Dossier d’œuvre architecture IA66003513 | Réalisé par
  • pré-inventaire
Église prieurale Sainte-Marie de Riquer et Mas Riquer
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Catllar
  • Lieu-dit Montcamill
  • Adresse 1,3,5 rue de la Têt
  • Cadastre 2020 0A 981, 839, 840, 628, 627, 626  ; 1810 A5 569
  • Dénominations
    église, grange, maison
  • Vocables
    Sainte-Marie

L’église Sainte-Marie de Riquer est mentionnée en 948 dans un acte d’un certain Bernard, fils de Guantà, qui en fait la donation à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa [PONSICH, 1956, p.51]. Elle est citée en tant que cella de la villa de Catllà, soit une dépendance de l’église paroissiale dédiée à Saint-André. L’édifice est également mentionné au centre d’un domaine carolingien, comprenant une ferme qui la jouxte. Les possessions de l’abbaye sont confirmées en 968 dans le privilège du pape Jean XIII, qui évoque l’église Sainte-Marie au côté de l’église dédiée à Saint-André [CAZES, 1977, p.23], ainsi que dans une lettre adressée en 986 par le pape Jean XVI à l’abbé Garin, à la demande du Comte Oliba-Cabreta .Dans le troisième quart du 11e siècle, Bernard, fils de Seniofred, fait rebâtir la cella afin de la constituer « en propre et perpétuelle habitation de moines, indépendante de l’église de Saint-André ». De nombreuses protestations furent émises, notamment de la part de Pierre Ysarn, détenteur du fief de l’église de Saint-André. L’affaire est alors portée devant l’évêque d’Elne, Raymond d’Ampuries, qui conseilla aux membres de l’église paroissiale d’obtenir des vignes en bénéfice et de recevoir des indemnités, dont quarante sols de deniers pour Pierre Ysarn. Par ailleurs, il fut spécifié qu’aucun membre du clergé ni bâtisseur du site ne soit désigné seigneur de l’église Sainte-Marie, en dehors des moines et de l’abbé de Saint-Michel-de-Cuxa. Le nouvel édifice fut donc consacré le 5 avril 1073 par l’évêque d’Elne [CAZES, 1969, p.29].

Plusieurs transformations sont faites au cours des siècles suivants dont le déplacement de l’entrée principale, probablement au 13e siècle. A cette époque, les biens rattachés à l’église prieurale Sainte-Marie de Riquer sont des terres situées sur le territoire de Catllar, ainsi que plusieurs habitats de type manse en Cerdagne. Jusqu’à la révolution française, le prieur de Riquer bénéficie de tous les revenus propres du prieuré, dont Pierre d’Axat en 1249 et Guillem de Monarch, désigné en 1268 et 1275. La connaissance de ces prieurs est connue grâce à Pierre Ponsich, qui élabora dans les années 1950 une liste des prieurs de Riquer du 13e siècle au 18e siècle à partir des archives des Pyrénées-Orientales et des écrits de Bernard Alart. Cette liste fait mention au 14e siècle de trois prieurs, que sont Adam (1300), Guillem de Casteylet (1370, 1382) et Bernard Lorda (1387, 1391, 1393, 1406, 1407, 1414). Ce dernier est remplacé au 15e siècle par Bertrand Juher (1457, 1461) puis par Berenguer Rodon (1480, 1482, 1487, 1495, 1498, 1501, 1507) entre les 15e et 16e siècles.De nombreux prieurs marqueront l’histoire du site jusqu’au 18e siècle ; il s’agit de Pierre Arnaud de Banyuls (1529, 1539), Francesc de Oros (1580), Frances Bès (1599, 1600, 1601), Pierre Nébot, de Perpignan (1628), Francisco Garau (1646, 1647), Joseph Soler (1672, 1685), Joseph Cabaner (1686, 1695), Bonaventura de Rocabruna et de Vilalonga (1694, 1707, 1724), Joseph de Reart et Taqui (1739), Raymond Rovira (1740, 1743, 1772) et de Miquel Ribes (1772, 1775, 1791). Au cours de la révolution française, les biens de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa sont vendus et confisqués. L’église de Riquer ainsi qu’une « bâtisse servant de masure » attenante sont ainsi proposées à la vente, pour la somme de 13 000 francs le 25 mars 1791, dans les salles du directoire du district de Prades [A.D.P.O. 1 Q P 266]. De plus, deux cloches de l’église sont réquisitionnées et envoyées à l’Hôtel des Monnaies de Paris, afin d’être réutilisées pour la fabrication des monnaies.

A la fin du 19e siècle, le prieuré est transformé à de nombreuses reprises, notamment en dépendance agricole. La chapelle est alors divisée en deux parties par une cloison, avec une séparation nette entre le rez-de-chaussée destiné à l’écurie et le niveau supérieur, tout juste aménagé pour le stockage du fourrage. Trois portes vont être percées, tandis que la porte méridionale est condamnée. Par la suite, des cuves à vin sont installées au côté de tonneaux en bois, dont les photographies prises dans les années 1980 par l’archéologue André Signoles, permettent de visualiser l’état de délabrement du lieu. En effet, lors du rachat dans les années 1960 de la chapelle, des granges et de la maison mitoyenne par les familles Jaulent-Baus, l’édifice est totalement à l’abandon. De nombreux travaux de restauration seront ainsi réalisés, grâce à l’impulsion de l’Association culturelle Notre-Dame de Riquer, engagée dans des actions de protection et de valorisation du site, comme l’organisation des Rencontres Culturelles de Riquer, visant à faire découvrir de nombreux musiciens actifs en France et à l’International. Les restaurations sont entreprises dès 1992, avec la réfection de la charpente ainsi que de la toiture en lloses de l’église. De plus, la porte primitive méridionale est dégagée en 1995 et à nouveau ajourée, avec l’installation d’une nouvelle porte en bois. Les éléments présents depuis la transformation de l’édifice en grange sont supprimés, dont la cuve en béton (1999). Enfin, les ouvertures de la façade occidentale sont remplacées par des portes en chêne, et les vitraux réalisés par Gérard Milon entre 1999 et 2000. Par ailleurs, des décorations ont été sculptées à la main par des compagnons, dont les poutres à tête de chat de la tribune.Les peintures de l’arc de décharge et le tympan peint de la porte méridionale ont été mises au jour en 1954, par l’archéologue Pierre Ponsich. Cette découverte relativement rare en contexte vernaculaire, a permis de classer les décors au titre des Monuments Historiques.

Le dernier corps de bâtiment du Mas Riquer (parcelles 0A 627 et 626) portant l’actuelle n°5 rue de la Têt, est caractéristique de l’architecture régionaliste, prônée par Edouard Mas-Chancel. En effet, l’architecte en fit sa résidence personnelle à la fin de sa vie, entre les années 1940 et 1950. Les travaux ont débuté le 15 novembre 1932, comme l’atteste un cahier des charges concernant les travaux réalisés au Mas Riquer (non daté).

  • Période(s)
    • Principale : 10e siècle , daté par source
    • Principale : 11e siècle , daté par source
    • Principale : 12e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 13e siècle , daté par source
    • Principale : 19e siècle , daté par source
    • Principale : 20e siècle , daté par source
  • Auteur(s)

L’église orientée Ouest-Est, comporte une nef unique recouverte par une charpente apparente, divisée en quatre travées et trois arcs diaphragmes en plein cintre. Selon l’historien Jean-Auguste Brutails, la charpente aurait pu remplacer une voûte en berceau avec doubleaux, comme l’atteste la présence de contreforts [PONSICH, 1956, p.62]. Cependant, l’archéologue Pierre Ponsich explique dans son étude consacrée à l’église Sainte-Marie de Riquer que les contreforts devaient certainement servir à soutenir la poussée d’un autre type de voûte, certainement supérieur au voûtement en plein cintre. Il pourrait en effet s’agir d’une voûte brisée, dont l’usage est généralisé dans l’architecture du 11e siècle. Par ailleurs, la présence des contreforts et d’une charpente reposant sur des arcs diaphragmes semble plutôt correspondre à la période de consécration de l’église. Le système de voûtement en plein cintre actuel correspondrait quant à lui à une construction postérieure (12e siècle ?).

La tribune en bois située dans la partie Ouest, est issue d’une restauration effectuée dans les années 1990. Elle remplace vraisemblablement une ancienne tribune, édifiée au 12e siècle. L’intérieur de l’édifice comprend une niche en plein cintre, abrite actuellement la reproduction de la Vierge à l’Enfant du 14e. Selon la propriétaire de l’église, cette niche a probablement remplacé une ancienne porte. L’abside semi-circulaire est en cul-de-four, et recouverte à l’intérieur de lait de chaux. Celle-ci est percée de trois fenêtres à ébrasement et bandeau-plat en calcaire ; l’extérieur est décoré par des arcatures et quatre bandes lombardes, caractéristiques du premier art roman méridional. Tout cette partie est en moellons de granit et gneiss, liés à du mortier de chaux. Les traces de faux joints apparentes au niveau supérieur, contrastent avec le soubassement rejointé à la fin des années 1990.

Le clocher-mur qui s’élevait à l’origine au-dessus du chœur, a été certainement reconstruit au 12e siècle à son emplacement actuel, dans le prolongement de la façade occidentale. En effet, celle-ci se terminait uniquement par un mur-pignon. Actuellement, le clocher-mur comprend deux arcades en plein cintre, surmontées d’un crénelage et d’une croix latine reposant sur un socle, taillée dans du calcaire à grain fin.L’emplacement de l’entrée primitive a également été modifiée ; celle-ci s’ouvrait initialement au Sud par une porte à linteau droit, qui conserve des enduits et peints à fresques (12e siècle) au niveau de l’arc en plein cintre à intrados ainsi que du tympan. La façade occidentale qui correspond à l’entrée actuelle de l’église, comprend une porte centrale probablement construite au 13e siècle [Base Mérimée, PA00103984], en remplacement de l’entrée méridionale. Constituée de lames verticales en bois et cloutées, la porte comprend un encadrement de claveaux de granit, dont l’un se distingue par la présence d’une croix gravée (marque du tailleur de pierre ?). Elle est surmontée d’une grande ouverture également cintrée avec un rebord en sailli, percée au 19e siècle lors de la transformation de l’édifice en grange. Une petite fenêtre de type fenestrou à jambages en granit est située dans le prolongement de la travée principale. Par ailleurs, deux contreforts intégrés dans la maçonnerie viennent encadrer la travée.

L’ensemble de l’édifice est maçonné en petits et moyens moellons de pierres locales (granit, gneiss, schiste) disposés en assises plus ou moins régulières, liés à du mortier. Les chaînages d’angle sont constitués de blocs de granit taillés de taille plus imposante. A plusieurs endroits, la maçonnerie est soulignée par des joints tracés à la pointe de la truelle (faux appareillage), qui présentent des sillons peints à l’ocre rouge. Cette technique constructive très ancienne, est probablement datée du 11e siècle, comme l’atteste l’archéologue Pierre Ponsich lors de ses relevés effectués en 1954.

Les dépendances du prieuré de Riquer situées dans le prolongement Sud, sont comprises au 19e siècle dans la même parcelle que celle de la chapelle. L’ensemble formait en effet une unité, avec des bâtiments prioraux rattachés au lieu de culte. Actuellement, les bâtiments sont découpés en plusieurs propriétés, rattachées à des parcelles distinctes et formant ainsi le Mas Riquer. La partie Sud accolée à la chapelle de Riquer, correspond aux actuelles n°1 et n°3 rue de la Têt (0A 839 et 628). En façade Ouest, l’ordonnancement est marqué par la régularité des ouvertures, disposées sur cinq travées et deux niveaux. Trois entrées sont visibles au rez-de-chaussée, dont la plus ancienne conserve un linteau légèrement cintré à corbeaux de pierre de taille (granit) biseautés, qui pourraient provenir de l’ancienne chapelle de Riquer. Au n°1, la porte d’entrée en bois caractéristique de la fin du 19e siècle, comprend deux vantaux ouvragés en fonte, à poignées et heurtoir en forme de main. Son encadrement remanié est quant à lui constitué de trois rangées de briques rouges. A l’arrière de cette partie des dépendances se trouve une petite cour, qui donne accès à l’ancienne porte Sud de l’église, ainsi qu’à un bâtiment transformé en grange au 19e siècle. Il comprend des percements caractéristiques de l’architecture traditionnelle, dont deux ouvertures aux formes distinctes (plein cintre et pyramidale) encadrées de cayrous, qui servaient d’aération à l’édifice. Par ailleurs, la façade principale a été rejointoyée en 2019. Enfin, le n°3 du mas agencé sur trois niveaux correspondant à l’actuel gîte « L’Olivier », dispose en façade principale d’ouvertures également remaniées, avec des linteaux droits en bois pour le rez-de-chaussée. Des travaux de restauration de l’édifice ont été réalisés par la Fondation du Patrimoine, notamment sur toutes les façades Ouest avec la reprise de la maçonnerie en moellons de granit liés à du mortier de chaux.

Le dernier corps de bâtiment du Mas Riquer (parcelles 0A 627 et 626) développé sur trois niveaux correspond à l’ancienne maison d’habitation de l’architecte Edouard Mas-Chancel. La façade Ouest, s’insère dans le prolongement des parties précédemment citées. Les ouvertures ordonnancées entre elles ont la même typologie, avec un encadrement béton. Un large portail latéral à la façade, s’ouvre dans le jardin intérieur de l’édifice et la façade Sud. Il comprend une porte en bois à lames verticales, à piédroits en pierre de taille (granit) et auvent à croupes en tuiles canal, supporté par des chevrons bois. Le jardin conserve une fontaine que l’architecte réalisa en 1937 lors de l’Exposition Universelle de Paris, constituée d’une alternance de rangs de briques et de galets disposés en opus spicatum. La façade Sud de l’habitation est ordonnancée et rythmée sur trois travées de baies, couronnées d’une unique ouverture dans le haut du mur pignon. Malgré le remaniement de certaines fenêtres quadrangulaires, des encadrements typiques du régionalisme catalan sont conservés. Le rez-de-chaussée est scandé par trois baies en plein cintre formant un triplet (salle à manger), délimitées par des colonnes à chapiteaux sculptés en pierre de taille. L’encadrement en plein cintre est constitué de plates-bandes formées de claveaux (granit), réhaussées par un arc de décharge. Cette ouverture est surmontée de deux carreaux stylisés à motifs floraux et d’une baie géminée à pilier central décoré de modillons circulaires, correspondant au premier étage. Le dernier niveau est marqué par la présence d’une grande baie vitrée, protégée par un toit débordant en tuiles canal reposant sur des chevrons en bois. Ceux-ci sont placés au-dessus d’un cadre de charpente en bois, qui prend appui sur des jambages en pierre de taille. La partie inférieure des jambages est intégrée au sein d’un balcon à piliers latéraux sur consoles incurvées, gravés en leur centre de motifs géométriques. Enfin, la façade arrière (Est) comprend une véranda à toiture en appentis (tuiles canal), qui avait autrefois la fonction de pergola avec des poutres horizontales pour la partie supérieure, comme l’atteste une ancienne photographie prise au 20e siècle. La façade dispose également d’une ouverture de type lucarne, encadrée de pierre de taille en granit et surmontée d’une toiture à bâtière, sur cadre de charpente en bois. Tout comme les précédentes baies décrites, cette ouverture mélange un style classique avec l’utilisation du granit en pierre de taille pour les encadrements et les éléments décoratifs, au côté d’une architecture plus traditionnelle (usage du bois) et vernaculaire. L’intérieur de la maison de Mas-Chancel conserve du mobilier et un décor réalisé par Gustave Violet, qui collabora dès les années 1930 avec l’architecte. Il s’agit de statuettes ou encore de vases en terre cuite. Son œuvre qui marque par son très bon état de conservation est la grande frise en bas-relief, située sur l’un des murs de l’habitation. Longue de 3,40 m sur 0,70 m de largeur, le bas-relief représente dix personnages en pied, avec en fond des arbres qui viennent créer un rythme à la composition. Il s’agit de sept femmes se rendant à une fontaine (ou qui en reviennent), portant une coiffe et vêtues de châles et de tabliers. Au côté d’elles se trouve un groupe de trois hommes, qui semblent discuter fermement. Ce bas-relief a été réalisé avec la technique de décoration sur ciment frais par grattage à la spatule de bois, afin de créer les reliefs du dessin [BATLLE, GUAL, 2018, p.216].

  • Murs
    • granite moellon
    • granite pierre de taille
    • schiste moellon
    • ciment maçonnerie
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    ardoise, tuile
  • Plans
    plan allongé
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur
    • escalier dans-oeuvre
  • État de conservation
    remanié
  • Techniques
    • peinture
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1956/10/16
    classé MH, 1983/03/21
  • Précisions sur la protection

    Porte méridionale : Classement des fresques romanes ornant le tympan et l’intrados de l’arc d’encadrement du tympan par arrêté du 16 octobre 1956

    Église : Classement par arrêté du 21 mars 1983

  • Référence MH
  • L'église Sainte Marie de Riquer et son tympan peint. In Etudes Roussillonnaises revue d'Histoire et d'Archéologie Méditerranéennes, n°1. 1956. 100 pages.

    Médiathèque de Prades
  • Guides touristiques des Pyrénées-Orientales. Prades. 1969. 86 pages.

    Médiathèque de Prades
  • A.D.P.O. 1 Q P 266. Biens de première origine du district de Prades, vente : affiches des estimations et soumissions, procès-verbaux d’enchères, procès-verbaux d’adjudication, 28 novembre 1790 – 13 mai 1792.

    AD Pyrénées-Orientales

Documents d'archives

  • Fonds FOURQUET-TURREL

    Catllar

Bibliographie

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie