Le château d'Aubiry est construit l'architecte danois Viggo Dorph Petersen (1851-1937) pour l'industriel J. Bardou, inventeur du papier à cigarettes JOB. Architecte privilégié de la famille Bardou-Job, Viggo Dorph Petersen se voit naturellement confié la réalisation du château d'Aubiry au même titre qu'il sera l'auteur des châteaux de Valmy et de parc Ducup. Cependant les origines de la commande demeurent floues. Pierre Bardou-Job étant décédé avant la validation des plans, on ignore qui des héritiers ou de Pierre est l’initiateur du projet.
Ce qui est certain, c'est que les terrains choisis pour les chantiers appartiennent aux conjoints des héritiers Bardou-Job, tandis que ceux-ci participent financièrement à la construction. Ainsi, le terrain sur lequel fut construit le château d’Aubiry, près de Céret, était une propriété de Thérèse Noé, fille d’un avocat d’affaires originaire de Port-Vendres et épouse de Justin Bardou.
Le cahier des charges définitif est établi le 16 décembre 1892. La construction a lieu de 1893 à 1904 mais la décoration n’est achevée qu'en 1910. La demeure est entourée d'un parc de 4 hectares et la propriété est complétée par un domaine d’une centaine d’hectares réservé aux vignes auquel s'ajoutent bois et vergers. L'emplacement des terrains est déterminant pour la construction : Comme celui de Valmy, les château d’Aubiry surplombe la plaine environnante, bâti sur des terrassements. Il est aussi desservi par la voie ferrée pour faciliter l’acheminement des matériaux.
Les fournisseurs sont choisis en fonction de leur renommée. Les carrelages, faïences, bois ouvrés sont réalisés par des lauréats de salons très cotés comme les entreprises Paray-le-Monial pour les carrelages, Jules Loebnitz pour les faïences ou encore Jean Idrac pour les boiseries. Mais Viggo Dorph-Petersen ne néglige pas pour autant les artisans locaux. On retrouve ainsi Pierre Parès pour la maçonnerie, la maison Cavaillé pour la briqueterie, ou encore les entreprises Fontaneu et Perpigna pour les ferronneries
Les propriétaires ont fait appel aux peintres Paul Gervais, Léon Ruel et Henry Perrault pour réaliser le décor, la sculpture a été confiée Victorien Antoine Bastet. Ces artistes, de formation académique, célèbrent à Aubiry les charmes féminins qu’ils déploient avec une touche très colorée sur des thèmes classiques mythologiques ou de paysages champêtres. Les dômes vitrés sont confiés au maître Verrier Huber et les grandes serres métalliques sont construites par la maison orléanaise Guillot-Pelletier fils et Jouffroy.
Le mobilier a été dessiné spécialement pour le château : des aquarelles, réalisées par l’atelier Frères Goumain, maîtres ébénistes de Paris, assurent le prestige du décor et l’influence du modèle parisien. La grande bibliothèque napoléonienne d’Aubiry serait une réplique de celle de l’impératrice Joséphine au château de Malmaison, dans les Hauts-de-Seine. La salle de billard, elle, serait une copie de celle du palais Catherine (18e siècle), palais d’été du Tsar situé à Pouchkine en Russie. L'ameublement est pour partie préservé.
Le château reste dans la famille jusqu'en 1973, bien que mis en vente depuis 1938. Protégé au titre des monuments historiques en 2006, il fait l'objet de travaux en 2021 qui percent une brèche dans le mur de l'esplanade du château et détruisent une partie du mur d'enceinte.
Chercheur associé à l'inventaire général en 2002.
Chercheur à l'inventaire général depuis 2008.