• enquête thématique départementale, inventaire préliminaire de l'architecture civile médiévale
village
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Conseil départemental du Lot

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lot - Gramat
  • Commune Thégra
  • Cadastre 1824 A3  ; 2018 AI

L'étude la plus complète de la seigneurie de Thégra reste celle de L. de Valon (1922-1926) à laquelle nous empruntons l'essentiel de cet historique.

Contrairement aux seigneuries voisines, Thégra ne relevait pas des seigneurs de Gramat, mais appartenait aux vicomtes de Turenne avant de passer par alliance au début du 12e siècle aux Gasc, qui deviennent bientôt les protecteurs de Rocamadour qui voit alors l'essor de son pèlerinage. Au milieu du 13e siècle, la seigneurie est partagée entre les enfants de Raymond de Gasc, mort avant 1266, à savoir Raymond, Guillaume et Hugues de Gasc et leur beau-frère Guillaume Robert de Cavagnac. Bien que Thégra ait appartenu aux Turenne, la suzeraineté en était revendiquée par les seigneurs de Cazillac, différent que les seigneurs de Thégra utilisèrent pour échapper à leur tutelle et se déclarer vassaux directs du comte de Toulouse puis du roi de France.

Les quatre coseigneurs, Raymond, Guillaume et Hugues de Gasc et leur neveu Guillaume Rigal de Cavagnac alors mineur, octroient une charte de coutumes aux habitants de Thégra en 1266. Il est institué quatre prud'hommes qui prêtent serment lors de leur installation et dont les prérogatives sont limitées, et un baile qui exerce la justice au nom des coseigneurs. Devenu coseigneur dominant de Thégra par l'achat de la part de Raymond de Gasc, Raymond de Cornil, évêque de Cahors, confirme la charte de coutume en 1281. En 1284, il transmet sa part de seigneurie à son neveu devenu majeur Géraud de Cornil tandis que Guillaume de Valon et Arnaud Stephani ont remplacé Guillaume et Hugues de Gasc, sans doute par héritage. Les contestations survenues entre les coseigneurs aboutissent en 1285 et 1287 à un accord qui reconnaît Géraud de Cornil comme seigneur dominant et en même temps des droits égaux à tous les coseigneurs. Le mariage, vers 1315, de Galaubie de Valon avec une fille de Géraud de Cornil le rend maître des trois-quarts de la seigneurie.

En 1369, la place de Thégra est occupée par les Anglais qui la fortifient en y construisant un « réduit », ensuite appelé « le fort », qui englobe le château, l'église et la partie supérieure du bourg (Lacoste, III, p. 211), ce qui semble bien indiquer que le bourg était dépourvu d'enceinte. Guérin de Valon retrouve son château en 1373, mais en est à nouveau chassé l'année suivante. Thégra change fréquemment de mains jusque vers 1440, ce qui n'empêche pas les héritiers de Guérin de mettre fin à l'indivision, faisant de Jean de Valon le seul seigneur de Thégra en 1409. Le document connu pour être un acte d'accensement collectif de 1441 est en fait un faux fabriqué au 18e siècle (J. Lartigaut, 1978 ; p. 76). Adhémar de Valon confirme les coutumes en 1443, sans grandes modifications si ce n'est l'obligation faite aux habitants d'assurer le guet jour et nuit dans la forteresse de Thégra en temps de guerre (p. 193). L'absence de traces dans la documentation laisse néanmoins penser qu'il ne restait alors plus rien de l'ancien château.

Un accord passé en 1481 entre les habitants et Antoine de Valon donne un rôle plus important à la communauté puisque désormais les consuls participeront conjointement avec le seigneur à l'administration de la ville et au règlement des affaires publiques (p. 230). En 1527, le contrat de mariage de Catherine de Valon est passé au château de Thégra (p. 243), reconstruit sur le même emplacement probablement par Antoine de Valon. Le testament de 1553 de Gilles de Valon attribue à son épouse la jouissance d'une maison neuve attenante au château (p. 256) ; son héritière, devenue seigneuresse de Thégra en 1560, est mariée la même année à Antoine de Gozon, sous la réserve qu'eux et leurs héritiers portent les noms de Gozon et de Valon et les armes écartelées de Valon (p. 259). Les guerres de Religion n'épargnent pas la famille, et Thégra est tenu alternativement par les catholiques et les protestants, sans destruction significative cependant.

Les vestiges d'une seule maison antérieure à 1400 ont été identifiés lors du recensement de l'architecture civile médiévale réalisé en 2007, dont la datation est cependant trop vague pour être utile à la compréhension du développement du bourg.

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle
    • Principale : 14e siècle
    • Principale : 15e siècle
    • Principale : 16e siècle

Le plan cadastral de 1824 a conservé une bonne part du tracé du « réduit » mis en place en 1369, avec celui de deux tours circulaires, et il n'est pas difficile d’en restituer la partie disparue à l'ouest en refermant le cercle jusqu'au château. Le « réduit » a probablement été établi en ceinturant d'un mur le noyau initial du bourg que constituaient le château, sa chapelle devenue église paroissiale, et sa basse-cour, sans altérer le réseau viaire qui l'entourait.

L'implantation du bâti et le réseau des voies du village dessinent une emprise à peu près rectangulaire dont le côté nord-est est aligné sur le château. La forme du bourg n'étant pas déterminée par des contraintes topographiques, il faut supposer l'intervention du pouvoir seigneurial qui aurait ainsi circonscrit l'établissement d'un habitat subordonné au château. Les textes ne mentionnent ni portes ni enceinte dont le parcellaire ne garde non plus aucune trace. Une simple palissade pouvait éventuellement enclore le bourg dont protection était assurée par le château.

  • Murs
    • calcaire

Champs annexes au dossier - Architecture

  • NOTB_G Rozière (Etienne de), Ancienne coutume de Thégra (en Quercy), dans Revue de législation ancienne et moderne française et étrangère, année 1870-71, p. 43-56. Valon (Ludovic de), Essai historique et généalogique sur la famille de Valon : Les Valon de Thégra, dans Bulletin de la Société des Etudes du Lot, t. XLIII, 1922, p. 61-64, t. XLIV, 1923, p. 65-128, 129-192, t. XLVI, 1925, p. 193-224, t. XLVII, 1926, p. 225-283. Lartigaut (Jean), Les campagnes du Quercy après la guerre de Cent Ans (vers 1440 - vers 1500), Toulouse, Publications de l'Université de Toulouse-le-Mirail, série A, t. 39, 1978, p. 76, 203, 451.
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    propriété privée
Date(s) d'enquête : 2007; Date(s) de rédaction : 2018
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