Dossier d’œuvre architecture IA31012402 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine thermal
villa Gipsy, puis casino, puis musée, villa Corneille, actuellement hôtel
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pyrénées - Bagnères-de-Luchon
  • Commune Bagnères-de-Luchon
  • Adresse 5 avenue Alexandre Dumas
  • Cadastre 2017 AK 131
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de villégiature
  • Appellations
    villa Corneille
  • Destinations
    casino, musée, hôtel
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, jardin

La villa Corneille, construite dès 1850, fait partie des plus anciennes villas du quartier de la Pique. Elle relève, avec ses pilastres ioniques, d'une inspiration néo-palladienne. Connue aussi sous le nom de "villa Gipsy", elle a joué un rôle important pendant la saison thermale de la seconde moitié du 19e siècle, abritant tour à tour, un casino, un musée et le temple protestant, lorsque ces équipements n'étaient pas encore construits. Recentrée par la suite sur ses fonctions hôtelières et agrandie, elle a reçu au tournant du 20e siècle un riche décor intérieur avec en particulier le vitrail de Gesta.

C'est un parisien d'origine anglaise, John Corneille de Moynalty, écuyer du comte de Meat, qui fait construire la villa en 1847 dans une zone encore peu aménagée de Luchon et la baptise "villa Gipsy". Cette construction nouvelle est mentionnée en 1850 sur les registres du cadastre. Une chapelle a été aménagée vers le milieu du siècle pour accueillir le culte protestant pendant la saison des eaux ; elle est mentionnée sur le plan de Castex de 1873 et est recensée parmi les services des stations dans l'Exposition universelle du protestantisme français en 1893. La villa accueille dès 1847 le casino qui fait alors défaut à la ville. Sur le plan de Luchon de 1850 (publié par P. et B. de Gorsse en 1942, p. 14) la villa est accompagnée des mentions suivantes "temple, musée, théâtre, casino, billard". Sur le plan publié par Lambron en 1860 (op.citée, p. 331) la villa "Jipsy" correspond au "grand casino". Lambron indique (op. citée p 633) que le propriétaire avait touché de la mairie une subvention de 18 000 F pour aménager le casino. Il précise les aménagements du lieu : de grands et petits salons décorés avec goût pour la lecture, la conversation, le jeu ; un billard avec estaminet ; une vaste salle avec théâtre pour spectacle, bals ou concert ; un café-restaurant pourvu de salons et de cabinets particuliers ouvrant sur une terrasse avec vue splendide sur le port de Venasque ; un vaste jardin pour la promenade et les jeux des enfants. D'après l'auteur, le succès mitigé du lieu est dû à son éloignement par rapport à l'établissement thermal et il appelle de ses voeux la création d'un nouveau casino dans son voisinage proche.

La villa est alors constituée d'un corps principal longeant la rue du Piqué complétée au sud par deux ailes symétriques indépendantes encadrant le début du parc. Le dessin de ce dernier est organisé autour d'un boulingrin (ou une pièce d'eau ?) centrale. Le casino a fonctionné jusqu'au début des années 1870 car dès 1873, le plan de Castex indique à l'emplacement de la villa "ancien casino".

Depuis 1850 au moins la villa logeait un musée constitué par la fusion des collections de M. Corneille et de celles, nombreuses, rassemblées par Nérée Boubée préalablement à Saint-Bertrand-de-Comminges. Nérée Boubée donne, dans la réédition en 1857 de ses Bains et Courses de Luchon, un catalogue assez détaillé de la collection qui atteignait 1 500 pièces, essentiellement d'histoire naturelle. Elle présentait en outre quelques éléments de statuaire ainsi qu'une série de costumes des principales vallées pyrénéennes réalisées par Mme et Mlle Corneille. Le musée avait également une activité de vente (directe et à distance) de produits des Pyrénées (bijoux en jais, porcelaine de Valentine et plantes marines de Biarritz, collections de roches, minéraux, fossiles, plantes, insectes, coquilles de la chaîne), de livres ainsi que de petit matériel pour herboriser ou pratiquer la géologie. Enfin, le musée proposait un service de taxidermie aux chasseurs.

En 1888 (Arlet, p. 416), le toulousain Pedro Gailhard, directeur de l'opéra de Paris, acquiert la villa et fait redécorer l'escalier et le hall. Le palier est éclairé par une grande verrière dont le dessin est dû à l'atelier Gesta en 1905. Les portails de style art nouveau datent vraisemblablement de cette campagne de travaux. L'édition 1906 du guide Joanne (p. 61) indique que la villa est alors une dépendance du grand hôtel du casino. Il précise qu'elle est installée dans une grand parc ombragé et qu'elle possède le luxe moderne.£La villa est actuellement toujours exploitée comme hôtel. Les dessins anciens de cartes publicitaires permettent de savoir qu'elle ne possédait initialement qu'un étage carré surmonté des combles et que l'ensemble a été surélevé de deux niveaux. Le toit avait alors une pente plus pentue et les vaisseaux transversaux se terminaient par des croups à égouts retroussés.

La villa est implantée au sud de l'avenue A. Dumas par rapport à laquelle elle est légèrement en retrait. Deux portails permettent d'y accéder. Un corps central de quatre travées est flanqué de part et d'autre de deux vaisseaux transversaux formant pignon côté avenue. Le vaisseau principal se poursuit sur trois travées inégales à l'ouest du pignon ouest. Devant ce dernier prend place une aile basse plus récente. Le corps central compte cinq travées : les trois travées centrales du premier étage sont dotées d'un décor architecturé : au quatre pilastres ioniques portent un entablement laissé nu et encadrent trois fenêtres en plein cintre (les autres étant rectangulaire) ouvrant sur un balcon filant. Un bandeau saillant poursuit l'entablement entre les deux premiers étages, signalant la limite supérieure de l'édifice primitif. Au-delà de ce bandeau, les baies ont un format plus court. Les vaisseaux transversaux ont également remanié. Au nord, le vaisseau ouest a été percé de deux larges baies dont l'inférieure a reçu le décor de vitrail. Elles correspondent à la cage de l'escalier monumental aménagé au début du 20e siècle.

  • Murs
    • enduit
    • maçonnerie
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    3 étages carrés, sous-sol
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant en charpente
  • Techniques
    • vitrail
    • ferronnerie
  • Représentations
    • mufle de lion
    • homme
    • femme
    • amphore
    • fleur
    • guirlande
    • arbre
  • Précision représentations

    Le vitrail représente une scène galante autour d'une fontaine : à droite, un jeune homme, joue du luth pour une jeune femme, placée à gauche, qui tient dans sa main une amphore qu'elle est venue remplir d'eau. Lui est adossé à la fontaine tandis qu'elle pose la main sur la margelle. La fontaine est ornée de guirlandes de fleurs et l'eau en sort par un mufle de lion. A l'arrière-plan des arbres encadrent la scène tandis que quelques nuages planent dans le ciel. Le jeune homme, aux jambes croisée, porte un vêtement qui évoque un troubadour médiéval tandis que la jeune femme porte une tunique de type antique complétée par une écharpe nouée autour de la taille et croisée sur la poitrine.Le thème du musicien renvoie certainement au commanditaire, le chanteur d'opéra Pedro Gailhard tandis que celui de la fontaine et de la jeune femme antiquisante évoquent le contexte de la ville d'eau antique de Luchon.£Les lignes courbes des portails bordant l'avenue A. Dumas relèvent de l'esthétique de l'art nouveau.

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AM Bagnères-de-Luchon, 1 G 15, cadastre, registres des augmentations et diminutions, 1844/1858.

    AM Bagnères-de-Luchon : 1 G 15

Bibliographie

  • Boubée (Nérée), Souvenir obligé de Luchon : précis de ce qu'il importe le plus de voir à Luchon et dans ses alentours, avec le livret du musée, nouvelle édition, Paris : Eloffe et Cie, naturalistes, 1857, 108 p.

  • Arlet (Jacques), Toulouse à la Belle Epoque (1890-1910), Toulouse : Loubatières, 448 p

  • LAMBRON (Ernest, docteur), Les Pyrénées et les eaux thermales sulfurées de Bagnères-de-Luchon, Paris : imprimerie et librairie centrales de Napoléon Chaix et cie, 1860, 1 195 p.

  • Gorsse (Pierre et Bertrand de), Bagnères-de-Luchon, développement et évolution d'une cité thermale. Toulouse : Privat, 1942, 68 p.

Périodiques

  • Gorsse (Pierre de), Mesuret (Robert), "Le musée du Pays de Luchon", in Pyrénées, n°7, 1951, p. 59 à 70.

Documents figurés

  • Bibliothèque nationale de France, Plans de la ville de Luchon par M. Castex 1873, GED 826

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Inventaire général Région Occitanie