi que la consolidation du toit par une charpente (Revue d’Ille et d’Ailleurs, Numéro 8. 1987, p 28). En effet, le tremblement de terre qui avait touché la commune de Marcevol en 1428 endommagea lourdement l’église.
Le prieuré aurait servi d’hôpital-léproserie aux alentours de 1500, comme l’atteste un manuscrit daté du XVIIe siècle. Suite à la révolution, l’ensemble est vendu en 1791 au sieur Perraud à Paris pour 25 000 livres(Revue d’Ille et d’Ailleurs, Numéro 8. 1987, p 32), puis est transformé en exploitation agricole avec l’aménagement d’une ferme.
Le prieuré fut racheté en 1972 par un particulier, avec la volonté d’en faire un lieu culturel. C’est pourquoi, la création de l’Association du Monastir de Marcevol la même année permis d’entreprendre des travaux de restauration et de mise en valeur de l’édifice. La restauration s’est opérée de 1972 à 1987 par les membres de l’association, avec l’appui de professionnels (historiens, archéologues, etc.) et des habitants. Entre 1972 et 1975, les travaux ont concerné le dégagement des greniers et des rez-de-chaussée pour les transformer en espaces habitables, à nettoyer l’église qui avait servi de chèvrerie pendant un temps, à restaurer et remettre en service le four à pain, ainsi qu’à la réfection de la partie supérieure du rempart Est. Situé contre la façade intérieure Sud-Est, le four à pain est une structure de forme semi-circulaire, surmontée de dalles de schistes. Sa partie inférieure est composée de briques réfractaires, qui reposent sur des planches de bois. L’ensemble est maintenu par une poutre placée entre deux corbeaux en bois.
La grande salle Sud-Est a été aménagée dans les années 1970. Celle-ci devait avoir une hauteur sous plafond beaucoup moins importante qu’actuellement, comme l’atteste la conservation d’un niveau de plancher en saillie. Enfin, la bretèche du rempart Ouest a été restaurée et la partie supérieure du rempart Est remise en état.
Les premiers chantiers de fouilles consistant à rechercher des fondations de l’absidiole Nord ont été organisés lors de la seconde campagne de restauration, entre 1975 et 1980. Cette campagne est aussi marquée par la réfection de la façade Ouest de l’église (réfection des arches du campanile) et l’amélioration des conditions d’hébergement.
De 1980 à 1987, un caveau destiné à la vente de produits locaux est aménagé dans la salle capitulaire du XIVe siècle. De plus, des ouvertures qui avaient été percées dans la façade Sud ont été bouchées, en dehors d’une porte qui permet de donner accès à une vue panoramique sur le Canigou.
Actuellement, des séjours sont organisés au sein du prieuré, notamment pour créer des rencontres et échanger sur l’actualité culturelle du territoire. De plus, le prieuré accueille des classes de découvertes ainsi que des formations, afin de sensibiliser les différents publics à l’environnement. L’agroécologie a été développée depuis peu, avec la création d’un jardin potager et d’un jardin des simples, notamment pour la découverte de plantes aromatiques.