De par sa configuration le site qu'occupe aujourd'hui le château de Mauvezin pourrait avoir été utilisé dès la Protohistoire. Des éléments archéologiques retrouvés sur place attestent d'une présence humaine à l'époque antique, que l'on peut relier à celle attestée à Capvern, très proche, qui pourrait être l'ancienne Aquae Convenae. Ces éléments ont toutefois été découverts hors contexte.£La première mention du château date de 1083. Il est alors propriété des comtes de Bigorre. Il doit s'agir alors d'un donjon sur motte entouré de palissades dont les vestiges ont été mis au jour lors de fouilles en 1993.£Au siècle suivant une tour maçonnée est construite dont les vestiges subsistent dans l'enceinte actuelle. C'est aussi l'époque où les actes font mention d'une famille de chevaliers éponymes dans la mouvance des comtes. Durant le 13e siècle, Mauvezin se trouve au coeur des luttes de pouvoir que se livrent les différentes lignées gasconnes. C'est alors le centre d'une des neuf vigueries du Comté dont dépend une trentaine de villages des alentours. La comtesse Constance fait hommage de ses biens au roi d'Angleterre dont le sénéchal vient matérialiser la suzeraineté. Philippe le Bel de son côté manoeuvre aussi pour imposer sa présence en Bigorre. Il accorde une rente de 500 livres, assignée sur le territoire de Mauvezin, au comte de Foix (1305).£Les documents de cette époque suggèrent une agglomération d'environ 200 habitants, déjà bien structurée et pourvue d'une église et de ses propres défenses en avant du château.£En 1341 le roi Philippe VI fait don de la viguerie et de son château à Roger-Bernard de Foix. En 1360 le traité de Brétigny accorde le comté de Bigorre aux Anglais qui installent des hommes dans certaines places dont Lourdes et Mauvezin. Ils vont piller et rançonner les alentours et rester fidèle à l'Angleterre même après la reconquête du comté par les Français en 1370. Le 20 juin 1373 le duc d'Anjou met le siège devant Mauvezin et réduit la place donnée ensuite aux Armagnac. Lors du mariage de son fils avec Béatrix d'Armagnac, Gaston Fébus reçoit les châtellenies de Goudon et Mauvezin. Cette dernière vient s'ajouter aux autres possessions des Foix-Béarn pour former la vicomté de Nébouzan.£Dès lors une grande campagne de travaux va donner un château sa physionomie actuelle. Un nouveau donjon, à la fois défensif et résidentiel, est construit en saillie des courtines encadrant une basse-cour agrandie. Fébus et ses héritiers meurent sans enfant, faisant échouer leurs biens dans les mains d'Archambaud de Grailly, serviteurs du roi d'Angleterre. Son fils Jean servira néanmoins le roi de France en devenant son lieutenant en Languedoc. C'est lui qui aménage le château comme résidence avec des appartements et des fenêtres percées dans les remparts. Au-dessus de l'entrée principale il fait placer ses armes (Foix-Béarn) et sa devise : ""J'ay belle dame"". Le donjon roman est conservé à usage de prison. La seigneurie reste aux Foix-Béarn puis passe aux rois de Navarre.£Au milieu du 16e siècle le château est en mauvais état et son capitaine loge dans une maison du village. En 1569, lors du passage des troupes protestantes de Jeanne d'Albret l'église est incendiée mais le château, qui appartient à la reine de Navarre, ne subit pas de dommages. En 1591 la place est prise par le ligueur Bertrand d'Antin qui y dérobe la recette de la vicomté de Nébouzan. Elle sera reconquise par le seigneur de Miossens, Henri d'Albret dont plusieurs descendants sont capitaines de Mauvezin. Ils ont la garde de prisonniers de la vicomté dont certains sont exécutés sur place.£En 1607 le Nébouzan est réuni à la Couronne. Par un échange de terres entre Louis XIV et le duc d'Antin, ce dernier obtient la seigneurie de Mauvezin mais pas son château qui demeure propriété royale tout en continuant de tomber en ruine.£Les habitants y récupèrent des matériaux de constructions, en particulier durant la période révolutionnaire. En 1813 cependant le sous-préfet de Bagnères commande des corvées aux habitants pour mettre le donjon en état de défense face à l'avancée des troupes de Wellington qui remontent d'Espagne.£Lors de l'établissement du cadastre de 1829 le château est noté comme appartenant à la commune sans précision sur l'origine de cette propriété. Les habitants et la municipalité y récupèrent toujours des matériaux qui vont alimenter les chantiers municipaux (murs du cimetière, église, école...). A contrario les lieux séduisent certains amateurs de ruines romantiques dont le fermier des bains du Bouridé à Capvern qui souhaite louer l'intérieur de la cour pour y aménager un jardin.£Face à cet intérêt les mentalités locales évoluent puisqu'en 1860 le maire prend un arrêté interdisant tout prélèvement dans les ruines. Deux ans plus tard le député Achille Jubinal propose à son tour de louer les lieux pour y établir un musée et une résidence. A terme, le bail, signé en 1864 pour 10 ans, doit se transformer en vente, effective en 1875. Malgré ses grands projets le député ne s'occupe guère des lieux et meurt l'année même de son achat.£Ses héritiers le vendent en 1906 à Albin Bibal, maire de Masseube, qui entreprend sa restauration. Le 28 mars 1907 il l'offre le château à L'Escola Gaston Febus, association qui le possède toujours et a entrepris des travaux qui ont pris une grande ampleur à partir des années 1980.£Par arrêté du 22 décembre 1941 le château est inscrit Monument historique.