L’église Sainte-Marie de Riquer est mentionnée en 948 dans un acte d’un certain Bernard, fils de Guantà, qui en fait la donation à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa [PONSICH, 1956, p.51]. Elle est citée en tant que cella de la villa de Catllà, soit une dépendance de l’église paroissiale dédiée à Saint-André. L’édifice est également mentionné au centre d’un domaine carolingien, comprenant une ferme qui la jouxte. Les possessions de l’abbaye sont confirmées en 968 dans le privilège du pape Jean XIII, qui évoque l’église Sainte-Marie au côté de l’église dédiée à Saint-André [CAZES, 1977, p.23], ainsi que dans une lettre adressée en 986 par le pape Jean XVI à l’abbé Garin, à la demande du Comte Oliba-Cabreta .Dans le troisième quart du 11e siècle, Bernard, fils de Seniofred, fait rebâtir la cella afin de la constituer « en propre et perpétuelle habitation de moines, indépendante de l’église de Saint-André ». De nombreuses protestations furent émises, notamment de la part de Pierre Ysarn, détenteur du fief de l’église de Saint-André. L’affaire est alors portée devant l’évêque d’Elne, Raymond d’Ampuries, qui conseilla aux membres de l’église paroissiale d’obtenir des vignes en bénéfice et de recevoir des indemnités, dont quarante sols de deniers pour Pierre Ysarn. Par ailleurs, il fut spécifié qu’aucun membre du clergé ni bâtisseur du site ne soit désigné seigneur de l’église Sainte-Marie, en dehors des moines et de l’abbé de Saint-Michel-de-Cuxa. Le nouvel édifice fut donc consacré le 5 avril 1073 par l’évêque d’Elne [CAZES, 1969, p.29].
Plusieurs transformations sont faites au cours des siècles suivants dont le déplacement de l’entrée principale, probablement au 13e siècle. A cette époque, les biens rattachés à l’église prieurale Sainte-Marie de Riquer sont des terres situées sur le territoire de Catllar, ainsi que plusieurs habitats de type manse en Cerdagne. Jusqu’à la révolution française, le prieur de Riquer bénéficie de tous les revenus propres du prieuré, dont Pierre d’Axat en 1249 et Guillem de Monarch, désigné en 1268 et 1275. La connaissance de ces prieurs est connue grâce à Pierre Ponsich, qui élabora dans les années 1950 une liste des prieurs de Riquer du 13e siècle au 18e siècle à partir des archives des Pyrénées-Orientales et des écrits de Bernard Alart. Cette liste fait mention au 14e siècle de trois prieurs, que sont Adam (1300), Guillem de Casteylet (1370, 1382) et Bernard Lorda (1387, 1391, 1393, 1406, 1407, 1414). Ce dernier est remplacé au 15e siècle par Bertrand Juher (1457, 1461) puis par Berenguer Rodon (1480, 1482, 1487, 1495, 1498, 1501, 1507) entre les 15e et 16e siècles.De nombreux prieurs marqueront l’histoire du site jusqu’au 18e siècle ; il s’agit de Pierre Arnaud de Banyuls (1529, 1539), Francesc de Oros (1580), Frances Bès (1599, 1600, 1601), Pierre Nébot, de Perpignan (1628), Francisco Garau (1646, 1647), Joseph Soler (1672, 1685), Joseph Cabaner (1686, 1695), Bonaventura de Rocabruna et de Vilalonga (1694, 1707, 1724), Joseph de Reart et Taqui (1739), Raymond Rovira (1740, 1743, 1772) et de Miquel Ribes (1772, 1775, 1791). Au cours de la révolution française, les biens de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa sont vendus et confisqués. L’église de Riquer ainsi qu’une « bâtisse servant de masure » attenante sont ainsi proposées à la vente, pour la somme de 13 000 francs le 25 mars 1791, dans les salles du directoire du district de Prades [A.D.P.O. 1 Q P 266]. De plus, deux cloches de l’église sont réquisitionnées et envoyées à l’Hôtel des Monnaies de Paris, afin d’être réutilisées pour la fabrication des monnaies.
A la fin du 19e siècle, le prieuré est transformé à de nombreuses reprises, notamment en dépendance agricole. La chapelle est alors divisée en deux parties par une cloison, avec une séparation nette entre le rez-de-chaussée destiné à l’écurie et le niveau supérieur, tout juste aménagé pour le stockage du fourrage. Trois portes vont être percées, tandis que la porte méridionale est condamnée. Par la suite, des cuves à vin sont installées au côté de tonneaux en bois, dont les photographies prises dans les années 1980 par l’archéologue André Signoles, permettent de visualiser l’état de délabrement du lieu. En effet, lors du rachat dans les années 1960 de la chapelle, des granges et de la maison mitoyenne par les familles Jaulent-Baus, l’édifice est totalement à l’abandon. De nombreux travaux de restauration seront ainsi réalisés, grâce à l’impulsion de l’Association culturelle Notre-Dame de Riquer, engagée dans des actions de protection et de valorisation du site, comme l’organisation des Rencontres Culturelles de Riquer, visant à faire découvrir de nombreux musiciens actifs en France et à l’International. Les restaurations sont entreprises dès 1992, avec la réfection de la charpente ainsi que de la toiture en lloses de l’église. De plus, la porte primitive méridionale est dégagée en 1995 et à nouveau ajourée, avec l’installation d’une nouvelle porte en bois. Les éléments présents depuis la transformation de l’édifice en grange sont supprimés, dont la cuve en béton (1999). Enfin, les ouvertures de la façade occidentale sont remplacées par des portes en chêne, et les vitraux réalisés par Gérard Milon entre 1999 et 2000. Par ailleurs, des décorations ont été sculptées à la main par des compagnons, dont les poutres à tête de chat de la tribune.Les peintures de l’arc de décharge et le tympan peint de la porte méridionale ont été mises au jour en 1954, par l’archéologue Pierre Ponsich. Cette découverte relativement rare en contexte vernaculaire, a permis de classer les décors au titre des Monuments Historiques.
Le dernier corps de bâtiment du Mas Riquer (parcelles 0A 627 et 626) portant l’actuelle n°5 rue de la Têt, est caractéristique de l’architecture régionaliste, prônée par Edouard Mas-Chancel. En effet, l’architecte en fit sa résidence personnelle à la fin de sa vie, entre les années 1940 et 1950. Les travaux ont débuté le 15 novembre 1932, comme l’atteste un cahier des charges concernant les travaux réalisés au Mas Riquer (non daté).
Architecte régionaliste actif au 20e siècle