L’hôtel Trianon est implanté sur une vaste propriété où étaient autrefois exploités deux établissements thermaux hors de l’enceinte fortifiée de la ville : les Bains de Santé à l’emplacement même de l’hôtel, et les Bains du Grand Prieur au niveau de l’édifice à fronton triangulaire au bord de la rue. Absents de la cartographie de 1714, ces deux établissements sont en revanche recensés dans celle de 1789. A cette date, les Bains de Santé sont alimentés par deux abondantes sources tièdes (25 et 30 degrés) et disposent de quatre baignoires tandis que le Grand Prieur, plus modeste et puisant dans une source tiède (28 degrés), propose une baignoire unique.£Les Bains du Grand Prieur, cités par Descaunets en 1729 et Théophile de Bordeu en 1746, sont vraisemblablement mis en service dans les années 1720, mais leur exploitation dure à peine un siècle puisqu’ils figurent sur les cartographies du début du 19e siècle mais en ont déjà disparu sur celle de 1856. Leur source est alors récupérée par les Bains de Santé voisins, ce qui cause ou est une conséquence de leur fermeture. Cependant, l’édifice correspondant, identifiable grâce à son style néoclassique, semble déjà présent en 1771, où son plan rectangulaire est représenté, et, quoiqu’ayant changé de fonction, il subsiste de nos jours.£Au 18e siècle et au début du 19e siècle, les Bains de Santé sont propriété de Mathias Dumoret, également en possession des Bains de la Guthière (futur Frascati). Dans les années 1830, son parent par alliance, José de Lugo (qui construit le prestigieux hôtel Frascati), réside dans la demeure contigüe aux bains au cœur de cette propriété alors dotée d’un jardin romantique agrémenté de statues à l’antique. L’établissement, apprécié pour son environnement pittoresque et champêtre à l’écart de la ville, attire alors une forte fréquentation.£A partir de 1840, suite à une probable baisse de température, des travaux sont effectués pour chauffer l’eau artificiellement. Puis, en 1863, les Bains de Santé sont achetés par le Général de Nansouty, fondateur de l’Observatoire du Pic du Midi de Bigorre. Malgré ses tentatives d’augmentation du débit (en s’appuyant sur les sources voisines à leur détriment), les sources des Bains de Santé sont asséchées en 1879, comme de nombreuses résurgences privées proches, en raison de la construction du casino et des néothermes. L’édifice se consacre depuis lors à son activité d’hôtellerie.£Le complexe architectural abritant les installations se compose à l’origine d’un petit bâtiment de plan carré en 1771 et 1789, qui est soit reconstruit soit agrandi au début du 19e siècle pour arborer un plan rectangulaire avec avant-corps central. Les cartographies démontrent que d’autres extensions sont bâties entre 1850 et 1888, époque à laquelle le plan du jardin devenu régulier est également représenté. Comme l’ensemble des établissements thermaux privés de Bagnères à l’époque, les Bains de Santé ont ainsi une double vocation médicale et hôtelière.