Le pourtour du réservoir était ceinturé de parcelles cultivées relevant de plusieurs métairies : métairie de Sujol ou de Saint-Ferréol au nord, Domaine de Fournès à l'est, métairies du Bouscaud et de l'Encastre au sud. Dès le deuxième quart du XVIIIe siècle, les responsables du canal entament des négociations avec les propriétaires privés pour récupérer tout ou partie de ces domaines, en vue d'étoffer les francs-bords du bassin et assurer la sécurité du réservoir. Côté nord, ces tractations génèrent des conflits entre administration et particuliers. Le problème récurrent de la submersion des rives par les vagues pousse l'administration à se lancer, dès 1827, dans une politique d'acquisition des terrains de la rive nord et est. La métairie des Sujol est acquise en 1836 par la Compagnie du Canal du Midi. Les domaines de Bouscaud et de la Tour de Fournès feront l'objet d'un projet d'acquisition en 1843, celui des Cammazes en 1846. Pour compléter le pourtour du réservoir il manque encore la métairie Roquefort ainsi que les terrains proches du parc, propriété de la famille Olombel. En 1839, ce dernier accepte de négocier à condition de conserver une prise d'eau pour sa propriété, à partir de la rigole du trop-plein. Ces prises d'eau plus ou moins illégales, liées à l'irrigation des prairies par les riverains, sont en augmentation constante et provoquent des pénuries d'eau, au point qu'une obligation de règlement doit intervenir en 1841. En 1858 intervient le bail de location de l'ensemble du bien du canal par la Compagnie du Canal du Midi à la Compagnie des Chemins de fer du Midi. Cette prise en charge sera déterminante sur les orientations prises pour valoriser le site, qui favorisent désormais l'afflux des touristes. Du fait des boisements, la perception du bassin avec son pourtour évolue au cours du 19e siècle vers celle d'un "paysage naturel". En 1874 (Livre d'or) on utilise l'expression "Lac de Saint-Ferréol". En 1898 la Compagnie du Canal du Midi vend définitivement le canal et ses possessions (tous les francs-bords) à l'Etat. A Saint-Ferréol, elle reste propriétaire de 180 ha de prés et bois, qui dominent le bassin. Dès 1900, le site fait l'objet de spéculations immobilières en vue d'aménagements touristiques. La Compagnie du Canal du Midi envisage la vente des terres, données jusque là en fermage aux époux Viguier, à André Francou, architecte et promoteur parisien. Il fonde une société immobilière intitulée "de l'Hôtel du Parc et des chalets de Saint-Ferréol et de la Montagne Noire", pour monter un projet de Grand Hôtel et de Casino. Il vise une opération de spéculation immobilière par la construction et la vente d'hôtels, de guinguettes, casino et villas. Sa publicité est basée sur le cadre paysager naturel ("sites où l'homme n'a pas encore apporté son oeuvre néfaste de metteur en scène"), dans la méconnaissance du rôle essentiel de l'ouvrage d'art pour la naissance et l'évolution du site. Il échoue en 1902 et ses projets restent sans suite. Cependant, une bonne partie du patrimoine foncier autour du bassin va passer entre les mains du privé. L'essor touristique entraîne celui de la villégiature. Les premiers hôtels construits sont l'Hôtel et Café Viguier (aujourd'hui Hôtellerie du Lac) avec vue imprenable sur le bassin, et l'Hôtel Paul Riquet ou Hôtel de la Murette. La plantation de la pinède en 1907 introduit le caractère océanique en vogue. Les programmes de villas se mettent en place, après 1920 surtout, le long de la route de Revel ainsi qu'à l'amont du bassin, près du débouché du Laudot. On assiste à l'essor d'une architecture de villégiature où se repèrent les emprunts aux styles "chalet" ou "néo-basque". Dès 1927, le lac est utilisé comme base aéronavale pour des hydravions. En 1930, la "Station de Saint-Ferréol" se fait connaître avec son club nautique qui offre des promenades sur le lac, et ses activités de tennis et de voile. De nouveaux hôtels à terrasses sont construits le long de la route, sur les terrains ayant vue sur le bassin ou la plaine de Revel.