Dossier d’œuvre architecture IA46100789 | Réalisé par
  • enquête thématique départementale, inventaire préliminaire de l'architecture civile médiévale
ville : bourg monastique
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Conseil départemental du Lot
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lot - Vayrac
  • Commune Carennac
  • Cadastre 1816 A4  ; 2006 AE

En 932, après avoir pris l'avis de Raimond, comte de Toulouse, de Rouergue et de Quercy, le vicomte de Cahors Frotard et son épouse Adalbergue donnèrent à l'abbaye de Beaulieu de nombreux manses et églises qu'ils possédaient en propre, dont certains près de la Dordogne, à Saint-Sozy, Meyronne, Floirac... ainsi que l'église Saint-Saturnin Évêque, avec ses appartenances, située dans le « vicus » de Carennac où existait donc déjà un groupement d'habitations. Soit que la donation ait été contestée, soit qu'il ait été procédé à des échanges, aucune de ces donations ne demeura à l'abbaye de Beaulieu, et l'église Saint-Saturnin de Carennac était possédée au milieu du 11e siècle par l'Église de Cahors, quand l'évêque la donna à l'abbaye de Cluny (E. Albe, A. Viré, 1912, p. 541, 545). Le prieuré Saint-Pierre érigé sur le territoire de la paroisse obtint en 1175 une bulle qui le plaça sous la protection du pape, ainsi que la « villa », les terres, les eaux et le port du lieu, et ses nombreuses autres possessions (E. Albe, A. Viré, 1912, p. 556).

Carennac relevait au 13e siècle de la baronnie de Gramat et a fait partie à ce titre des lieux pour lesquels Hugues de Castelnau faisait hommage au comte de Toulouse Alphonse de Poitiers en 1259 ; le prieur devait à son tour l'hommage au seigneur de Castelnau, auquel l'arbitrage de 1265 ne reconnut cependant que la possession de la moitié de la basse justice, pour laquelle il fut convenu qu'il recevrait 10 livres de rente annuelle et une paire d'éperons dorés pour droit d'acapte (E. Albe, A. Viré, 1912, p. 562) : le prieur, puis le doyen à partir de la fin du 13e siècle, était de fait le seul seigneur de la ville et de ses habitants.

Le monastère était incapable de s'acquitter des taxes pontificales en 1360 et, comme toutes celles du pays de Gramat, la paroisse de Carennac fut réputée déserte en 1370. On se souvenait en 1409 que les habitants avaient voulu abandonner les lieux en raison des guerres et des pestes, et ceux qui y étaient demeurés ou qui y étaient revenus s'opposèrent aux redevances jugées exorbitantes qu'exigeaient les religieux, en les menaçant à nouveau de s'exiler (E. Albe, A. Viré, 1912, p. 591-592 ; A.-M. Pêcheur, 1988, p. 22).

C'est à l'occasion d'un nouveau conflit avec les moines qu'apparaissent en 1477 les syndics de la communauté et la mention d'une ancienne charte de coutumes dont nous ne connaissons ni la date, ni le contenu, mais qui n'était peut-être guère plus avantageuse que la nouvelle charte octroyée après arbitrage. Les habitants ont au moins obtenu l'annulation des règlements édictés par le doyen au mépris de leurs coutumes, et ont retrouvé, entre autres, pour leurs seuls besoins personnels, le droit d'avoir une barque et celui de prendre du bois et des pierres pour la construction... Les syndics n'ont aucun pouvoir même partagé et ne jouissent d'aucune autonomie : aux siècles suivants, il semble qu'ils n'aient eu que la peu enviable charge de répartir la taille.

Eléments repérés : maison (parcelle 2006 AE 261), pan-de-bois 15e-16e siècle (?) ; maison (parcelle 32), croisée ; maison (parcelle 29), petite fenêtre carrée sur pignon, pan-de-bois sur l'élévation arrière, porte à linteau chanfreinée et porte en plein cintre chanfreinée, 16e siècle (?) ; maison (parcelle 102), porte chanfreinée à linteau, jour chanfreiné, bolet, appui saillant du 15e siècle sur une fenêtre de l'élévation latérale ; maison (parcelle 101), croisée bâtarde à baguettes croisées ; maison (parcelle 104), jour à accolade à l'étage ; maison (parcelle 124), vestiges d'une porte chanfreinée à linteau à accolade, jour en meurtrière, 2e porte chanfreinée, petite fenêtre chanfreinée à l'étage ; maison (parcelle 122), étal et demi-croisée en façade, escalier extérieur et porte haute à linteau à accolade sur l'élévation latérale, poutre de la cheminée apparente ; maison (parcelle 225), jour à accolade ; maison (parcelle 226), départ d'un arc ; maison (parcelle 228), porte basse en plein cintre (16e siècle), porte haute chanfreiné ; maison (parcelle 223), porte basse segmentaire chanfreinée, à l'étage croisée, demi-croisée (?) et croisée bâtarde ; maison (parcelle 224), vestige d'arc ; maison (parcelle 214), linteau à accolade et boutons ; maison (parcelle 220), petite fenêtre à double cavet et accolade ; maison (parcelle 221), croisée bâtarde sur rue et petite fenêtre latérale ; maison (parcelle 162), porte à piédroit en quart de rond et linteau à gorge et accolade ; maison (parcelle 138), porte haute chanfreinée sur l'élévation latérale ; maison (parcelle 137), portail chanfreiné à linteau sur coussinets ; maison (parcelle 93), porte basse en plein cintre chanfreinée et petite fenêtre moulurée, 16e siècle ; maison (parcelle 83), à l'étage porte à piédroit en quart de rond et linteau à gorge, croisée, escalier extérieur ; tour d'escalier (parcelle 289), porte à décor de baguettes croisées et vestiges d'une cheminée datée 154. ; maison (parcelle 9), porte à piédroits en quart de rond et linteau à gorge, jour chanfreiné ; maison (parcelle 238), piédroit à coussinet et fragment de linteau en bois chanfreiné, sur l'élévation sud linteau et poteau en bois chanfreinés ; maison (parcelle 237), balcon à croix de Saint-André, appui à mi-bois sur les poteaux chanfreiné ; maison (parcelle 341), linteau à festons en remploi ; maison (parcelle 357), croisée bâtarde ; maison (parcelle 253), croisée bâtarde.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle
    • Principale : 13e siècle
    • Principale : 14e siècle
    • Principale : 15e siècle
    • Principale : Temps modernes

Carennac était au Moyen Age à l'écart de toute voie terrestre de quelque importance, et c'est à la Dordogne que le monastère a dû une part importance de ses ressources, qui comptaient aussi les revenus tirés de ses dépendances et possessions, proches comme la paroisse Sainte-Spérie, l'actuel Saint-Céré, ou plus lointaines comme la paroisse et une grande partie de la ville d'Argentat en Limousin.

Le bourg occupe au bord de la Dordogne une terrasse nichée dans une échancrure du Causse, due au ruisseau de Mederie. Les bâtiments monastiques et leurs dépendances dessinent un demi-cercle doublé au sud et à l'est par une rangée de maisons, dont une conserve une porte à arc brisé du 13e ou du 14e siècle. Le bourg montre un développement en couronne avec des extensions le long du chemin vers Gramat et du ruisseau de Mederie, et au nord-ouest un quartier plus étendu, bien au-delà du ruisseau, et plus densément bâti, structuré autour du chemin vers Mézels, qui en constitue la rue principale (prolongée au 19e siècle jusqu'à la porte du monastère).

Le parcellaire ne garde aucun trace d'une éventuelle seconde enceinte qui aurait protégé l'ensemble du bourg, mais dont l'existence est douteuse en dépit de la mention d'une « tour-porte fortifiée » sur laquelle aurait été inscrite la date de 1312 (elle était bâtie au-dessus de la rue vers Gramat, à hauteur de la mairie actuelle), et d'une palissade près du château des doyens. Les habitants n'auraient probablement pas voulu abandonner le site à la fin du 14e siècle si leurs personnes et leurs biens y avaient été à l'abri.

Trois ou quatre « maisons » antérieures à 1400 confirment l'ancienneté de la couronne autour du prieuré, en revanche la datation de la maison la plus éloignée du centre est trop incertaine pour nous assurer de l'extension vers le sud-ouest avant la guerre de Cent ans. Les bâtiments subsistants sont donc très peu nombreux, et mal conservés. Trois avaient néanmoins un étage maçonné, dont avec un corps arrière à deux étages qui témoigne de la présence d'un édifice qui se démarquait du commun mais ne pouvait rivaliser avec l'aile occidentale du prieuré, entièrement en bel appareil réglé de pierre de taille et à grandes fenêtres à réseau sous larmier que dominait une souche de cheminée polygonale.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée

Documents d'archives

  • Deloche (Maximin) éd., Cartulaire de l'abbaye de Beaulieu (en Limousin), Collection de documents inédits sur l'histoire de France. 1ère série, Histoire politique, Paris, Imprimerie impériale, 1859.

    p. 88
  • Justel (Christofle), Histoire généalogique de la Maison de Turenne, Paris, 1645, Preuves.

    p. 9
  • Molinier (Auguste), Correspondance administrative d’Alfonse de Poitiers (Coll. de documents inédits sur l’histoire de France), Paris, Imp. Nationale

    t. II, 1900, p. 190-191, n° 1493

Bibliographie

  • Garrigou Grandchamp (Pierre), Scellès (Maurice) dir., Demeures du Moyen Âge dans le Lot, Saint-Saturnin, Editions de la Flandonnière, 2023.

    catalogue
  • Albe (Edmond), Viré (Armand), Le prieuré-doyenné de Carennac. Archéologie et histoire, Brive, 1914, 232 p.

    t. XXXIV, 1912, p. 469-530, 537-602, t. XXXV, 1913, p. 93-136, 301-352
  • PECHEUR (Anne-Marie). Carennac en Quercy.- Toulouse : Privat, 1988, 110 p.

Périodiques

  • Lacoste (Guillaume), Histoire générale de la province de Quercy, Cahors, Girma, 1883-1884.

    t. I, 1883, p. 161, 354-355 ; t. II, 1884, p. 291, 309, 311, 357 ; t. III, p. 127
  • Procès-verbaux des séances, dans Bulletin de la Société des Etudes du Lot, t. XXII, 1897, p. 254.

Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2008, 2021
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Conseil départemental du Lot