Après avoir façonné son château à l'image des palais de François Ier dans le Val de Loire, Galiot de Genouillac entreprend à partir de 1540 le chantier de son propre tombeau.
Ce nouveau monument adopte la même forme qu'une autre église achevée quelques années plus tôt : à Lonzac (Charente-Maritime), Galiot fit ériger un sanctuaire similaire en l'honneur de sa première femme, Catherine d'Archiac, morte en 1514.£Le plan très simple, en forme de croix latine, s'inscrit dans la tradition gothique : la nef unique à deux travées s'ouvre sur une abside polygonale à cinq pans, précédée d'un avant choeur qui place la croisée du transept au centre même de l'édifice.
L'église intègre pourtant des formes résolument de son époque, la Renaissance. Le déploiement de sculptures confère au monument son caractère exceptionnel, au point de lui ôter pratiquement toute symbolique religieuse.£Ainsi, la frise sculptée présente Galiot sous les traits d'Hercule. Ses exploits sont loués par des scènes de batailles entrecoupées d'armoiries, emblèmes, fleurs de lis et devises (dont l'insolente et ambiguë "j'aime fort'une").
Ces panneaux de pierre juxtaposés sont un document exceptionnel sur les guerres menées par les rois de France en Italie : artisan de la victoire de Marignan (1515), Galiot est l'inventeur de la couleuvrine, pièce d'artillerie représentée ici au milieu du siège de villes et de forteresses. Cette frise est surtout un précieux témoignage pour comprendre la culture de la Renaissance, sur les traces de l'Antiquité : Galiot et son souverain sont célébrés tels des héros de la mythologie gréco-romaine.
Posé de façon dissymétrique sur une façade parfaitement nue, le portail ouest adopte une allure monumentale. Au milieu d'un emboîtement savant de baies arrondies, entablements horizontaux et colonnes verticales, couronnés par un fronton triangulaire et un imposant édicule, se déploient des sculptures à la fois religieuses et allégoriques : à la Fortune en partie détruite qui coiffait l'ensemble, répondent les statues de saints et d'angelots entourant la Vierge à l'Enfant.
Enfin, derrière une clôture en noyer sculpté, la chapelle funéraire accueille un tombeau en marbre, tout à l'honneur du défunt : au-dessus du gisant en costume d'apparat, un haut-relief représente Galiot armé sur le champ de bataille. Le véritable intérêt de cette chapelle réside dans le profil de sa voûte appareillée, où l'absence d'arête saillante dessine une étoile à 16 branches qui se noie dans les murs. Ce véritable chef-d'oeuvre de stéréotomie témoigne du goût du temps pour les montages architecturaux complexes et spectaculaires.
L'église Saint-Pierre d'Assier, pour ces raisons, a été justement classée sur la toute première liste des Monuments historiques, établie dès 1840.