Les structures repérées se situent en contrebas du centre ancien de Saint-Jean-Lespinasse, au lieu-dit Lacayrouse, à proximité immédiate de plusieurs bâtiments médiévaux identifiés. Conservées sur trois niveaux, elles correspondent à un manoir subdivisé par la suite en trois maisons d'habitation. L'ensemble a été très remanié, en particulier au niveau des parcelles 0B 344 et 337.
L'extrémité sud-ouest du manoir (parcelle 0B 344) présente des ouvertures rectangulaires et en arc segmentaire résultant de travaux qui ont modifié l'organisation et la fonction initiales de l'édifice (presbytère puis maison d'habitation). Elle conserve toutefois plusieurs éléments anciens visibles en façade, tels qu'une porte à linteau ornée d'un chanfrein amorti en congés en fer de lance au rez-de-chaussée, un jour rectangulaire et une croisée chanfreinés au deuxième étage. La parcelle centrale (0B 343) a également révélé l'existence de structures, ouvertures et équipements en place qui permettent de mieux comprendre l'organisation de la demeure du 15e siècle.
Le corps principal, qui semble correspondre aux deux parcelles sud-ouest (0B 344 et 343), est construit en moellons calcaires et couvert de tuiles plates. Il est flanqué au nord-ouest d'une tour circulaire demi-hors-œuvre percée de plusieurs petites fenêtres rectangulaires chanfreinées et couverte de lauzes calcaires (toiture restaurée). La tour abrite un escalier en vis qui desservait également un corps de bâtiment latéral (parcelle 0B 337). Ce dernier a été partiellement détruit et largement transformé à la suite de la subdivision du fonds, et les portes d'accès ont été bouchées. Cependant, les vestiges très fragmentaires d'un mur en moellons calcaires, percé d'une porte en arc brisé non extradossée, d'un jour rectangulaire et d'une fenêtre chanfreinée à appui mouluré (croisée ?), sont conservés à l'arrière de l'édifice. Ils incitent à restituer une aile en retour d'équerre à l'emplacement des parcelles bâties encore visibles à l'arrière du corps principal sur le cadastre du début du 19e siècle.
Une porte percée dans la tour d'escalier, couverte d'un arc monolithe déprimé et mouluré d'une accolade, semble constituer l'entrée principale du manoir. Elle ouvre sur l'escalier en vis qui dessert un niveau de cave semi-enterré, deux étages carrés et les combles. Couverte d'une voûte en berceau, la cave aménagée au niveau de la partie centrale de l'ensemble actuel était éclairée par deux jours rectangulaires à ébrasement interne et appui taluté (dont un actuellement bouché). Elle ouvre au sud-est par une porte bâtarde chanfreinée dotée d'un arc brisé non extradossé. Les deux étages destinés à l'habitation sont accessibles depuis l'escalier par des portes à linteau, moulurées d'un chanfrein amorti en congés en cuillère ou en congés bombés refendus. Les fenêtres actuelles résultent de la transformation de demi-croisées (façade nord-ouest), de croisées et de baies rectangulaires chanfreinées (façade sud-est), toutes équipées de coussièges.
Le cloisonnement intérieur actuel résulte de remaniements ultérieurs, mais les étages conservent de nombreux équipements domestiques d'origine : cheminées en pierre à piédroits arrondis, évier, niches et placards. Ces éléments semblent signaler, au premier étage, la présence de deux pièces de service (dont une cuisine ?) qui communiquaient avec une grande salle dotée d'une cheminée monumentale actuellement située dans la propriété voisine (parcelle 0B 344). Au deuxième étage, une cheminée couverte d'un linteau mouluré à crossettes et angles adoucis chauffait une vaste pièce que l'on peut identifier comme une chambre.
Chercheur en inventaire du patrimoine au Département du Lot entre 2012 et 2018.