Dossier d’œuvre architecture IA46101466 | Réalisé par
  • enquête thématique départementale, inventaire préliminaire de l'architecture civile médiévale
château dit Truque de Maurélis
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Conseil départemental du Lot
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lot - Marches du Sud-Quercy
  • Commune Castelnau Montratier-Sainte Alauzie
  • Lieu-dit Maurélis
  • Cadastre 2013 H 266
  • Précisions commune fusionnée après inventaire  ; autrefois sur commune de Castelnau-Montratier
  • Dénominations
    château
  • Appellations
    Truque de Maurélis
  • Parties constituantes non étudiées
    motte, tour, chapelle

La "truque de Maurélis" est une motte castrale située sur la commune de Castelnau-Montratier, à une vingtaine de kilomètres au sud de Cahors, sur un pech dominant la petite vallée de la Barguelonne.

Le site est connu depuis le 19e siècle. Il est alors interprété comme un tumulus protohistorique malgré ses dimensions la présence d'un spectaculaire fossé. Une importante campagne de fouille réalisée entre 1923 et 1932 a entraîné le dégagement de la partie intérieure de la motte, mettant au jour les vestiges d'une vaste tour (12 x 10 m) complètement prise dans la motte et conservée sur une élévation de 8 à 9 m. La truque de Maurélis est donc un cas assez exceptionnel de tour emmottée.

Les fouilles des années 2006-2008 ont permis de dater la période d'occupation du site de la fin du 9e siècle au début du 11e siècle.

Connue depuis le 19e siècle, la "truque de Maurélis" est alors interprétée comme un tumulus protohistorique, malgré ses dimensions et la présence d'un spectaculaire fossé. Une importante campagne de fouille réalisée entre 1923 et 1932 a entraîné le dégagement de la partie intérieure de la motte, mettant au jour les vestiges d'une grande tour complètement prise dans la motte et conservée sur une élévation de 8 à 9 m. Un programme de recherche mené de 2004 à 2008, associant enquête documentaire et fouille archéologique, a permis de rattacher le site à une histoire locale et régionale et d'en préciser la chronologie.

Maurélis est le nom d'une famille du 15e siècle est n'est nullement lié à la fonction castrale du site. Dès le milieu du 13e siècle, le site est désigné par le toponyme de "castel viel" qui fait écho au "castel nau" à l'origine du bourg actuel de Castelnau-Montratier situé à moins de 2 km du site.

La fortification est liée à une famille de la moyenne aristocratie locale caractérisée par le prénom de "Gausbert" attesté dans la zone dès le milieu du 10e siècle. Cette famille est à l'origine du lignage des Castelnau dont l'autorité déborde largement à la fin du 11e siècle des strictes limites de la châtellenie éponyme. Ses possessions s'étirent alors de la vallée du Lot à celle du Tarn. Elle a en outre un temps contrôlé une partie des revenus épiscopaux et servi de bras armée à l'évêque. Elle apparaît également comme bienfaitrice de l'abbaye de Conques. C'est sans doute à ce titre qu'elle apparaît dans le livre des miracles ou est donnée l'unique description (vers 1030) d'un "castrum Gausberti" qui doit probablement correspondre à la truque de Maurélis dans sa dernière phase d'occupation.

La campagne de fouilles a en effet permis de mieux cerner la chronologie et le phasage de ce site. Contrairement à ce qui était attendu, la période d'occupation du castrum s'étire de la fin du 9e siècle au début du 11e siècle. Au total huit datations par le carbone 14 ont été réalisées. Toutes convergent vers une construction dans le dernier quart du 9e siècle et un abandon dans la première moitié du 11e siècle. Cette chronologie très haute a permis d'avancer quelques hypothèses sur les origines de la construction de ce castrum. Plusieurs indices suggèrent que l'initiative pourrait revenir à la famille comtale de Toulouse, dans le contexte de la dislocation du pouvoir royal des années 880-900. La famille comtale quercynoise (famille qui se fond dans le lignage des vicomtes de Turenne) se fait alors évincer de ce secteur du Quercy où elle possède probablement une importante fortification d'origine publique sur ce qui allait devenir le village de Flaugnac (à trois kilomètres de Maurélis). La construction de la Truque serait la traduction de la prise de possession effective de ce secteur du Quercy par les comtes de Toulouse. Cette hypothèse est renforcée par l'importance des moyens qui ont été nécessaires à la mise en œuvre d'un tel chantier.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 9e siècle
    • Principale : 10e siècle
    • Principale : 1er quart 11e siècle

Topographiquement, la "truque" a été installée sur un entablement qui domine la vallée de la Barguelonne d'environ 80 m. Elle est donc protégée sur son flanc nord par de petites falaises. La construction telle qu'elle est encore visible aujourd'hui n'est pas la toute première occupation du site. Une série de quatre trous de poteau formant un alignement a pu être repérée sous les vestiges de la tour. Il a donc existé une première construction en bois sans doute très légère. La chronologie de cette première phase renvoie au 9e siècle, sans qu'il soit possible de savoir s'il s'agit d'une phase d'occupation réellement distincte, ou de simples cabanes liées au chantier de construction de la tour.

La construction de cette dernière est très homogène et semble répondre à un programme bien maîtrisé. L'espace de la motte est délimité par un premier fossé taillé dans le rocher, large de 5 à 6 m. Sa profondeur variait de moins de deux mètres dans la partie est à plus de 5,5 m dans la partie sud, accessible depuis le plateau. Ce premier fossé a par la suite été considérablement élargi au point de mesurer dans sa plus grande largeur jusqu'à 29 m sur le front sud. Il est alors décliné en trois fossés successifs d'inégale profondeur. L'élargissement du fossé s'est également traduit par sa réorientation partielle, ce qui a permis d'intégrer à la zone protégée une petite basse cour située sur le flanc est de la motte. Les matériaux extraits du creusement des fossés ont été directement réemployé et à la construction de la tour et à l'aménagement de la motte. La fouille a en effet permis de démontrer que contrairement à d'autres sites comme celui de Doué-la-Fontaine, la construction de la tour est ici parfaitement synchrone de celle de la motte. Aucune ouverture n'apparaît dans la partie des élévations prises dans la motte.

La tour est construite en blocs de calcaire local très irrégulier et à peine dégrossi. Les murs épais de 2,10 m sont liés au mortier. Nous ne possédons pas d'information directe sur les élévations qui surplombaient la motte. Aucun pierre taillée, ni même équarrie n'a cependant pu être observée dans l'ensemble des déblais qui ont été observés aussi bien à l'intérieur de la tour que dans les fossés. La tour est rectangulaire, avec des dimensions hors œuvre de 12,10 m sur 9,50 m. L'espace habitable était donc d'environ 45 m2. Aucun niveau de plancher n'a été conservé sur les 8,5 m d'élévation conservés, ce qui laisse penser que le premier étage devait se situer à peu près au niveau supérieur de la motte. Cette organisation est compatible avec la description du site telle qu'elle apparaît dans le miracle de sainte Foy. Quelques carreaux de terre portant des marques d'incendie suggère que ce plancher était couvert au moins partiellement d'un pavement, selon une pratique bien connue pour la fin du Moyen Age. Aucun autre élément des élévations n'est connu. Le récit du miracle évoque seulement la présence d'un échiquier dans la salle du premier étage, et suggère que l'immense salle basse de la tour servait de prison. Plusieurs sols de mortiers destinés à égaliser les irrégularités du socle calcaire y ont été observés. L'élévation minimale de la tour au-dessus de la motte est difficile à estimer : elle se situait sans doute entre 15 et 25 m.

Contrairement à la majorité des situations connues, l'emmottement est ici contemporain de la construction de la tour. La motte mesurait environ 30 x 40 m au sol et était protégée par l'impressionnant système fossoyé associant trois fossés secs encore visibles de nos jours. Le relevé précis de l'ensemble des structures a permis de montrer que les volumes de roches extraits des fossés correspondent précisément aux volumes nécessaires à la construction de la motte et de la tour.

La fouille de l'espace situé sur le flanc est de la motte (assimilable à une basse-cour) a permis de dégager les vestiges d'autres bâtiments malheureusement très arasés par l'aménagement d'une ferme au bas Moyen Age. Parmi ces constructions, il a été possible d'identifier les vestiges d'une petite chapelle castrale. La chronologie (carbone 14) et les matériaux permettent de penser que sa construction est strictement contemporaine de celle de la tour, soit la fin du 9e siècle. Il s'agit là d'un des plus anciens édifices de ce type connu en France. Malgré les lacunes architecturales et l'absence d'élévation, le plan qui se dégage correspond assez bien aux plans d'églises rurales carolingiennes. L'édifice est formé de deux espaces distincts, la nef et le choeur de plan carré. La nef mesurait entre 6,10 et 6,50 de long (hors-oeuvre) pour une largeur d'environ 5,10-5,20 m. Elle était prolongée par un choeur plus étroit d'environ 2 x 2 m. Les murs, de 0,60 à 0,70 m d'épaisseur, suggèrent une toiture en charpente. Aucun élément de couverture attribuable à cet état n'a été repéré (pas plus que pour le second état), ce qui suggère un système de couverture avec des matériaux périssables, comparables à ceux qui ont pu être mis en œuvre sur la tour. La chapelle a par la suite (10e siècle) été rallongée d'environ 1,50 m et légèrement élargie.

L'étude du site de Maurélis a permis de faire émerger un site atypique. Si son plan est relativement classique, son mode de construction associant motte et élévation reste exceptionnel à l'échelle européenne. Par ailleurs sa chronologie en fait une des toutes premières mottes castrales connues en France et confirme que l'origine septentrionale de ce type de construction est sans doute à revoir.

  • Murs
    • calcaire moellon
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler, site archéologique
  • Protections
    inscrit MH, 2022/03/07
  • Précisions sur la protection

    Sont inscrits en totalité au titre MH les vestiges en élévation de la motte castrale ainsi que le sol et le sous-sol des parcelles 265 et 266, section H.

  • Référence MH

Bibliographie

  • Séraphin (Gilles), Donjons & châteaux du Moyen Âge dans le Lot, Portet-sur-Garonne, Editions midi-pyrénéennes, 2014.

    catalogue
  • Limayrac (Léopold), Etude sur le Moyen Age : histoire d'une commune et d'une baronnie du Quercy (Castelnau-de-Montratier), Cahors, Girma, 1885.

    p. 8
  • Panfili (Didier), Mottes castrales et lignages en Pays de Vaux (Bas-Quercy) vers 950 - vers 1300, mémoire de maîtrise sous la direction de R. Mussot-Goulard, Université Paris IV-Sorbonne, 1984.

    p. 77-82
  • Hautefeuille (Florent), Motte de la truque de Maurélis, Rapport d'étude et de sondages 2004, SRA Midi-Pyrénées, 2005.

    non consulté

Périodiques

  • Soutou (A.), "Le donjon emmoté de Castelnau-Montratier", dans Archeologia, 1975, p. 72-75.

  • Hautefeuille (Florent), "La seigneurie de Castelnau-Montratier aux XIe et XIIe siècles", dans Bulletin de la Société des Etudes du Lot, t. CXIII, 1992, p. 259-261.

Documents multimédia

  • https://patrimoines.lot.fr Châteaux et manoirs du Lot

Date(s) d'enquête : 2008; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Conseil départemental du Lot