Les ruines du Bastit occupent l'extrémité d'un éperon dont la corniche rocheuse domine la vallée de la Dordogne à l'est de Gintrac (rive sud). On accédait au château par une rampe creusée dans la roche, qui constituait un fossé sec le protégeant au sud, du côté du plateau. Les vestiges de l'édifice permettent de restituer un vaste corps de logis rectangulaire, accosté à l'est d'un bâtiment secondaire en "bas-côtés", ou bien d'une cour étroite. La présence d'amorce d'un arc à l'angle sud-ouest peut supposer les vestiges d'une porte d'un autre bâtiment secondaire, à l'ouest. Pour autant, les sondages archéologiques réalisés en 2019 sur la bordure ouest du logis n'ont mis en évidence aucune maçonnerie en lien avec ces vestiges. À la place, un niveau de circulation extérieur datant également des 13-14e siècles a été découvert. Aussi, en l'absence de construction dans cette zone, les quelques claveaux en saillie paraissent indiquer le projet d'une extension à l'ouest, projet prévu dès la construction du château mais qui n'a jamais abouti (E. Billaud, 2021). Sur le front sud, l'élévation du logis se présente comme un épais mur-bouclier, épaissi à son angle oriental par un massif de maçonnerie en éperon qui flanquait l'accès principal dont subsistent la trace de l'arc et les tableaux.
Le rez-de-chaussée est divisé par un mur de refend transversal. La pièce nord était équipée d'une cheminée, à hotte pyramidale portée par un cadre de bois, et d'un évier qui permettraient d'y reconnaître une cuisine, d'un placard et d'une niche qui pouvait correspondre à un deuxième évier ou à une archère ; l'élévation orientale conserve, près de l'angle nord-est, une petite baie en lancette couverte d'un linteau échancré en arc brisé, voisine d'une grande fenêtre dont ne subsiste que le départ. Une porte ménagée dans le mur de refend, et qui était équipée d'une barre de fermeture, donnait sur la pièce sud où il était possible de s'enfermer. Cette pièce, un peu moins grande, disposait de deux autres portes, également munies de barres, l'une à l'est, l'autre à l'ouest. Son élévation sud est constituée par le mur-bouclier d'une épaisseur considérable (2,57 m), en fait évidé par une importante cavité voûtée en berceau (espace de stockage ou geôle ?), qui n'était accessible que par une trappe depuis la petite chambre de tir de l'étage.
A l'étage, la grande niche qui dessert l'archère cruciforme, dépourvue d'empattement, est couverte d'un berceau brisé et son sol se trouve à une quarantaine de centimètres au-dessus de celui de la salle sur laquelle elle n'ouvrait que par une porte à feuillure extérieure. A sa droite, une porte semblable ouvre sur une niche étroite desservant une seconde archère semblable à la première. La grande salle de l'étage était équipée d'une cheminée, appliquée au mur nord et superposée à la cheminée du rez-de-chaussée : elle a conservé les chapiteaux de ses piédroits et une partie de ses tablettes latérales. De part et d'autre apparaissent les vestiges d'un arc brisé et ceux d'un couloir de latrines en chicane. Lors des récents chantiers de restauration (2023), il est apparu que ces vestiges d'arc, situés au premier étage et supposés correspondre à une baie, se sont révélés être ceux d’un placard couvert d'un arc brisé. Il était doté de deux tablettes de bois et de petites niches ménagées dans les panneaux latéraux (E. Billaud). Les élévations latérales montrent les vestiges d'une porte contre l'angle sud-est, près du portail d'entrée du rez-de-chaussée, et à l'ouest ceux d'un tableau appartenant peut-être à une fenêtre et d'une fente de jour à appui à gradins.
Chercheur en inventaire du patrimoine pour le Département du Lot depuis 2019.