Jusqu'à l'an VII, le barrage établi sur le Jaur à hauteur du lieu-dit Le Martinet sert à l'alimentation d'une usine, propriété des sieurs Crouzet. Un atelier de foulage de draps, appartenant à Joseph Cormary, est mentionné lors de la première levée du cadastre napoléonien, en 1834. En 1854, Jean Fontès, apprêteur à Prémian, est à la tête de l'usine. Détruite par une inondation en 1875, l'usine Fontès est reconstruite à la fin du 19e siècle (vers 1896) : un atelier sous sheds avec maison patronale voit le jour, géré à partir de 1921 par la société, nouvellement créée, « Emile et Raoul Fontès » ayant pour objet l'apprêt des draps. Vers 1925, Emile Fontès fait construire un nouvel atelier de filature, accolé à l'usine des apprêts. L'ensemble est complété par une chaufferie comprenant une chaudière au charbon Babcock, relayée par deux chaudières à mazout et sa cheminée, et un nouvel hangar, construits vers 1935. Ce dernier bâtiment, à 2 travées en pan de fer avec charpente métallique et lanterneau vitré, est détruit par un incendie le 22 août 1944 au cours d'un combat entre FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) et allemands, puis reconstruit après guerre.
En 1948, la société « Emile et Raoul Fontès » se sépare en deux branches. La première, gérée par Emile Fontès, et qui deviendra en 1963 la société « Emile Fontès et Cie », puis en 1972 société « Les apprêts et teinture du Martinet », est dédiée à l'ennoblissement des draps de laine, de fabrication régionale (Riols, Lacabarède, Castres), par le lavage, la teinture (par autoclaves) et les traitements mécaniques (foulage, garnissage, tondage, lustrage). La destination de la production est diversifiée : ameublement, carrosserie, couvertures, habillement ou encore tissu mural. L'entreprise emploie près de 80 personnes (48 en 1979, 32 en 1986). L'usine est agrandie dans les années 1950-1960 avec la construction de nouveaux ateliers sous sheds, pour la teinturerie, et une extension contre la façade est de l'usine des apprêts afin d'abriter le séchage des draps. En difficulté financière au milieu des années 1980, l'entreprise ne traite plus que 1,5 à 3 t de tissus par jour. L'activité de teinture est devenue secondaire avec 150 kg traités par jour et par un seul ouvrier. L'usine ferme au milieu des années 1990, les machines sont vendues à l'étranger.
La seconde branche d'activité, développée par Raoul Fontès, puis André Sidobre, son gendre, sous la raison sociale « Filature du Martinet », a pour objet l'exploitation d'une usine de filature de laine cardée, retordage, fils fantaisie, moulinage dont les principaux clients sont à Castres. Ce secteur emploie alors 50 à 60 ouvriers. Une troisième activité, la fabrication de tricots, est développée sur le site par André Sidobre. Ces deux filières prennent fin dans les années 1980.
Une grande partie des bâtiments du Martinet, abandonnés à la fin des années 1990, sont aujourd'hui en friches, malgré une reprise de certains espaces comme lieu de stockage. La cheminée a été tronquée en 2010.
photographe ayant assuré une prestation pour l'inventaire du patrimoine industriel de l'Hérault, entre juin 2013 et juin 2014.