La papèterie construite vers 1758 appartenait à l’avocat Denis Vilar, demeurant alors à Prades. Elle est la première industrie de ce type connue dans le Conflent, dont l’essor apparaît vraisemblablement dès le 18e siècle [ROSENSTEIN, 19891 p.74]. Un document daté de 1776 relatif aux moulins à papier indique l’emplacement de la papèterie, dont « la proximité des lieux de Catllà et d’Eus facilite aux ouvriers des secours en tout genre ». De plus, il est fait mention de « la direction bien combinée des vents » ainsi que « de l’abondance de l’eau » dérivée de la Têt, qui sont des facteurs assurant une bonne qualité du papier [ROSENSTEIN, 19891 p.75]. Grâce à ces indications géographiques et hydrauliques, il est possible de retrouver l’emplacement de la papèterie sur le cadastre napoléonien. Une emprise bâtie projetée à l’Est de Catllar et non loin d’Eus correspond en effet aux descriptions ci-dessus. La dérivation de la Têt est effectuée à partir d’un ruisseau, mentionné en tant que « ruisseau de la papeterie ». Le document explique que le moulin possède une cuve, huit piles ainsi que deux roues, et qu’il peut « fournir dans cet état huit rames de papier par jour ». Ces éléments permettent d’identifier un type de moulin relativement ancien, étant donné que le travail du papier s’effectuait essentiellement à la main. La préparation de la pâte à l’aide de chiffons de lin ou de chanvre nécessite en effet plusieurs étapes, dont le triage, le lissage, le découpage à l’aide d’un dérompoir et le pourrissage. Cette dernière consiste à placer le chiffon avec de l’eau dans des pourrissoirs, afin de l’attendrir. La pâte était ensuite broyée dans des maillets ou piles, actionnés par l’arbre à came de la roue hydraulique. Enfin, le travail du papier s’effectue dans une cuve en plusieurs étapes, à l’aide de « l’ouvreur » chargé de la mise forme et de veiller à la solidité des feuilles. Le « coucheur » s’applique à déposer les feuilles sur une pièce de feutre de laine, afin de constituer plusieurs tas. Le papier est ensuite essoré dans une presse puis sécher dans un étendoir [ROSENSTEIN, 19891 p.74] .
Au 19e siècle, la papèterie est en déclin en raison de son mauvais état et de l’irrégularité du temps de travail des ouvriers. Ces difficultés entraînent sa disparition en 1822. Le bâtiment est remanié ou reconstruit en mas agricole entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle.