Dossier d’œuvre architecture IA46100076 | Réalisé par
  • enquête thématique départementale, inventaire préliminaire de l'architecture civile médiévale
ville : bourg castral
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lot - Puy-l'Evêque
  • Commune Puy-l'Évêque
  • Cadastre 1837 B3
  • Dénominations
    ville
  • Précision dénomination
    bourg castral

Un château a indubitablement existé au Puy, ou « Pech », avant le 13e siècle, qui n’était peut-être qu’un castrum secondaire d’un puissant lignage seigneurial de cette partie du Quercy, tel que ceux des Luzech ou des Pestilhac. Son éventuelle confiscation par Simon de Montfort pourrait avoir facilité son acquisition par l’évêque de Cahors quelques années plus tard : dans une bulle du 27 février 1227, qui, malheureusement pour nous, ne dit rien du vendeur, le pape félicite Guillaume de Cardaillac pour l’achat des deux « fortissima castra [...] de Podio et de Luzegio », très puissants châteaux du Puy et de Luzech, dont la possession sera aussi favorable à l’Église et à ses fidèles qu’elle sera défavorable aux hérétiques (Caumont, 1952, p. 197-198 ; L. d’Alauzier, 1978). L’année suivante, l’évêque fait hommage à Louis IX pour le « vieux comté de Cahors » et les acquisitions récentes (J. Lartigaut, 1991, p. 40). Il est seigneur du Puy avec toutes justices ; il possède l’entier péage de la navigation sur le Lot, mais les revenus de la traversée de la rivière sont en revanche partagés entre plusieurs seigneurs directs.£Les évêques de Cahors n’ont que rarement séjourné dans le château construit dans les dernières décennies du 13e siècle, dont la tour servait de prison et dont le logis contigu pouvait loger leurs officiers : sénéchal, châtelain ou capitaine, bayle...£Rien n’indique que le bourg existait avant 1227, et il est possible que ce soit les évêques qui aient cherché à favoriser le développement de l’habitat au contact du castrum. Près de cinquante ans plus tard, les habitants se voyaient octroyer une charte de coutumes par Barthélemy de Roux. Le texte ne nous en est pas parvenu, et on ne peut que conjecturer que ses principales dispositions étaient semblables à celles concédées à Luzech par le même évêque en 1270, et peut-être la même année : réserve faite de leurs droits seigneuriaux, les nobles ne bénéficient pas d’un statut particulier ; les consuls ont droit d’avoir maison commune, coffre et sceau, et jouissent de larges compétences partagées avec le bayle. Le bourg est alors suffisamment riche et peuplé pour obtenir l’érection d’une nouvelle paroisse, dont l’église Saint-Sauveur est mentionnée en 1292 (J. Lartigaut, 1991, p. 16) ; il dispose alors d’un hôpital, qui confronte la place du Mercadial, et d’une léproserie située au bord d’un chemin à proximité de l’église, regroupant plusieurs maisons appartenant à leurs occupants (J. Lartigaut, 1991, p. 154-155).£Une vingtaine de nobles, chevaliers ou donzels appartenant à sept lignages et possessionnés dans la châtellenie ou les paroisses voisines, ont maison dans le castrum à la fin du 13e siècle. La plus ancienne famille de ces milites castri est celle, éponyme, des del Pech puis Ichier del Pech, qui est longtemps en situation dominante juste après l’évêque, et dont la demeure dite « l’Ychairie » subsiste tout près du château. Puis viennent les Verrolh et les Barasc, les La Croze, les Meymes, les Valgaudou, les Lézergues…£Grâce à un document exceptionnel, le registre des années 1292-1295 du notaire Arnaud de Salas, Jean Lartigaut a pu reconstituer l’organisation du bourg, qui a à peu près atteint à la fin du 13e siècle le développement qu’on lui connaît pour le début du 19e siècle, et tenter de cerner les activités du commun de ses habitants. Il est surprenant que la batellerie n’apparaisse jamais dans les actes du notaire : hasard de la conservation des sources archivistiques ? Ou bien le Lot n’était-il pas devenu la voie d’échanges que laisserait imaginer l’accord passé en 1283 entre l’évêque et les consuls de Cahors pour en améliorer la navigabilité (E. Albe, 1915) ? J. Lartigaut (1991, p. 128 et sq.) concluait que du point de vue économique, Puy-l’Évêque semblait être principalement un marché agricole où l’on vendait surtout des céréales et du bétail, notamment des bovins et des ânes, des draps, un peu de fer, quelques chaussures… Les membres d’une petite communauté juive pratiquaient le prêt de sommes modestes aux paysans des alentours (J. Lartigaut, 1991 p. 158).£Puy-l’Évêque reste cependant une place forte dont le rôle stratégique, à l’extrémité occidentale de la temporalité épiscopale et en zone frontière avec le duché d’Aquitaine, va croissant à l’approche de la guerre de Cent ans, d’autant que les puissants seigneurs voisins que sont les Luzech et les Pestillac rejoignent bientôt le parti des Anglais ; Puy-l’Évêque est pris en 1355, mais pour peu de temps, avant d’être placé, avec tout le Quercy, sous la suzeraineté du roi d’Angleterre en 1360, en application du traité de Brétigny.£Près d’une trentaine de maisons antérieures à 1400 ont été identifiées, mais aucune dans la partie nord du bourg : on se gardera de toute conclusion hâtive, l’enquête ayant été réalisée à partir du seul espace public. Les datations proposées sont le plus souvent incertaines, ou vagues, faute de critères suffisamment établis, exception faite de l’Ychairie que les réseaux de ses fenêtres et leur décor sculpté situent vers 1300, en accord avec les données historiques. Les arcs brisés sur sommiers en tas de charge ne sont probablement pas antérieurs au 14e siècle ; en revanche, le chapiteau d’une fenêtre géminée de la rue des Capucins, qui reprend des modèles des années 1260, pourrait être en fait, en raison de sa facture, une reprise plus tardive... Plus qu’ailleurs peut-être, notre connaissance du bourg dépendra d’investigations complémentaires dans les cours et les intérieurs des bâtiments, et d’études archéologiques à même de préciser la chronologie.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle , (incertitude)
    • Principale : 13e siècle
    • Principale : 14e siècle

Le château a été établi dans l’un des derniers grands cingles du Lot, sur le rebord d’un coteau dominant d’une quarantaine de mètres la rive nord de la rivière, et protégé à l’ouest par une combe profonde qui le sépare de l’église Saint-Sauveur édifiée en contrehaut à l’extérieur du bourg. Le site bénéficie des ressources de la rivière mais aussi des possibles profits tirés des voies de communication terrestres : la « grande peyrade » vers Villefranche-du-Périgord au nord, les chemins vers Duravel et Fumel à l’ouest et vers Cahors à l’est.£Le bourg a été épargné par l’aménagement, antérieur au plan cadastral de 1837, de la route royale de Tonneins à Millau, dont le tracé contourne le quartier nord autour de la place du Mercadial. En revanche nombre de maisons ont été détruites ou leurs façades alignées au 19e siècle pour élargir et régulariser les deux principales rues du bourg, les rues de la Combe et Saint-Sauveur, tandis que le quartier sud a été entaillé par une large rue traverse, la rue de la Cale, qui a profondément altéré le réseau rayonnant des rues descendant de la rue des Capucins aux rives du Lot et du ruisseau de Clédelles. L’analyse de la structure du parcellaire, en grande partie dépendante de la topographie, permet néanmoins de distinguer des phases de la formation de l’agglomération.£Le castrum, en forme d’écu curviligne, occupe environ deux tiers d’hectare, soit un cinquième de la superficie du bourg. Son front nord est principalement constitué par le château de l’évêque auquel s’accroche encore une portion de muraille ; il était protégé par un fossé traversant d’est en ouest l’actuelle place de la Truffière. Des maisons de chevaliers, dont celle dite « del Meüre », en formaient le front sud. Entre les deux, les travaux réalisés sous l’Ancien régime pour aménager des jardins n’ont laissé debout que la demeure des Ichier del Pech.£Mise à part une unique mention d’un « barri del Valat », l’appellation de « barri del castel » désigne à la fin du 13e siècle l’ensemble de l’habitat subordonné du bourg ; le quartier sud près de la rivière ne pendra le nom de « barri de la Trencada » que dans la seconde moitié du 14e siècle. Au nord, le chemin vers Villefranche-du-Périgord et la présence du marché ont favorisé le développement d’un quartier autour de la place du Mercadial, où se trouve une fontaine et que bordait l’hôpital contre lequel viendrait s’appuyer la porte de ville quand la guerre imposerait la mise en défense du « barri ». Partant de la place du Mercadial, la Grand rue suit la combe qui lui donne son nom. Le cœur de la « ville bourgeoise » est cependant la place del Cassaminié, où se trouvait peut-être la première maison consulaire : la construction de la halle au 19e siècle l’a réduite à peu de chose alors qu’elle s’étendait au nord-ouest jusqu’au Consistoire, un édifice réservé à l’exercice de la justice.£À l’ouest de la place, deux rues concentriques, les actuelles rues Bovila et des Capucins, encadrent un îlot courbe qui enveloppe la pointe du castrum au sud et à l’ouest. J. Lartigaut proposait d’y voir une première extension du castrum, dont les hautes maisons jointives, élevées sur un rebord rocheux taillé sur plusieurs mètres, auraient formé une seconde enceinte. Au-dessous s’est développé un quartier de marchands et d’artisans, dont les rues ne suivent pas les courbes de niveau mais sont au contraire disposées en éventail et descendent perpendiculaires à la pente jusqu’aux berges de la rivière et du ruisseau. Des venelles longitudinales recoupent parfois les îlots pour permettre l’évacuation des eaux de toitures.

  • Murs
    • calcaire

Champs annexes au dossier - Architecture

  • NOTB_G Albe (Edmond). Les Lépreux en Quercy, dans Le Moyen âge : bulletin mensuel d'histoire et de philologie, 2e série, t. 12, 1908, p. 121-143. (p. 122, 123 d’après ms 8573)£Albe (Edmond), Cahors. Inventaire raisonné et analytique des archives municipales, Cahors, Imp. Rougier, 1915, p. 114.£Alauzier (Louis d'), Acquisition de Puy-l'Evêque et Luzech par l'évêque de Cahors, dans Bulletin de la Société des Etudes du Lot, t. XCIX, 1978, p. 178.£Caumont (abbé), Puy-L’Évêque et les évêques, dans Bulletin de la Société des Etudes du Lot, t. LXXIII, 1952, p. 197-201.£Lacoste (Guillaume), Histoire générale de la province de Quercy, Cahors, Girma, t. II, 1884, p. 224, t. III, 1885, p. 147, 181, 323, 392, 396.£Lartigaut (Jean), Quelques hommages à l'évêque de Cahors (Fin XIVe siècle), dans Bulletin de la Société des Etudes du Lot, t. CXVIII, 1977, p. 20.£Lartigaut (Jean), Labéraudie, de la borie au village et à la seigneurie (XIIe-XVIe siècles), dans Bulletin de la Société des Etudes du Lot, t. CIV, 1983, p. 25.£Lartigaut (Jean), Eglises paroissiales et castra en Quercy : une première approche, dans Annales du Midi, t. 102, n° 189-190, 1990, p. 68.£Lartigaut (Jean), Puy-l'Evêque au Moyen Age. Le castrum et la châtellenie (XIIIe-XVe s.), Bayac, Ed. du Roc de Bourzac, 1991, 208 p.£Paillas (Jean), Trois sceaux consulaires inédits du début du XIVe siècle (Luzech, Puy-l’Évêque, Castelfranc), dans Bulletin de la Société des Etudes du Lot, t. LXXIII, 1952, p. 201-204.£Séraphin (Gilles), « L'Ostal de l'Ychairie à Puy-l'Evêque », dans Bulletin monumental, t. 160 (2002), p. 89-96.£Séraphin (Gilles), Donjons et châteaux du Moyen Âge dans le Lot, coll. Archives de pierre, Portet-sur-Garonne, Editions midi-pyrénéennes, 2014, p. 332-334.£Deloncle (Charles), Puy-l'Évêque (Lot) et ses environs, aperçus historiques et archéologiques, Montauban : bureaux du Moniteur de l'archéologue, 1867, 70 p. (non consulté).
  • NOTB_S Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. Français 8573 : Registre d'un notaire de Puy-l'Évêque (Lot). (1289-1296) (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90617228/f2)£Molinier (Auguste), Correspondance administrative d’Alfonse de Poitiers (Coll. de documents inédits sur l’histoire de France), Paris, Imp. Nationale, t. II, 1900, n° 1889, p. 447.
  • APPA
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  • CHARPP
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  • COORMLB93
  • COORMWGS84
  • COORWGS84
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  • VOIR_AUSSI
  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2005, 2021
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Conseil départemental du Lot