Le site de Salies-du-Salat est situé à l'entrée du parc régional des Pyrénées Ariégeois à une vingtaine de kilomètres de Saint-Gaudens et environ 70 kilomètre de Toulouse. Le bourg est traversé par le Salat dont le lit est déplacé au 19e siècle après plusieurs crues dévastatrices. Cette commune est construite sur un gisement d'ophite et de sel qui est exploité depuis l'Âge de Bronze.
Un site antique connu par les fouilles : le sel et les eaux thermales
Des fouilles de sauvetage réalisées en 1999, à l'occasion de l'extension du collège des Trois Vallées, ont révélé deux niveaux stratigraphiques, l'un du premier âge du fer, le second du Moyen Âge. Le premier, constitué d'un important dépôt de céramiques et d'une aire de combustion correspond à un site d'exploitation du sel. Une fouille programmée en 2000 a révélé plusieurs dizaines mètres cubes de tessons très fragmentés portant la trace d'une intense cuisson au feu après leur fabrication qui appartenaient à des vases. Quatre cuves creusées avec paroi en argile et un foyer ont également été mis aux jours. Les eaux salées étaient traitées dans les cuves, puis cuites dans les vases pendant une longue période afin de pouvoir récupérer le sel cristallisé en brisant les vases (Carte archéologique).
Lors de nouvelles fouilles, des coulées de métal attestant une production de petits éléments vestimentaires en bronze datés de l'époque carolingienne ont été découvertes. Les eaux salées qui sourdent dans ce secteur ont été exploitées pour la production du sel depuis l'âge du bronze. A l'époque romaine, il y aurait également eu une activité thermale (découverte d'un bassin et de mosaïques). Les vestiges des salines mises au jour à la fin du XIXe siècle comportait un aqueduc de 2 m de long qui acheminait l'eau jusqu'à des cuves d'évaporation d'une profondeur de 20 cm distantes entre elles d'environ 4 m. Ces cuves comportaient des tables en marbre à proximité desquels les amoncellements de cendre retrouvés semblent indiquer que l'évaporation des eaux salées était activée par le feu. Certains auteurs jugent que ces tables de marbre sont à lier à l'activité thermale. Les vestiges proprement thermaux mis au jour correspondent à une ancienne piscine de construction gallo-romaine. Le bassin, d'une largeur de 1, 34 m présentait un placage de marbre blanc et de marbre griotte, ainsi qu'un pavement de mosaïques jaunes et noires, découvert en 1884 à l'occasion de la plantation d'arbres pour l'allée des bains. Des fragments de verre ou de céramique et de tuile ont également été recueillis. Tous ces vestiges thermaux, comme ceux liés à l'exploitation du sel, n'ont pas été conservés (Carte archéologique).
Au Moyen-Âge un bourg et son château
Le centre de gravité du bourg se serait déplacé vers le Salat, en contrebas de la colline d'ophite au cours du Moyen-Âge, dont le sommet est occupé par un château des comtes de Comminges. Le donjon conservé daterait du XIIIe siècle tandis que la chapelle voisine est datée du XIVe siècle. Ces édifices ont été précédés d'aménagement antérieurs dont certains vestiges sont analysés par les archéologues.
D'autres fouilles faites en 1994 sur le site de l'ancien château des Comtes de Comminges ont permis de découvrir la présence d'un atelier de monnaies du 15e siècle. Les recherches en archives confirment cette production puisque Mathieu de Foix installe un atelier vers 1420 dans le château ce qui lui vaut l'interdiction de Charles VII de battre les monnaies jusqu'en 1423. Une florette de Charles VI a été retrouvée dans les fossés du château.
La ville à l'époque moderne
Au XVe siècle, les habitants de Salies abandonnent l'enceinte du château comtal et colonisent peu à peu les pentes du castrum et la rive gauche du Salat (d'après la prospection inventaire menée par Bernard Jolibert en 2006).
En 1599, les états du Comminges réunis à Aurignac rassemblent les subsides pour la fondation d'un couvent mercédaire (Notre-Dame de la Merci) à Salies du Salat. Le couvent est confisqué et vendu comme bien national au moment de la Révolution et a depuis été très transformé.
Au cours du 16e siècle, la ville de Salies alors appelée « Sallyes » est choisie pour accueillir à plusieurs reprises les assemblées des état du Comminges.
Au 17e siècle, deux épidémies de peste ravagent la ville en 1631 et en 1653 et les salines sont momentanément abandonnées en raison du risque de contagion des eaux servant à l'extraction du sel.
La ville est l'objet d'une terrible inondation en 1705 qui aurait détruit en une nuit 128 maisons et provoqua la mort d'habitants. La ville est connue pour être en 1769 la commune de naissance du Général Compans, pair de France et militaire incontesté des campagnes napoléoniennes. Mort en 1845, il a fait l'objet d'une statue d'hommage, financée par une souscription publique, qui a été inauguré dès septembre 1851.
La manufacture Bergougnan, créée à la fin du XVIIIe siècle, fait partie des plus anciennes faïencerie du département de la Haute-Garonne. Entre 1793 et 1815, elle emploie 20 ouvriers faïenciers (dont un peintre) et une trentaine de brassiers et manouvriers. En 1855, Bergougnan, en difficulté vend l'ensemble aux sieurs Siadoux, huissier à Salies et Bordes, menuisier à Salech pour 18 000 F mais l'activité ne reprend guère et est fort modeste dans la deuxième moitié du 19e siècle.
Une promenade publique plantée de tilleuls est établie en décembre 1805, en hommage à la bataille d'Austerlitz qui lui donne son nom d'allée d'Austerlitz.
Un pont suspendu en bois a été établi en 1835 ; il n'en existait aucun sur la commune depuis la destruction du pont en bois lors de l'inondation de 1705 et le passage s'effectuait par un bac tracté par un câble.
Le virage de l'exploitation du sel et de l'eau thermale salée dans les années 1880.
Le 19e siècle marque la renaissance du thermalisme et de l'exploitation du sel dans la ville qui se développe pour devenir une station de villégiature à la fin du siècle. Selon des témoignages oraux, au début du 19e siècle on vient de plus 60 km à la ronde pour remplir des tonneaux d'eau thermale (Vidailhet, monographie communale, 1886). Une société d'exploitation ne voit le jour qu'en 1880 et le premier établissement thermal est construit en 1882.
En 1883, les fouilles entreprises permettent de découvrir une mine de sel gemme à 220 m de profondeur se déployant sur une très grande étendue. Pour son exploitation, une importante usine est construite sur la rive droite du Salat en amont du bourg, près du hameau du Bout-du-Pont. La Société Anonyme de Recherches de Gisements Salifères a obtenu une concession sur une dizaine des communes autour de Salies-du Salat et sur le périmètre de protection des sources thermales. Il fut également construit une passerelle sur le Salat qui supportait la conduite d’eau salée venant des puits tous situés sur la rive gauche et alimentant l’usine située sur la rive droite. Cette passerelle était constituée de gros piliers maçonnés montés sur des gabions édifiés dans le cours du Salat. Ces piliers servaient de support à la canalisation. Des haubans fixés sur le haut des piliers soutenaient la canalisation à la manière d’un pont suspendu. Il y avait des tuyaux dans lequel passait l’eau salée et en partie haute il y avait des wagonnets. Ceux-ci apportaient à la gare de Salies le sel de tout-venant, pour les routes, chantiers, usines tandis que le sel destiné à la consommation était ensaché. Les wagonnets revenaient chargés de charbon pour faire fonctionner la chaudière de l'usine.
En 1886, dans sa monographie, l'instituteur Vidailhet indique que l'usine produit 20 000 kg de sel très pur et très blanc. L'usine était alimentée en électricité par une centrale que faisait fonctionner un canal d'amenée d'eau depuis Touille Cette centrale générait environ 3000kW/h. En effet la société avait été formée pour mettre en application les procédés d’extraction du sel mis au point par l’ingénieur Picard. Ils nécessitaient, outre la présence d’un banc de sel gemme, une force hydraulique importante et la ville de Salies réunissaient ces deux conditions.
A partir de 1915 une usine de Boussens, la SEUB utilisait le sel pour en extraire du chlore et autres dérivés. Un tuyau reliait directement l'usine de Salies à celle de Boussens.
L'usine a cessé son activité en 1973 et a été progressivement démembrée, hormis la cheminée qui a été préservée. La passerelle n'existe plus, il n'en reste que des piliers.
Plusieurs carrières de gypses ont également été exploitées pour la production de plâtre à bâtir ainsi que pour un usage d'engrais agricole. Le gype calciné dans un four était ensuite réduit en poudre de plâtre.
En 1860, la création de la voie de chemin de fer engendre la déviation du cours du Salat vers la rive droite. La gare est construite en 1865. Cela n'empêche pas les effets de la grande crue de 1875 mais elle ne fit pas de victime à Salies-du-Salat.
Le pont en bois a été remplacé par un pont en béton au début des années 1940.