Dès la seconde moitié du 17e siècle, il existe un mas à la fontaine de Théron, appartenant à Mathieu Pradier, fabricant pour le Levant. Au 18e siècle, le domaine, composé d'une maison avec ses appartenances, parterre, terrasses, jardin, verger, vigne, bois, fontaine et viviers, le tout ceint de murs, appartient toujours à la famille Pradier, puis à partir des années 1770, au manufacturier Jean Pelletan, puis Antoine Pelletan, liés par alliance aux Pradier. A partir du dernier quart du 18e siècle, la ressource hydraulique, abondante sur la propriété, est utilisée en raison de ses propriétés dans le lavage des laines qui entraient dans la fabrication des draps à destination des Echelles du Levant. En 1791, le domaine se compose d'une maison, de 3 viviers, d'un espace pour le lavage des laines et leur étendage, de jardins et de divers terrains. Le traitement des laines a vraisemblablement lieu dans un espace accolé au logis, en soubassement, et dans des ateliers situés au sud-ouest de la demeure. L'ensemble est vendu en 1802 à Alexandre Bonneville, négociant de la rue Frégère. Dans le premier quart du 19e siècle, plusieurs modifications sont apportées (extension ou réfection du bâtiment dédié au traitement des laines dont une entrée porte la date de 1829), initiées par la famille Bonneville ou par Antoine Aninat qui s'en disputent la propriété. A cette époque, les ateliers abritent toujours uniquement les premières étapes de fabrication des draps, c'est-à-dire le lavage et le cardage des laines. La famille Bonneville y ajoute la teinture des laines à partir des années 1840. Le filage, le tissage et les apprêts devaient être effectués dans d'autres unités de production, situées vraisemblablement le long de la Dourbie. Le domaine est vendu en 1855 à Télémaque Ortus, marchand de laine à Clermont l'Hérault, en 1864 aux frères Lugagne Planque et Casimir Saumade, négociants associés, puis en 1869 à Ernest Lugagne Delpon. Ce dernier est à l'initiative de plusieurs transformations dont l'aménagement du jardin d'agrément à l'emplacement des terrains anciennement réservés à l'étendage des laines, au cours des années 1870. Cette époque semble marquer l'arrêt de l'activité textile.
Après une tentative d'implantation d'un atelier pour le « nettoyage et blanchissage des cartes à jouer maculées par l'usage» en 1896, Gaston Lugagne transforme le domaine en établissement vinicole. Le bâtiment auparavant dédié au lavage, à la teinture et au stockage des laines est reconverti en chais et cellier (surélévation du plancher). En 1921, François Mathieu, viticulteur à Canet, se porte acquéreur des vignes situées au lieu dit les Près et du domaine de la Fontaine Thurou. Entre 1925 et 1930, période d'activité la plus prospère, le domaine produit entre 800 et 1000 hectolitres. Jusqu'aux années 1940, la vinification se fait sur place, le vin étant vendu à des négociants clermontais. Après guerre et jusqu'à la fin de l'activité en 1955, la production est amenée à la cave coopérative de Clermont l'Hérault. Les bâtiments ont connu très peu de modifications, seuls ont été ajoutés une serre pour les orangers, accolée au logis principal, et une extension réalisée en 1951 à l'arrière du chai dont une partie a été reconvertie en logement.