Lors de la première levée cadastrale, en 1834, le bâtiment implanté sur la rive gauche du Jaur fait partie d'un ensemble bien plus vaste, appartenant à Denis Fourcade, marchand de draps à Saint-Pons. Il est alors occupé par un moulin à blé et un atelier, vraisemblablement dédié à la confection des draps de laine. En 1844, l'ensemble passe aux mains de Victor Fourcade, connu comme négociant à Saint-Chinian. De 1852 à 1898, le bâtiment appartient à la famille Miquel qui le transforme, vers 1867, afin d'y installer une filature et des apprêts et donne à l'usine sa physionomie actuelle. A la fin du 19e siècle, elle est achetée à Joseph Miquel par Louis Rouanet, filateur à Saint-Pons, qui l'équipe d'un nouveau moteur hydraulique au début des années 1920. A cette époque, l'usine passe aux mains d'un industriel mazamétin, Jean Cèbe, qui la loue à son gendre, Hippolyte Roudière, afin d'y pratiquer le « lavage de laines de peaux », en lien avec les activités du centre de délainage voisin. L'usine est alors agrandie, côté Jaur, fermant le bâtiment à l'origine en U, la nouvelle aile étant dédiée au délainage et lavage des laines. Situé au milieu de la ville, cette activité très polluante, notamment à cause des odeurs dégagées par la fermentation des peaux dans des étuves afin de séparer la laine de la peau, ne connaît pas de suites.
Devenu propriétaire de l'usine à partir de 1938, Hippolyte Roudière y implante un atelier de teinture dès 1947, activité qui prend le pas sur la filature à partir des années 1950. L'usine travaille alors à la teinture des draps pour l'armée, puis, sous la direction de Jean Roudière, tire ses commandes des industriels de Labastide-Rouairoux. A partir des années 1970, la teinturerie connaît une période prospère grâce au succès du fil six couleurs dont les commandes proviennent essentiellement de l'entreprise Houard de Labastide. La gestion passe aux mains d'une coopérative ouvrière entre 1975 et 1985, date de cessation de l'activité et de liquidation de l'entreprise. L'ensemble du matériel ainsi que les chaudières sont alors vendus. Depuis, le rez-de-chaussée du bâtiment de la filature des apprêts, puis atelier de teinture, est occupé par des garages tandis que le bâtiment qui lui fait face, ancien atelier de filature et forge, a été reconverti en logements. Le couronnement de la cheminée a été démoli en 2005.
photographe ayant assuré une prestation pour l'inventaire du patrimoine industriel de l'Hérault, entre juin 2013 et juin 2014.