Dossier d’œuvre architecture IA66003406 | Réalisé par
  • pré-inventaire, diagnostic patrimonial
Présentation de la commune de Rigarda
Œuvre repérée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pyrénées-Orientales
  • Commune Rigarda

Rigarda du XIe au XVIe siècle

La formation du village de Rigarda est liée au passage de la Via Confluentana au Nord de celui-ci, antique voie romaine qui permettait de relier la plaine (du côté d’Elne) au Conflent et la Cerdagne. En effet, des traces d’établissements agricoles le long de cette voie datées du Ier siècle avant J.-C. furent découvertes. Rigarda est mentionné pour la première fois en 841 avec l’existence d’une tour appartenant à la seigneurie de Joch, qui permettait de protéger le village ainsi que les villages alentours comme Joch, Espira-de-Conflent et Estoher. Elle fut probablement construite sur les hauteurs de Rigarda, au niveau de l’oratoire Saint-Anne donnant sur la rue de la Costa.

A l’aube de l’an Mil, plusieurs noyaux d’habitations semblent avoir été formés à proximité de la voie romaine, dans le territoire de Rigarda. Le premier noyau correspond au village même de Rigarda mentionné pour la première fois en 969, sous le terme « Rivo Gardano » signifiant « gardien de la rivière », certainement lié à la proximité avec la rivière de Rigarda. D’autres interprétations étymologiques de Rigarda sont données, notamment dès le XIe siècle, avec l’origine germanique « ricard-anum » désignant des établissements ruraux ainsi que le terme « ric » renvoyant au roi et « hardu » à l’idée de la force.

Selon le maire de Rigarda, Monsieur André Josse, le village se serait formé autour de la fontaine Font d’Avall, qui constituait un important point d’eau. Il se serait également établi au niveau de l’ancienne chapelle Saint-Dominique du Xe siècle, située au départ de la rue de la Costa et transformée en habitation au XIXe siècle.

Un second noyau d’habitation portant le nom de Vilella est mentionné en 939 en tant qu’alleu donné au monastère de Saint Père de Rodes par le seigneur Seniofred. Par ailleurs, la famille des Vahuja, branche de la famille d’Urg, possède durant cette période plusieurs biens à Vilella.

L’église de Vilella dédiée à Sainte-Eulalie apparait dans le texte mentionnant Rigarda, où un don de vignes et de constructions fut effectué à l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa par la vicomtesse Ermesinda. En 1144, l’église fait l’objet d’une donation au Prieur et à Notre-Dame de Serrabone par l’évêque Udalger, ce qui permis d’étendre la richesse du prieuré.

L’église est reconstruite entre 1150 et 1200 en galets de rivière disposés à certains endroits en opus spicatum. Elle comprend une nef unique, une abside semi-circulaire ainsi qu’un clocher-mur.

Par ailleurs, des vestiges de scories proche de l’édifice indiquent probablement la présence d’un ancien site minier. Quelques vestiges d’époque gallo-romaine ont été retrouvé sur le site par des particuliers dans les années 1970, comme des fragments d’amphores.

De plus, la présence de murs en schistes atteste l’existence d’un village qui se serait formé autour de l’église. Aucune source ne vient mentionner les raisons de l’abandon de ce village. La mention de l’église sans habitations autour sur le cadastre napoléonien de 1831 permet de faire remonter cet évènement avant le XIXe siècle.

Selon le maire de Rigarda, deux autres noyaux d’habitations développés sous forme de Mas ont été construits sur le territoire. Il s’agit du Mas de l’Hort (jardin en catalan), accessible par un pont qui enjambe la rivière de Rigarda et du Mas Saiens, développé au-dessus de l’église de Vilella. Il ne reste actuellement aucun vestige de ces Mas, seulement quelques bâtiments en partie ruinés du Mas de l’Hort.

Au XIIIe siècle, des terres sont louées pour le compte des rois d’Aragon tel que Vilella, comme semble le mentionner des actes de vente. Vers 1393, le roi Joan d’Aragon vend à la famille de Perellos les seigneuries de Glorianes et Rigarda. A cette même date, un capbreu mentionne un second lieu-dit, celui de Vallorera, comme étant compris dans les possessions du prieuré de Marcevol. Ce lieu-dit aussi connu sous le nom de Vallels constitue le troisième noyau d’habitat situé entre Rigarda et Rodès, probablement développé sous la forme d’un castrum sur la colline de Valloreres. Les données recueillis dans les feux royaux indiquent la présence de quatre feux à Vilella en 1385, ainsi que 9 feux à Rigarda. La peste qui ravagea le territoire entre le XIVe siècle et le XVe siècle s’illustre dans les textes, notamment dans un capbreu de 1417 mentionnant un unique chef de famille à Vilella. Il mentionne un second le lieu-dit, celui de Prat de Roma sous la forme « Paret de Roma », paret étant la traduction de mur en catalan. Il est possible que le nom fasse référence à la construction de l’ancienne voie romaine, la Via Confluentana.

C’est également en 1417 qu’est mentionné la tour carolingienne sous le terme de castrum, construite sur un terrain propice aux éboulements. De cette tour, il ne reste plus aucun vestige.

A partir du XVe siècle, le territoire de Rigarda passe sous la domination de plusieurs seigneurs. Le chirurgien et bachelier en médecine de Perpignan Joan Vila prend possession de Rigarda au début du siècle. Il possède par ailleurs d’autres terres comme à Joch, Finestret et Glorianes. Le capbreu réalisé de1416 à 1418 mentionne Joan Vila en tant que châtelain. Si l’existence d’un château à Rigarda n’est pas attestée, le document précise que « l’ensemble des bâtiments est quasiment en ruine, et qu’il n’y a pas à proprement parler de château : simplement un ensemble comprenant des habitations, un jardin, des patis (…) et un pigeonnier, appelé « l’Ostal del Castell ». En effet à cette époque, Rigarda ne semble pas disposer de fortification ni d’église, même si selon le Maire de Rigarda, la famille de Pallarès, l’une des plus riches Rigarda, possédait un habitat de type « maison-forte » au sein du village.

Bernat de Perapertusa hérite de la seigneurie de Rigarda en 1459, qui est alors comprise dans la « Baronnie » de Joch, vicomté qui regroupait les territoires de Rigarda, Joch, Finestret, Rodès et Rabouillet. Les Perapertusa resteront seigneurs de Rigarda jusqu’à la révolution.

Rigarda du XVIIe au XVIIIe siècle :

Jusqu’au XVIIe siècle, la messe de Rigarda s’effectue dans l’église de Vilella. La construction de la nouvelle église en lloses (dalles) permis aux habitants du village de bénéficier d’un lieu de culte beaucoup plus proche de leur lieu d’habitation.

Le projet de construction de l’église dédiée à Sainte-Eulalie et Sainte-Julie de Rigarda est décidé en 1630, sous l’impulsion du perpignanais Francesc Llot, époux d’une riche veuve de Rigarda, qui donna son terrain pour édifier l’église. L’autorisation est accordée le 19 janvier 1630 par Raphaël Llobet, alors en charge de mener les visites canoniques dans le territoire du Conflent. Ce dernier impulsa également le transfert du portail de marbre de l’église de Vilella dans la nouvelle église. La bénédiction de l’église eu lieu en 1644, avec l’organisation de la première messe par Francesc Llot, suivi d’un repas à midi et d’une procession en soirée.

L’inauguration de la chapelle du Rosaire de l’église eu lieu le 11 juin 1647, en présence du Vicomte de Joch, don Antoni de Perapertusa. Afin de marquer cet évènement, Francesc Llot organisa chez lui un festin, où plus de 60 invités au déjeuner et 80 au souper ont été conviés. Un an après, l’église est achevée comme l’atteste la date sur le portail d’entrée. Les habitants de Rigarda ont nettement contribué à la construction de l’édifice, témoignant de l’esprit de solidarité du village.

La façade principale de l’église donnant sur la rue de l’Église est composée d’un portail d’entrée en marbre de l’église de Vilella (date de la fin des travaux gravée sur le linteau), surmonté d’une unique fenêtre en plein cintre. Le faîte comprend une cloche encadrée par une arcade à baie unique. Plusieurs niveaux d’élévation sont visibles sur le clocher tour, correspondants à trois campagnes de construction.

En 1644 ; on dénombre entre 50 et 60 maisons à Rigarda, ce qui correspond à peu près à 250 habitants[1]. Plus de 49 feux (soit environ 50 propriétaires) sont recensés en 1749 et 59 maisons et 8 cortals (bergeries) selon une enquête menée en 1775. Dans cette dernière, 177 propriétaires sont recensés avec seulement 51 habitants au village. Les autres viennent de villages périphériques et notamment de Vinça, ville de taille moyenne qui semble avoir une influence certaine dans l’économie du territoire. Un recensement individuel de 1787 fait état de 297 habitants et celui de 1799 de 277 habitants. Ces données semblent témoigner d’une stabilité démographique, même si beaucoup de décès ont eu lieu entre 1779 et 1785, notamment en 1787 et 1785 avec 22 et 27 décès, probablement à cause de l’épidémie de la « suette ».

Rigarda du XIXe à nos jours :

Selon le recensement de 1856, Rigarda comprend 321 habitants, répartis dans 74 maisons. Les familles sont plus ou moins nombreuses, avec 4 ménages constitués de 1 personne, 13 ménages de 2 personnes, 20 ménages de 4 personnes, 10 ménages de 5 personnes et pour les plus nombreuses 9 ménages pour 7 personnes[1]. La plupart des hommes sont ouvriers et journaliers, seuls 31 sur 165 recensés sont propriétaires de leurs terres et ne résident pas pour la plupart au village.

En 1867, la maison de la famille Nuixa située face à l’église du village sur la Route de Glorianes est achetée par la municipalité, pour transformer l’intérieur en presbytère et en Mairie. L’édifice sera détruit par la suite. L’école de Rigarda a été construite en 1885 à proximité de ce dernier. Jusqu’à la construction de cette école, les enfants allaient à l’école de Joch pour suivre l’enseignement scolaire. Les classes s’effectuaient au rez-de-chaussée, les instituteurs étaient logés au premier étage. La baisse démographique des années 1960 entraine la fermeture de l’école en 1962.

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le cimetière était situé devant l’église. Il est ensuite déplacé hors du village au niveau du lieu-dit El Conjurador. Le cadastre de 1831 permet par ailleurs d’observer l’emplacement exact de l’ancien cimetière, à l’emplacement actuel de la place Major. La bibliothèque située au niveau de cette place a été aménagée dans une ancienne cave. Sa construction est typique du Roussillon, même si sa construction est postérieure à 1830, comme l’atteste le cadastre de 1831 avec l’absence du bâti. L’escalier aménagé sur la droite du bâtiment permettait de mener à l’école.

Jusque dans les années 1930, la population se stabilise autour de 300 habitants. Elle diminue progressivement et décline principalement entre 1968 et 1975. A partir de 1982, le nombre d’habitants augmente avec 144 personnes recensées dans le village ancien, malgré un important vieillissement de la population. Cela est notamment visible avec le nombre d’exploitants par tranches d’âge, avec 15 exploitants de 65 ans et plus, 14 entre 35 et 54 ans et 6 jusqu’à 34 ans. Le nombre de maisons recensées en 1982 est de 118, avec 8 logements vacants, 35 résidences secondaires et 75 maisons principales. Le recensement de la population de Rigarda en 2014 fait état de 632 habitants. Cette hausse démographique est en partie liée à la venue de jeunes familles, à la rénovation du bâti ancien dans le centre et à l’émergence du hameau El Veïnat en direction de Vinça.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Epoque contemporaine

Le cadre naturel

Le territoire de Rigarda s’étend sur 360 hectares sur la rive droite de la Têt, délimité au Sud par le massif des Aspres, au Nord par les collines des Puigs Alts, le lieu-dit Prat de Roma (butte pliocène des Puigs Alts) et Vinça. A l’Ouest s’étend la plaine de Joch et à l’est la rive gauche de la rivière de Rigarda ou de Glorianes. Cette dernière prend naissance au Pic Sobirà, au Sud du village en direction de Glorianes et rejoint la Têt en contrebas de Rodès.

Il est également compris dans la partie amont de la vallée de Motzanes, qui s’étend à l’Est jusqu’à Rodes. La vallée était autrefois arboricole et viticole, ce qui constituait la principale activité économique du village.

Actuellement, il ne reste plus que des cultures de type vigne comme au Moyen-âge. Le capbreu écrit de 1416 à 1418 indique que les vignes étaient regroupées du côté de Vilella et les champs de céréales du côté de Joch. Au-dessus du village, les terrasses viticoles s’étendaient à flanc de colline. Des jardins étaient cultivés à proximité de la rivière de Rigarda et du Mas de l’Hort. Au niveau de la végétation, le territoire comprenait beaucoup de surfaces boisées, notamment de chênes-rouvres et de chênes verts.

Une enquête de 1775 donne un état des lieux du paysage agricole, avec 86,6 hectares de terres labourables, 66,6 hectares de vignes, 9,4 hectares d’olivettes et 3,5 hectares de près. En termes de production, une seconde enquête datée de 1720 mentionne « une production annuelle de 40 charges de blé-froment, 41 de méteil et 18 charges de seigle ». Du côté de l’élevage, cette dernière enquête fait état de 250 ovins appartenant à une des familles les plus riches de Rigarda du nom de Pallarès, de 18 bovins et de 112 chèvres. La culture de l’olivier disparait vers 1899, tandis que celle de la vigne s’amoindrie à cause du phylloxéra. A cette époque, la culture de la pomme de terre est en essor et l’élevage bovin reste important.

Le capbreu évoqué plus haut mentionne quelques éléments sur les activités économiques de Rigarda, notamment l’exploitation sur la rivière de Rigarda de deux moulins à blé par un certain Joan Ferrer. Il s’agit du Moli de la Tina plus en amont et du Moli de la Orta en aval. Joan Ferre aurait également produit du miel et possédé une maison avec un pigeonnier. De plus, tout comme les villages alentours tel que Joch, la production de chanvre et de lin constituait une petite industrie locale. Les traces de ces activités ont aujourd’hui disparu dans Rigarda.

Les domaines agricoles de Rigarda ont progressivement été remplacés par des habitations avec l’aménagement du Hameau El Veïnat et de son lotissement Les Oliviers dans les années 2000.

 L’aménagement hydraulique et routier

Le village est alimenté en eau par la rivière de Rigarda dès le XIIIe siècle et par trois canaux : celui du Rec Major depuis 1282, le canal de l’Horte et d’en Pallarès et le canal d’en Perpinyà. Ce dernier prend sa source du côté de Glorianes, tout comme celui de Pallares qui longe la Route de Vinça et de Glorianes, et permettait d’arroser les jardins du village. Le tracé du canal du Rec Major correspond à une branche partant de Joch et reliant Rigarda par la « Traverse de Joch ».

Deux points d’eau sont identifiés dans le centre ancien de Rigarda ; il s’agit de la Font d’Avall au niveau du 9 rue d’Avall, accessible par un escalier. Si l’origine de la source est inconnue, son tracé suit la Route de Glorianes. Elle permettait d’irriguer les terrains agricoles entre Glorianes et Rigarda, d’où l’importance de l’implantation de la fontaine au centre du village. Un ancien lavoir est visible sur un chemin en terre battu du côté des jardins du village.

Le village ancien de Rigarda est délimité au Nord par une ancienne voie antique, la Via Confluentana qui partait d’Illiberis (ancien nom d’Elne) et qui suit approximativement le tracé de l’actuelle RN116. Elle est aussi connue au IXe et Xe siècle sous l’appellation « strata francisca », « strata conflentana » au XIe et « cami Real » au XIIe siècle.

A hauteur du virage du col de Ternere, elle devait continuer tout droit au niveau de l’actuelle casse automobile. L’antique voie passait à proximité de l’église de Vilella, puis du lieu-dit Camp de la Torre au Nord de Rigarda. Au XIVe siècle, le tronçon de la voie depuis le col de Ternere à Marquixanes n’est plus utilisé, comme l’indique le nouveau toponyme « stratam veterem » en latin (traduit « vieille route »), précisé dans une charte de Jaume de Mallorca de 1308. Dans le cadastre napoléonien de 1831 elle apparait sous le nom de Chemin de l’Estrada, signifiant en catalan « la route ». Actuellement, ce chemin est goudronné et permet de rejoindre la Route de Vinça pour prendre la direction de Joch. Au niveau du lieu-dit Camp de la Torre, le tracé de la voie concerne l’actuelle piste D.F.C.I., passant sur les hauteurs de l’église de Vilella jusqu’à la casse automobile de Rodes.

Matériaux de construction

Les pierres utilisées pour la construction sont extraites localement, avec un appareillage constitué de moellons à joints grossiers de schistes et de galets de rivière, liés entre eux par du mortier de chaux. Ces matériaux locaux sont à faible coût, du fait qu’ils ne soient pas transformés.

L’encadrement des baies est en briques, avec un linteau en bois et plus rarement en briques. C’est le cas de l’habitation située au n°6 rue de l’Église, qui devait appartenir au curé du village, comme en témoigne un habitant. Les façades ont été réalisées en granit et en schistes ainsi qu’en briques rouge pour l’encadrement des fenêtres. Les volets bois encore conservés au premier étage datent probablement du XVIIe siècle.

Les quelques entrées voûtées conservées présentent un linteau cintré en briques ou de schistes disposés en rang. Les couvertures du bâti sont en tuile canal, caractéristique en Roussillon et Bas-Conflent. Certains avant-toits sont composés d’une génoise pour la gestion des eaux de pluie, comme l’illustre toute la façade arrière de la « maison-forte ».

Forme urbaine

Le village est actuellement constitué de cinq pôles urbains bien définis ; le centre ancien, le haut de Rigarda, les lieux-dits Camp de la Torre et Conjurador ainsi que le hameau d’El Veïnat.

Le centre ancien comprend les plus anciennes habitations resserrées entre elles avec des ruelles très étroites. Le bâti présente un remaniement complexe, qui ne permet pas de le dater précisément. En effet, les habitations contiguës du centre ancien étaient à l’origine étroites et avaient la particularité de pouvoir se relier entre elles par des patis intérieurs. Le cadastre de 1831 donne un état des lieux du parcellaire qui présente des grandes parcelles, issues probablement de regroupement de petites unités. Elle se situent principalement entre la Font d’Avall et les derniers ilots de la rue de la Ribéra. Certains patis sont encore conservés, même si la plupart semblent avoir disparus. La raison expliquant le regroupement des parcelles est inconnue, même s’il est possible que la montée en puissance de certaines familles au XVe siècle puisse expliquer le besoin de bénéficier de grandes pièces à vivre. Les entrées des habitations avaient la particularité de constituer des porches voûtés ; quelques-unes sont encore visible aujourd’hui, avec un encadrement de cayrous disposés en rang, comme au n°3 rue Santa Eulalia.

Si l’existence d’un château et de fortifications n’est pas indiquée par les sources, une grande demeure située sur la rue del Porxo (porche) appartenant à la famille Pallarès constituait une sorte de « maison-forte ». Deux entrées voûtées sont situées de part et d’autre de l’édifice, dont l’une permettait de relier le centre ancien à la Route de Glorianes (annexe 3). Le passage de cette dernière mène à un chemin encore pavé menant à cette route.  

Le hameau du Camp de la Torre est un lieu-dit, où quelques mas furent construits aux XIXe et XXe siècle. L’actuelle mairie de Rigarda a été aménagée vers 2005 dans un mas daté de 1868, comme l’atteste une plaque de schiste gravée. Elle est située au niveau du carrefour entre la Route de Vinça et le Chemin de l’Estrada. Une grange construite en 1905 située en face de la mairie conserve son parement de pierres de schistes, avec l’utilisation de la brique pour l’encadrement des ouvertures et le traitement des angles. Un troisième mas localisé au bord de la Route de Vinça aujourd’hui transformé en habitation dispose d’une remise agricole, dont le mur porteur arrière créer la séparation avec la parcelle voisine.  A l’Ouest du hameau du Camp de la Torre, le lieu-dit El Conjurador qui comprend l’actuel cimetière de Rigarda fait référence à la présence d’un ancien oratoire, où les prières faites en ce lieu permettaient de conjurer l’orage.

L’existence du « conjurador » n’est ici qu’attestée par le toponyme, désignant le territoire compris entre l’ancienne colline de la tour de Rigarda et le cimetière. En effet, aucune trace de cet oratoire n’est visible actuellement.

Le hameau El Veïnat a quant à lui été aménagé sur la route de Vinça dans les années 2000. Il s’agit de maisons neuves construites sur d’anciens champs, qui constituent la périphérie même de la commune de Vinça.

Typologie de l'habitat

La maison d’ouvrier ou de journalier caractérise le centre de Rigarda, avec un développement des façades principalement sur deux niveaux. Malgré le remaniement de nombreuses habitations, certaines conservent des fours à pains en saillie avec un couvrement en lloses. Ils sont soit construits au rez-de-chaussée ou au niveau du premier étage, sans dispositif de soutien et parfois portés par une structure en pierre.

Ces habitations occupent l’intégralité de la parcelle et sont mono-orientées sur rue. Les façades présentent de façon générale deux travées de baies, ces dernières étant relativement axées. Elles ont très certainement été embellies au XIXe siècle, avec un regroupement de certaines parcelles pour bénéficier de meilleures conditions de vie. De plus, les quelques entrées comportant un porche voûté peuvent constituées des ouvertures d’anciens cortals (remise agricole), par la suite transformés en habitation. La typologie de ces cortals se rapprochent de celles des mas catalans, où le rez-de-chaussée abrite les animaux et un espace de stockage de type cellier et l’étage le logement des paysans. La maison n°7 Place Santa Eulalia garde sur sa partie gauche des caractéristiques d’un cortal, même si le rez-de-chaussée a été transformé en garage. De plus, il est courant dans l’habitat rural de distinguer l’espace de vie du maître et du fermier au sein du même toit. La maison décrite ci-dessus devait en effet disposer de deux entrées, au niveau de l’actuel garage et de la porte d’entrée.

Dans l’ensemble, les ouvertures sont verticales et pour certaines d’entre elles de forme carrée au dernier niveau d’habitation. Quelques façades conservent des contrevents en bois, qui peuvent être datés du XVIIIe-XIXe siècle.

Le bâti situé à l’extrémité de la rue del Porxo, présente des angles arrondis, notamment la maison-forte tel que le laisse supposer le traitement du porche voûté. Cette caractéristique est liée à l’adaptation du bâti à l’étroitesse de la rue, où il faut également y voir une fonction défensive. En effet, le bâti est situé en front du village, avec un risque d’attaque accrue malgré la séparation naturelle constituée par la rivière de Rigarda.

Au niveau de la rue de la Costa, les habitations présentent une volumétrie plus importante que dans le cœur de Rigarda. Caractéristiques du XIXe siècle, les façades ont toutes été enduites sauf pour quelques maisons qui laissent apparaitre le parement d’origine, comme pour l’ancienne chapelle Saint-Dominique et le n°7 de la rue.

L'évolution urbaine

L’urbanisation de Rigarda s’est opérée en plusieurs étapes, notamment à partir des années 1940. Grâce aux clichés photographiques retrouvés du village de 1942 à 2009, il est intéressant de constater que le cœur même de Rigarda n’a pas été modifié et a su garder sa morphologie d’origine, si on le compare avec le cadastre de 1831. Il concerne les parties développées autour des rues de la Ribera, Santa Eulàlia, del Porxo de l’Església, d’Avall et des places du 19 mai 1962 et Major. La partie haute du village accessible par la rue de la Costa conserve également sa forme urbaine initiale, jusqu’au niveau de l’oratoire Sainte-Anne. Le lieu-dit Camp de la Torre comprend quelques mas, dont la mairie actuelle. Dans les années 1962 quelques bâtiments s’implantent autour du lieu-dit, tout comme une partie du cimetière actuel entouré de quelques habitations au lieu-dit El Conjurador.

En 1980, l’urbanisation de Rigarda concerne principalement le lieu-dit Camp de la Torre vers le Chemin de l’Estrada et jusqu’en 1988 l’actuelle Route de Vinça, où de nouvelles villas sont construites. Entre 1990 et 2000, le lieu-dit El Conjurador se développe notamment avec l’agrandissement du cimetière, et le hameau El Veïnat avec les toutes premières villas. Ce dernier voit apparaitre des habitations de type villa. L’extension diffuse du haut de Rigarda telle qu’elle se présente actuellement remonte à 2004 , avec la construction de villas sur de grandes parcelles, tandis que le hameau El Veïnat réellement aménagé en 2009.

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie