Dossier d’aire d’étude IA66003621 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Présentation de la commune de Fillols
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  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Conflent-Canigou
  • Adresse
    • Commune : Fillols

Fillols de la Protohistoire au 13e siècle

L’occupation du territoire de Fillols remonte vraisemblablement à l’époque protohistorique, comme l’indique la découverte à la fin du 20e siècle d’une hache à aileron médian datée du Bronze final II – III. Selon les historiens, cette présence humaine ancienne a pu s’établir non loin du Col de Juell [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE, 2007, p.387]. De plus, des vestiges d’une exploitation antique du minerai de fer, ont été mis au jour au 19e siècle par des locaux de Fillols, dont un certain M. Pagès. Celui-ci aurait trouvé des creusets d’origine romaine, utilisés pour la fonte du métal. Les creusets sont actuellement conservés dans les réserves de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales (Perpignan) [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE, 2007, p.386]. Ernest Delamont (1830-1881), historien local et auteur de plusieurs ouvrages sur la ville de Prades, atteste également de la présence antique, à travers la mise au jour des « lampes romaines et (des) débris d’amphores (…) journellement retrouvés dans les galeries. Tous ces éléments témoignent ainsi d’une longue période d’occupation, dont les vestiges miniers ont la particularité d’être plus ou moins dispersés au Nord de Fillols (lieux-dits Costes d’Anglada et La Socarrade).

La localité de Fillols apparaît très tôt dans les textes historiques, notamment en 887 sous la dénomination « Fuliols » [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.467]. La bulle du pape Agapet II datée de 950, indique que le lieu de Fillols (« in villa Foliolus), s’inscrit parmi les possessions du monastère de Saint-Michel-de-Cuxa [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p.430]. Cette indication est confirmée en 959, au moment où le comte de Cerdagne, Seniofred, effectue une donation à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa, d’un alleu compris dans la villa de « Fullols » [CAZES, Fillols. Revue Conflent. S.d, p.10]. Les limites du territoires mentionnées dans les sources sont le Canigou, la rivière de la Lliterà, le terroir de Gadell (du côté de Corneilla-de-Conflent), ainsi que les lieux-dits Matres et Riu Merder.

Au cours du 10e siècle, les noms employés sont marqués par une voyelle atone en « o » ou en « u », comme c’est le cas entre 918 et 958 avec l’emploi du nom « Folioliis », en 959 (« Foliolum ») et en 968 (« Fulliols ») [PONSICH, Numéro 37, 1980, p.105]. D’un point de vue étymologique, toutes ces dénominations renvoient au latin « Folia » qui désigne le feuillage, complété par le suffixe -eolus [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.467]. Le terme peut également se référer à des bosquets feuillus, ainsi qu’à des fermes ou cabanes à toiture formée par un feuillage. Au 11e siècle, les noms « Foliolus », « Fuliolos » et « Fullols » sont les plus couramment employés. Cette époque est marquée par la première mention de l’église Saint-Félix de Fillols. Elle apparaît en effet en 1025 [PONSICH, Numéro 37, 1980, p.105], avec le terme latin « ecclesiola », qui se rapporte à l’existence d’une petite église. L’édifice apparaît également en 1094, au moment où le comte de Cerdagne, Guillaume Ramon, donne à l’église de Corneilla ses droits comtaux sur l’église de Fillols, à savoir « 4 mesures de vin et 8 de blé » [CAZES, Fillols. Revue Conflent. S.d, p.3]. En effet, cette dernière constituait une dépendance de la collégiale augustine Sainte-Marie. Par ailleurs, l’église est mentionnée une troisième fois en 1097, sous la dénomination « Saint-Félix de Fulols » [PONSICH, Numéro 37, 1980, p.105].

Un second édifice religieux de taille plus réduite, apparaît tardivement dans les sources historiques. Il s’agit de l’église Saint-Pierre, qui constituait à l’époque médiévale le siège d’une prévôté, appartenant à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa [MALLET, 2003, p.203]. La première indication connue dans les textes remonte à 1267 [POP, Base Mérimée, 1992, Notice PA00104027], avec la mention du prévôt de Saint-Pierre de Fillols. Pour autant, l’étude architecturale du bâti permet d’identifier deux campagnes de construction, comprises entre les 11e et 12e siècles [MALLET, 2003, p.204]. Tout comme l’église précédente, celle-ci est à nef unique et terminée par une abside semi-circulaire percée d’une unique ouverture à double ébrasement. La nef qui devait être à l’origine couverte d’une charpente, est actuellement disparue.

Au cours de la période médiévale, l’exploitation minière de Fillols est en pleine expansion, en raison de sa détention dès le milieu du 13e siècle par les moines de Saint-Michel-de-Cuxa [IZARD, 2005, p.467]. La sidérurgie constituait en effet une ressource financière non négligeable, permettant l’enrichissement des hommes d’Église. En 1281, l’abbaye confie l’exploitation des mines d’Escaro, Taurinya et Fillols à Arnald de Codalet, procureur royal, associé à deux autres hommes d’affaires. L’analyse des contrats de fermage est intéressante, puisqu’ils indiquent que « la huitième partie du minerai d’argent, de cuivre, de plomb et autres métaux extraits sera au bénéfice des concessionnaires, le reste sera restitué à l’abbaye ».

Fillols du 14e siècle au 17e siècle

Si le recensement des fogatges « feux » n’est pas connu pour le 13e siècle, la période suivante est bien documentée dans les sources historiques. Au cours du 14e siècle, la population diminue très certainement en raison des épisodes de peste. Ainsi, 35 feux sont comptabilisés en 1358, 33 feux entre 1365 et 1370, ainsi que 13 feux de 1378 à 1385 [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp. 13, 15, 20, 23 et 24]. Cette baisse démographique persiste au 15e siècle, avec 6 feux en 1424 et 8 feux entre 1470 et 1490 [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, Prades, 1973, pp. 24 et 27].

Le 14e siècle est également marqué par la réalisation de travaux d’agrandissements, au sein de l’église paroissiale Saint-Félix. L’édifice comprend deux chapelles latérales ouvertes au Nord et au Sud. Celle-ci serait postérieure à la septentrionale, comme l’indique l’abbé Cazes dans son guide touristique de la commune de Fillols [A.D.P.O, BIB15513]. En effet, l’église possédait deux lustres au 14e siècle, dont l’un devait se trouver dans la chapelle Nord. Leur pose a pu être réalisée en 1346, grâce à un lègue de 4 deniers par Guillelme Pebernada, femme de feu Pierre Bernat [A.D.P.O, BIB15513]. A l’intérieur du mur Nord se trouve une grande niche voûtée en arc surbaissé. Son pendant méridional comprend une chapelle voûtée en berceau plein cintre accolée à la sacristie, probablement datées du 16e siècle [POP. Église Saint-Félix. Base Mérimée. 1992. Notice PA00104026]. C’est également au 16e siècle qu’est mentionné l’existence d’un château à Fillols. En effet, lors d’un conseil de guerre tenu en 1554 par le Prince de Conty, il est décidé de raser l’édifice fortifié. L’ordre fut donné au gouverneur de Roussillon, du nom de Sagarre [A.D.P.O, BIB15513]. Selon les sources historiques, le château devait se trouver à l’emplacement de bâtiments qui appartenaient au 20e siècle à la famille Hors, dont le toponyme « La Torre » renvoi directement à son existence. En effet, une rue développée au Sud de la rivière de Fillols, porte actuellement le nom de « Carrer de la Torre ». Par ailleurs, le cours d’eau qui traverse cette zone est appelée ravin del Castelló, ou del Castillon sur le cadastre napoléonien. L’une des habitations situées en bordure de la rue de la Torre, est bâtie sur une motte de terre, constituée de plusieurs terrasses en pierre sèche. Cette configuration pourrait correspondre à l’emplacement primitif du château ; une étude plus poussée mériterait d’être réalisée, afin d’identifier d’éventuels vestiges de fortifications.

Malgré une légère augmentation de la population dans la première moitié du 16e siècle par rapport à la période précédente (12 feux en 1515), le recensement des fogatges fait état de 9 feux en 1553 [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, p.31]. L’étude de la population effectuée sur le territoire du Conflent au cours des années 1970, ne comptabilise pas les feux présents à Fillols au 17e siècle. Cette période reste en effet très peu documentée pour de nombreuses communes du Conflent, contrairement aux Vigueries du Roussillon et du Vallespir.

Fillols du 18e siècle à nos jours

Le 18e siècle s’inscrit dans une période charnière pour la commune de Fillols, notamment avec la nationalisation de la mine en 1791. Cette dernière est alors exploitée par un fermier du nom de Thomas Cortès, qui réalisa des travaux importants d’épuisement des eaux [A.D.P.O, 165J118]. La population apparaît en nette augmentation, en comparaison aux siècles derniers. En effet, le nombre de feux oscille entre 25 et 22, en 1720, 1730 et 1740, dans la première moitié du siècle [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp.38, 40 et 42]. Le recensement de la seconde moitié du 18e siècle fait état de 150 occupants entre 1770 et 1772, 230 de 1792 à 1793 et 187 en 1799 [BATLLE, Monique, GUAL, Raymond. Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp.46, 50 et 53]. Par la suite, la démographie ne cesse d’augmenter, en raison de la présence d’une nouvelle population essentiellement composée de mineurs. De nouvelles galeries sont ouvertes par des mineurs allemands et des mineurs dits « expérimentés » [A.D.P.O, 165J118]. Ainsi, la commune compte 213 habitants en 1806, 299 en 1841 et 311 en 1851 [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, p.63].

Au début du 19e siècle, l’industrie minière catalane est convoitée par plusieurs sociétés extérieures. La concession minière de Fillols (3 500 hectares de superficie), considérée comme étant la plus vaste du département, est alors concédée entre 1804 et 1805 au Comité des Mines, fonderies et forges d’Alès [GAVIGNAUD, 1976, p.181]. Outre l’exploitation minière localisée au Nord de Fillols, la concession comprenait également les mines de fer de Taurinya.

Rattachées ensuite aux forges de Montfort et de Gincla dans l’Aude, les mines de la concession se regroupent à partir de 1858 aux hauts-fourneaux de Ria, détenus par Rémy Jacomy [Syndicat Mixte Canigó Grand Site]. Ce dernier prend alors la tête d’une véritable cité industrielle d’envergure, marquée par le développement de trois hauts-fourneaux en 1861 [GAVIGNAUD, 1976, p.181]. A cette date, Rémy Jacomy forme la Société des mines, forges et hauts-fourneaux de la Nouvelle (Aude). Les mines de Fillols prennent alors de l’importance, suite à leur rattachement entre les années 1862 et 1867 à une usine développée au port de La Nouvelle [Syndicat Mixte Canigó Grand Site]. Entre les années 1850 et 1860, le nombre de mineurs actifs dans la mine de Fillols est en nette augmentation ; 5 ouvriers sont comptabilisés en 1859, 40 en 1861, et 97 en 1865 [GAVIGNAUD, 1976, p.184]. L’exploitation s’essouffle ensuite, en raison des querelles qui ont lieu entre les actionnaires de la Société des mines et Rémy Jacomy.

Dissolue pendant un temps, l’exploitation de Fillols est concédée en 1873 à Simon Philippart, pour 2,110 millions de francs [A.D.P.O, 165J118]. Cet industriel belge s’engage alors dans la fondation de la Société anonyme des mines de fer de Fillols en 1875. Grâce à cette dernière, des aménagements d’envergure sont réalisés sur le quartier du Salver (Taurinya), dont un plan incliné fonctionnant à partir d’un système de freins et de rails. Ce plan permettait de descendre le minerai du carreau de la mine à Taurinya (niveau 740), jusqu’au chemin de traînage mécanique (niveau 645) [Panneau signalétique patrimoniale]. La productivité de l’exploitation de Fillols est alors à la hausse, avec un maximum de 213 ouvriers attesté en 1884 [GAVIGNAUD, 1976, p.184]. Cependant, la concurrence des fers « étrangers » et la cherté des transports, entraînent une diminution de l’extraction du minerai catalan, qui atteint alors 25 000 tonnes en 1887, contre 150 000 tonnes en 1882 [GAVIGNAUD, p.184-185]. La concession de Fillols ne compte plus que 130 ouvriers, 4 contre-maîtres, 120 manœuvres et charretiers en 1885, ainsi que 20 ouvriers en 1886 [GAVIGNAUD, p.184-185].

Un regain d’activité est attesté dès les années 1890, notamment grâce à l’intervention de M. Dineur, directeur de la Société anonyme des mines de Fillols. Il obtiendra l’autorisation d’établir une concession de minerai de fer, sur les communes de Vernet et de Casteil, instituée le 15 février 1898 [IZARD, 1997, p.152]. Cette nouvelle dynamique s’accompagne d’un accroissement de la population, avec un maximum de 513 habitants atteint en 1881 [BATLLE, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, p.63].

Les recensements locaux font état d’une augmentation constante du nombre d’habitants, jusqu’à la première guerre mondiale (412 en 1906, 432 en 1911 et 332 en 1921) [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, p.63]. Au début du 20e siècle, l’exploitation de Fillols est confiée à la Société des mines de Fillols, dont le siège est à Paris. Cette dernière demanda par ailleurs le 22 novembre 1900, l’extension de la concession vers le Sud [IZARD, 1997, p.147]. En 1909, l’exploitation est amodiée à la Compagnie des mines, fonderies et forges d’Alès, qui en assure le fonctionnement [Syndicat Mixte Canigó Grand Site]. Stoppée au cours de la première guerre mondiale, l’extraction du minerai reprend progressivement et de nouvelles infrastructures sont aménagées. Un puits sur 60 mètres de profondeur est ainsi creusé en 1921 et un câble aérien est installé en 1929. Ce dernier permettait de relier le puits du carreau de la mine à Fillols à la gare de Ria, pour l’alimentation des hauts-fourneaux du centre et du nord de la France [Syndicat Mixte Canigó Grand Site]. Cette reprise industrielle sera de courte durée, en raison d’une importante crise économique opérée dans les années 1930. En effet, le quartier de Fillols n’est plus exploité, en raison des nombreux coûts d’exploitation et des difficultés que connaît la Compagnie des Mines, Fonderies et Forges d’Alès. Ainsi, l’exploitation de Fillols ne compte plus que 11 ouvriers, 6 mineurs, 3 surveillants et 2 employés en 1931. Par ailleurs, le nombre d’habitants résidants à Fillols est également en baisse (251 en 1931 et 215 en 1936) [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, p.63]. De plus, la Compagnie déclare le 9 janvier 1936 l’abandon des travaux de concessions de Fillols et de Casteil, dont elle est amodiataire [IZARD, 1997, p.158]. La concession minière de Fillols sera par la suite amodiée à la Société Denin-Anzin, qui l’exploita jusqu’en 1955. A cette date, les gîtes ne permettent plus l’approvisionnement en minerai, entraînant le démantèlement des installations existantes [Syndicat Mixte Canigó Grand Site].

L’arrêt de l’exploitation minière contribua nettement au phénomène de baisse démographique, attestée entre les années 1940 et 1960 (230 habitants en 1946, 238 en 1962 et 187 en 1968) [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, Prades, 1973, p.63]. Par ailleurs, l’Aiguat (inondations) d’Octobre 1940, entraîna de nombreux dommages au sein du village, dont la destruction de la maison du curé. L’eau de la rivière de Fillols alors entrée en crue, menace les habitations qui se trouvent de part et d’autre de la place Set Cases. De plus, la rue de la place se retrouve couverte d’environ 1 m d’eau [CAROL, BARBIER, BIGORRE, 1981, p.80].

De nouvelles habitations de type maison individuelle sont construites à partir des années 1950-1960 en zones Nord-Ouest et Nord-Est, jusque dans les années 1990. Très peu de nouvelles constructions seront réalisées dans les années 2000. Le nombre d’habitants ne dépasse pas les 200 (185 en 2017 et 192 en 2020) [Insee, décembre 2019, p.4], et les grandes tranches d’âge représentatives restent les 45 à 59 ans (27%), les 60 à 74 ans (27 %), ainsi que les 30 à 44 ans (19,5%), comme l’indique les dernières données Insee de 2017 [Insee, 2017].

LE CADRE NATUREL

Caractéristiques paysagères et hydrauliques

Fillols est une commune de 840 hectares comprise au niveau du versant Nord du Canigou, dont l’altitude moyenne est de 780 m. Elle est délimitée à l’Est par le Col de Millères (843 m), qui fixe une séparation naturelle avec le territoire de Taurinya. Les cols de Sant Eusebi (792 m), Vell (845 m), de la Truja (869 m) et de Juell (898 m), forment la limite Ouest et Sud avec les communes de Corneilla-de-Conflent et de Vernet-les-Bains. Le territoire de Fillols a la particularité d’être très étendu vers le Sud-Est, jusqu’aux portes de la forêt domaniale du Canigou. Classée « Grand site de France » en 2012, cette forêt est caractérisée par un boisement important de résineux (sapins, pins à crochet, pins sylvestre), développés au côté de hêtres et de quelques chênes. Par ailleurs, une grande partie de cette forêt est occupée par des landes et pelouses, dont la présence à contribué au développement de l’élevage et du pastoralisme jusqu’au 20e siècle. La localité de Fillols compte également une forêt communale, développée au Nord de la commune.

Le Riu ou Ribera de Fillols est le principal cours d’eau traversant le village. Il prend sa source au pied du pic Joffre, au niveau de la fontaine de la Perdrix. Celle-ci constitue un point d’alimentation important du ravin de la Jaceta, reliant la rivière de Fillols. Plusieurs correcs, tel que celui de l’Orri, alimentent la Ribera de Fillols, qui se jette dans le Cady (commune de Corneilla-de-Conflent), affluent de la Têt. D’autres points d’eau situés à l’étage montagnard du massif du Canigou, dont la fontaine de la Perdrix d’en Bas et la fontaine del Bosc, témoignent de la richesse hydraulique naturelle du territoire de Fillols.

Enfin, la route D27, accessible depuis Prade et traversant le territoire de Taurinya, est la principale voie d’accès qui permet de desservir le village et de relier Vernet-les-Bains au Sud-Ouest. La route D47 (branche de la D116) relie quant à elle directement la commune de Fillols à Corneilla-de-Conflent.

Le territoire de Fillols comprenait un ou plusieurs moulins hydrauliques dès le 10e siècle, comme l’indique l’analyse réalisée en 1987 dans les Etudes Roussillonnaises offertes à Pierre Ponsich [GRAU, POISSON, 1987, p.174]. De plus, l’inventaire des moulins effectué au 20e siècle par l’historien Jean-Marie Rosenstein, fait état d’un moulin à farine en fonctionnement au 18e siècle [ROSENSTEIN, Revue Conflent, 1989, p.101]. En effet, une concession emphytéotique est établie le 12 juin 1761 par Melchior de Bru, prieur claustral de Saint-Michel-de-Cuxa, à un « pagés » de Fillols du nom de Feliu Anglada. Cette concession concerne « l’eau du ruisseau de Fillols pour alimenter un moulin à farine » [ROSENSTEIN, Revue Conflent, 1989, p.101]. Si l’édifice est aujourd’hui disparu, la toponymie locale permet de retrouver géographiquement son emplacement probable. Le lieu-dit Els Molins, développé à l’Est du village en bordure de la rivière dite Ribera de Fillols, se rapporte à l’existence d’un ou de plusieurs moulins. Sur le cadastre napoléonien, deux corps de bâtiments sont projetés, dont l’un porte l’appellation « Moulina ». Ce terme renvoi très certainement à la présence d’un moulin, même s’il peut également désigner une forge à fonctionnement hydraulique [IZARD, 1994, pp 115-129]. Il est actuellement complexe de connaître avec exactitude l'emplacement des constructions précédemment citées, en raison de leur absence sur la cartographie (détruits ?). Cependant, il subsiste un bassin à l’emplacement d’un de ces bâtiments, qui pourrait correspondre à une ancienne retenue d’eau, utilisée pour le fonctionnement du/des moulins. En effet, ce type d’aménagement hydraulique servait à stocker l’eau et à réguler le débit. Il se retrouve sur la commune voisine de Taurinya, à l’arrière d’un ancien moulin à farine ruiné. Le bassin est également situé en bordure d’un ancien canal composé de quatre branches, dont la gestion et l’entretien sont actuellement portés par l’Association Syndicale Autorisée (ASA) « Saint Pierre de Fillols », créée en 1983. Sur les plans de 1810, le canal apparaît sous la dénomination « ruisseau d’arrosage ». Le tracé correspond à la branche principale dite « Saint Pierre », qui doit son nom à l’église située au lieu-dit « Sant Pere ». La branche dite « Saint-Jean » permet l’arrosage des terres au Sud-Ouest, tandis que les deux dernières branches viennent irriguer les jardins du village. C’est au niveau du bassin précédemment cité et dans la rivière de Fillols, que se trouve la prise d’eau du canal. La construction du canal est très ancienne, comme l’atteste Jaubert de Passa dans son Mémoire sur les cours d’eau et les canaux d’arrosage des Pyrénées-Orientales. Selon ses recherches, il aurait été construit en 1302. A cette époque, il est plus connu sous le nom de « ruisseau de Syrac », en raison de l’autorisation accordée aux habitants du village (actuel Ria-Sirach) d’utiliser l’eau [JAUBERT DE PASSA, 1821, p.122]. Le territoire, alors placé sous l’autorité du royaume de Majorque, faisait face à un manque d’eau nécessaire pour le village et l’irrigation des terres. Ainsi, le roi de Majorque, Jacques Ier, décida dans la première moitié du 14e siècle d’amener l’eau du canal de Saint-Pierre à Sirach. Le droit d’usage fut accordé aux habitants « moyennant la censive de dix ayminates d’avoine ». Le partage de l’eau entre les tenanciers des différentes communes est très réglementé ; les habitants sont en effet autorisés à utiliser l’eau par alternance, en fonction des besoins réels. Toutefois, les tenanciers de Fillols restent les principaux usagers des eaux de la rivière », dont le droit est directement rattaché à l’article 72 des premières lois de Catalogne [JAUBERT DE PASSA, 1821, p.122].

Patrimoine vernaculaire et agropastoralisme

Plusieurs constructions à vocation pastorale sont observées sur le territoire de Fillols. Il s’agit majoritairement de cortals, dont les plans cadastraux de 1807 et 1810 permettent de retrouver leur emplacement. Ces bâtiments servaient d’abri pour les animaux d’élevage, qui se déplaçaient vers les hauts pâturages en période estivale [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.73]. A Fillols, les cortals sont implantés non loin des chemins ainsi que des cours d’eau. Sur le cadastre napoléonien, ils portent le nom de leur propriétaire respectif ; ceux de Sicart, Anglada ou encore Verges, sont récurrents et se rapportent vraisemblablement à des propriétaires terriens de Fillols.

Les cortals répertoriés sont isolés des zones d’habitation et ont été construits en moyenne entre 980 m et 1200 m d’altitude. Si leur période d’édification n’est pas connue, l’existence de cette typologie architecturale vernaculaire est attestée dès l’époque médiévale. Il s’agit plus communément de bergeries, qui pouvaient également servir à stocker le fumier. A Fillols, les cortals encore visibles sont majoritairement en état de ruine. Cinq d’entre eux ont pu être recensés à l’Est du village, grâce à l’outil Wikipedra, qui est une base de données participative sur les constructions en pierres sèches. Ces cortals sont édifiés sur un plan quadrangulaire, dont il subsiste quelques murs maçonnés en pierres de granit équarri. Les toitures développées en appentis, ont pour la plupart disparu ; l’une d’entre elles partiellement conservée (0B 392), est couverte de tuiles canal, reposant sur une charpente en bois. Celle-ci a la particularité d’être maintenue par un pilier quadrangulaire maçonné, encore existant dans de nombreux cortals.

Il est actuellement complexe d’analyser l’organisation du bâti, en raison du mauvais état de conservation des cortals et de l’abondante végétation présente sur site. Certaines vues aériennes permettent d’identifier deux parties distinctes, comme c’est le cas du cortal dit « Sicart » (0B 388). La plus petite au Nord, devait servir de logement au berger, tandis que l’espace Sud de taille plus importante, abritait très certainement le bétail. De plus, les restes de murs développés à l’Est du , peuvent correspondre à un ancien coral, à savoir un parc ou enclos à bestiaux.

Enfin, les cortals situés en haute altitude, sont édifiés contre les rochers existants. Cette implantation permet de sécuriser naturellement le bâti, ainsi que de protéger les animaux des prédateurs et du vent.

Matériaux de construction

La géologie présente sur le territoire de Fillols est essentiellement formée de dépôts torrentiels miocènes, à gros blocs de gneiss [LAUMONIER, 2005, p.485]. Le leucogneiss est également présent en bordure du massif Nord du Canigou. Il s’agit d’un matériau à grain fin et de teinte claire, qui a la particularité d’être très résistant. De plus, une grande partie des contreforts Nord compris dans le territoire de Fillols, est constituée de leucogranite, également caractérisés par un grain fin. Le leucogranite est un type de roche qui a été employé pour la construction des églises romanes de Fillols. En effet, l’abside, et la partie médiane du clocher-tour de l’église Saint-Félix, présentent un appareil en pierre taillée soigneusement dans du leucogranite à muscovite [LAUMONIER, 2005, p.485]. La maçonnerie diffère de la partie basse du clocher-tour, des murs Nord et Ouest appareillés en granit équarri, ainsi que du mur Sud construits en moellons. Ces deux types de parements décrits, se rattachent aux diverses campagnes de construction qui ont eu lieu au cours de la seconde moitié du 12e siècle [MALLET, 2003, p.203]. Le leucogranite se retrouve également à l’église Saint-Pierre en état de ruine, au niveau du parement extérieur de l’abside et des encadrements de baies. Les murs Sud et Ouest ont quant à eux été construits en pierres locales utilisées brutes ou cassées, liées à du mortier de chaux. Les galets présentent d’importantes altérations, car ils proviennent d’alluvions très grossières et anciennes. Ainsi, deux campagnes de construction sont très certainement identifiables à la lecture des matériaux employés. La partie orientale peut être datée de la seconde moitié du 12e siècle, tandis que la nef de périodes antérieures ou postérieures [MALLET, 2003, p.204]. Par ailleurs, l’encadrement de la porte Sud, à claveaux en marbre rose des carrières de Villefranche-de-Conflent, a probablement été réalisé au 12e siècle. En effet, l’exploitation de cette roche calcaire métamorphique formée au dévonien moyen, remonte aux années 1120-1130 [MALLET, Revue Patrimoines du Sud, Numéro 4, 2016, p.30]. L’appellation marbre « de Villefranche » se rapporte de manière plus générale aux différentes carrières situées dans les hauteurs de la cité fortifiée ainsi que dans les communes alentours, telle que Corneilla-de-Conflent à l’Ouest de Fillols (site carrier de Badebany).

L’habitat de Fillols est traditionnellement formé de murs montés en moellons de granit, gneiss et schiste, liés à un mortier de chaux. Peu de maisons gardent ce type de maçonnerie, en raison de la généralisation des enduits de protection au cours des 19e et 20e siècles. En effet, l’enduit est une peau protectrice qui agit contre l’humidité et les variations de températures. Il peut être entièrement couvrant ou être « à pierres vues », notamment pour les dépendances agricoles. C’est le cas de la grange-étable rattachée au mas développé en bordure de la rue de la Torre, dont seule la tête des pierres est rendue visible. D’autres types de finitions sont employés sur le bâti, dont le crépi et l’enduit sculpté décoratif. Ce dernier se retrouve en façade principale de l’habitation n°8 place Cobla Millenària, au niveau des encadrements de baies. Les décors employés sont essentiellement à motifs végétalisants et décoratifs.

Par ailleurs, les éléments de modénature se retrouvent également sur les édifices publics. L’ancienne école-mairie bâtie dans la première moitié du 20e siècle, se distingue par ses éléments d’ornementation, appliqués sur les contours de fenêtres, les chaînes d’angle et la corniche.Enfin, les ouvertures (portes et baies) présentent sur le bâti ont pour la plupart été transformées, en dehors des édifices à vocation agricole. Certains mas conservent des contrevents simples en planches à deux vantaux, ainsi qu’un cadre de charpente en bois. Les accès pour l’étable sont rehaussés d’un linteau droit en bois brut et comprennent des portes avec trous d’aération.

FORME URBAINE

Implantation du bâti

Le village de Fillols se trouve au carrefour d’anciens chemins de communication, dont certains d’entre eux ont été aménagés en route départementale au cours du 20e siècle. Il s’agit au Nord des chemins de Fillols à Sirach, Prades, Taurinya (D27), au Nord-Ouest du chemin de Corneilla à Fillols (D47) et au Sud du chemin de Vernet à Fillols (D27). Le tissu urbain de Fillols a la particularité d’être distendu, en raison de l’importance accordée aux parcelles cultivées jusqu’au 20e siècle. En effet, outre le travail à la mine, le complément de ressources est lié aux activités agricoles et forestières. Les parcelles agricoles sont réparties en pâtures, terres, pâtis (terrains utilisés pour faire paître les bestiaux) et en jardins. Tout comme les pâtis, les jardins étaient positionnés à proximité de l’habitation. Plusieurs murets maçonnés en pierres locales, témoignent de leur existence et ont contribué à façonner le paysage urbain. Les bois exploités sur le territoire se trouvent quant à eux à proximité des cours d’eau.

Jusque dans la seconde moitié du 19e siècle, le bâti suit une implantation plus ou moins groupée, sur trois pôles de développement. Le premier agencé en pente, est celui situé de part et d’autre de l’église Saint-Félix et sur la rive droite du ruisseau de Fillols. Sur le cadastre de 1807, l’ancien cimetière jouxte l’église paroissiale au Sud, tandis que le presbytère apparaît à l’angle Nord-Ouest. Durant la période révolutionnaire, le presbytère est pillé et les archives de la Cure sont brûlées publiquement [CAROL, BARBIER, BIGORRE, 1981, p.38]. Après avoir logé les mineurs de Fillols dans les années 1950 puis servi de local pour les jeunes, l’édifice fut détruit entre 1996 et 1997. En 1885, le Conseil Municipal de Fillols décide de condamner le cimetière, en raison de « son peu d’étendue pour les besoins d’une population de 500 âmes environ, et son installation en face de la place publique du village, devant un lieu où se tiennent par conséquent des divertissements publics, et dans le voisinage même de certains établissements publics où la tranquillité n’est pas toujours parfaite ». De plus, il mentionne que « le maintien de son installation dans le village, très nuisible d’ailleurs au respect dû aux morts à cause de son rapprochement avec la place publique (est) souvent le théâtre d’amusements poussés à l’excès » [A.D.P.O, BIB15513 : CAZES, Albert. Fillols. Revue Conflent. S.d, p.15]. Pour toutes ces raisons, le cimetière a très certainement été translaté à son emplacement actuel entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle.

Le bâti est également concentré autour de la place du village dite Cobla Millenària, déjà formée au 19e siècle. L’église paroissiale Saint-Félix a la particularité d’être implantée en niveau inférieur, par rapport à la place publique. Celle-ci constitue le principal lieu de sociabilité du village, autrefois bordé de bancs en pierre de granit (pedriç en catalan). L’îlot développé à l’Est de l’église Saint-Félix, comprend des petites parcelles d’habitations, issues de redécoupages effectués entre les 19e et 20e siècles. Les espaces agricoles (terres et pâtis) rattachés au bâti, ont progressivement été transformés en cours et jardins privatifs.

Le second pôle bâti, est constitué d’habitations principalement édifiées en bordure de l’ancien chemin de Fillols à Taurinya et de l’actuelle rue du Commandant Constantin. Le bâti est formé de petites fermes de villages, donnant sur un espace agricole de type pâture au 19e siècle. Celui-ci a par la suite été remodelé en cour privative. De nombreuses fermes présentent un parcellaire fragmenté, ce qui complexifie leur analyse morphologique. Ce pôle bâti comprend également quelques granges agricoles et un habitat de type ouvrier (maisons simples), remaniés au même titre que les fermes. Une habitation se distingue de tous ces modèles (AB 166), en raison son importante volumétrie et l’ordonnancement des baies. Elle se rapproche de la maison bourgeoise, malgré l’absence de traitement décoratif. Le corps de bâti projeté sur le cadastre napoléonien, a vraisemblablement été modifié au cours du 20e siècle.

Le troisième pôle bâti est développé au Sud de la rivière de Fillols. Sur le cadastre de 1807, les édifices observés se réfèrent au modèle de fermes agricoles, qui se sont progressivement dotées d’annexes. L’augmentation du volume bâti, réalisée au cours du 19e siècle en raison de l’accroissement des activités agricoles, a conduit au développement de grandes exploitations agricoles de type mas.

Typologies de l’habitat traditionnel

Le centre du village se distingue par la présence d’habitations implantées sur des parcelles étroites, notamment de part et d’autre de la place Cobla Millenària. Certaines d’entre elles ont été transformées par regroupements d’habitations mitoyennes, conduisant à la formation de grandes maisons. Le modèle identifié est celui de la maison simple ou de journalier, dont la présence est liée au développement de l’activité minière au cours des 19e et 20e siècles. D’un point de vue typologique, ces maisons simples comportent en façade principale une à deux travées de baies et un agencement sur trois niveaux. La plupart ont été reprises à la fin du 19e siècle par ordonnancement des baies et l’insertion plus rare de décors d’enduit en bas-relief. Quelques habitations ouvrières de la première moitié du 20e siècle se distinguent également à l’extérieur du centre du village. Ce sont des constructions sur quatre faces, qui présentent une maçonnerie en pierres apparentes (galets). Les ouvertures sont réhaussées par des encadrements en ciment ou en pierre de taille.

Plusieurs édifices identifiés sur la commune de Fillols se rattachent à la typologie de la ferme de village sur cour. Ils se caractérisent par la présence d’un corps d’habitation principal à deux ou trois niveaux, avec un minimum de deux travées de baies. Les bâtiments agricoles sont construits en adossement de la maison d’habitation ou en continuité autour d’une cour non close. Ils possèdent généralement une travée et ont une toiture en appentis ou à double pente. L’habitation dispose au rez-de-chaussée d’une étable, dont les ouvertures (portes, petites fenêtres) d’origine sont conservées. Au premier étage se trouve la salle commune avec foyer, accessible depuis l’extérieur par un escalier latéral prolongé ou non d’un perron maçonné. Le second étage correspond quant à lui aux chambres et à l’espace de combles. De manière générale, la façade principale exposée au Sud est recouverte d’un enduit, contrairement aux bâtiments agricoles (annexes) laissés en pierres apparentes et traités à joints secs. Entre les 18e et 19e siècles, plusieurs remaniements du bâti ont été réalisés par ordonnancement de baies. De plus, les fermes appartenant aux propriétaires les plus aisés sont agrémentées par de nouveaux encadrements de baies en pierre de taille, inspirés de la maison bourgeoise. Enfin, certaines fermes gardent une disposition traditionnelle de la façade sur cour, constituée d’une brane. Ce terme utilisé localement, désigne une terrasse ouverte protégée par une couverture, renforcée par des piliers quadrangulaires ou cylindriques et édifiés en applique de façade.

La dernière typologie étudiée est celle du mas isolé, situé en retrait du centre urbain de Fillols. Les dispositions du bâti rappellent celles de la ferme sur cour, avec un corps de bâtiment principal correspondant à l’habitation et l’insertion d’annexes agricoles en continuité de l’existant. Le développement des activités traditionnelles locales telles que l’élevage ovin au cours du 19e siècle puis de l’élevage laitier au 20e siècle, a conduit les exploitants agricoles à se doter de grandes fermes, regroupant à la fois le logement et les annexes agricoles.

Deux grandes typologies de mas ont ainsi été analysées dans le cadre de cette étude. La première se rapport au modèle de la maison-bloc, organisée autour d’une cour centrale. L’édifice construit à partir d’un plan en U ou en L, est en effet ouvert sur une cour pouvant être délimitée par un mur en pierres sèches ou non. Cette typologie de mas est relativement ancienne et se retrouve sur quelques édifices indiqués sur le cadastre napoléonien. Le mas dit de « la Tour » identifié sous la dénomination « Maison de Raimond Clément » sur le cadastre de 1807, correspond au modèle décrit. Il s’agit d’un mas localisé en bordure de la rue de la Torre, dont l’ancienneté est attestée. Actuellement, le plan de l’édifice est développé en U et s’ouvre sur une cour, autrefois entièrement close. Tout comme la typologie de ferme isolée, l’accès à la partie habitable s’effectue en façade principale (Est), par un escalier à volées perpendiculaires et à perron maçonné en pierres locales. Il peut également se faire en façade Sud (escalier droit). Celle-ci a la particularité de comporter une brane, formant une galerie de charpente en bois. Des bâtiments annexes ont été rajoutés postérieurement à la construction initiale, dont une grange-étable caractéristique de la fin du 19e siècle. Celle-ci comprend au rez-de-chaussée une porte en bois coulissante à loquet en fer qui donne sur la partie étable, où logeaient les vaches laitières. Tout comme les remises précédemment citées, des mangeoires en bois sont encore présentes. De faible hauteur, la charpente de plancher est formée de poutres massives en bois brut, maintenues par des piliers de plan quadrangulaire. Cette structure rappelle le modèle de cortal, présent sur le territoire de Fillols.

La seconde typologie de mas rencontrée est nettement plus représentée sur le territoire de Fillols. Il s’agit de constructions disposées sur un volume bâti étendu à l’horizontal. La grange ainsi que les espaces de rangement de matériel sont accolés à l’espace habitable et se différentient par une maçonnerie en moellons apparents à joints grossiers. De nombreux remaniements de façade apportés au cours du 20e siècle, ont consisté enduire ces bâtiments, au même titre que l’habitation principale. Le mas d’Avall situé au lieu-dit Mourcara, en bordure de l’ancien chemin de Corneilla-de-Conflent à Fillols (0B 304, 0B 303), a bénéficié de restauration dans les années 1990. Il conserve cependant la disposition traditionnelle de la façade sur cour, formée d’une brane avec piliers.

Patrimoine industriel : les mines de fer de Fillols

Au début du 19e siècle, l’industrie minière dans le Conflent est en plein essor, notamment dans l’arrondissement de Prades, dont l’exploitation et la fabrication des fontes « occupent les deux tiers de la population industrielle » [GAVIGNAUD, 1976, p.175]. Les contreforts du Canigou renferment des minerais à composition riche, notamment toute la partie Nord. A Fillols, les mines font parties de celles qui renferment un minerai constitué d’hématites en surface et de fer carboné en profondeur. Les roches présentes sur le massif, sont en effet constituées d’hydroxydes (limonite), de carbonates (sidérite) et d’oxydes (magnétite et hématite). A cette époque, plusieurs forges permettant la réduction immédiate du minerai de fer sont construites. Celles-ci disposaient de leur propre mine, comme c’est le cas des forges de Mosset, qui fonctionnaient grâce au minerai extrait du site de Fillols [GAVIGNAUD, 1976, p.178].

Les vestiges de l’exploitation minière de Fillols sont assez disparates, malgré leur regroupement sur deux secteurs précis. Ils ont la particularité d’être situés non loin de l’actuelle route D27, dont les bordures sont formées de roche minière à teneur en fer visible, avec veines et stalactites calciques blanches. Le lieu-dit « La Socarrade » ou gîte du Sarrat développé à la frontière Ouest de Taurinya, comprend des amorces de galeries, des tranchées, ainsi qu’une galerie sous la route D27 [BERBAIN, FAVREAU, AYMAR, 2005, p.91]. Le gîte principal de Fillols est localisé au Sud du Sarrat.

Depuis la route D27, il est possible d’observer des affleurements rocheux, dont certains ont été consolidés (?) par des blocs de stériles, récupérés pour construire des murs de soutènement. Certains de ces murs sont visibles au-dessus d’un petit tunnel de recherche du fer.Selon les sources historiques, les travaux les plus importants concernent l’exploitation d’une lentille d’hématite, exploitée entre les côtes 690 et 810. Les extractions réalisées sur cette lentille ont très certainement été possibles grâce à des puits, dont l’un serait situé au-dessus de la route. Il communiquait très certainement avec un des travers-bancs localisés sous la route, ainsi que des carrières développées jusqu’à la colline dite des « Meners » [BERBAIN, FAVREAU, AYMAR, Juin 2005, p.91]. Deux autres puits (dits de Fillols et de la Vermeille) ont été réalisés au niveau de la côte 750. Celui de la Vermeille creusé à partir de 1922, à une profondeur de 70 m environ. Initialement utilisé pour réaliser des travaux de reconnaissance du gisement, il a par la suite servi de puits d’exploitation.

Le minerai extrait était chargée dans deux trémies, dont il reste encore les vestiges en contrebas de la D27. L’accès à celles-ci restent complexe en raison de l’abondance de la végétation existante. Une photographie prise en 1998 et conservée dans le Fonds Brigitte Fort (Syndicat mixte Canigó Grand Site), permet de visualiser ces anciennes trémies, à maçonnerie en moellons de pierres locales et béton. Jusqu’à la construction du câble aérien en 1929, le transport du minerai s’effectuait à partir de charrettes tirées par des bœufs, en direction de Taurinya [A.D.P.O. 66, 165J55].

Le minerai était ensuite monté à hauteur de la route D27, grâce à un plan incliné. Celui-ci était commandé par un treuil, abrité dans un bâtiment de plan quadrangulaire encore actuellement conservé. Également appelé maison du treuil, le bâtiment garde ses murs porteurs maçonnés en gros moellons de roches ferrugineuses, liées à un mortier de ciment. L’ouverture à arc surbaissé orientée au Nord-Est, comprend un encadrement en cayrou, tout comme les chaînes d’angle. La toiture, actuellement disparue, devait être à double pente. Une galerie traversant toute la montagne, était utilisée pour amener le minerai au quartier du Salver puis directement à Prades, grâce au système de traînage mécanique [Syndicat Mixte Canigó Grand Site]. Instauré en 1879, le traînage mécanique était constitué de deux voies Decauville parallèles, placées le long du ravin de Vall Panera sur environ 8 km. Une centaine de wagons pouvaient ainsi circuler, afin de décharger le minerai dans les trémies de Taurinya. Le minerai était ensuite transporté jusqu’à la gare de Prades, avant d’être acheminé vers les forges d’Alès, Decazeville et Fouchambault (bassins de la Loire et du Gard) [Syndicat Mixte Canigó Grand Site].

Un plan conservé aux archives départementales des Pyrénées-Orientales, permet d’observer les différentes installations techniques, ainsi que les bâtiments qui composaient le site minier de Fillols. Non daté, il a très certainement été réalisé au cours du 20e siècle. En effet, ce plan projette les deux puits précédemment cités, au Nord du carreau de la mine. Il fait également apparaître la baraque abritant l’ancien treuil, deux garages, une maison ouvrière, un transformateur, ainsi que des pylônes. La plupart de ces constructions ont été démantelées, en dehors de la maison du treuil, des trémies et de quelques pylônes.

Documents d'archives

  • A.D 66 : BIB15513 : CAZES, Albert. Fillols. Revue Conflent. S.d. 16 pages.

    AD Pyrénées-Orientales
  • A.D 66 : 64EDT : Fonds de la commune de Fillols.

    AD Pyrénées-Orientales
  • A.D 66 : 95J135 : Fonds de l’évêché de Perpignan. Corneilla-de-Conflent et Fillols.

    AD Pyrénées-Orientales
  • A.D 66 : 53J120 : Pré-inventaire de la commune de Fillols.

    AD Pyrénées-Orientales
  • A.D 66 : 123EDT 186 : Sites miniers autour de Prades.

    AD Pyrénées-Orientales
  • A.D 66 : 165 J : Société Anonyme des mines de fer de Salver – Fillols (Association des Amis de La Route du Fer).

    AD Pyrénées-Orientales
  • AD Pyrénées-Orientales, Section C unique dite de Fillols, 1807, 15NUM1024W78/CU0

    AD Pyrénées-Orientales
    1807
  • AD Pyrénées-Orientales, Tableau d’assemblage, 1810, 15NUM1024W78/1TA0.

    AD Pyrénées-Orientales
    1810

Bibliographie

  • BERBAIN, Christian, FAVREAU, Georges, AYMAR, Jacques. Mines et minéraux des Pyrénées-Orientales et des Corbières. Association française de Microminéralogie. Castelnau-le-Lez (Hérault). Juin 2005. 248 pages.

    Juin 2005
  • CAROL, Guy, BARBIER, Alex, BIGORRE, Robert, et alii. Dans mon village…Fillols. 1981. 242 pages.

    Médiathèque de Prades
    1981
  • CAZES, Albert. Guide Touristique « Conflent ». Notre-Dame de Cornellà. 1983. 27 pages.

    Médiathèque de Prades
    1983
  • 1977
  • CAZES, Albert. Guides touristiques des Pyrénées-Orientales. Prades. 1969. 86 pages.

    Médiathèque de Prades
    1969
  • 358
  • 2001
  • 2003
  • MORIN, Bruno. L’habitat traditionnel des Pyrénées catalanes, Le connaitre et le restaurer. Parc naturel régional des Pyrénées-Catalanes. Carbonne : Nouvelles Éditions Loubatières. 2014. 119 pages.

    Médiathèque de Prades : LD 690 MOR
    2014
  • 1995
  • 1987

Périodiques

  • 1990
  • 1973
  • DAUBREE, Auguste. Revue Archéologie. 40e. Aperçu historique sur l’exploitation des mines métalliques dans la Gaule. Notice supplémentaire. Tiré à part. 1880. pp. 349-350.

    1880
  • HESSE, Jean-Philippe. Revue CERCA. Centre d’études et de recherches catalanes des archives. Les mines roussillonnaises de 1300 à 1550 (fin). Numéro 27. 1965. pp. 17-26.

    1965
  • LAPASSAT, Robert. Revue Conflent. L’industrie du fer dans les Pyrénées orientales et ariégeoises au XIXe siècle. II – Martinets et boutiques de cloutiers. Numéro 129. 1984. 77 pages.

    Médiathèque de Prades
    1984
  • LAPASSAT, Robert. Revue Conflent. L’industrie du fer dans les Pyrénées orientales et ariégeoises au XIXe siècle. I – Les forges catalanes. Numéro 120. 1983. 95 pages.

    Médiathèque de Prades
    1983
  • 1980
  • 1983
  • 1989
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
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