L'inauguration du casino en 1880 amena Mme Sylvie Sacarrère, propriétaire d'un immeuble sur l'allée d'Etigny et de terrains complémentaires à l'arrière, à ouvrir un passage couvert sous l'immeuble poursuivi par une rue qui fut baptisée de son prénom. Cette rue offrait un accès direct entre l'allée d'Etigny et le casino qui n'était sinon accessible que par l'allée des Bains et par la rue de la Cité. Un portail spécifique fut établi dans la grille qui ceignait le parc du casino pour l'accès depuis la rue Sylvie. Des boutiques diverses sont aménagées dans la rue, qui comme beaucoup d'autres alors à Luchon, est une rue privée. Le bureau de poste et télégraphe y est également installé. Mais dès 1893 la rue semble peu entretenue et l'on trouve trace dans les registres du conseil municipal d'un vent de critiques. On y déplore la malpropreté qui y règne et se pose la question de fermer le portail d'accès au parc du casino. La mairie veut reléguer ailleurs la population gitanos (sic) qui y grouille, les dames de tir, diseurs de bonne aventure, marchands d'orviétan et autres forains (Avenir de Luchon, 15 octobre 1893). Ce problème d'entretien des voies privées semble alors chronique mais pose davantage problème dans cette voie très fréquentée en saison. En décembre 1893, le syndicat des intérêts locaux pointe encore que la rue est mal entretenue, même l'été, et jamais éclairée l'hiver et suggère de transférer les postes et télégraphe sur l'allée d'Etigny. En janvier 1894, le bec de gaz faisant face à la maison du docteur Garrigou est enfin allumé mais la rue reste difficilement praticable en cas d'enneigement ce qui est problématique pour l'accès des Luchonnais au bureau de poste.
Le 3 septembre 1899 un incendie ravage huit boutiques et fait également des dégâts à la librairie Sarthe et au bureau de poste et télégraphe. C'est surtout au début du 20e siècle que se situe l'âge d'or de la rue qui abrite divers cafés (Brugié, café-glacier de l'Avenir où se donnent les premières séances de cinéma) , des photographes (Numa Blanc, Soulé, Benoit) et des succursales de grands magasins (maison de textile Janson, Toulouse, Galeries Lafayette dont la succursale s'appelle le Pavillon fleuri, chocolat Olivier dont la maison mère est à Toulouse) ou boutiques spécialisées (Mothe et Cléy ou Locré antiquaires). La rue bénéficie également du voisinages du Pyrénées Palace qui draine une clientèle cossue. En 1926 dix magasins contigus au début de la rue et l'immeuble Saccarère sont l'objet d'une vente sur saisie. Les commerçants venus de la Côte d'Azur délaissent peu à peu leur succursale luchonnaise n'ayant plus besoin de cette activité estivale complémentaire. La fermeture du Pyrénées Palace en 1950 et le déclin du casino sonnent le glas du succès de l'artère.