Le territoire de Baillestavy s’étend sur 1.742 hectares, au cœur de la vallée de la Lentillà. Il est traversé par la rivière de la Lentillà et le correc (ravin) d’en Carbonell, dont le point de reliement se trouve au hameau de la Fargue. A l’Ouest, il est délimité par le Puig dels Bessis (1721 m d’altitude), à l’Est par le Serrat del Ginebre (1197 m d’altitude), au Nord par le hameau de Sahillà et au Sud par la commune de Valmanya. Jaubert de Passa décrit la rivière de la Lentillà en 1821 dans Mémoire sur les cours d’eau, où il explique qu’elle prend sa source à Valmanya « dans une vallée profondément creusée » (JAUBERT DE PASSA. 1821, p 102).
Plusieurs épisodes d’inondations appelées aiguats, ont marqué le village de Baillestavy. Celle de 1763 emporta le pont en dos-d’âne, ne laissant plus que ses fondations. Entre le 16 et le 17 octobre 1940, l’aiguat entraina d’importants dégâts matériels, dont l’école-mairie fut en partie emportée par les flots.
La végétation de Baillestavy est typiquement méditerranéenne, avec la présence du chêne vert et du chêne pubescent, ainsi que de peupliers et châtaigniers au niveau de la rivière de la Lentillà. Le bouleau et le hêtre sont quant à eux implantés du côté du Puig dels Bessis. Les forêts qui composent le territoire comme celle de la Roqueta entre Baillestavy et Valmanya ont pendant longtemps été exploités pour leur bois, notamment pour la fabrication du charbon avec les places charbonnière. La présence de vastes prairies sur le territoire a permis le développement d’une activité agro-pastorale attestée, encore présente aujourd’hui.
L’élevage d’ovin a constitué l’une des plus importantes activité, lié à l’existence de nombreux pâturages. Au nombre de 348 en 1720 (Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, série C.2015), les ovins sont les animaux qui restent beaucoup plus représentés que les bovins (32). Au siècle suivant, le nombre d’ovins augmente considérablement, avec plus de 1662 recensés selon une enquête agricole de 1801. Les autres animaux tels que les porcs et les chèvres sont environ au nombre d’une centaine. Au côté de l’élevage, la culture des céréales domine à Baillestavy (seigle, orge, froment, avoine). La vigne reste sous-représentée par rapport aux communes alentours. Les activités agricoles restent jusqu’au XXe siècles très représentatives à Baillestavy. Selon une liste dressée en 1698 faisant état des chefs de famille et de leur corps de métier (Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, série H. 129), la commune fait état de 25 brassiers (journaliers ou ouvriers agricoles), 24 cultivateurs (propriétaires-exploitants) et de trois meuniers à farine. Si plus de 50 hectares sont exploités par les habitants du village au XVIIIe siècle (État des biens-fonds dressé en 1775, Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, série C.2015), plusieurs terres appartiennent à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa jusqu’à la révolution française, dont les pâturages. Au XIXe siècle viennent s’ajouter d’autres corps de métier avec la présence d’un instituteur, d’un charpentier et d’un chirurgien.
Quelques commerçants s’installent à Baillestavy à partir du XXe siècle, dont des épiceries et des cafés ainsi qu’un hôtel-restaurant dont le nom du propriétaire Andrieu est encore inscrit sur la façade principale.
Dans l’ensemble, la population de la commune reste assez pauvre avec très peu de propriétaires aisés, notamment au XVIIIe siècle. Les quelques personnalités aisées des communes alentours comme Pierre Pallès (Espira-de-Conflent), Jean Pallarès et François Morer (Finestret) ou encore Silvestre Noell (Valmanya) possèdent les mas les plus importants de Baillestavy (Revue d’Ille et d’Ailleurs, Janvier 1988, p 38). Actuellement, l’agriculture n’est plus aussi présente qu’aux siècles précédents, même si quelques mas disposent encore de terres cultivables.
La vie économique de Baillestavy s’organisait également autour de la production de farine dans trois moulins, dont les archives communales indiquent leur présence au XVIIIe siècle. Ces moulins se situaient au hameau de la Farga, au plus près du réseau d’eau actif. L’un d’entre eux construit en 1713, était considéré comme étant le moulin communal. En 1810, il fut affermé à Joseph Basset et sous la propriété de François Amiel vers 1819 et de Bonaventure Vilar vers 1860 (Revue d’Ille et d’Ailleurs, Janvier 1988, p 41). A environ 28 mètres au-dessus de celui-ci se trouvait un second moulin. Ce dernier fut exploité vers 1750 par François Vilar et par la famille Barnèdes depuis les années 1830. Il prit par ailleurs le nom de « moulin Fites et Barnèdes » entre 1861 et 1863. Ce dernier bénéficiait tout comme le moulin communal, de la force hydraulique d’une chute d’eau, depuis un canal relié en amont à la Lentillà. Il semblerait que ce canal puisse correspondre à celui du Rec Major raccordé à la rivière de la Lentilla, comme l’indique Jaubert de Passa dans son mémoire cité plus haut. En effet, il explique que « après un cours d’eau sinueux d’environ 2000 toises, le canal sort enfin de la gorge, et domine tout le bassin de Vinça. Mesuré à son issue, et contre les culées du pont de Wallestavia (Vallis-Stavia), il a 8 pieds (et) 4 pouces de longueur » (JAUBERT DE PASSA, 1821, p 103). Toutefois, l’auteur ne mentionne pas le privilège accordé à la commune de Baillestavy de bénéficier de l’eau du canal, comme cela pouvait être le cas pour les communes de Joch, Rigarda, Finestret et Vinça.
Ces deux moulins apparaissent sur le cadastre napoléonien, malgré l’absence d’indication. Le troisième moulin connu sous le nom de Molí d’Amont encore conservé, fut quant à lui transformé en habitation (ROSENTEIN, 1989, pp 22-25). Il s’agit d’un moulin hydraulique qui fonctionnait grâce à un canal relié à la Lentillà. L’eau circulait directement sous le moulin et passait en alternance sous la paroi d’une arche voûtée en plein cintre. La paroi était inclinée, afin de bénéficier d’un débit d’eau plus important. Un système de roue horizontale (en catalan el rodet) en mouvement permettait de donner suffisamment de force pour actionner le mécanisme des meules du moulin.
Ces meules qui permettaient d’écraser les grains de céréales étaient au nombre de deux et placées l’une sur l’autre ; il s’agit de la meule tournante (mobile) et de la meule dormante (ou gisante). Enfermées dans un coffrage en bois, elles étaient reliées à la roue hydraulique et maintenue par un axe verticale en bois, appelée la cameta (l’arbre en catalan). Au niveau de la base de l’axe se trouvait la crapaudine ou dau, une pièce de bronze qui fixait la pointe de l’axe sur un banc immobile. Le grain était contenu dans une trémie de forme rectangulaire, avant d’être moulu par les meules. Les deux meules en granit ont été conservées.
L’eau du canal permet d’alimenter au hameau de la Farga un lavoir construit dans les années 1950, situé dans la rue de la Farga. C’est également au hameau que se trouve une fontaine d’eau, accolée au pont en dos-d’âne. Sa construction semble relativement récente et peut correspondre à celle du lavoir. Une seconde fontaine localisée au niveau de la Torre présente également une maçonnerie récente. Absente du cadastre napoléonien, sa construction remonte probablement entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. En effet, le robinet en fonte semble plus ancien que le bassin. L’eau de la fontaine ne provient pas du canal, mais plutôt de sources. Elle s’écoule dans un petit canal puis de manière souterraine, jusqu’à un lavoir probablement construit au XXe siècle, visible sur le bas-côté de la route principale de la Torre.
L’appareillage de l’habitat de Baillestavy est constitué de roches locales, que sont le schiste, le granit ou encore le gneiss.
Le schiste provient des affleurements rocheux du Canigou tandis que les autres pierres de cours d’eau comme celui de la Lentillà. Le granit et le gneiss ont l’avantage d’être des roches dures, dont la robustesse permet de maintenir le bâti dans un bon état durant plusieurs années. Il s’agit le plus souvent de pierres équarries, liées entre elles par un joint constitué de chaux et de sable Le bâti traditionnel antérieur au XIXe siècle comprend des portes d’entrées en bois surmontées d’un linteau droit du même matériau, comme c’est le cas pour le moulin Barnèdes. Les entrées ainsi que les autres types d’ouverture sont au XIXe siècles encadrés par de la brique de type cayrou, disposée en rang au niveau du linteau cintré et du jambage.
Tout comme le Roussillon, la plupart des toitures du bâti en Conflent est constitué de tuiles canal. La lloses est utilisée pour des couvrements de faible importance, comme celui d’un des fours à pain de la Torre. Quelques pierres de provenance plus ou moins lointaine ont été utilisé pour la vieille église de Saint-André de Baillestavy. Il s’agit du tuf calcaire (travertin) provenant de massifs dévoniens (ère paléozoïque) pour l’encadrement de certaines ouvertures comme celle en plein cintre de l’abside.
Le marbre gris et le micaschiste sombre employés pour la polychromie du portail de l’église sont le plus souvent utilisés sur des édifices romans de petite taille, comme c’est le cas ici à Baillestavy.
Enfin, le minerai de fer très représentatif des contreforts du Canigou, a été employé sur quelques façades du village, certainement afin de renforcer la solidité du bâti. Il est représenté sous une variété de marbre rouge sombre à patine couleur rouille, comme cela est visible au hameau de la Farga.
De plus, le jointement de la maçonnerie du bâti est le plus souvent constitué de chaux, dont le village de Baillestavy garde cette spécificité en construction. L’existence de deux fours à chaux sur le secteur de Rebolledes témoigne d’une production locale ayant servi à la construction de l’habitat. Le premier est situé le long de l’ancien chemin de Baillestavy à Valmanya, ce qui permettait de faciliter le transport de la chaux. Le pont de fer en contrebas du four qui franchit la Lentillà et construit après les années 1940, était emprunté par les mineurs de Baillestavy à Rebolledes.
Seule la base est partiellement conservée ; l’ensemble est en schiste et devait certainement être de forme circulaire, comme la plupart des fours à chaux construits dès la période antique (VASCHALDE, 2012).
Le four à chaux est difficilement datable et n’apparait pas sur le cadastre napoléonien, tout comme le second four visible dans les hauteurs du Bach de Rebolledes (constructions du XVIIe siècle ?). Ce dernier, situé à proximité des mines, est de forme circulaire et en partie creusé dans le sol, dont l’entrée du four en plein cintre est préservée. La structure circulaire est intacte, tout comme la partie sommitale dite « gueule ouverte », qui donne accès à la chambre de chauffe (VASCHALDE, 2012). La chaux obtenue par la calcination du calcaire était récupérée par l’entrée voûtée.
Localisé à 640 m d’altitude, Baillestavy est historiquement constitué de trois noyaux d’habitat : celui développé autour de l’église Saint-André et les hameaux de la Farga et de la Torre.
Le premier habitat s’est constitué au niveau de la première église Saint-André, située en bordure de la Lentillà. Elle a la particularité d’avoir été construire à l’emplacement d’un ancien crassier, fonctionnant du Ier siècle avant J.-C. au VIème siècle après J.-C., comme l’attestent les fouilles effectuées entre 1986 et 1992 (Revue d’Ille et d’Ailleurs, n° 9. Janvier 1988, p 20).
Le hameau de la Farga fut construit le long de la rive droite de la rivière de la Lentillà. Son implantation est liée à l’existence de la forge hydraulique aujourd’hui disparue, qui s’était installée en bordure de la rivière. Le passage au sein même de la Farga de la Route de Vinça à Valmanya à partir de 1885, permet au hameau de développer des activités commerciales et économiques, notamment avec la construction de l’école (actuelle mairie) entre 1888 et 1889 et d’un café-hôtel-restaurant.
Les habitations construites à la Farga se sont développées de façon diffuse et dispersée. Le cadastre napoléonien de 1831 permet d’identifier ce bâti diffus, même s’il apparait sous forme de petits îlots. De plus, en dehors de quelques corps de bâti isolés, dont les moulins, les habitations sont pour la plupart mitoyennes. Par ailleurs, elles ne disposent pas toutes de jardins ; ceux qui sont présents sont de faible superficie. En effet, les habitants travaillent essentiellement la terre sur les terrains agricoles des mas environnants. Les maisons occupent pour la plupart la totalité de la parcelle. Par rapport au cadastre actuel, leur regroupement par îlot est resté imprégné malgré un important remaniement des parcelles elles-mêmes. Si certaines parcelles ont été divisées pour former des lanières, certaines ont fait l’objet de regroupement, principalement au XIXe siècle. C’est le cas de l’îlot situé à proximité du pont en dos-d’âne, dont la construction de l’école-mairie a amené à remanier le parcellaire.
La construction de la Route de Vinça à Valmanya au XIXe siècle a fragmenté le hameau en deux, sans pour autant conduire à la démolition d’habitations. En effet, avant l’aménagement de cette route, les maisons sont déjà présentes de part et d’autre d’un chemin de terre. Par ailleurs, les maisons construites tout au long du XXe siècle se sont développées le long de cet axe.
La partie haute de Baillestavy correspond au hameau de la Torre, implanté en pente sur un versant dominant la Farga. Elle est accessible par la D13A ou depuis le pont en dos-d’âne, qui fut maintes fois détruit par les crues, pour être reconstruit vers 1775 (Revue d’Ille et d’Ailleurs, n° 9. Janvier 1988, p 31)
Un premier groupe d’habitations est réparti sur des terrasses de culture (feixes), maintenues par des murets en pierre (annexe 24). Le second groupe est organisé en pôle de part et d’autre de l’église Saint-André (ancien donjon), sans pour autant former un bloc concentrique, comme cela peut s’observer dans les celleres. Tout comme le hameau de la Farga, les habitations sont regroupées entre elles, sauf pour les quelques mas isolés. Elles suivent le tracé sinueux des petites rues dont celle d’en Jau-Jau, qui s’adaptent à la morphologie naturelle.
La plupart des habitations ont des espaces ouverts, notamment au XIXe siècle, comme l’atteste le cadastre napoléonien. Il s’agit plutôt de petites cours pour le bâti développé de part et d’autre de l’église et de jardins pour les habitations situées en terrasse ainsi que les mas isolés.
L’église Saint-André, localisée au plus haut point du hameau, a la particularité d’avoir un chevet plat, renforcé par des contreforts massifs. Ces derniers donnent à l’édifice un caractère défensif, dont les fondations reposent sur les anciennes assises du « castell ». L’église est en effet placée sur un éperon rocheux dont les fondations mêmes sont intégrées dans la roche. Une pièce non accessible au public (barreaux extérieurs) au niveau de cet enrochement peut correspondre à l’intérieur de l’ancien donjon.
C’est également au niveau de cette rue que se trouve le gîte d’étape, dont le mur arrière ne fait qu’un avec l’église. Il s’agit d’un ancien poulailler, que la municipalité de Baillestavy a décidé de rénover. Cet édifice devait probablement faire partie des habitations citées au XVIIIe siècle, contre l’église. Un second bâti aujourd’hui disparu était accolé à ce dernier, tel que l’illustre le cadastre napoléonien. De plus, l’habitation située au niveau du chevet de Saint-André représentait au XIXe siècle un volume bâti important, où la parcelle a depuis été fragmentée.
Enfin, une porte fortifiée à proximité de l’actuelle place Vella permettait la défense du « castell » à l’époque médiévale. Sa position est stratégique, puisqu’elle formait une barrière de protection supplémentaire avec le front bâti Nord. Afin de permettre la circulation des véhicules, la porte est détruite dans les années 1930.
En dehors du noyau bâti de Baillestavy, plusieurs manses, mas, bordes (fermes) et cortals (remises agricoles) se sont développés dans tout le territoire. Si certains de ces édifices agricoles sont mentionnés au XIVe siècle comme la borde de Père Esquert, le mas d’en Marti ou encore le mas de Pons de Tallet, la plupart ont été renommés par la suite, notamment au XIXe siècle. A cette époque, les mas dispersés de part et d’autre de la Lentillà constituent une part importante de l’architecture bâti de Baillestavy. Une vingtaine de mas ont ainsi été habités mais également exploité, avec l’élevage d’ovins et la présence de terres agricoles. Ils apparaissent pour la plupart sur le cadastre napoléonien de 1831 ; il s’agit des mas Miquelet, Carbonell d’Avall, Cugat, de Rabolledes (ou Noell), de Dalt, Racole, Bolet, Bourrasse, d’en Taix, Fanfaine, Carbonell de Dalt et la Coma. Les autres mas portent avant leur nom le terme « Can », abréviation de « casa d’en » qui signifie « chez » en catalan ; Can Just, Pau, Comes, Pascalou, Closque, Guerra et Toseire. L’un de ces mas, le Can Just, fut habité au XVIIe siècle par l’une des figures des Miquelets ou Angelets, Joan-Miquel Mestres, également appelé « l’Hereu Just ». Il s’agit d’un groupement de révoltés formé dans le Vallespir, contre l’instauration dès 1661 de la gabelle (Revue d'Ille et d’Ailleurs, n° 9. Janvier 1988, p 63). Le mas fut démoli à la fin des années 1980.
Au-dessus du village de Baillestavy se trouve le hameau de la Coume, dont la présence est attestée sur le cadastre napoléonien. Il est probable que ce hameau ait été habité par certains mineurs, même si cette hypothèse n’est mentionnée dans aucun texte. Entièrement composé de pierres sèches (schiste), le hameau est actuellement constitué de plusieurs habitations, que les occupants ont récemment rénové. Aux côtés de ces mas, quelques cortals sont présents sur le territoire. Toutes ces architectures agricoles ont été implantées au bord de cours d’eau comme les mas, afin de bénéficier d’un approvisionnement direct pour l’arrosage des terres, les animaux et les activités de la vie quotidienne.
L’habitat du hameau de la Farga est jusqu’au XXe siècle habité par une grande partie d’ouvriers/journaliers. Ces derniers vivaient en effet dans des petites unités d’habitations, avec un ou deux étages et peu de travées de baies. Ce bâti fut remanié au cours du XXe siècle, avec le fusionnement d’habitations mitoyennes. Les façades ont été reprises, avec des baies axées et l’intégration d’un enduit de façade.
Le bâti de ce hameau se caractérise également par l’implantation de quelques mas au XIXe siècle, dont celui situé entre la Route de Vinça à Valmanya et la rue de la Farga. Il présente une volumétrie plus importante que celle des petites unités d’habitation, où l’accès au perron s’effectue par un escalier latéral. Les baies ordonnancées de la façade principale sont verticales et en plein cintre. Cette façade comprend également un pigeonnier avec de petites ouvertures carrées, dont deux ont des tables d’envol en briques. Au niveau de la façade latérale se trouve un garage, qui devait probablement être à l’origine une entrée pour les animaux.
A l’entrée du village se distinguent quelques habitations du XXe siècle, dont la villa « Le Refuge ». De taille imposante, cette habitation comporte en façade sur rue des fenêtres cintrées, avec un encadrement et des appuis en ciment mouluré ainsi que des chaînages d’angle à joints tracés.
Si toutes les habitations devaient posséder leur propre four à pain, seul un vestige de four à pain apparent est visible à la Farga. De forme semi-circulaire, il est compris dans la façade de l’ancien hôtel-restaurant. Dans l’ensemble, toutes les toitures du hameau sont à double pente, avec une couverture en tuiles canal.
Les habitations développées à proximité du Chemin de la Farga dans le hameau de la Torre sont typiques de la maison de journalier (MORIN, 2014, p. 17). Elles comprennent une à deux travées de baies, développées sur deux ou trois niveaux. En effet, le rez-de-chaussée servait de remisage et le premier étage d’habitation, accessible par l’intérieur mais également de l’extérieur par un escalier. Le dernier niveau servait de comble ou d’espace de stockage. Les ouvertures ont le plus souvent été remaniées et ne présentent pas d’homogénéité.
Enfin, l’habitation la plus grande des hauteurs de Baillestavy est l’ancien presbytère, documenté dès le XVIIIe siècle. La façade principale développée sur une partie d’une ruelle, présente un remaniement important marqué par des transformations apparentes des maçonneries. Les fenêtres ont été reconstruites dans le temps ; seule une petite ouverture à volet bois unique semble plus ancienne. Quelques éléments témoignent du statut plus ou moins aisé de l’ancien propriétaire, en l’occurrence ici le curé, comme le pigeonnier et la présence d’un cadran solaire.
Deux fours à pain sont encore visibles dans le hameau de la Torre. Le premier est situé à l’arrière d’une habitation développée en terrasse sur le Chemin de la Farga. De forme semi-circulaire, sa base est intégrée dans l’enrochement d’une terrasse. Le second four localisé à proximité du presbytère semble plus ancien. L’habitation garde en effet les caractéristiques de l’habitat traditionnel, avec une porte en bois surmonté d’un linteau droit ainsi qu’une toiture à pente unique en tuiles canal conservées.
Le territoire de Baillestavy est constitué de grands mas, dont la typologie diffère de celle observée au sein du village. Il s’agit de maisons-blocs, qui recouvrent sous le même toit deux principales fonctions (LHUISSET, 2013, p.83). En effet, le rez-de-chaussée permet d’abriter les animaux, tandis que l’étage comprend les pièces à vivre. L’espace de ce dernier sert également à stocker les récoltes et de grange à foins. Cette typologie se rapproche de celle des cortals (remise agricole), même si contrairement à ces derniers, le propriétaire occupe la partie habitable. En effet, le premier étage des cortals est le plus souvent destiné aux ouvriers ou aux journaliers. Enfin, la toiture de ces mas est à deux versants, avec une couverture en tuiles canal. Présents dès le XIVe siècle à Baillestavy, les mas caractérisent l’habitat lié à la vie pastorale. Les contraintes liées à la vie en montagne ont amené les familles à vivre au sein d’un même bâti, comme c’est le cas du mas Miquelet (Revue d’Ille et d’Ailleurs, n° 9. Janvier 1988, p 32). La date de construction de ce mas est inconnue. Il appartenait au XVIIe siècle à Jaume Vilar et au XVIIIe siècle à Jean Vilar. La famille Fitte vit dans le mas autour des années 1900, au côté d’un certain Charles Blet. Le mas était en effet constitué de deux habitations en une, dont l’une avait été construite postérieurement. Cette dernière portait à l’époque le nom de mas Gipulo.
Par ailleurs, l’ensemble est localisé près du ravin de Teuleria, qui permet l’approvisionnement en eau. Une ancienne briqueterie visible sur le cadastre napoléonien en contrebas du mas fonctionnait notamment grâce à ce ravin. La partie la plus ancienne du mas actuellement séparée en deux habitations et développées sur deux étages, comprend un ancien four à pain, situé en saillie de la façade principale. Toujours en fonctionnement pour de rares occasions, ce four à pain est de forme semi-circulaire et couvert d’une toiture en appentis en tuiles canal.
A l’origine, l’ouverture se situait à l’intérieur du mas mais a par la suite été bouchée. L’ouverture actuelle à l’extérieur du four est présente depuis les années 1980.
Tout comme la maçonnerie générale des façades du mas, le schiste est le principal matériau employé pour le four à pain. Les quelques briques visibles ont été rajoutées lors de la réalisation de la nouvelle ouverture.Un second four encore conservé est accessible par le sous-sol de la partie ouest du vieux mas.L’entrée du four s’effectue depuis l’intérieur du mas, dont la voute en plein cintre est entièrement constituée de briques. La bordure est quant à elle en pierre de schiste. Depuis l’extérieur, ces deux fours à pain se touchent et viennent créer la séparation entre les deux logements.