Dossier d’œuvre architecture IA66003501 | Réalisé par
  • pré-inventaire
Présentation de la commune de Tarerach
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Tarerach

Tarerach des origines au 12e siècle

L’occupation du territoire de Tarerach remonte à la période Préhistorique, comme l’atteste la présence de deux dolmens (dits de « la Barraca » et de « la Llussanes ») situés à proximité de vignes agricoles entourant l’actuel mas Llossanes (autre variante du nom) et de la Route Départementale D35C. Ceux-ci ont été édifiés à une centaine de mètres l’un de l’autre en dehors du village actuel, au niveau de l’actuel frontière entre Tarerach et la commune d’Arboussols-Marcevol. Leur datation est complexe à établir. Cependant, la découverte au dolmen de « la Barraca » de fragments de céramiques du Néolithique final, de fragments d’anneaux-disques en chloritoschiste ainsi que de broyons de quartz dans les années 1970 par l’archéologue Jean Abélanet, permet de dater approximativement leur première utilisation autour de 2 200 avant J.-C [ABELANET, 1990, p.187]. De plus, l’édification des dolmens s’est largement répandue dans le Midi de la France à l’Age du Bronze.Les deux monuments mégalithiques se situent au cœur d’un site préhistorique très étendu. En effet, lors d’explorations du dolmen de « la Barraca » par Jean Abélanet en 1972, un affleurement rocheux gravé fut découvert à l’Est de l’actuel mas du Domaine des Trois Orris, à proximité de la pente Est du Valat (ou ravin) de la Figuerassa. Les gravures analysées caractérisent l’art rupestre dolménique, lié aux cultes préhistoriques. Au niveau de la paroi Sud, les gravures s’étendent sur une largeur d’environ 1, 50 m, avec des représentations de petites croix et de figures anthropomorphiques. La paroi Nord comprend les mêmes types de figurations, au côté d’un signe gravé en phi et couronné d’une petite cupule au sommet formant une tête (figuration féminine ?). Les blocs positionnés au pied de la paroi rocheuse proviennent du démantèlement de l’affleurement. Cependant, certains d’entre eux sont gravés, avec une volonté intentionnelle de les positionner à cet endroit. Vingt-six blocs aux motifs multiples (croix, signes en phi, anthropomorphes etc.) ont été analysés par Jean Abélanet. Ceux-ci datent d’époque différentes, comme les rouelles gravées (figuration du soleil ?) datées du Bronze Final, ou encore les gravures de marelles attribuées à une production du haut Moyen Âge.

Au Nord-Est de la commune de Tarerach, le Roc del Moro correspondant à deux pitons rocheux, fut habité dès la période Protohistorique, comme l’atteste la découverte d’un oppidum par l’archéologue François Roig dans les années 1960 [KOTARBA,CASTELLVI, MAZIERE, 2007, p.185]. Des fonds de cabanes en pierres sèches ont été mises au jour, ainsi que du mobilier daté du premier Âge du Fer. En effet, les campagnes de prospections menées entre 1996 et 2001, ont permis d’étudier une centaine de céramiques fragmentées, correspondant à des urnes à col ouvert. De plus, les prospections attestent de l’existence d’une réoccupation du site au cours du haut Moyen Âge, avec la présence de céramiques datées de l’époque carolingienne.

La localité de Tarerach est mentionnée pour la première fois en 950, en tant que possession de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa, dans une bulle du pape Agapit II [RAMOS IMARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p.515] De plus, un privilège daté de 958 et accordé au monastère par le roi Lotari à la demande de la reine Gerbergala, indique la « villa Tarasago com terminis et finibus suis » . Les biens de Saint-Michel-de-Cuxa dont la « Villam Taresagi », sont à nouveau présents dans une bulle du pape Joan XIII en 958. Tarerach est considéré dès le milieu du siècle en tant que seigneurie, détenue par l’abbaye jusqu’à la révolution française . L’origine étymologique de Tarerach connaît différentes formes, dues à l’évolution du langage et à l’implantation des populations successivement installées sur le territoire. Le domaine peut en effet être rattaché à une formation sémantique tardo-romaine (suffixe en -acum), ou encore d’époque franque avec un nom importé du Midi de la France, rappelant certaines localités présentes comme Terssac, Tarsac et Tarsacq [BASSEDA, 1990, p.700]. Le domaine « Alodem Vultraria » qui se rapporte à l’actuelle lieu-dit de Llossanes, est mentionné au 11e siècle. Il est rattaché à la paroisse de Marcevol, alors dépendante de l’abbaye citée ci-dessus. Celle-ci détient également l’église Saint-André de Tarerach, mentionnée pour la première fois en tant que possession de l’abbaye, dans un privilège du pape Serge IV daté de 1011 [CAZES, 1977, p.35] et accordé à l’abbé Oliba. La « Villam Taresagi integram cum ecclesia ibidem sita, cum decimis et primitiis et omnibus rebus eidem pertinentibus » est en effet évoquée. A cette date, le lieu-dit de Llossanes est inféodé à la famille de Corbiac, dont le seigneur possédait au 11e siècle plusieurs terres sur le territoire voisin de Marcevol. Leur résidence, probablement fortifiée, devait se trouver à Llossanes, comme l’indique la notice de repérage réalisée en Avril 1968 par Anny de Pous. L’archéologue atteste en effet de l’existence d’un probable château à Dotrera (ancien nom du domaine de Llossanes), construit au 11e siècle [DE POUS, 1968]. L’édifice a par la suite été transformé en mas agricole, qui a gardé sa physionomie d’origine. Le lieu-dit Llossanes est situé sur le versant Sud du Roc del Moro, au niveau d’une zone rocheuse où de nombreux vautours viennent s’y abriter. Cette caractéristique géographique se retrouve au XIIe siècle avec la toponymie, où la terminologie « Voltrera » employée pour désigner le site, se rapporte au nom latin « vultur », qui s’applique pour identifier un lieu sauvage et rocheux propice à la venue de vautours.

Tarerach du 13e siècle au 18e siècle

Au 13e siècle, une nouvelle mention de l’église est faite dans les sources historiques, notamment en 1299 avec l’indication d’une « ecclesia Sant Andreae » [PONSICH, 1980, p.124]. Le nom du titulaire apparaît également un siècle plus tard en 1351. Il est en effet question pour le curé de l’église paroissiale de « Sancti Andreae de Taresaco » nommé Guillem Mateu, d’assister à un synode organisé au monastère de Saint-Michel-de-Cuxa. Celui-ci avait été convoqué par l’abbé du monastère, Ramon de Costa . Les 13e et 14e siècles sont marqués par une insécurité grandissante, notamment à cause des pillards des Grandes Compagnies du Guesclin, très actifs dans tous les territoires de la rive gauche de la Têt et installés à Ropidera (Rodès). De plus, la situation géographique de Tarerach nécessite de renforcer la sécurité de la population. En effet, le village est situé en zone frontière entre la France et la Catalogne, depuis le traité de Corbeil signé en 1258, entre le roi de France Louis IX et le roi d’Aragon Jacques Ier. Constituant ainsi la limite Nord de l’Aragon jusqu’au traité des Pyrénées de 1659, le territoire de Tarerach est également limitrophe avec le Fenouillèdes, région considérée comme une vicomté à part entière.Les premières données sur la population de Tarerach au 14e siècle donnent des indications sur le contexte d’insécurité lié à la présence des mercenaires. En effet, Tarerach, compte 8 feux en 1358, 7 feux entre 1365 et 1370, ainsi que 4 feux en 1385 [BATLLE, GUAL, 1973, p.23]. A cette époque, le domaine de Dotera jusqu’à présent compris parmi les possessions de la famille de Corbiac, est récupéré par l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa, au décès du dernier membre en 1376 . Le nom actuel du domaine est véritablement employé dans un acte daté du 28 Septembre 1469 , faisant mention du lieu de Lusanes (variante du nom actuel, Llossanes). Celui-ci peut se rapporter au nom du propriétaire, ou encore à un ancien lieu domanial formé du latin « Lucius » avec le suffixe tardif « -anas ». De plus, des influences importées de Catalogne Sud sont possibles, notamment avec l’existence de la région de Lluçanès . Au 16e siècle et notamment en 1553, Tarerach ne compte plus qu’une seule famille [PONSICH, 1980, p.32], conséquence des ravages des grandes pestes qui sévissent dans le territoire. Peu d’éléments historiques sont connues en dehors de cette baisse très importante de la démographie. C’est également le cas pour le 17e siècle, où les données concernent essentiellement la toponymie et la situation géographique de Trévillach. En effet, à la suite de l’annexion du Roussillon à la France en 1659, le village reste une zone frontalière entre les terres roussillonnaises et languedociennes. En 1628 et 1632, la dénomination « Tararach » est employée, puis le nom actuel « Tarerach » dès 1750 . Le nombre de feux recensés seulement au 18e siècle, permettent de constater une nette amélioration des conditions de vie, avec 15 feux en 1740, 151 habitants entre 1792 et 1793 et 126 habitants entre 1798 et 1799 [BASSEDA, 1990, p.43, 51 et 54]. De plus, une enquête économique datée de 1775 fait état de la superficie des terres labourables, qui représentent une centaine d’hectares. Cette donnée reste relativement faible, étant donné que de nombreuses terres sont à l’aspre. La vigne qui est l’une des principales activités agricoles, représente environ 40 hectares, dont plusieurs parcelles sont des propriétés d’habitants de la commune voisine de Vinça . Le 18e siècle est marqué à Tarerach par la pratique de la contrebande, notamment dans le trafic du faux-saunage, afin de tirer des bénéfices intéressants sur la vente de sel en Espagne. En 1739, un convoi de sept mules portant du sel d’Espagne, est intercepté par les gardes de la gabelle, non loin du village d’Estagel dans le Fenouillèdes. À la suite de plusieurs enquêtes menées pour connaitre les noms des contrebandiers, des témoins révèlent avoir reconnus les Faux Sauniers, qui sont des habitants de Tarerach. Onze hommes arrêtés seront finalement déclarés non-coupables et certains condamnés à payer une amende de 300 livres, à l’issu de leur procès réalisé en 1740 [A.D.P.O., Série 2B,1920].

Tarerach du 19e siècle à nos jours

Durant la première moitié du 19e siècle, la population s’accroît, avec un recensement de 172 habitants en 1846 [PONSICH, 1980, p.32] . La culture viticole est en plein essor et de nombreux aménagements de terrasses en pierres sèches appelées feixes sont réalisés. Il est fait mention de ces terrasses en 1801, à travers une offre de prise en fermage de terres à Tarerach. Il s’agit de terres cultivées pour la vigne au lieu-dit Mas d’en Baille, dont une première de 35 ares et demi de terre et une seconde pouvant accueillir 15 rangées de vigne. Le preneur de cette dernière terre devra prévoir « six journées d’hommes pour relever les murailles » [A.D.P.O.,3 E7/1, fol. 214-215], soit les terrasses prévues à cet effet. Les données démographiques recueillies en 1851 (158 hab.), 1872 (109 hab.) et 1891 (128 hab.), attestent d’une baisse significative de la population. De plus, avec la première guerre mondiale, le nombre d’habitants décline nettement, où 96 habitants sont recensés en 1921, contre 111 en 1911 [BATLLE, GUAL,1973, p.78]. Pour autant, l’économie locale reste toutefois stabilisée à l’entre-deux-guerres, notamment avec la construction de la cave coopérative en 1928, à l’entrée Est du village. Celle-ci est caractéristique de l’architecture industrielle de l’époque, avec la généralisation du modèle de la cave à bâtiments multiples, aménagés progressivement dans le temps. Le bâtiment principal est reconnaissable par son mur pignon, qui comporte une porte centrale métallique et coulissante, s’ouvrant sur le quai de déchargement. Au niveau supérieur, une fenêtre quadrangulaire est surmontée de deux cartouches blanches portant les inscriptions « CAVE COOPERATIVE » et « 1928 ». Les bâtiments annexes sont des agrandissements successifs de la cave, qui ont débuté dès 1967 avec la partie Nord. Celle-ci est complétée vers 2004 avec la construction d’un bâtiment avec un toit en appentis. La face Sud est également prolongée entre les années 1960, 1970 et 1980 par des annexes, ainsi que la face Ouest. L’ensemble de ces deux faces est terminé entre 1990 et 1995 . La cave a fusionné avec celle de Vinça vers 2018, elle-même rattachée depuis la fin de l’année 2019 à celle de Tautavel Vingrau. Encore en fonctionnement, la capacité maximale de vinification est actuellement estimée à 20 000 hectolitres par an . La cave possède un quai de déchargement dans la partie Sud, qui donne accès à un égrappoir, permettant de séparer du raisin les feuilles et tout type de corps étrangers. Le raisin est ensuite réparti dans des cuves, dont celles en béton situées dans la partie la plus ancienne du bâtiment entre le rez-de-chaussée et le niveau supérieur. Au nombre de 12, ces cuves peuvent contenir individuellement 250 hectolitres de vin. Après la fermentation, le marc sorti de la cuve est envoyé vers les pressoirs pneumatiques en inox via un tuyau souple. A l’origine, le décuvage était transféré dans un pressoir en bois fonctionnant sur rails, encore conservés. Le jus de raisin ainsi obtenu (appelé moût), est évacué par des trappes puis chargé dans un camion pour la distillerie de Saint-Féliu-d’Avall. Plusieurs cuves ont été construites dans les années 1970, dont celles en acier émaillé de forme cylindrique provenant de Lyon, et la cuve n°24, avec une capacité de stockage de 560 hectolitres. A la fin des années 1990, la cave se dote de cuves avec chapeau flottant. Malgré la réduction progressive du nombre d’exploitations agricoles sur le territoire de Tarerach, la superficie des terres cultivées dans les années 1990 estimée à 226 hectares (soit 13 exploitations), est en augmentation par rapport à 1982, dont le recensement fait état de 156 hectares [PÀGES, PUBILL,1996, p.112]. De plus le vignoble prédomine avec 178 hectares de cépages, contre 39 hectares de pâturages et fourrages, 7 hectares d’arbres fruitiers (essentiellement des pêchers) et 2 hectares de légumes cultivés . Actuellement, le vignoble reste beaucoup moins représenté que pour les périodes antérieures. Néanmoins, plusieurs labels de qualité sont attribués à la production du vin de Tarerach, dont les appellations Languedoc, Côtes Catalanes, Pays d’Oc et Côtes du Roussillon.Les années 2000 sont marquées par les ravages d’un incendie volontaire, déclenché le 22 août 2005 entre les territoires de Tarerach et de Montalba-le-Château. Eteint trois jours plus tard, l’incendie a détruit 1970 hectares. Ce dernier s’est très vite propagé vers les hauteurs de Rodès (plateau de Ropidera), sur la rive Sud de la Têt au niveau du Col de Ternère et du village de Bouleternère. Plusieurs prospections archéologiques effectuées entre 2005 et 2006 sur les zones touchées par l’incendie, ont permis de découvrir à nouveau des vestiges archéologiques non loin du mas Llossanes, dont des industries lithiques moustéroïdes en quartz [PASSARRIUS, CATAFAU, MARTZLUFF, 2009, p.13].

D’après le recensement de la population en vigueur à compter du 1er Janvier 2019, Tarerach compte un total de 51 habitants. Le nombre est stabilisé par rapport à la fin du 20e siècle, où 56 habitants sont recensés en 1968 [BATLLE, GUAL, 1973, p.78]. Dans l’ensemble, un vieillissement de la population est observé, avec une majorité de retraités. Par grandes tranches d’âge, la population compte 28% de 60 à 74 ans, 22% de 45 à 59 ans, 18% de 30 à 44 ans, ainsi que 8,0% de 15 à 29 ans et de 0 à 14 ans. De plus, en comparaison avec l’ensemble des communes de France, celle de Tarerach comptabilise 50 % de retraité, contre 29,2 % (données Insee de 2016). Les autres catégories socioprofessionnelles représentatives de la commune concernent les employés, ainsi que les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (même taux à 16,7 %).

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité, Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Caractéristiques paysagères et hydrauliques

Tarerach est une commune du Conflent de 816 hectares, délimitée au Sud par les villages de Vinça et d’Arboussols-Marcevol, au Nord par Campoussy et Trévillach et à l’Est par Montalba-le-Château. La limite du territoire à l’Ouest et au Sud-Ouest est marquée par des éminences rocheuses, que sont le Roc del Couret ou Curet (868 m d’altitude), le Roc del Cucut (808 m) et le Roc del Moro (868 m). De plus, trois axes structurants maillent le territoire de Tarerach. Il s’agit de la D13, accessible depuis le pont sur la Têt de Vinça, qui traverse le village en direction du Col des Auzines (commune de Trévillach), de la D35C permettant de relier Tarerach aux territoires d’Arboussols-Marcevol et Marquixanes, ainsi que de la D17 à l’Est rejoignant le village de Montalba-le-Château. Par ailleurs, le GR36 Tour des Fenouillèdes passant par Tarerach, relie les principales localités de l’ancien canton de Sournia.

Le territoire est traversé par plusieurs correcs (ravins en catalan), dont le Rec del Ca, formé au niveau des contreforts du Roc del Curet. Celui-ci vient alimenter la rivière de Tarerach (longe la D13), qui se déverse dans la Têt à hauteur de la retenue d’eau de Vinça. Le terme Rec désigne à l’origine un petit ruisseau de montagne, dont la dénomination apparaît souvent dans les textes médiévaux. Celui del Ca est certainement un des plus anciens cours d’eau. Il apparait sur le cadastre napoléonien de 1819 au Nord de Tarerach.

De nombreux correcs relient le Rec del Ca, notamment ceux prenant leur source aux lieux-dits « Els Bacs » et « El Bosc Negre ». Il s’agit de ravins creusés par les eaux de pluie, dont certains peuvent être approvisionnés par des sources souterraines. De plus, l’un des plus importants correcs permet l’arrosage des jardins aménagés à l’Est du village, appelés « Les Horts de la Fon », soit les jardins de la fontaine. En effet, ce cours d’eau alimente une fontaine, dont l’indication apparait sur le cadastre du 19e siècle.

Une grande partie du territoire est recouvert par un maquis constitué d’une végétation de type méditerranéenne développée sur un sol siliceux, avec la présence de chênes verts, cistes ou encore de genévriers. Cette formation buissonnante résulte des nombreux défrichements et surpâturages effectués au cours des siècles, conduisant ainsi à un dessèchement rapide du sol.De plus, la vigne qui caractérise également le paysage, s’est principalement développée dans les replats au Sud et à l’Est du village, au niveau des mas Llossanes et du Domaine des Trois Orris, ainsi que du côté de l’ancien moulin Barère (vignes cultivées jusqu’à la fin du 19e siècle). Les toponymes actuels que sont « Camp de les Vinyes », les « Vinyes d’Amunt », ou encore les « Vinyes del Moli », rappellent l’existence de vignes cultivées. Celles-ci sont au moins présentes depuis le 19e siècle, comme l’atteste leur mention sur les plans cadastraux. Le moulin de Barère est implanté au confluent de la rivière de Tarerach et de deux ravins, alimentés par des eaux de sources souterraines. Avant l’aménagement de l’actuelle route Départementale 13 au début du 20e siècle , l’accès à l’édifice s’effectuait par l’ancien chemin de Vinça à Montalba, également appelé chemin royal ou Cami Real en catalan.

Patrimoine vernaculaire : constructions en pierres sèches

Les deux dolmens présents sur le territoire sont caractéristiques des constructions en pierres sèches, qui témoignent d’un savoir-faire ancestral, lié au culte des morts. Comme la plupart des dolmens présents dans le département, ces monuments funéraires destinés à accueillir des sépultures collectives, sont orientés Sud-Est. Comme son nom l’indique, le dolmen de « la Barraca » (abri fermé en catalan), a permis d’abriter les bergers et agriculteurs au cours des derniers siècles. Il est signalé pour la première fois dans l’article « Le Roussillon Préhistorique », paru dans la revue Ruscino (1922) et écrit par Pierre Vidal. Il fut occupé à toutes les époques, notamment dès le Néolithique final. De plus, des restes de céramiques datées du Chalcolithique, des Âges du Bronze et du Fer, du Moyen Age ainsi que de la période contemporaine ont été retrouvés. Relativement bien conservé, le dolmen comprend cinq grandes dalles de granit d’une hauteur de 1 m 13 et plantées verticalement, qui délimitent une chambre rectangulaire. Celle-ci conserve son dallage et a une longueur de 2 m 60 ainsi qu’une largeur au chevet de 1 m 60. L’accès à la chambre s’effectue par un couloir d’entrée matérialisé par quatre autres dalles de granit de taille plus petite. Celle qui sert de couverture est l’une des plus imposantes du département des Pyrénées-Orientales, avec une longueur de 3 m 13 sur une largeur de 2 m 35. Son épaisseur moyenne est par ailleurs de 25 cm. A 100 m environ de ce mégalithe, le second dolmen recensé est en plus mauvais état. Sa couverture étant disparue, il ne reste plus que les dalles en granit de la chambre, disposées de manière horizontale, ainsi que quelques empierrements extérieurs. Ceux-ci constituaient à l’origine le tumulus de protection du dolmen, comme c’est le cas pour celui du dolmen de « la Barraca » encore partiellement conservé. Le tumulus qui servait également à délimiter la zone sacrée, devait être reconnaissable par sa forme circulaire.

Ces deux dolmens sont des constructions dites « simples », dont la typologie se rapproche de la plupart de ceux encore visibles dans le département des Pyrénées-Orientales. La chambre rectangulaire ou de forme carrée est constituée de dalles, avec une entrée qui pouvait être fermée par une porte en bois ou une dalle en pierre . Aucun système de fermeture n’est actuellement visible sur les dolmens de Tarerach, certainement à cause des nombreux pillages qui ont été effectués dans le temps. Ces dolmens sont construits avec des matériaux trouvés sur place, dont le granit qui caractérise une grande partie de la rive gauche de la Têt. En Roussillon et Conflent, l’implantation de ce type de mégalithe est volontairement choisie. Les dolmens sont situés sur des sites permettant d’avoir une vue dégagée, comme les lignes de crêtes ou encore les plateaux, comme c’est le cas à Tarerach. De plus, ces édifices sont très souvent localisés à proximité d’une source, non loin de laquelle devait se trouver un habitat préhistorique. Le cadastre napoléonien permet de repérer une ancienne résurgence située à l’Est du mas Llossanes, qui alimente le ravin de la Figarasse, reliant la rivière de Tarerach. Cette source correspondrait à l’emplacement d’une structure bâtie en pierre sèche (fontaine ?) construite certainement au 19e siècle. Le dolmen de la « Barraca » reste exceptionnel par sa conservation ; sa situation en limite des territoires de Tarerach et d’Arboussols-Marcevol est certainement une raison qui a conduit à le sauvegarder. En effet, les rares dolmens encore relativement bien conservés, jouaient le rôle de frontière probablement à l’époque moderne. De plus, le plateau granitique sur lequel se trouve les dolmens était un ancien axe de transhumance, qui permettait de relier la plaine du Roussillon aux pâturages d’altitude . La démarcation de cet axe était ainsi visible à travers l’édification d’architectures mégalithiques.La destruction des dolmens est vraisemblablement appliquée dès le Ve siècle, avec l’ordonnance de l’an 455 après J.-C. promulguée par l’église, interdisant la vénération des pierres tombales de ce type. Dans ce sens, plusieurs inventaires destinés à la connaissance et à la protection des dolmens en Roussillon et Conflent ont été réalisés par les professionnels de l’archéologie au 20e siècle. Ainsi, Pierre Ponsich recensa plus de 39 dolmens en 1950. L’archéologue Jean Abélanet répertoria quant à lui 90 dolmens dans les années 1980.

Témoignage de l’occupation humaine sur le territoire de Tarerach à l’époque Protohistorique, l’oppidum du Roc del Moro est un ancien village défensif qui peut être daté d’environ 1200 avant J.-C. Les fouilles archéologiques entreprises dès les années 1960, révèlent l’implantation d’un habitat constitué de cabanes en pierres sèches, protégé au niveau du piton le plus abrupte par une enceinte maçonnée entourant les faces Nord et Sud. Celle-ci est constituée de moellons de granit grossièrement taillés et à joints secs. Le sommet du piton conserverait encore les vestiges d’une cabane rectangulaire d’une hauteur de 1,40 m, sur une largeur de 1,70 m et une longueur de plus de 12 m. Faisant suite à la campagne d’exploration aérienne du site menée entre les années 1983 et 1985, les archéologues Françoise Claustre et Jean Vaquer ont pu effectuer de nouveaux relevés, notamment de cabanes de plan rectangulaire, pouvant mesurer entre 10 m et 14 m de long, ainsi que 5 m de large. Actuellement, le Roc del Moro reste difficile d’accès, c’est pourquoi les illustrations intégrées dans ce diagnostic proviennent des principales ressources bibliographiques citées.

Tout comme la commune voisine d’Arboussols-Marcevol, celle de Tarerach conserve des vestiges de cabanes en pierres sèches, construites spécifiquement pour un usage agricole. Celles observées sont des cabanes de vignerons, implantées en bordure de champs viticoles, certainement érigées dans la seconde moitié du 19e siècle. En effet, c’est à cette période que l’agriculture est en plein essor sur tout le versant granitique du Conflent, développé au Nord de Vinça. A Tarerach, la plupart des cabanes ont une voûte en encorbellement, composée de pierres disposées sur un plan quadrangulaire. Elles sont adossées à des murettes où à des rochers déjà existants. L’une d’entre elles en très bon état de conservation, est recensée sur la base de données Wikipedra, qui est un outil participatif permettant de signaler les constructions en pierres sèches. Localisée en bordure de la route D17, à l’Est de Tarerach , la cabane est positionnée contre un muret, délimitant le champ viticole dans lequel elle se trouve. Elle est constituée de pierres provenant en grande partie de l’épierrage du champ, destiné à la culture de la vigne. Il s’agit de blocs de granit gris équarris, élevés selon le principe de la voûte en encorbellement. Les blocs sont alors posés l’un sur l’autre, et se soutiennent entre eux grâce au léger décalage créé par leur positionnement. De plus, l’espace entre les blocs est comblé par des petits cailloux. La voûte est comblée en partie sommitale par des grandes pierres plates ainsi que des petits moellons de granit. L’angle Sud-Est a été restauré, avec l’adjonction de ciment entre les blocs de granit.

Le paysage du territoire de Llossanes est façonné par les constructions en pierre sèche, dont plusieurs vestiges sont actuellement observés. C’est le cas d’une cabane construite à l’Est du mas, au cœur d’un ancien vignoble développé en légère pente. Construite selon la même typologie que la cabane décrite ci-dessus, son bon état de conservation est lié à la stabilité apportée par un rocher en granit, sur lequel repose toute la face Ouest. Le système d’irrigation de la parcelle viticole est encore présent, avec les vestiges d’un canal (ou rigole ?) en pierre sèche, qui permettait de récupérer les eaux de pluie pour l’approvisionnement en eau des cultures. De plus, l’alimentation en eau s’effectuait probablement depuis l’ancienne source citée plus haut dans le diagnostic, dont la résurgence est située sur une parcelle agricole du domaine des Trois Orris. Ce point d’eau est protégé par une structure voûtée en plein cintre orientée Ouest-Est, qui pourrait correspondre à une fontaine construite postérieurement. La fontaine est terminée par d’imposants blocs de granit dressés verticalement, avec des interstices comblés à l’aide de pierres plates (schiste et granit). Sa partie supérieure est constituée de pierres plantées de chant (face la plus étroite de la pierre). Les parois intérieures de la fontaine ont un débord de granit, dont l’usage est actuellement complexe à définir.

L’architecture des terroirs viticoles se caractérise également par la présence de cortals, édifiés à proximité de vignes. Ce sont des constructions isolées, qui sont généralement des annexes de la maison principale d’habitation . A Tarerach, les cortals visibles à proximité de chemins ruraux sont des bâtiments à un seul volume, qui peuvent être qualifiés de « maisonnette » . La largeur de la façade principale est plus importante que celles des cortals du village. De plus, l’espace intérieur comprend un maximum de deux pièces. Les fonctions des cortals de Tarerach sont certainement multiples ; ces derniers peuvent en effet servir d’abri pour le vigneron, de local pour entreposer les outils, ou encore d’habitat temporaire. L’un de ces cortals situé non loin du mas Bonnecase (à proximité de la D13), est construit légèrement en pente en bordure de vignes. Il conserve les caractéristiques de l’architecture traditionnelle, avec une porte d’entrée d’origine à arc surbaissé en cayrous, ainsi que le développement en bâtière et en tuiles canal (restaurées) de la couverture. La fenêtre de l’étage supérieur désaxée par rapport à la porte, a eu plusieurs remaniements, comme le rajout de ciment pour consolider les côtés. Un second cortal, localisé à environ 200 m du précèdent, garde les mêmes spécificités, notamment au niveau de la porte en bois qui présente le même type d’encadrement. Le niveau supérieur comprend quant à lui une petite ouverture rectangulaire. Ces deux cortals sont difficilement datables précisément, mais se rapportent à une architecture particulièrement en essor entre les 19e et 20e siècles. Leur présence n’est pas indiquée sur le cadastre napoléonien, ni même le mas Bonnecase qui est l’habitation la plus proche des cortals.

Matériaux de construction

Les constructions et aménagements observés sur le terrain ont été réalisés à partir de matériaux locaux, dont le granit est le principal utilisé depuis l’époque préhistorique. En effet, le territoire est compris dans le relief granitique de Montalba-Tarerach, réputé pour la formation de chaos, constitués d’un amoncellement désordonné de blocs rocheux, ainsi que d’arènes granitiques. La plupart des aménagements à usage agricole réalisés par l’homme sont en granit, comme les feixes (terrasses en catalan), qui sont des murettes agricoles permettant de retenir la terre sur les pentes. Quelques terrasses de ce type sont présentes sur le territoire, notamment au niveau de l’ancien moulin de Barère (annexe 10). Le granit, systématiquement employé dans l’édification des maisons d’habitation, provient de carrières locales comme celle de Rodès (la Devesa), dont l’exploitation fut très importante au 19e siècle. La carrière, abandonnée dans les années 1930, fournissait en effet plusieurs localités du Conflent, ainsi que des grandes villes hors des Pyrénées-Orientales comme Toulouse et Marseille. Les matériaux extraits de carrières ont également été employés pour l’aménagement routier, notamment de l’actuelle route Départementale 13 qui relie Vinça à Tarerach. Elle a probablement été construite au début du 20e siècle, à partir de matériaux provenant d’une carrière en activité à cette époque, comme l’indique un cartouche gravé conservée en haut d’un piton rocheux. Ce dernier, situé en bordure de la route et face à la carrière, porte l’inscription « ENTREPRISE BLANC C ILLES TRAVAIL PROSPERITE 1910 », avec des S inversés.

L’analyse des matériaux utilisés sur le bâti de Tarerach permet de distinguer plusieurs ouvrages de maçonnerie, rapportés à un type de construction spécifique. Les cortals situés dans le village ainsi que sur les terrains viticoles, se caractérisent par un appareillage apparent, constitué de moellons de granit et de gneiss, utilisés bruts. Dans les cas de rénovation de façade, les angles des murs sont accentués par des blocs de granit équarris. Les moellons sont liés à du mortier, généralement constitué de chaux. Celle-ci est le plus souvent employée dans les constructions, dès la seconde moitié du 19e siècle. En effet, les murs étaient auparavant construits à l’aide de blocs liés à la terre. De nombreuses constructions conservent encore un joint dit « beurré » ou « à pierres vues », consistant à laisser visible les surfaces des pierres employées. Celles-ci doivent être relativement dures et massives, comme c’est le cas du granit. De plus, ce type de jointement permet à la fois de protéger la maçonnerie des intempéries, tout en apportant un aspect esthétique. Quelques cortals conservent encore leur mortier de chaux, malgré les nombreux remaniements postérieurs, comme le comblement des joints au ciment pour les fissures structurelles. La chaux a plusieurs propriétés intéressantes pour le bâti ; elle sert de protection aux façades, participe à l’isolation thermique et permet de réguler l’humidité. Ce dernier point est également apporté par les inclusions de brisures de terre cuite ou encore de mâchefer directement dans l’enduit, observées sur des constructions (remaniées ou non) du 19e siècle.

Les maisons de journaliers ainsi que les fermes (avec ou sans cour), ont des façades entièrement recouvertes d’enduits de chaux ou de ciment. Ces enduits participent au mouvement d’embellissement des façades, observé au cours du 20e siècle. De plus, la mise en valeur des façades est amenée par la pose d’enduits colorés, au côté de l’ordonnancement des baies. Enfin, la majorité des toitures sont recouvertes de tuile canal rouge, matériau caractéristique des constructions traditionnelles du Conflent. Celui-ci est également utilisé pour des éléments d’ornementation, comme la génoise à plusieurs rangs ou les bordures d’édicules. De plus, certaines tuiles de débord sont décorées de motifs géométriques au lait de chaux, technique décorative en essor au 19e siècle. Ce type de décor s’applique sur les granges et les petites fermes.Une grande partie des ouvertures en façades ont fait l’objet de remaniement ; de ce fait, de rares fenêtres conservent leur armature d’origine. La plupart de ces ouvertures remontent au 19e siècle, dont certaines gardent des matériaux caractéristiques de l’époque. C’est le cas de l’habitation n°6 place de l’Église, qui comprend des fenêtres à battants, vantaux et croisillons en bois, ainsi que des garde-corps en fer forgé formé d’épingle à cheveux à enroulements.

Implantation du bâti

Le mas Llossanes est implanté à la frontière entre les territoires de Tarerach et d’Arboussols-Marcevol. Sa situation est vraisemblablement stratégique, puisqu’il domine toute la vallée de Tarerach ainsi que tout le Bas-Conflent. L’édifice primitif devait communiquer avec la tour à signaux d’Arboussols ainsi que la ferme fortifiée de Séquère (commune de Trévillach). De plus, la présence du ruisseau de Llossanes, prenant sa source à proximité du mas et rejoignant la rivière de Tarerach, assurait l’approvisionnement en eau pour le seigneur local.

La commune de Tarerach située en légère pente à 526 m d’altitude, est implantée en pôle, qui s’étend à environ 119 m à l’Ouest de l’église paroissiale Saint-André. Contrairement à plusieurs localités du Roussillon et Conflent construites selon le modèle de la cellera, le village n’adopte pas une concentricité organisée de manière régulière. La plupart des îlots d’habitations visibles actuellement sont déjà bâtis au 19e siècle. Le cadastre napoléonien permet de repérer huit îlots, avec des constructions occupant l’intégralité des parcelles, au côté d’espaces ouverts. De plus, les actuelles places publiques que sont celles de l’Église et de la Mairie sont déjà formées. La place Roger Grieu localisée dans la partie Nord du village, servait quant à elle d’aire de battage des céréales, jusqu’à la seconde guerre mondiale.

Plusieurs parcelles disposent au 19e siècle de cours fermées, dont certaines sont encore présentes actuellement. Ces espaces permettaient très certainement d’abriter le petit élevage. A cette époque, il ne s’agit pas de jardins potagers, étant donné que les terres cultivées sont regroupées à l’Ouest du village (Horts de la Font). Les vestiges du bâti médiéval de Tarerach sont très peu nombreux, en dehors de l’église romane Saint-André et d’un pont en dos-d’âne construit en moellons de pierres locales, au niveau de l’actuelle rue des Figuiers. Le pont situé dans le prolongement d’une ancienne entrée d’habitation remaniée, apparaît dans l’aboutissement du chemin de Palmes, axe structurant qui devait certainement relier le château portant le même nom sur la commune voisine de Campoussy (11e siècle) et Tarerach. Ce chemin est clairement délimité sur le cadastre de 1819, et relie le chemin de Montalba à l’extrémité Est du village.Toutefois, la fonction précise de ce pont n’est pas connue, aucun cours d’eau n’est présent en contrebas de l’arche. L’îlot où se trouve l’église est l’un des plus anciens de Tarerach, qui possède un bâti pouvant être daté des 17e et 18e siècles. L’une des habitations encore présente sur le cadastre napoléonien, a fait l’objet d’une notice de repérage par l’Inventaire Général des Monuments et des richesses artistiques de la France, en Août 1975. Inhabitée et jugée en très mauvais état, cette habitation a été détruite dans les années 2000, notamment pour aménager l’actuelle place des Vignes.

L’analyse des îlots construits à Tarerach permet d’identifier des habitations à grand volume, développées sur un parcellaire très fragmenté. En effet, les cours encloses évoquées plus haut viennent rompre l’alignement sur rue de certaines maisons et permettent une aération du tissu urbain. Par ailleurs, quelques édifices ne possèdent pas de terrain attenant.Les petites unités situées au côté des grands volumes bâtis se rapportent très certainement à des bâtiments annexes détachés de l’habitation principale, avec à l’origine une fonction essentiellement agricole. Certaines de ces unités s’observent sur des parcelles développées en lanière, où la profondeur du bâti est beaucoup plus importante que la largeur sur rue. De plus, certaines parcelles sont issues de fusionnements postérieurs au 19e siècle, comme c’est le cas pour l’actuelle n°0A 144 (habitation n°3 rue des Roses), répartie en deux parcelles sur le cadastre napoléonien. L’identification de ces différents parcellaires, permet de définir trois types de constructions traditionnelles, que sont les fermes de village, l’habitat de journaliers (ouvriers) et les cortals indépendants des espaces de vie domestique (voir leur caractéristique dans la partie typologie de l’habitat). Le cimetière situé à l’Est en lisière du village, est un ensemble de cinq parcelles (130, 814, 816, 839 et 129), délimitées par un mur maçonné en moellons de pierres locales. Comme la plupart des villages du Roussillon et Conflent, cet espace devait être à l’origine au plus proche de l’église. La période de transfert du cimetière à son emplacement actuelle n’est pas connue ; quelques éléments mobiliers permettent de dater approximativement une utilisation du cimetière à la période moderne, comme l’atteste la présence d’une croix en fer forgé datée des 17e et 18e siècles. L’actuelle parcelle n°0A 130, partiellement aménagée pour le cimetière au 19e siècle, est progressivement restructurée au 20e siècle afin d’agrandir l’espace funéraire. Plusieurs clichés aériens pris au début du 20e siècle permettent d’observer la parcelle entièrement occupée par le cimetière. Dans les années 1970, le cimetière est agrandi et le muret de délimitation est prolongé en partie Nord-Est. De plus, les caveaux familiaux sont construits un siècle plus tard.

Les constructions qui bordent au Sud la rue de la Mairie, ont été édifiées entre la fin du 19e siècle et le 20e siècle. Le bâtiment de la mairie construit en 1958, abritait initialement les locaux de l’école de Tarerach. Celle-ci ferma ses portes en 1962, laissant peu de temps après la place à l’actuelle mairie. Certains arbres fruitiers développés dans le même secteur, laissent progressivement la place à des habitations de type pavillonnaire avec des jardins privés, construites entre les années 1970 et 1980 au centre de grandes parcelles. L’étalement urbain est encore très peu présent et de nombreux espaces sont encore employés pour l’agriculture.

Typologie de l’habitat

Le bâti observé actuellement au sein du village de Tarerach reflète le mode de vie des habitants, qui est jusqu’au 20e siècle tourné vers les pratiques agricoles. De plus, l’habitat destiné à une unique cellule familiale, devait regrouper à la fois les fonctions domestiques et agricoles, comme c’est le cas pour les petites fermes de village. Celles-ci peuvent comprendre une cour, bordant la plupart du temps les façades latérales et arrières. C’est le cas de l’actuelle habitation n°11 rue de la Mairie (parcelle n°0A 791), qui disposait encore d’une cour au 19e siècle, comme l’atteste le cadastre napoléonien. L’édifice est agrandi postérieurement, réduisant ainsi l’espace de la cour en jardin privatif. Il s’agit d’une maison à trois niveaux, typique d’une implantation vernaculaire. Elle comprend quatre travées de baies en façade principale, dont la partie Sud-Ouest est un rajout postérieur. L’agencement reprend la typologie d’origine, avec au rez-de-chaussée un espace (cave ?) qui devait abriter une étable. Ce niveau est surmonté d’un perron prolongeant un emmarchement latéral, permettant d’accéder à l’étage supérieur. Cet ensemble actuellement cimenté, est certainement un réaménagement du début du 20e siècle. Si la porte d’entrée au premier niveau semble récente, les fenêtres latérales ainsi que les baies du second niveau sont caractéristiques de la fin du 19e siècle. Elles comprennent en effet des volets avec des contrevents extérieurs en bois repliables en tableau, ainsi que pour l’une des baies, un appui en ciment mouluré.

Le modèle ce certaines petites fermes traditionnelles sur cour est marqué par une délimitation nette de la propriété, avec l’aménagement d’un mur en pierre sèche. Celui-ci permet à partir d’une porte en arc cintré ou surbaissé, de donner un accès direct à la cour de l’habitation. Ces murets viennent généralement border des parcelles redécoupées, créant ainsi des petits jardins enclos. L’îlot situé à l’Ouest de l’église Saint-André est formé de maisons mitoyennes, dont certaines constituent au 19e siècle une seule unité d’habitation. Les actuelles parcelles n°101 (n°4 place de l’Église) et n°104 (n°7 rue des Figuiers) sont issues d’un fractionnement, visible sur le plan de 1819. L’accès à l’entrée principale de l’espace de vie s’effectuait au niveau de l’habitation n°4 place de l’Église, dont la façade a par ailleurs été complétement remaniée au 20e siècle. A l’arrière, l’espace dédié à la cour correspondait avec la remise agricole. Le bâtiment encore conservé de cette dernière, comprend deux niveaux ainsi qu’une toiture en appentis. Il est également accessible par une porte en bois, aménagée dans le muret de la cour. L’absence de terrain attenant à l’habitation s’observe dès le 19e siècle sur certaines parcelles. Cette particularité est visible au niveau de l’habitation n°9 rue de la Mairie, qui ne possède aucun espace extérieur. Sa typologie reste toutefois similaire à celle de la petite ferme sur cour, avec un ordonnancement sur trois niveaux ainsi que la présence de deux travées de baies en façade principale. Ces dernières sont axées aux dimensions décroissantes vers le haut, et rappellent la typologie initiale des fermes de village (hiérarchisation des fonctions entre les différents niveaux). Cependant, le principe d’ordonnancement de la façade principale témoigne d’un remaniement de l’habitation au début de l’époque contemporaine, avec une uniformisation qui rappelle les principes de la maison bourgeoise. De plus, contrairement à l’habitat dit traditionnel, toutes les façades sont enduites.

Les constructions dépendantes de l’habitation sont des remises agricoles dénommées granges ou cortals (abris pour bétail). Ce sont des édifices majoritairement à deux niveaux maçonnés, couverts en bâtière ou en appentis, occupant des parcelles assez étroites et profondes. Traditionnellement, le rez-de-chaussée comprend un portail qui s’ouvre sur la rue et l’étage supérieur une baie de chargement de foin fermée par un volet. A Tarerach, la plupart des granges ont été transformées pour aménager un logement ou un garage à usage personnel. L’actuelle habitation n°3 rue des Roses est issue d’un fusionnement de quatre parcelles, qui comprenaient à l’époque moderne deux constructions bâties. L’une d’entre elles est un ancien cortal, dont la façade sur la place de l’Église affiche plusieurs remaniements au niveau des baies. Le rez-de-chaussée a en effet été transformé en garage, surmonté de deux fenêtres verticales à balconnets, séparées par des cayrous. Le linteau du niveau supérieur a par ailleurs été supprimé. Quelques encadrements d’origine se distinguent au niveau d’ouvertures peu remaniées, notamment des linteaux droits en bois, dont certains sont doublés d’un rang de briques plates en terre cuite. L’une de ces anciennes constructions à usage agricole conserve en façade sur rue deux supports d’un séchoir à fruit en granit, qui est une spécificité traditionnelle également visible dans les villages voisins, comme Arboussols-Marcevol. Certaines granges construites au début du XIXe siècle ne possèdent qu’un seul niveau, comme c’est le cas d’un cortal situé à proximité du cimetière. Contrairement aux autres modèles, l’accès à l’intérieur peut s’effectuer du côté de la rue de la Mairie ainsi que depuis la rue de l’Église, par deux portes en bois à lames verticales.

Enfin, le dernier type d’architecture rurale caractéristique de Tarerach est la maison de journalier (ou d’ouvrier), accolée à d’autres constructions et mono-orientée sur rue. La façade principale possède généralement deux travées de baies, ainsi que trois niveaux. Le rez-de-chaussée servait de remisage pour le bétail ; la hauteur sous-plafond est assez faible, avec une porte d’entrée en bois à un battant. L’accès aux pièces domestiques s’effectue depuis l’extérieur par un escalier latéral. Certaines maisons dépourvues d’escalier témoignent de remaniements postérieurs, comme c’est le cas pour l’habitation n°6 rue de l’Église. Par ailleurs, le dernier étage qui correspond aux combles, comprend une ouverture relativement récente, qui remplace probablement une baie de taille plus réduite. La plupart de ces habitations possédaient un four à pain, comme de nombreux villages ruraux du Conflent. Cependant, aucune construction de ce type n’est visible depuis l’espace public. Les nombreux remaniements effectués au cours du XXe siècle expliquent en grande partie la disparition de ce patrimoine vernaculaire. D’autres éléments de l’architecture traditionnelle sont visibles en façade, dont les pots à moineaux encastrés en terre cuite, appelés pardaleres en catalan, qui servaient à chasser les volatiles. Cette particularité se retrouve également sur certaines granges, dont la n°5 rue des Figuiers.

Architectures du mas Llossanes

Le mas Llossanes est compris dans un vaste domaine agricole, dont le vignoble fut exploité durant plusieurs siècles. Ses terres ont été partagées au cours du XXe siècle, conduisant ainsi au fractionnement en plusieurs parties de la propriété. L’actuelle Domaine des Trois Orris situé au Nord-Est du mas et façonné entre 2003 et 2006, était à l’origine localisé sur le lieu-dit de Llossanes. Il comprend également un mas (cadastré OC 106) construit dans les années 2000. Le domaine composé de 13 hectares, cultive différents cépages, que sont le Grenache noir, le Chenanson, le Carignan, le Lledoner Pelut et le Sirah. De plus, tous les vins produits sont certifiés Agriculture Biologique (AB) et vendus dans plusieurs caves du département, dont Canet-en-Roussillon, Saint-Estève, Perpignan, Collioure ou encore Thuir. Le domaine du Mas Llossanes également certifié AB, produit des vins blanc, rouge et rosé, qui bénéficient de l’appellation AOC Côtes du Roussillon et IGP Côtes Catalanes . Tout le processus de vinification des vins s’effectue dans une cave privée construite dans les années 1980, située au Nord du mas. Il s’agit d’un bâtiment à double pente construit en béton, percé en façade Sud-Ouest de deux grandes portes métalliques quadrangulaires pour le chargement du raisin. Les façades latérales ont des fenêtres étroites ordonnancées verticalement et le toit est recouvert de tôles.

Le Mas Llossanes est une construction ancienne médiévale, qui devait être fortifiée à l’origine. Une voûte en cayrous datée du 11e siècle fut par ailleurs découverte dans les années 2000 au niveau du rez-de-chaussée, par le propriétaire actuel. Elle comprend en partie basse des moellons de pierre, qui datent probablement de la construction primitive, contrairement aux cayrous dont l’utilisation se généralise surtout à partir du XIIe siècle. De plus, lors de la découverte de la voûte par le propriétaire actuel (2002), l’ensemble était dissimulé par un enduit à la chaux . Le décapage a permis de mettre à jour les matériaux traditionnels utilisés dans l’architecture rurale.Résidence de la famille de Corbiac au 11e siècle, le mas est transformé au cours des siècles suivants, notamment en ferme agricole. L’édifice apparait en effet sur le cadastre napoléonien sous la dénomination « Lieussanes Ferme ». Il abritait dès lors plusieurs bergeries, encore en fonction au début du 20e siècle. De plus, l’habitat de berger se trouvait au Sud à quelques mètres des remises agricoles. Actuellement en état de ruine, la bâtisse est située à la limite même entre les communes de Tarerach et d’Arboussols-Marcevol. Il s’agit d’une construction édifiée en moellons de granit, dont l’inclinaison des toitures en appentis est encore marquée, malgré la destruction de la toiture en tuiles canal. Cet habitat certainement présent dès le 19e siècle, est actuellement en état de ruine. L’édifice est appelé « Barraca de Lluçanes » sur la cartographie, nom qui se réfère à un abri fermé et à la toponymie du dolmen le mieux conservé.

Transformé en gîtes entre 2003 et 2012 , avec cinq hébergements aménagés (« Le Canigou », « L’Alzine », « L’Amandier », « L’olivier » et « Le Genévrier »), le mas Llossanes conserve sa volumétrie d’origine, malgré les divers changements de façade, comme le remaniement de toutes les ouvertures et le recouvrement des murs par de l’enduit. Les toitures sont quant à elles caractéristiques de l’architecture traditionnelle agricole, avec une couverture en appentis constituée de tuiles canal. La plupart des gîtes sont ordonnancés sur deux niveaux. Certains rappellent la configuration des anciennes remises agricoles, comme « Le Canigou » situé à l’angle Sud-Est. En effet, l’accès à l’étage s’effectue au Sud par un escalier latéral à palier intermédiaire. De plus, la travée Ouest constituée d’une porte de garage au rez-de-chaussée et d’une fenêtre quadrangulaire au premier étage est axée aux dimensions décroissantes vers le haut, dont l’organisation rappelle celle des cortals. Le gîte « L’Olivier », qui occupe actuellement une grande partie de la façade Est, dispose quant à lui de trois niveaux, avec deux portes de garages alignées selon le même axe aux baies des étages supérieures. Cette disposition est caractéristique de la construction de mas isolés, qui pouvait comporter au rez-de-chaussée le remisage, au premier niveau les principales pièces à vivre et à l’étage le stockage alimentaire dans les combles. Au Sud-Est du mas Llossanes (sur l’actuel Domaine des Trois Orris) se trouve un ancien puits, en service jusqu’à la fin du 20e siècle. Celui-ci témoigne de la présence d’eaux de sources souterraines, dont l’utilisation est indispensable dans les lieux-dits les plus reculés.

 .

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie