L'exploitation des sources thermales de la rive gauche de la Neste est attestée à partir du début du 19e siècle. Pendant la première décennie de ce siècle elles appartiennent à un certain Ducuing, puis sont acquises par Thomas Calamun de Arreau qui en est déjà le propriétaire en 1829. L'état des sections établi cette année-là mentionne l'existence d'une fontaine minérale (AD Hautes-Pyrénées, 115 E DEPOT 33, 1829). Le propriétaire avait aussi aménagé une allée arborée. Thomas Calamun aurait reconstruit l'établissement thermal au cours des années 1820. Il abritait alors douze cabinets avec des baignoires en bois, ainsi que quelques logements pour les curistes (AD Hautes-Pyrénées, 5 M 72, 1827).
L'établissement est resté la propriété de la famille Calamun jusqu'en 1853 où il est acquis par Jean Forgues de Arreau (AD Hautes-Pyrénées, 116 E DEPOT 34). L'année suivante il fait reconstruire l'édifice et en profite pour l'agrandir. L'établissement thermal Forgues, élevé sur trois niveaux, possède alors dix cabinets de bains, deux douches, une buvette et une salle d'attente au rez-de-chaussée, ainsi que neuf chambres et un salon au premier étage. En 1856, l'aménagement du second niveau n'est pas achevé mais celui-ci doit accueillir douze chambres supplémentaires. D'après le sous-préfet de Bagnères, un autre édifice situé au nord de l'établissement de bains a été bâti pour loger les malades indigents. Toutefois, la fortune de M. Forgues étant presque épuisée, ce dernier n'a pu être terminé (5 M 72, 1856). L'année suivante, dans sa notice sur les eaux sulfureuses de Cadéac, le Docteur Fourquet déclare que « soixante personnes au moins peuvent être logées sans encombrement dans des chambres nouvellement construites et convenablement meublées ». Il signale aussi l'existence d'une seconde buvette, située à l'extérieur de l'établissement de bains (Fourquet, 1857, p. 6 ; p. 2).
Le site est vendu à Jean-Marie Fisse en 1866. Au début des années 1880, l'établissement thermal est doté de douze cabinets de bains, de douches et d'une buvette au niveau du rez-de-chaussée, ainsi que d'un hôtel-restaurant à l'étage (Joanne, 1882, p. 187).
Au début des années 1890, l'eau des sources de la rive gauche est embouteillée et commercialisée par l'exploitant Fisse jeune. Il dispose d'un dépôt à Bordeaux pour l'exportation (AD Haute-Garonne, 7689 W 17, s.d.). Huit-cents bouteilles ont ainsi été expédiées en 1891 (AD Haute-Garonne, 7689 W 17, 1892). Pendant cette période, le service des Mines constate que l'établissement Fisse est « le plus important ».
Dans le premier quart du 20e siècle, les cabinets sont équipés de baignoires en marbre et en cuivre, de douches écossaises, ascendantes et vaginales. Des salons de jeux et de conversation, une bibliothèque, des billards et une pension étaient aménagés (Lescamela, 1913, p. 262).£Au début des années 1930, l'établissement appartient toujours à la famille Fisse. Il est exploité par le Caducéen Louis Davezan. Pendant cette période seules sept cabines de bains « anciennes » subsistent mais l'établissement thermal n'a pas fait l'objet de travaux de modernisation depuis longtemps (AD Haute-Garonne, 7689 W 17, 1931). Au milieu des années 1940 l'établissement est racheté par l'ancien gérant Louis Davezan qui tente alors de relancer l'exploitation des sources, mais ce projet n'aboutit pas et est abandonné dans les années 1950. Les édifices sont transformés au début de la décennie suivante en établissement hôtelier. La tradition orale rapporte que la famille Davezan en a conservé la propriété jusqu'en 1992. L'hôtel dit du Val d'Aure est toujours ouvert aujourd'hui.