En 1232, le vicomte de Turenne donne à Bertrand et Pierre Bonafos, ses chevaliers, la terre de Teyssieu, à charge pour eux d'y construire la tour qu'ils disent vouloir faire ; ils s'engagent à rendre Teyssieu et la fortification à toute réquisition et deviennent les hommes liges du vicomte (T. Pataki, 1988).
Le lignage des Bonafos, à supposer qu'un seul lignage soit en cause, est particulièrement difficile à cerner tant ses ramifications étaient étoffées, déjà à l'époque des faits. Des Bonafos, issus semble-t-il des Pestilhac, étaient établis dans le castrum de Pestilhac au 12e siècle ainsi qu'à Cazals, à Domme et à Mechmont. Un fief de Bonafos et un autre, dit de Bonafossenque, tous deux tenus par des Bonafos, sont signalés au milieu du 13e siècle aux environs de Toulousque et de Saint-Pierre-la-Feuille près de Cahors. La Borie-de-Bonafos, actuel château de Surgès, aurait été fondée entre 1348 et 1395 par un certain Jean Bonafos ou son fils Gaillard, donzels des environs de Thédirac et vassaux du baron de Luzech. D'autres encore étaient signalés vers Albi et Moissac dès le 12e siècle. En dépit de cette dispersion, il n'est pas impossible que ces lignages apparemment distincts n'en aient constitué en réalité qu'un seul.
Entreprise peu après 1232, la tour de Teyssieu, en dépit d'une apparente unité, se présente comme un ouvrage composite dont l'édification a pu s'échelonner en de multiples campagnes sur une période assez longue. Malgré la précision des textes, il ne s'agit donc pas d'un ouvrage daté avec certitude. Les différences sensibles observées dans le dessin des fentes d'éclairage des niveaux 1 à 3 (large chanfrein bien dessiné pour la première, chanfrein maladroit et maigre pour la seconde, arêtes vives pour la troisième) dissuadent même d'attribuer ces premiers niveaux à une campagne unique. Le niveau 4, pour sa part, n'est probablement pas antérieur à la fin du 13e ou au 14e siècle. Il pourrait être contemporain de l'enceinte fortifiée. La ceinture de mâchicoulis caractérisée par ses consoles à quatre ressauts et son arcature dont subsistent les sommiers, établie en contrebas de l'arase sommitale, incite à n'attribuer le dernier niveau qu'à la seconde moitié du 14e siècle, au plus tôt. Encore a-t-il fait lui-même l'objet d'un remaniement au niveau de la voûte sommitale.
La tour faisait partie d'un château qui comprenait au moins une cour et un logis qui a presqu'entièrement disparu. Les vestiges de l'enceinte ne paraissent pas antérieurs à la fin du 13e siècle ou au début du 14e siècle.