L’école maternelle Lissagaray d’Auch a été bâtie au milieu des années 1950 d’après les plans dressés en 1951 par Annie Sauvagé, architecte auscitaine.£Ces plans répondent aux préoccupations de l’époque concernant les nouvelles pédagogies, en s’inspirant du mouvement des écoles de plein air initié au début du 20e siècle et développé dans l’Entre-deux-guerres en France et en Europe. Ces écoles sont plus ouvertes sur l’extérieur que celles de la période précédente. Elles sont généralement dotées de toits-terrasses et de solarium, ce qui n’est pas le cas ici. Sur l’un des plans de l’avant-projet, l’architecte identifie la cour de récréation comme une « aire de jeux et de classe en plein air ». Dans la continuité du développement des nouvelles pédagogies, plusieurs aménagements sont prévus pour ouvrir l’esprit des enfants sur le monde et la nature : cage aux oiseaux, aquarium, bassin à poissons, scène et théâtre de guignol.£Les plans dressés en 1951 s’inscrivent aussi dans le contexte de la reconstruction postérieure à la Seconde guerre mondiale en adoptant la trame de 1,75 m. Cette trame doit permettre la standardisation et l’industrialisation de l’architecture, et donc une réduction des coûts, ainsi que des chantiers plus rapides. Les éléments sont préfabriqués en usine et assemblés sur place. Le module de la trame est décliné dans tous les espaces de l’édifice. Les couloirs mesurent ainsi un module de large, quand les classes en font 4 sur 5, soit 7 m sur 8,75 m. La trame est dessinée au trait léger sur le fond de plan et la quasi-totalité des murs de l’édifice se trouvent sur les traits de la trame.£L’avant-projet prévoyait l’aménagement de trois classes et un réfectoire dans l’aile la plus longue, à l’ouest. Cette partie était destinée aux « plus de 3 ans ». Le préau assurait la jonction avec les locaux administratifs, au nord, et l’aile dévolue aux « moins de 3 ans », au nord-est. Cette dernière comportait des sanitaires, une salle dite « des bébés » et un dortoir appelé « repos ». La partie administrative était la seule sur deux niveaux. Elle devait accueillir l’entrée (aussi appelée « salle d’attente des parents »), les bureaux du médecin, de la directrice (sic) et des institutrices (sic) au rez-de-chaussée. À l’étage se trouvait l’appartement de la directrice.£Le projet prévoyait certaines dispositions particulières, notamment l’usage exclusif de matériaux français, si possible régionaux. Les sols devaient être en linoléum, sauf ceux des salles d’eau et de l’entrée, en carreaux de grès. Les murs intérieurs devaient être enduits au ciment, sauf ceux du logement qui pouvaient être en plâtre.£Il semble que l’édifice finalement construit diffère légèrement de ce qui était prévu. Le réfectoire qui devait se trouver au sud de l’aile ouest est finalement aménagé à la place des bureaux du docteur et de la directrice. La salle initialement prévue pour le réfectoire devient une quatrième salle de classe pour les plus grands. À une date indéterminée, l’entrée ou « salle d’attente des parents » est transformée en bibliothèque.£En 1987, la partie réservée aux plus jeunes est agrandie et un nouveau dortoir est construit, au nord du dortoir existant. Les plans sont dressés par Jean Brousse, architecte à Auch.£À une date indéterminée, le logement est transformé en bureaux utilisés indépendamment de l’école par divers services de la ville d’Auch, dont la police municipale dans les années 2010. Au milieu des années 2000, des travaux de mise en conformité ont été réalisés, entraînant notamment le changement de la plupart des portes intérieures afin qu’elles répondent aux normes actuelles.£L’intérieur de l’édifice n’a pas été observé dans le cadre de l’inventaire préliminaire réalisé en 2020. L’étude complète de cet édifice exceptionnel pour le territoire gersois est donc à compléter. Extérieurement, il semble particulièrement bien conservé, mais l’édifice servant toujours d’école, il a dû connaître des réaménagements intérieurs dont il faudrait pouvoir évaluer l’ampleur. Il a été repéré dans le cadre d’une enquête en cours par la Drac Occitanie sur les écoles du 20e siècle, afin d’identifier des édifices susceptibles d’être protégés au titre du label Architecture contemporaine remarquable.