moulin, dit moulin de Cantarane - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

Les registres paroissiaux de La Caunette mentionnent dès 1746 l’implantation d’un meunier dans la commune. Il s’agit alors de Pierre Caffort, époux de Catherine Mazerme. Ce dernier, qui réside au moulin de Cantarane, se porte acquéreur en 1751 de la moitié du moulin Haut de Minerve. Les deux moulins seront détenus par les mêmes propriétaires pendant près d’un siècle. Pierre Caffort meurt en décembre 1755, peu après avoir institué sa femme Catherine Mazerme comme légataire universelle. Celle-ci afferme en 1756 les deux moulins (de La Caunette et de Minerve) à Jean Séguy, originaire de Milhau en Rouergue. Le moulin de Cantarane est ensuite exploité par Charles Gombert, époux de l’une des filles de Pierre Caffort, puis par Jean-Baptiste Rey, lui-même époux de l'une des petites filles de l'ancien meunier.

La famille Caffort paraît proche de la famille Mons, meuniers à Aigues-Vives, dont les membres sont cités à plusieurs reprises comme témoins dans les actes de mariage ou de naissance de la seconde moitié du 18e siècle. Les Caffort, de même que les Gombert, semblent occuper une position assez élevée dans la hiérarchie sociale du village de La Caunette. Le registre des délibérations communales des années 1790-1791 indique ainsi que François Caffort est maire de la commune, Charles Gombert est procureur. Jean Caffort et Charles Gombert sont quant à eux cités parmi les notables.

Le moulin entre dans le giron de la famille Tescou en 1836 par le bais du mariage de Pierre Tescou avec Marianne Rey. Gustave Tescou est le dernier meunier du moulin de Cantarane, encore cité dans l’annuaire du Département de l’hérault de 1891. Il cesse de fonctionner à la fin du 19e siècle.

Le bâtiment actuel conserve quelques éléments de la seconde moitié du 18e siècle (fenêtre du premier étage de la façade sud-ouest, cheminée galbée, évier en pierre). Il a cependant été très modifié aux 19e et aux 20e siècles. L'ancien escalier extérieur a été remplacé par un large perron avec remise construit au 20e siècle. Le moulin a perdu ses fonctions industrielles et agricoles ; c'est aujourd'hui une maison d'habitation.

Le moulin de Cantarane, distant de 1500 mètres du bourg de La Caunette, est situé à proximité de l’ancienne route de Narbonne. Il est implanté sur la rive gauche de la Cesse, dans une zone de plaine, sur un tronçon de rivière dont le cours aérien disparaît en saison estivale. Cette particularité est évoquée par un dicton local « al mouli de Canta-rano, quand i a d’aigo, i a pas de grano » (au moulin de Cantarane quand il y a de l’eau il n’y a pas de grain), sous-entendu qu’à la fin de l’été, quand les greniers étaient pleins, la Cesse était asséchée.

Les aménagements hydrauliques ont disparu mais sont restituables grâce au plan cadastral napoléonien. La prise d’eau était située 520 mètres en amont du moulin. Le béal longeait sur les deux tiers de cette distance le cours de la rivière, accroché à l’escarpement qui borde la rive gauche de la Cesse. Il suivait ensuite l’actuel chemin menant au moulin (il en subsiste un mur maçonné) et s’élargissait pour former un petit réservoir accolé à la façade nord-ouest du moulin, dont il épousait toute la largeur. En amont du réservoir, un canal de décharge permettait à la fois d’irriguer le pré en contre-bas et de réguler le débit d’eau. Après son passage dans la chambre hydraulique, l’eau s’écoulait dans un canal de fuite aménagé sur la façade opposée au réservoir, et se jetait 170 mètres plus loin dans le ruisseau de Trémenal.

Le bâtiment, de plan rectangulaire, présente une surface au sol de 50 mètres carrés. Il se compose de trois niveaux : deux chambres hydrauliques en enfilade en sous-sol, probablement anciennement voûtées, une chambre des meules en rez-de-chaussée et un étage d’habitation accessible par un escalier droit extérieur, positionné sur la façade sud-est. L’étage d’habitation est équipé d’une cheminée galbée accolée au mur nord-ouest et d’un évier en pierre aménagé dans l’ébrasement d’une fenêtre du mur sud-est. Une petite baie ouverte sur la façade sud-ouest, équipée d’une pierre d’envol, témoigne de l’aménagement d’un petit pigeonnier à cet emplacement.

Le mécanisme du moulin a disparu mais la chambre hydraulique est encore accessible et le canon en place. Quatre meules sont encore sur site.