Arboussols-Marcevol des origines au XIe siècle
L’occupation du territoire d’Arboussols-Marcevol remonte à la période Protohistorique, avec l’implantation d’un oppidum sur le Roc del Moro. Ce dernier situé au Nord-Est de la commune présente en effet des vestiges de cabanes en pierres sèches en son sommet, datées de la fin du Ier âge du Fer (KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE, carte archéologique de la Gaule, 2007, p. 586). De plus, plusieurs scories de fer probablement datées de l’époque antique ont été découvertes, non loin du prieuré de Marcevol, du cortal (grange) Camp dels Pardals (commune d’Arboussols) et de la chapelle Sainte-Eulalie. Si la datation de ces scories semble complexe, le caractère dispersé de ces déchets de forge témoigne d’une activité antérieure au Moyen-Age.
La mention première du village d’Arboussols (Arbussols en catalan) est faite en 950, sous la dénomination latine « Villa Arbussolas » dans la liste des dépendances de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa (BASSEDA, 1990, p. 305). En 958 et 968, les noms successivement employés sont « Arbutiolam » et « Arbuzolos », puis « Erboçolos » au XIe siècle. La toponymie pourrait se rapporter à un petit arbre ou bosquet désigné sous le terme « Arbutus », ou encore à un arbousier (arbousiers nains par rapport à l’emploi du « s » ?), du latin « Arbuteus ».
Le hameau de Marcevol désigné en 1011 sous le terme de « villa Marceval » (BASSEDA, 1990, p. 305), appartient à cette époque à l’abbaye citée plus haut (Revue d’Ille et d’Ailleurs, 1987, p. 24). Plusieurs terres de Marcevol sont données à l’abbaye, notamment par un certain Ramou à son entrée comme religieux dans l’abbaye en 1088 (ALLART, Cartulaire Roussillonnais, 1880, p. 99). C’est également en 1011 qu’est mentionnée la chapelle Sainte-Eulalie d’Arboussols, dans la bulle papale de Serge IV (CAZES, Revue Conflent, 1967, p. 166. Située à 1,500 km au Nord du village, cet édifice du premier art roman de style lombard se caractérise par la présence d’arcatures décoratives sur la partie extérieure de l’abside
D’autres sens étymologiques ont été attribués à Marcevol, dont le nom domanial « Marcius » ou « Marisius », le terme latin « vallis » pour désigner une vallée ou encore de la base pré-latine « Vol-Bul » qui se réfère à un torrent raviné (BASSEDA, 1990, p. 504). Le nom catalan Marxívol désignant l’ellébore, une plante de la famille des Renonculacées bien présente sur le territoire, est celui qui se rapproche de l’appellation actuelle. Le domaine « Alodem Vultraria » qui se rapporte à l’actuelle lieu-dit Llussanes (présence d’un mas), est mentionné au XIe siècle en tant que territoire rattaché à la paroisse de Marcevol (Revue d'Ille et d'Ailleurs, 1987, p. 11). Il est actuellement situé sur la commune de Tarerach à la frontière avec Arboussols. Par ailleurs, deux dolmens (dont celui de « la Barraca ») en dalles de granit conservés au Nord du lieu-dit et à une centaine de mètres l’un de l’autre, témoignent d’une occupation ancienne du site.
L’église paroissiale Notre-Dame des Escaliers de Marcevol apparait pour la première fois dans les sources historiques en 1088, où un dénommé Raymond donne à l’abbaye de Saint-Martin du Canigou un alleu, situé à proximité de la « vigne de Sainte-Marie » (CAZES, Revue Conflent, 1967, p. 156). Elle est de style lombard, tout comme la chapelle Sainte-Eulalie d’Arboussols, avec l’extérieur de l’abside décorée de lésènes et de trois rangs d’arcatures aveugles en plein cintre.
Arboussols-Marcevol du XIIe siècle au XIIIe siècle
La dénomination « Marcevol » apparait entre les XIIe et XIIIe siècles, au côté de « Marceval », « Marcevoll » et « Marcivol » (BASSEDA, 1990, p. 503). Son église paroissiale a la particularité d’avoir été fortifiée probablement dès le XIIe siècle (Monnier, Dossier de pré-inventaire, 1975), avec une enceinte encadrant toute la partie Sud constituée d’un appareillage de moellons à joints secs.
Le 24 janvier 1129, l’église paroissiale fait l’objet d’une donation au Saint-Sépulcre de Jérusalem, alors dépendant du monastère Sainte-Anne de Barcelone (DURLIAT, 1958, p. 31), par l’évêque d’Elne Pierre. L’acte mentionne un espace protégé autour de l’église, qui était délimité par des croix gravés (CATAFAU, 1998, p. 412). L’enceinte fortifiée de forme carrée et au Sud de l’église correspond certainement à l’espace protégé, même si le manque de sources historiques à ce sujet ne permet pas d’émettre des certitudes. De plus, elle fut probablement construite à cette époque, afin de protéger les hommes et les animaux en cas d’agression extérieure, notamment des pillards des Grandes Compagnies du Guesclin qui semaient la terreur dans les territoires voisins. Cette donation eu lieu peu de temps avant la fondation de l’église prieurale Sainte-Marie de Marcevol (CAZES, 1967, p. 159), localisée au Sud du hameau.
Les chanoines du Saint-Sépulcre dont la règle suivie est celle de Saint-Augustin, s’établirent ainsi au prieuré, seul édifice de l’ordre dans le Conflent et le Roussillon (Revue d'Ille et d'Ailleurs, 1987, p. 14). Cette distinction fit du hameau de Marcevol une seigneurie prieurale. Si la date précise de la fondation même du prieuré est inconnue, il est certain qu’il fut fondé après l’an 1128, comme l’atteste l’archiviste Bernard Alart dans son Cartulaire Roussillonnais (ALLART, 1880, p. 93). En 1142, alors que l’église est toujours en construction, Bernard d’Arboussols indique dans son testament daté du 7 novembre de la même année s’être fait chanoine du « Monestir de Marcevol ». Ce dernier mentionne le lègue fait au monastère de la dîme qu’il percevait sur le territoire d’Arbussols, les moulins de la paroisse Sainte-Eulalie d’Arboussols et sur la chapelle Saint-Sauveur (actuelle église paroissiale Sainte-Eulalie et Sainte-Julie). Le monastère perçoit également des propriétés sur les territoires de Marcevol et Arboussols, qui appartenaient jusqu’à présent à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa (ALLART, 1880, p.10), ainsi qu’à l’abbaye de Saint-Martin-du-Canigou. L’abbé de ce dernier vendit au prieuré le 7 mars 1182 « les biens que Saint Martin possédait dans la ville et au terme de Marcevol, jusqu’à la ville d’Arboussols » (GARRIGUE, 2017, pp. 26-27). Ces échanges terriens et économiques participent pleinement à l’essor du monastère, qui affiche sa mainmise sur les villages d’Arboussols et de Marcevol.
L’enceinte fortifiée autour de l’église de Marcevol a été qualifiée de forcia, dans un document de 1242 qui évoque la donation de terres, d’un cellier et de deux maisons par le chevalier Bérenger de Corbiac, son épouse Bruna et leur fils Udalger, à Raymond Derantiga et son épouse Fine (GARRIGUE, 2017, pp. 26-27).
De plus, la liste des fortalesas (terme catalan pour désigner une fortification) qui recense au XIIe siècle les forteresses du Conflent, mentionne le hameau de « Marcivol » en 1243. Cette liste confirme la présence de fortifications dès le Moyen Âge à Marcevol, notamment au prieuré et au niveau de l’église paroissiale (ALART, Géographie Historique du Conflent. BIB 5182). .[1]. La construction des fortifications est liée au contexte historique, où jusqu’au traité de Corbeil en 1258, les territoires des Fenouillèdes et de Perapertusès appartenaient au roi d’Aragon. A cette date, Jacques Ier cède à la France les terres françaises qu’il possédait ; le territoire d’Arboussols situé à la limite des Fenouillèdes devient alors un village frontalier[2].
Grâce aux fogatges (feux en catalan), il est possible de connaitre le nombre de familles présentes sur le territoire, à partir du XIIIe siècle. Selon le recensement de la population en 1282 indiquée dans la revue Terra Nostra, Marcevol compte 25 familles et une communauté religieuse[3]. Cette date correspond à un procès entrepris par les villageois de Marcevol contre le prieur Jaume, accusé d’accaparer leurs biens. Selon la liste constituée à cet effet, le hameau fait état de 27 chefs de familles, soit environ 130 personnes (Revue d’Ille et d’Ailleurs, 1987, p. 24).
Arboussols-Marcevol du XIVe siècle au XVe siècle
Au début du XIVe siècle, l’autorité supérieure sur le territoire concernant les droits de haute et moyenne justice reste le roi, tandis que la justice simple était rendue par le chevalier Pere d’Illa et le prieur de Marcevol (GARRIGUE, 2017, p. 29). Le prieuré de Marcevol en plein apogée au cours de ce siècle, dispose de nombreux biens et terres sur tout le Conflent, dont certains ont été légués par les habitants. C’est le cas en 1382, ou Joan Miron de Saint-Paul-de-Fenouillet lègue au prieuré 57 biens-fonds sur le territoire de Rabouillet (ALART, Volume XVI, p 96). De plus, les chanoines de Marcevol ont depuis 1381 pris la tête de l’administration de l’hôpital d’Illa (Ille-sur-Têt) (Revue d'Ille et d'Ailleurs, 1987, pp. 16-17), confirmant ainsi son rayonnement.
En 1371 est mentionné le pèlerinage de Santa Creus, qui donnait lieu à un rassemblement le 3 Mai au prieuré de Marcevol (CAZES,Revue Conflent. Numéro 4 1961, p 29). Il consistait à célébrer la fête de la Santa Creus à travers une procession, qui partait le 2 Mai de Vinça jusqu’à Marcevol en empruntant un ancien chemin muletier, où il fallait arriver avant deux heures de l’après-midi. Les goigs (chants religieux catalans) étaient chantés depuis l’église paroissiale Notre-Dame des Escaliers afin de célébrer un miracle survenu à Marcevol.
En effet, la mère du pape Lin (successeur de Saint-Pierre) alors en pèlerinage au hameau, aurait bénéficié de la protection de la Vierge contre un violent orage. De plus, le sac de farine qu’elle transportait aurait été épargné de l’eau (Revue d'Ille et d'Ailleurs, 1987, P. 26). Des indulgences pouvaient être accordés aux pèlerins, seulement si le 3 Mai tombait un vendredi.
Le cloître du prieuré de Marcevol aujourd’hui disparu apparaît dans les sources historiques en 1429, avec le rassemblement des habitants d’Arboussols pour prêter serment à Barthélemy de Vall-Llebrera, nouveau prieur de l’église (CAZES, 1967, p. 161). Des corbeaux de pierre situées en alignement de la façade Sud de l’église du prieuré pourraient correspondre à l’emplacement d’une ancienne galerie claustrale (CAZES, 1967, p. 40).
En 1430, la dépendance au monastère Sainte-Anne de Barcelone est confirmée par la bulle du pape Célestin II, mentionnant les maisons de l’ordre en Europe (DURLIAT, 1958, p. 31). C’est à cette époque que les armes de Marcevol sont adoptées (actuelle blason de la commune d’Arboussols-Marcevol) ; elles représentent la croix patriarcale (emblème des chanoines réguliers du Saint-Sépulcre), un pied d’ellébore en tant que symbole du village et le corbeau, attribut de la famille de Corbiac, bienfaitrice du prieuré. Elles ont en effet été données par le sceau employé par la communauté des prêtres de Vinça (CAZES, 1967, p. 163).
Le seigneur de Corbiac joua un rôle important à Marcevol, puisque c’est lui qui prélevait le champart (taxe que les paysans devaient au seigneur) sur toute la partie Sud-Est du territoire. Il appartenait à une riche famille, qui résidait à Vinça depuis 1242.
Au XVe siècle, le prieuré de Marcevol décline progressivement, pour causes religieuses et économiques. En effet, plusieurs conflits ont lieu au début du siècle entre les chanoines et le prieur et le nombre de représentants diminue fortement, qui ne sont plus que cinq en 1410 ; le prieur Francesc Talamanca, les chanoines Francesc Rossell et Pere Colomer, ainsi que le prêtre-bénéficier Bartomeu Pelos (Revue d'Ille et d'Ailleurs, 1987, p. 17). La direction de l’hôpital d’Ille-sur-Têt est confiée au prêtre de la ville Guillem Nomays en 1424, suite à plusieurs plaintes faites contre les chanoines du prieuré.
De plus, l’édifice tombe peu à peu en ruines, probablement à cause du tremblement de terre de 1428, qui aurait détruit une grande partie, notamment la partie Nord de l’église. Par ailleurs, une note faite en 1476 de la communauté ecclésiastique de Vinça, indique que le prieur Nicolas Ferrer se retire de ses fonctions, face à « l’abandon (du) monastère en ruines, l’église sans voûte et la servitude de la Cure de Marcevol » (VIDAL, 1888, p 192). Ce retrait est également lié au rattachement du prieuré à l’ordre de Saint-Augustin à partir de 1460, rattachant ainsi le prieur à l’abbaye de Valbonne (CAZES, 1961, p. 29). Le prieur réside désormais à Rome, où le pape délégua au prieuré de Marcevol un chanoine de Barcelone.
Le hameau de Marcevol compte quatre feux entre 1470 et 1490 contre douze feux entre 1365 et 1370 (BATLLE, GUAL, 1973, p 27), témoignant d’une diminution nette de la population, en même temps que le déclin du prieuré.
Suite à la dissolution de l’ordre du Saint-Sépulcre en 1482 et le transfert des biens à l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-Baptiste (actuel ordre de Malte), le prieuré de Marcevol passe sous l’autorité de la communauté Saint Julien de Vinça, par une bulle du pape Sixte IV datée de 1483 (DURLIAT, 1958, p. 31). Chargée d’assurer la célébration de l’office, la communauté de Vinça prend possession du lieu (église et bâtiments ecclésiastiques) le 31 octobre 1484, peu de temps après le décès du dernier prieur Pere Renart. La communauté des prêtres de Vinca entrepris des travaux de reconstructions dans l’édifice, notamment des voûtes des trois nefs de l’église prieurale, reconstruites après 1496 (DURLIAT, 1958, p. 31).
Arboussols-Marcevol du XVIe siècle au XIXe siècle
La période du XVIe siècle est très peu documentée sur le hameau de Marcevol, en dehors de la population recensée. En effet, Marcevol compte 4 feux en 1515, contre 3 feux à Arboussols (BATLLE, GUAL, 1973, p 28). Des données concernant le pèlerinage de Santa Creus au XVIIe siècles sont attestées, notamment en 1680, où plus de 11 000 pèlerins furent recensés. Il attira entre les XVIIe et les XVIIIe siècles de nombreux pèlerins de tout le Conflent, mais également de la Cerdagne, des Fenouillèdes et du Vallespir (Revue d'Ille et d'Ailleurs, 1987, p. 30).
Selon l’état des biens-fonds de Marcevol dressé en 1775 (Archives départementales des Pyrénées-Orientales, C. 1951), le hameau compte 9 familles (environ 50 habitants), représentées par Baptise Saleta, Jacques Coupet, Jean Coupet, Pierre Coupet, Bonaventure Macari, Pierre Lafont et Pierre Fabre. La communauté des prêtres de Vinça jouit de plusieurs propriétés sur le territoire, dont 30 journaux de terres labourables (Revue d'Ille et d'Ailleurs, 1987, p. 31). De plus, certains habitants de la commune voisine de Vinça possèdent quelques biens à Marcevol, principalement des journaux de vignes. Par ailleurs, la commune d’Arboussols compte beaucoup plus d’habitants que Marcevol au XVIIIe siècle, avec 19 chefs de familles en 1730, 16 feux en 1740 et 117 habitants en 1787, contre 59 à Marcevol (BATLLE, GUAL, 1973, p 32, 42, 47).
Avec la confiscation des biens du clergé à la révolution française, l’ensemble du prieuré de Marcevol est vendu en 1791 au sieur Perraud à Paris pour 25 000 livres et est transformé en propriété agricole, pour la vigne et l’élevage. Cet évènement marqua l’arrêt de la mainmise de la communauté des prêtres de Vinça sur le hameau, et s’accompagna d’un important déclin de la population. Entre 1792 et 1793, Marcevol ne compte plus que 43 habitants, contre 137 à Arboussols
Le rattachement de Marcevol à la commune d’Arboussols le 30 janvier 1822 (GARRIGUE, 2017, p 62) ne permis pas au hameau de retrouver sa population d’autrefois, qui tomba peu à peu en ruine. Pierre Vidal, archiviste de la ville de Perpignan aux XIXe et XXe siècles, décrit en 1880 l’état de désolation du hameau. Il explique en effet qu’il « serait difficile d’imaginer une vue plus désolée que celle de ce village, composé de quelques maisons à peine recrépies et de murs en ruine, dont l’aspect misérable est encore assombri par une immense quantité de pierres que les habitants retirent des champs et élèvent en murs, pour séparer leurs propriétés ou abriter leurs demeures. Une vieille église domine ces décombres, et l’on dirait que sa plate-forme crénelée résiste seule au milieu d’une masse de ruines que la guerre viendrait d’opérer ».
Jusqu’en 1866, l’enseignement scolaire est donné par le curé d’Arboussols et aucune mention d’école n’est attestée (Revue d’Ille et d’Ailleurs, 1987, p 33). C’est avec l’institutrice Catherine Selve nommée en 1865, qu’une première école apparait à ArboussolsUn changement de local s’effectue quatre ans plus tard, à l’emplacement de l’actuelle habitation n°1 rue de l’Église.
Arboussols-Marcevol du XXe siècle à nos jours
Le chemin vicinal ordinaire n°1 entre Arboussols et Marquixanes (actuelle D35) fut créé en 1901, afin de désenclaver les communes situées sur la rive droite. Son aboutissement nécessitait de construire un nouveau pont sur la Têt à la sortie Nord de Marquixanes, afin de remplacer une ancienne passerelle en bois, qui avait été détruite par les inondations. Dans ce sens, le nouveau pont sur la Têt construit à partir de 1900 fut inauguré le 9 octobre 1904 (Revue d’Ille et d’Ailleurs, 1987, p 94).
Au début du XXe siècle, la population diminue sur la commune d’Arboussols-Marcevol, notamment à cause de la première guerre mondiale. En 1906 elle compte 202 habitants[3], contre 189 en 1911. Au cours de la guerre, onze hommes (la plupart des agriculteurs) y laissèrent la vie ; Aubert Ernest, Aubert Jules, Aubert Eugène, Delclos Joseph, Baillette Antoine, Garrigue François, Lafont Julien, Lafont Justin, Selve Gaudérique, Macary Firmin et Marty Jean (GARRIGUE, 2017, p 73). Le monument aux morts d’Arboussols réalisé à partir des plans de l’architecte Naudo de Prades, fut érigé devant le nouveau cimetière en 1927, en l’honneur des disparus de la Grande Guerre.
L’école d’Arboussols fera l’objet de travaux de réparations au XXe siècle, suite au constat de délabrement effectué à la fin du siècle dernier. Abandonnée en 1930, un logement appartenant à la veuve Lafont est cédé afin d’y intégrer les locaux de l’école. La nouvelle école reste en bon état jusque dans les années 1960, où des infiltrations d’eau provenant de la toiture menacent la qualité de l’enseignement. En 1965, l’établissement scolaire n’est plus en fonction et les locaux sont entièrement dédiés à la Mairie.
Le projet de création d’une distillerie coopérative à Arboussols a été porté dès le 15 décembre 1931, par des membres de plusieurs Communes du Conflent réunis à cet effe. Par courrier en date du 12 mai 1935 du Ministère de l’Agriculture adressé au Président de la coopérative de vinification, l’autorisation de débuter les travaux de construction de la cave est accordée[3]. Les travaux commencés en 1934, s’achèvent un an plus tard.
Le prieuré de Marcevol fut racheté en 1972 par un particulier, avec la volonté d’en faire un lieu culturel. C’est pourquoi, la création de l’Association du Monastir de Marcevol, la même année, permis d’entreprendre des travaux de restauration et de mise en valeur de l’édifice. La restauration s’est opérée de 1972 à 1987, avec trois grandes phases de travaux.
Entre 1972 et 1975, ces derniers ont concerné le dégagement des greniers et des rez-de-chaussée pour les transformer en espaces habitables, à nettoyer l’église qui avait servi de chèvrerie pendant un temps, ainsi qu’à restaurer et à remettre en service le four à pain. La grande salle Sud-Est a quant à elle été construite au cours de ces années. Enfin, la bretèche du rempart Ouest a été restaurée et la partie supérieure du rempart Est remise en état.
Les premiers chantiers de fouilles consistant à rechercher des fondations de l’absidiole Nord ont été organisés lors de la seconde campagne de restauration, entre 1975 et 1980. Cette campagne est aussi marquée par la réfection des façades Nord de l’église (réfection des arches du campanile) et l’amélioration des conditions d’hébergement. De 1980 à 1987, un caveau destiné à la vente de produits locaux est aménagé dans la salle capitulaire du XIVe siècle. De plus, des ouvertures qui avaient été percées dans la façade Sud ont été bouchées, en dehors d’une porte qui donne accès à une vue panoramique sur le Canigou.
Le hameau de Marcevol s’est doté à partir de 1994 d’un Golf, implanté au Nord et à l’Ouest, avec le prieuré en tant que limite Sud-Ouest (GARRIGUE, 2017, p. 75). Propriété du SIVM (Syndicat intercommunal à vocation multiple) de la Désix, il fut aménagé en parallèle de la construction d’un Club House et d’un restaurant. Le nombre d’inscrit étant relativement faible à la fin des années 1990, un projet de complexe golfique avec un parcours à dix-huit trous est proposé par la société écossaise « Corinthian Scotland Limited » en 2004. Face à ce nouveau projet et pour en empêcher sa réalisation, l’Association de Protection du Site de Marcevol est créée. Cette dernière enclencha de nombreuses procédures, malgré la volonté de la commune d’Arboussols de vendre le site golfique en 2005 à la société EASSDA France SAS, pour un montant de 160 000 euros[3]. Un an plus tard, la société dépose un permis de construire pour la réalisation d’un village golfique, au côté du projet de nouveau complexe.
Après de multiples conflits entre l’Association de Protection du Site de Marcevol, la société EASSDA France SAS et la municipalité en place à Arboussols, le projet ne voit finalement pas le jour. L’Association souhaite désormais s’orienter vers un projet écologique, notamment en relation avec le prieuré de Marcevol.
Non loin du Roc del Moro se trouve la Chambre des Certitudes, une œuvre d’art contemporaine réalisée par l’artiste allemand Wolfgang Laib. Il s’agit d’un espace creusé artificiellement dans la roche, de 3,5 m de haut, 2 m de large et 7 m de profondeur. Les parois ont entièrement été recouvertes de cire d’abeille, appliquée directement puis lissée à la flamme et au fer à repasser. Cette œuvre est issue de la volonté de l’artiste de créer un espace organique, au milieu d’un environnement entièrement naturel. L’évolution démographique de la commune d’Arboussols-Marcevol entre 2011 et 2016 indique un vieillissement de la population, avec environ 10 % de 15 à 29 ans et 30% de 60 à 74 ans. Selon le recensement de la population en vigueur à compter du 1er janvier 2019, Arboussols-Marcevol fait état de 117 habitants.