Au 17e siècle, cet établissement privé, décrit comme une simple fontaine chaude installée dans une basse-cour de l'enceinte fortifiée de la ville, se nomme Bains de Laforgue. Il est acheté par le docteur Lasserre entre 1697 (où Froidour le nomme encore Laforgue) et 1698 (où Bégon indique avoir pris les eaux aux bains de Lasserre). En 1762, l'établissement alimenté par trois sources semble être l'un des plus réputés de Bagnères depuis de nombreuses années. Aussi le propriétaire voit-il d'un mauvais œil l'installation d'un établissement de bains concurrent sur la parcelle contigüe à l'initiative du docteur d'Artiguelongue (futurs Bains Pinac), ce qui entraîne des conflits réguliers et intenses, décrits par Théophile de Bordeu lors de son séjour en 1746.
Sous la Révolution, les Bains Lasserre comptent une buvette et quatre baignoires, mais les travaux effectués vers l'actuelle place des Thermes toute proche en 1789 tarissent sa source chaude, contraignant le propriétaire à abandonner l'activité de bains. Cela n'altère en rien la réputation des sources subsistantes, dont les propriétés thérapeutiques sont considérées comme inégalées au sein de la chaîne pyrénéenne tout au long du 19e siècle. D'ailleurs, l'établissement est mentionné sur l'ensemble des cartographies de la ville connues depuis 1714. Cependant, peut-être pour rivaliser avec la concurrence, il est en 1830 le bénéficiaire d'un transfert de sources extraordinaire à l'échelle communale, puisqu'il s'agit de canaliser les sources de la Peyrie sur plus de 250 mètres jusquaux Bains Lasserre. L'expérience visiblement non concluante n'a toutefois été que temporaire et la source la Peyrie abandonnée jusqu'en 1892 tandis que les Bains Lasserre perdurent.
Entre 1843 et 1878, la buvette est gérée par le docteur Philippe Couzier, descendant des Lasserre, mais en 1856, un plan de la ville indique que le docteur Lemonnier, sous-inspecteur des eaux, y possède un cabinet où il semble ne pas officier. Comme les autres bains privés intra-muros, les sources subissent un tarissement supplémentaire en 1851 suite au nouvel aménagement de la place des Thermes.
Malgré l'arrêt de son activité de buvette en 1980, le portail de la propriété, devenue Villa Lasserre, arbore encore une plaque en marbre noire décrivant la composition, la température et les multiples vertus thérapeutiques de ses eaux.