Thégra est le siège d'un archiprêtré au moins depuis 1106 ; la seigneurie a été aux Gasc et aux Cornil, puis aux Valon : Raymond de Valon est coseigneur de 1300 à 1334, et son fils Galaubie devient seigneur dominant (Clary, 1986).
L'état actuel de l'église résulte de plusieurs campagnes de travaux qui demanderaient à être mieux définies et dont les datations sont, pour une part, incertaines. On distingue habituellement (cf. V. Rousset, op. cit.) trois phases : la nef et la crypte du 12e siècle, puis le transept construit sous l'impulsion d'Adhémar de Valon, seigneur de Thégra, dans la seconde moitié du 15e siècle, et enfin l'abside et la chapelle funéraire des Valon du début du 16e siècle.
Il est possible de proposer une chronologie sensiblement différente pour les trois phases principales. La fin du 12e siècle ou le début du 13e peuvent être proposés pour la majeure partie de la nef et la crypte, ce qui ne rend pas compte de la colonne engagée sur dosseret de l'élévation nord de la nef, qui reste comme un élément isolé. Le transept, où la clef de voûte du bras nord porte les armes des Valon, pourrait être daté de la fin du 13e siècle ou du début du 14e siècle : aucun argument architectural ou stylistique ne permet en tout cas de le placer dans la seconde moitié du 15e siècle. Et c'est à Charles de Theis, archiprêtre de Thégra en 1549 (Clary, 1986), qu'il faudrait attribuer la construction de l'abside dont la clef de voûte porte les armes familiales, à moins qu'un autre membre de la famille ait occupé la fonction auparavant. La chapelle nord, dédiée à saint Jean-Baptiste, est sans doute la chapelle funéraire des Valon : la mouluration des nervures de la voûte et la forme de l'écu sont identiques à celles de l'abside, et elle a donc été construite à peu près au même moment. L'écu porte non des armoiries mais les lettres R, D entrelacé à une croix dont l'extrémité porte un V placé à l'horizontale (?) et P, que l'on a proposé de lire : R. D. P. I. V., pour "Religiosus Dominus Potens Iohannes de Valon" (Religieux et puissant seigneur, Jean de Valon), la croix indiquant sa qualité de chevalier de Saint-Jean de Jérusalem. L'église conserve en outre une cloche datée de 1518. Il faut surtout en conclure qu'une étude plus précise de l'édifice serait nécessaire.
L'inventaire des archives des Monuments historiques (Médiathèque de l'architecture et du patrimoine) laisse penser que la fausse-voûte en bois de la nef a été réalisée dans les années 1923-1926.